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4
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spéculum f^umanae ^atoatîonifi.
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LONDRES:
Imprimerie de Stranqeways et Walden,
28 Castle St. Leicester Sq.
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pecuittm ï^wmanae g>àtoattomsi:
LE PLUS ANCIEN MONUMENT DE LA XYLOGRAPHIE
■ #
ET DE LA TYPOGRAPHIE RÉUNIES.
*
REPRODUIT EN FAC-SIMILE,
AVEC
INTRODUCTION HISTORIQUE ET BIBLIOGRAPHIQUE,
PAR
J. Ph. BERJEAU.
• LONDRJSS : .
C. J. STEWART, 11 KING WILLIAM STREET, WEST STRAND, W.C.
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INTRODUCTION.
Chap. I. — Quel est l'Auteur du Spéculum?
I.
Le Spéculum Humanœ Salvationis est le plus important des monuments typographiques, par
cela seul qu'il réunit à la fois dans un même volume, et les premières tentatives de l'imprimerie
en caractères mobiles, et le dernier effort de la xylographie : Tune à son berceau, l'autre arrivée
à toute la perfection qu'il lui était donné d'atteindre avant Albert Durer et les précurseurs
immédiats de la Bf naissance. A ce titre il est indispensable d'étudier ici la polémique ardente
dont ce livre a été le prétexte ou la cause depuis bientôt trois siècles ; quoique beaucoup de
questions soulevées à ce sujet soient désormais jugées, et n'offrent plus par conséquent aucun
intérêt. JLe récit de Junius, dont tous les ouvrages de bibliographie donnent le texte, forme le
pivot de la discussion ; mais au lieu de le traduire npus citerons le passage d'un livre français
publié peu de tems après la mort de Junius, où l'auteur, s'étayant évidemment des données
de la Batavia, confirme cependant avec une certaine autorité les faits avancés par l'illustre
pensionnaire de Harlem. Nous passerons ensuite à l'examen des ouvrages modernes qui ont
plus spécialement cherché soit à maintenir le Spéculum Humanœ Salvationis à la tête des
monumens typographique?, soit à renverser le piédestal de la statue que la Hollande a élevée
à Laurent Janszoon Coster. Abordant cet examen avec l'expérience acquise par le calque
de chacune des lettres et des traits que renferment les 63 feuillets du livre ; et après avoir
comparé chacune des planches du présent fac-similé avec 16 exemplaires originaux, tant latins
que hollandais du Spéculum Humanœ Salvationis, nous entrons dans cette controverse avec
la plus parfaite impartialité, sans théorie préconçue, et avec l'intention de ne tenir compte que
des documents, des faits et dans une certaine mesure des traditions, tout en laissant de côté les
hypothèses et les spéculations.
II.
Le Spéculum Humanœ Salvationis que Brunet appelle un " Poëme ascétique, en vers rimés,
" d'une latinité barbare, sur des sujets bibliques," 1 n'a peut-être été lu jusqu'à ce jour par aucun
des bibliographes qui en on^ parlé. jOttley qui en a fait ce qu'on pourrait appeler la monographie
extérieure, 2 n'a pas su le lire. Horne 3 défigure les quelques lignes qu'il en cite ; et Dibdin
1 Manuel du Libraire, tom. iv. Paris, 1843. 8°. p. 324.
• An Inquiry into the Origin and early History of Engraving. London, 1816. 4°.
3 Introduction to the Study of Bibliography. London, 1814. 8°. Appendix, p. xi.
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vi
INTRODUCTION.
lui-même a reculé devant les innombrables contractions du texte. Avec l'aide des manuscrits
et de l'édition imprimée par J. Seurre, à Paris, en 1503, 8°., nous offrons pour la première
fois au public, outre le fac-similé des 63 pages de l'édition latine, — généralement regardée comme
la première,, en raison de ses vingt pages entièrement xylographiques, — une reproduction exacte
en types modernes du texte lie ce curieux ouvrage. Le lecteur verra tout d'abord que ce
n'est pas un poëme, que sa latinité n'est point barbare dans le sens rigoureux du mot, et qu'il
se compose de lignes rimées sans mesure et sans règle, non de vers léonins qui doivent rimer
au milieu aussi bien qu'à la fin.
L'auteur du Spéculum Humanœ Salvationis, comme celui de la Bible des pauvres, s'est
efforcé de montrer oomment les prophéties de l'Ancien Testament, et même cêrtains événements
de l'Histoire profane, se rattachent au Nouveau Testament, comme symboles de la rédemption
humaine. Les rapprochemens qu'il établit né sont pas toujours heureux, quoique l'intention
soit bonne et la référence ingénieuse ; mais on n'a pas à lui reprocher du moins cette grossièreté
de langage, ou ces images immorales, qui déshonorent beaucoup de livres théologiques du
moyen âge. La description minutieuse qu'il donne du saint sépulchre, fol. 61, ne semble
empruntée à aucun ouvrage contemporain, et indiquerait que l'auteur a fait le pèlerinage de
Jérusalem. Quel qu'il soit d'ailleurs, son nom est resté inconnu jusqu'à ce jçur: nomen
auctoris humilitate filetur, dit-on dans le colophon d'un des MSS. du livre. " Le plus ancien
" MSt. que j'ai vu," dit Heineken, 1 " me paroît être du douzième siècle, et quelques citations,
" que je trouve dans l'ouvrage, semblent indiquer le même âge/' H ajoute plus loin que
ce MS. existe dans la Bibliothèque de Vienne. Mais M. Denis 2 mentionne dans le catalogue
de cette bibliothè<fue trois MSS. du Spéculum, et parmi eux, celui qui a été montré à
Heineken, comme ne remontant pas au-delà du xîv 6 siècle.
Van Praet, 3 après avoir décrit le Miroir de VHumaine Salvation (Paris, Ant. Vérard,
vers 1&00, in fol.), ajoute: " C'est la traduction, ou plutôt l'imitation de l'ouvrage en vers
" latins rimés si célèbre, qui a eu tant de vogue pendant plusieurs siècles, intitulé, Spéculum
" Humanœ Salvationis, dont la première édition a été faite en planches de bois, et que Jean
" Mielot, chanoine de Lille en Flandre, qui le traduisit en prose française, en 1448, par ordre
" de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, attribue à Vincent de Beauvais." En décrivant le
MS. d'une autre traduction française qui est coté No. 6848, de l'ancien fonds de la Bibliothèque
nationale à Paris, M. Paulin Paris 4 rectifie l'erreur propagée par J. Mielot, et, sur le témoignage
de ce dernier, par Van Praet : " Il est à croire," dit M. P. Paris, " que le mot Spéculum aura
" trompé Jean Mielot ou ses scribes, et qu'ils auront confondu ce petit traité avec les quatre
" Miroirs du célèbre frère Vincent. M. Daunou, dans son excellente notice sur Vincent de
" Beauvais, ne fait pas même à cette opinion l'honneur d'en relever l'inexactitude."
H existe au British Muséum quatre MSS. du Spéculum Humanœ Salvationis: celui qui
êst coté Vesp. E. 1, dans la collection Cotton, est attribué à un moine nommé Amand;
" 5. Fratris Amandi liber dictus Spéculum Humanœ Salvationis; mais cette mention ne se
1 Idée Générale d'une Collection d'Estampes. Leipzig et Vienne, 1771. 8°. p. 468.
2 Codices manuscripti Theologici Bibliothecœ Palatinœ Vindobonensis, Coll. 439, 2218, 2322. Vindobonœ, 1793-95.
In fol.
3 Catalogue des Livres imprimés sur Vélin de la Bibliothèque du Roi. Paris, 1822. 8°. Vol. i. p. 47.
4 Les Manuscrits françois de la Bibliothèque du Roi. Paris, 1836. 8°. VoL ii. p. 110.
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INTRODUCTION. Vli
trouvant que sur la couverture du recueil, qui contient en même tems d'autres pièces, s'applique
probablement au copiste et &on à l'auteur. Les MSS. des collections Arundel No. 120, et
Harléienne No, 26, ne contiennent aucun indice relatif à l'auteur, ou au tems de la composition :
ea revanche le MS. coté No. 10,578 Add. MSS. nous offre le colophon suivant :
Un bibliophile très distingué, John Inglis, Esq., est le premier qui ait donné à M. Sotheby,
entr'autres renseignemens sur les livres xylographiques, l'idée que l'auteur du Spéculum
Humanœ Salvationis était un certain Conrad de Altzheim (Conradus de Alzeya), qui florissait
vers 1370. Ayant obtenu la faveur de comparer notre fac-similé avec le magnifique exemplaire
du Spéculum (édition latine en caractères mobiles) qui fait partie de la collection de M. Inglis,
celui-ci nous a montré dans Trithemius De Scriptoribus Ecclesiasticis, 1 le passage suivant sur
lequel il fonde son opinion ; —
" Conradus de Altzeia oppido Moguntinensis diœcesis in Palatinatu .... scripsit vtroque
" stylo quaedam praeclara opuscula, quibus nomen suum notificauit. E quibus extat volumen
" versibus et rhythmis pulchra varietate depictum, de sanctissima et purissima Dei génitrice
" Maria, et redemptione generis humani, prœnotatum, Figurarum optes, lib. 1.
" Claruit circa tempora Caroïi 4 imperatoris, anno Domini 1370."
H est certain que chacun dee mots du titre de ce premier ouvrage de Conrad d'Alzheim
s'applique sans effort au Spéculum, dont Trithème indique toujours le titre très succinctement,
ainsi qu'on le voit quand il montre la part qui revient à Joannes Italus dans cet ouvrage :
" Johannes Andréas, natione Italus, patria Bononiensis, iure consultus omnium admiratione
" celeberrimus, &ca. ; qui contra consuetudinem hominum nostri temporis, qtiamuis vxoris esset
" vinculis alligatus, incredibile tamen studium literis impendit &ca. ; quod eius prœclara volumina
" testantur, quibus nomini *$uo memoriam comparauit aeternam. De quibus ego merui pauca
" videre." Le quatrième ouvrage cité par Trithème est :
In Spéculum Additiones, lib. 1. Ego Iohannes And.
" Moritur tandem ex peste, Bononiae sepultus, sub Carolo imperatore quarto, & Clémente
" papa 6, anno Domini 1348, Utdictione prima." 2
Cette indication de notre livre xylographique par le mot Spéculum serait trop vague, s'il
n'était pas notoire que ce Johannes Andréas, natione Italus, est l'auteur du Spéculum Sancte
Marie Virginis qui, dit Heineken, 3 est a entremêlé avec le Spéculum Humanœ Salvationis
tellement, qu'il y a toujours un chapitre de l'un et après un chapitre de l'autre," dans une
1 Dn. Iohannes Tritheioi Abbatp £pqpheimensiâ de Scriptoribus Ecclesiasticis. Colonise. F. Quentell, 1546.
4°. p. 267.
* Ibid. p. 237.
* Idée Générale. P. 465.
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INTRODUCTION.
ancienne édition in fol. sans date et sans nom d'imprimeur qui commence par les mots : " Incipit
" phemium libri sequentis. Andréas natône ytalus officio pspiter ministroï & paupum dum
" ifcu x£i paupior minister . • " et se termine par ce colophon : " Explicit humaneq3 salutis
" sumula plane a me fratre Johanne tui pater ordinis aime vir bndicte puto quasi minimo
" monacho."
Si Johannes Andréas de Bologne, que Meerman avait pris à tort pour l'auteur du Spéculum
Humanœ Salvationis, a composé, comme le constate Trithème et comme le prouve l'édition du
livre que nous venons de citer, des additions au Spéculum : l'ouvrage original est nécessairement
antérieur à 1348, date de la mort de Johannes Italus. Mais un MS. de la Bibliothèque de
l'Arsenal à Paris, et un autre de la Bibliothèque nationale, reportent tous deux à Tannée 1324
l'époque de la composition du Spéculum. Le MS. de l'Arsenal commence ainsi : u Incipit
" prohemium cujusdam noue compilationis édite sub anno domini M°CCC°24°. nomen vero
" auctoris humilitate siletur sed titulus siue nomen operis est Spéculum Humane Salvationis."
Cette date de 1324, si formelle, nous paraissant difficile à concilier avec le système de
M. Inglis, parceque Trithème annonce que Conrad d'Alzheim florissait en 1370, nous avons
demandé à notre ami M. Paul Lacroix, l'un des conservateurs de la Bibliothèque de l'Arsenal,
des renseignemens plus précis sur ce MS. et voici un extrait de sa réponse :
" Le manuscrit de l'Arsenal porte réellement la date de 1324, et Renouvier 1 a fort bien copié les premières lignes de ce
M S. italien. Ce MS. mérite de devenir célèbre, à cause de la beauté de ses miniatures italiennes, qui ont été attribuées à
Taddeo Gaddi et même à Giotto. Voua trouverez dans les Arts Somptuaires de Louandre et Seré quelques dessins
exécutés d'après ces miniatures. Le dit MS. n'est pas coté 384, comme le dit Renouvier, mais bien 42 B . C'est un petit
in folio de 42 if. à 2 col. sur vélin, avec deux sujets coloriés en tête de chaque page. Il parait avoir été écrit et peint
vers 1380, et peut-être plus tôt. On lit en tête cette note: 'Maittaire et les autres bibliographes ont beaucoupe disserté
sur le temps de l'impression de ce MS., mais ils n'ont rien dit et vraisemblablement n'ont point sçu le temps de la
composition de cet ouvrage. On le trouve icy dans le commencement de la préface, où il est marqué de l'an Î324.' ....
H ne serait pas impossible, qu'un écrivain qui florissait en 1370 eut fait un livre anonyme en 1324."
Les miniatures de ce MS. ne ressemblent en rien aux gravures du Spéculum xylographique,
et ont en effet tous les caractères de l'école italienne, à en juger par les quatre qui se trouvent
reproduites dans les Arts Somptuaires:* la première représente Héliodore flagellé ; la seconde,
suivant M. Louandre, représenterait Esther devant Assuérus ; mais c'est un sujet que Ton
trouve dans la Bible des pauvres, non dans le Spéculum. Quant à la troisième M. Louandre
s'est complètement fourvoyé en lui donnant pour sujet la reine de Saba : s u Le personnage
44 qui est à genoux," dit-il, 44 tête nue et offrant à la reine de Saba un vase sur l'anse du quel
44 cette reine porte la main, figure Salomon. On remarquera la pose de ses deux mains, de
44 celle qui supporte le vase par dessous et de celle qui le soutient. H est impossible de
44 mieux exprimer la précaution." Malheureusement cette prétendue reine de Saba est tout
simplement David, à qui les trois guerriers apportent l'eau recueillie dans la citerne de Bethléem :
c'est-à-dire, la fig. 35, fol. 24, du Spéculum xylographique : 44 Très fortes attulerunt David
44 régi aquam de cisterna." La quatrième est comme dans le livre xylographique la femme
de Loth changée en statue de sel.
1 Histoire de l'Origine de la Gravure dans les Pays-bas et en Allemagne. Bruxelles, 1860. 8°. p. 88.
« Louandre, Ch. Les Arts Somptuaires. Paris, 1857. 4°. Vol. 1, des planches. 1858. No. 134.
3 Les Arts Somptuaires. Texte. Vol. ii. p. 135.
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INTRODUCTION. ÎX
Une nouvelle hypothèse, présentée par E. Harzen de Hambourg, 1 et qui attribue aux frères
de la Vie Commune, la gravure des figures du Spéculum, — hypothèse sur laquelle nous
reviendrons, — nous avait un instant porté à croire que l'un de ces frères pourrait être également
l'auteur du livre; mais la date des deux MSS. de Paris montre qu'il a été composé avant la
naissance de Gérard Groot, le fondateur de cet institut célèbre, qui fut le précurseur de la
réformation dans les Pays-Bas. Tandis qu'au contraire cette date peut s'appliquer à Conrad
d'Alzeya, que désigne d'ailleurs le colophon du MS. dont nous donnons ci-dessus le fac-similé.
m.
Les MSS. du Spéculum Humanœ Salvationis comprennent 45 chapitres qui se trouvent
reproduits, non seulement dans les traductions, mais encore dans le texte latin publié par
Jean Seurre à Paris en 1498 et 1503, 8°. Des deux éditions hollandaises que Veldener a
publiées en 1483, l'une comprend ces 45 chapitres, l'autre 29 seulejnent, comme les livres
xylographiques attribués à Laurent Coster de Harlem. Quant à l'édition hollandaise de
Veldener in 4°., sans date, qui porte au commencement les armes de cet imprimeur, et à
la fin, outre celles de Culenbourg et celles d'Autriche, les armes de David d'Bur, — imprimeur
non mentionné jusqu'à ce jour, qui fut le successeur sans doute de Veldener, dont il emploie
les caractères, la devise et après lui les diverses planches du Spéculum sciées en deux: — on
y retrouve les 45 chapitres du MS. au complet; et par conséquent 190 figures, dont l'une
" synagoga derisit cristum " est en outre réimprimée comme frontispice du livre.
De ces 45 chapitres, le livre qui nous occupe n'en donne que 29 ; et dans rémunération
de c*s chapitres, suivant le prohemium, le 25 e , correspond au 26 e des MSS; le 27 e au 31 e ; le
28 e au 32 e ; le 29 e au 40 e ; et, par une singulière anomalie, le sommaire du 42 e , qui n'est pas
du tout dans le livre xylographique, est rejeté à la fin du pro/iemium, où il n'a par conséquent
aucune signification : u secunda figura gaudij eterhi," &ca.
Ainsi les chapitres 25, 28, 29, 30, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 41, 42, 43, 44, 45, manquent
dans l'édition xylographique. Or, comme il est impossible de séparer cette édition des MSS.,
qui sont littéralement identiques et d'une date antérieure, notre livre se présente tout d'abord
comme une œuvre inachevée, du moins en ce qui est parvenu jusqu'à nous. Ce caractère
est bien plus frappant encore quand, examinant les gravures qui remplissent le premier tiers
de chaque page, on découvre après le 54 e feuillet qu'une autre main, plus inexpérimentée et
dans tous les cas moins habile, a dessiné et gravé, — sauf les deux dernières pages, — le reste
du livre.
Mais avant d'aller plus loin : il est nécessaire de dire que le Spéculum Humanœ Salvationis,
dont nous offrons ici la reproduction, se présente au bibliographe sous quatre formes différentes,
toutes reconnues aujourd'hui comme ayant une origine commune hollandaise, mais que chaque
auteur a rangées dans l'ordre qui convenait le mieux, soit à sa préoccupation systématique,
soit à son parti pris. Nous donnerons plus tard un tableau de cette classification, si singulièrement
enchevêtrée, qu'il est à peu près impossible de s'y reconnaître sans un pénible travail; en
attendant nous adopterons, dès maintenant et dans tout le cours de cette introduction, la
1 Archiv fur Zeichnenden Kiinste. Leipzig, 1855, p. 5 ; et 1856, p. 1. 8°.
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X < INTRODUCTION.
>
classification suivante qui montre en peu de mots, sans confusion possible et sans référence
à d'autres ouvrages bibliographiques, l'édition dont il est question :
I. Édition latine xylographique : avec 20 pages où le texte est entièrement xylographique.
IL Édition latine mobile : où le texte est entièrement en caractères mobiles.
HT. Édition hollandaise à une fonte : où les types mobiles appartiennent à 4a même fonte.
IV. Édition hollandaise à deux fontes: où deux pages ff. 49, 60, sont composées en types
plus petits, appartenant d'ailleurs évidemment à une fonte .différente.
Les deux premières éditions se composent de 64 f£, — le premier blanc. Les 63 autres
comprennent un prohemium, ou table raisonnée des matières, en 5 pages de 40 lignes rimées
à la page, sauf la dernière qui n'en a que 34 ; et 58 pages à double colonne, de 25 à 26
lignes rimées, surmontées chacune d'une gravure en deux compartiments architecturaux, dans
le genre de la Bible des pauvres.
Les deux éditions hollandaises ne comptent que 62 ff., c'est-à-dire quatre seulement pour
le prologue ; et 58 connue les éditions latines pour le texte avec gravures. La 2 e se distingue
de la première, en ce que le caractère est généralement plus grand que celui de la précédente;
et surtout en ce que les pp. 51 et 62, sont composés en types plus petits que le reste de
l'ouvrage, dans cette proportion que 27 lignes de ces deux pages n'occupent que l'espace de
25 lignes des autres.
Toutes ces éditions sont anospitographiques, c'est-à-dire imprimées d'un seul côté de la
feuille par un double procédé : — celui du frotton pour les gravures, et de la presse pour le
texte en caractères mobiles. — Les gravures, avec l'encre brun pâle, dont se servaient les cartiers
et les premiers xylographes; et le texte avec l'encre d'un beau noir à base oléagineuse, dont
la peinture à l'huile, récemment inventée par Van Eyck, a dû donner l'idée.
L'Édition latine xylographique, à laquelle nous donnons le premier rang, ofire 20 pages,
dont le texte est gravé sur bois comme les figures ; et ces 20 pages sont reparties irrégulièrement
dans l'ouvrage où elles portent les Nos. 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 19, 20, 22, 23, 27, 28,
32, 33, 52, et 61.
Ce mélange de la typographie et de la xylographie dans l'exécution du même ouvrage,
indique aussi clairement que possible le passage naturel de l'une à l'autre: — la transition d'un
procédé lent, imparfait, peu maniable, à une invention complète et universellement applicable
dans toutes ses parties. A ce titre seul, cette édition mixte du Spéculum serait déjà une grande
curiosité bibliographique ; mais elle offre un intérêt bien autrement considérable, quand des
documens que nous allons examiner en font le point de départ même de la typographie.
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INTRODUCTION.
xi
Chap. II. — Quel a été le Graveur du Spéculum?
I.
Le premier écrivain qui ait mentionné le Spéculum Humanœ Salvationis est Adrien de
Jonghe, célèbre médecin, né à Hoorn le I e Juillet 1511. H a publié un grand nombre
d'ouvrages dont on trouvera la nomenclature dans Meursius, Freher, Foppens, le P. Niceron,
et d'autres biographes. Suivant l'usage de son temps, usage que l'on trouve encore pratiqué
parmi une certaine classe de savants en Hollande, de Jonghe avait latinisé son nom en celui
de Junius sous lequel il est universellement connu. Au mois de Février 1566, Junius,
nommé historiographe de Hollande par les États-généraux, mit immédiatement la main à l'œuvre,
et commença son livre intitulé Batavia, dont les deux MSS. authentiques, conservés, l'un à la
bibliothèque de La Haye, l'autre danô la collection de M. Enschedé, portent la date du mois
de Janvier 1570. Mais les troubles qui agitèrent la Hollande pendant cette année et les quatre
suivantes ne permirent pas alors de faire imprimer la Batavia ; et Harlem, où demeurait l'auteur,
ayant été saccagée en 1573 par les Espagnols, sa riche bibliothèque fut anéantie en même
tems que plusieurs ouvrages qu'il avait laissés inachevés. Guillaume I er . dont il était le médecin
lui fit donner un emploi à Middelbourg; mais le séjour de ce pays insalubre lui fut fatal,
et il mourut le 16 Juin 1575, à 64 ans. Son livre ne fut donc imprimé qu'en 1588, [par
F. Rapheleng à Leyde, in 4°.] bien qu'il eut été terminé à la fin de 1569, et très probablement
écrit, pour la majeure partie, dans le courant de l'année 1568.
Maintenant nous allonp citer en entier le passage de la Batavia 1 où l'auteur fait non seulement
la première mention du Spéculum Humanœ Salvationis, mais rattache positivement à la production
de cet ouvrage la découverte de l'imprimerie par Laurent Coster, dix-sept ans avant l'impression
du premier livre avec date sorti de la presse de Mayence : —
" Habitavit ante annos centum duodetriginta Harlemi in aedibus satis splendidis (vt documente esse potest fabrica quae
in hune vsque diem perstat intégra) foro imminentibus e regione Palatij Regalis, Lavrentius Ioannes cognomento
^Edituus Custosve, (quod tune opimum & honorificum munus familia eo nomine clara haereditario iure possidebat) is ipse
qui nunc laudem inuentae artis Typographie» récidiva iustis vindicijs ac sacramentis repetit, ab alijs nefarie possessam
& occupa tam, summo iure omnium triumphorum laurea maiore donandus. Is forte in suburbano nemore spatiatus (vt
soient sumpto cibo aut festis diebus ciues qui otio abundât) cœpit faginos cortices principio in literarum typos
conformare, quibus inuersa ratione sigillatim chartœ impressis versiculum vnum atque alterum animi gratia ducebat,
nepotibus generi sui liberis exemplum futurum. Quod vbi féliciter successerat, cœpit animo altiora (vt erat ingenio
magno & subacto) agi tare, primumque omnium atramenti scriptorij genus glutinosius tenaciusque, quod vulgare lituras
trahere experiretur, cum genero suo Thoma Petro, qui quaternos liberos reliquit omnes ferme consulari dignitate
functos (quod eo dico vt artem in familia honesta & ingenua, haud servili, natam intelligant omnes) excogitavit, inde
etiam pinaces totas figuratas additis characteribus expressit. quo in génère vidi ab ipso excusa Aduersaria, operarum
rudimentum, paginis solum aduersis, haud opistographis : is liber erat vernaculo sermone ab auctore conscriptus anonymo,
titulû prœferens, Spéculum nostrae salutis. in quibus id obseruatum fuerat inter prima artis incunabula (vt nunquam
vlla simul et reperta et absoluta est) vti paginœ aversœ glutine commissœ cohœrescerent, na illœ ips» vacuoe deformitatem
adferrent. Postea faginas formas plumbeis mutavit, has deinceps stanneas fecit, quo solidior minusque flexilis esset
materia, durabiliorque : e quorum typorum reliquiis quœ superfuerant conflata œnophora vetustiora adhuc hodie visuntur
in Laurentianis illis, quas dixi, aedibus in forum prospectantibus, habitatis postea a suo pronepote Gerardo Thoma,
quem honoris caussa nomino, ciue claro, ante paucos hos annos vita defuncto sene. Fauentibus, vt fit, invento nouo
studijs hominum, quum noua merx, nunquam antea visa, emptores vndique exciret cum huberrimo quœstu, creuit
1 Hadriani Ivnii, Hornani, medici, Batavia. F. Rapheleng. 1588. 4°. p. 255 et ss.
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Xll INTRODUCTION.
simul artis amor, créait ministerîum, additi familiae operarum ministri, prima mali labes, quos inter Ioannes quidam,
siue is (vt fert suspicio) Faustus fuerit ominoso cognomine, hero suo infidus & infaustus, siue alius eo nomine, non
magnopere laboro, quod si le n tu m umbras inquietare nolim, contagione côscientiœ quondam dum viuerent tactas.
Is ad opéras excusorias sacramento dictus, postquam artem iungendorum characterum, fusilium typorum peritiam,
quaeque alia eam ad rem spectant, percalluisse sibi visus est, captato opportuno tempore, quo non potuit magis idoneum
inuenjri, ipsa nocte quœ Christi natalitijs solennis est, qua cuncti promiscue lustralibus sacris operari soient, choragium
omne typorum inuolat, instru mentor um herilium ei artificio comparatorum supellectilem conuasat, deinde cum fure
domo se proripit, Amstelodamum principio adit, inde Coloniam Agrippinam, donec Magontiacum peruentum est, ceu ad
asyli aram, vbi quasi extra telorum iactum (quod dicitur) positus tuto degeret, suorumque furtorum aperta officina
fructum huberem meteret. Nimirum ex ea, intra vertentis anni spacium, ad annum a nato Christo 1442. ijs ipsis
typis, quibus Harlemi Laurentius fuerat vsus, prodisse in lucem certum est Alexandri Galli Doctrinale, quae grammatica
celeberrimo tune in vsu erat, cum Pétri Hispani tractatibus, prima fœtura. Ista sunt ferme quœ a senibus annosis
fide dignis, & qui tradita de manu in manum quasi ardentem tœdam in decursu acceperant, olim intellexi, & alios eadem
referentes attestantesque comperi. Memini narrasse mihi Nicolaum Galium, pueritiœ me» formatorem, hominem ferrea
memoria et longa canitie venerabilem, quod puer non semel audierit Cornelium quendam bibliopegum ac senio gravem,
nec octogenario minorem (qui in eadem officina subministrum egerat) tanta animi contentione ac feruore commemorantem
rei gestae seriem, inuenti (ut ab hero acceperat) rationem, rudis artis polituram & incrementum aliaque id genus, vt
inuito quoque prae rei indignitate lachrymœ erumperent, quoties de plagio inciderat mentio : tum vero ob ereptam furto
gloriam sic ira exardescere solere senem, vt etiam lictoris exemplum eum fuisse editurum in plagiarium appareret, si
vita illi superfuisset : tum deuouere consueuisse diris vltricibus sacrilegum caput, noctesque illas damnare atque execrari,
quas una cum scelere illo, communi in cubili per aliquot menses exegisset. Quœ non dissonant a verbis Quirini
Talesii Cos. eadem fere ex ore librarij eiusdem se olim accepisse mihi confessi."
Ce récit, nous n'hésitons pas à le dire, présente tous les caractères de la bonne foi et nullement
les allures du mensonge. Il émane d'un homme éminent, qui n'a aucun intérêt réel à propager une
fable, et parle pour ainsi dire au nom des Etats de son pays, dont il a été constitué l'historiographe
officiel. Si Junius eut été lui-même imprimeur, ou bibliothécaire de la ville de Harlem, comme
Test encore aujourd'hui le vénérable M. de Vries, s'il eut été engagé de quelque manière dans
les polémiques bibliographiques, on aurait peut-être le droit de récuser son témoignage, ou de
ne l'accepter que comme entaché de partialité. Mais il n'en est rien. Historien des évènemens
qui se sont accomplis dans sa patrie, il ne touche qu'en passant cette question de l'origine
de l'imprimerie. Elle ne l'intéresse pas plus qu'une autre; elle ne repond pas à une vanité
dominante de ses compatriotes, qui s'en soucient fort peu au xvi e siècle ; mais il ne peut cependant
la passer sous silence, parcequ'elle repose sur une tradition populaire inébranlable, qu'un historien
ne saurait négliger, sans devenir infidèle à sa mission.
Cette tradition, il est vrai, a été niée avec opiniâtreté par la plupart des bibliographes ; mais
la négation, si hautaine qu'elle soit, ne prouve rien contre la vérité ; et ce sont des italiens,
des français et surtout des allemands, antérieurs à Junius, qui confirment à l'envi cette tradition :
nous allons les énumérer par ordre de dates.
1499. Et d'abord nous avons un des élèves de Guttenberg, Ulrich Zell, le premier
imprimeur de Cologne, qui vient nous dire, — par l'organe de l'auteur anonyme de la chronique
de Cologne, 1 imprimée du vivant de Zell, et dans la ville même qu'il habitait, — en parlant de
l'imprimerie : " bien que cet art ait été inventé à Mayence, comme nous l'avons dit, de la manière
" qui est maintenant généralement en usage, cependant sa première ébauche a été réalisée en
" Hollande, dans les Donats, qui ont été imprimés dans ce pays avant ce temps, et de ces Donats
" date le commencement du susdit art."
* Crpnica van der Hilliger stat van Coellen. Fol. 311, verso. Coin, J. Koelhof, 1499. Fol.
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INTRODUCTION.
Sans doute on peut appliquer ces paroles aux Donats xylographiques ; mais il n'y a rien
de forcé à les appliquer également aux Donats en types mobiles, quoique grossiers, dont, plus
heureux que Scriverius, nous avons pu voir en Hollande, non seulement des fragmens imprimés
d'un seul côté en caractères mobiles, mais un exemplaire complet opistographique, en types
mobiles de fonte, semblables à ceux du Spéculum.
1500-1540. Mariangelus Accursius, un des plus célèbres critiques italiens, dans une note
qui nous a été conservée par Angelo Rocha, 1 et que les adversaires de Harlem ne manquent pas
d'invoquer, comme une infirmation du témoignage de Zell, confirme au contraire ce témoignage
dans ce qu'il a de plus important, c'est-à-dire, l'attribution à la Hollande des premiers Donats
xylographiques ou non. Après avoir rendu hommage à Faust et à Schœfier de Mayence,
Accorso dit : 44 Impressus autem est hic Donatus et Confessionalia primum omnium anno 1450.
44 Admonitus certe fuit ex Donato, Hollandias prius impresso in tabula incisa."
Si, au commencement du xvi e siècle, il était admis en Italie, aussi bien qu'en Allemagne,
que les Donats hollandais avaient donné la première idée des perfectionnemens de l'imprimerie
aux célèbres typographes mayençais, on ne peut s'empêcher de reconnaître que ce fait seul
établit la participation de la Hollande à l'invention de l'imprimerie ; et que dès lors, la part
plus ou moins grande qui lui revient, mérite d'être discutée avec plus de calme et d'impartialité
que n'en ont montré jusqu'à ce jour ses adversaires.
1563. Dierick Coornhert, pensionnaire de Harlem, traduit en hollandais le traité de Officiis
de Cicéron et le publie en 1561. 2 Dans sa dédicace au Bourgmestre et aux Échevins et
Conseillers de Harlem on lit : 44 Bien souvent il m'a été dit, et j'ai pleine confiance en cette
" parole, que l'art si utile de la typographie a été d'abord découvert dans cette ville de
" Harlem, bien que d ? une façon tout-à-fait grossière ; et comme il est plus facile de perfectionner
" que d'inventer, ce que chacun ignore, l'art ayant été transporté ensuite à Mayence par un
44 valet infidèle, il y fut rapidement amélioré ; de plus cette ville ayant eu l'honneur de le
" divulguer et de le répandre la première, elle eut le renom d'avoir fait la découverte, de sorte
" que nos concitoyens ne trouvent aucune créance quand ils s'efforcent d'attribuer cette gloire
44 au véritable inventeur, bien que cette opinion soit établie sur des raisons incontestables,
44 et tenue communément comme indubitable par les personnes âgées de notre ville. Et je
" n'ignore pas que la renommée de Mayence, par la négligence inconsidérée de nos ayeux
44 n'ait poussé dans tous les esprits de si profondes racines, que nulle raison, quelque évidente,
44 quelque certaine et quelque invincible qu'elle soit, ne pourra l'en extirper jamais. Mais,
44 par ce seul motif qu'elle n'est connue que de peu de monde, la vérité ne peut cesser d'être
44 la vérité. Aussi cette opinion est-elle pour moi d'une certitude et d'une évidence entières,
44 appuyée, comme elle l'est sur le témoignage de vieillards respectables et véritablement dignes
44 de foi, qui ne m'ont pas seulement fait connaître la famille du prototypographe, mais qui
44 m'ont souvent cité son nom et son prénom, et qui m'ont décrit sa méthode grossière d'imprimer,
44 en me montrant du doigt la maison qu'il habitait. Donc sans jalouser l'honneur d'autrui,
44 mais poussé par l'amour de la vérité, j'ai dit quelques mots dans l'intérêt de la gloire que
44 mérite cette ville."
1 Bibliotheca Vaticana. Appendix, p. 411, Romae, 1591. 4°.
4 Cicero, over der pligten. Harlem, 1561. 8°.
d
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xîv
INTRODUCTION.
Ici se place le témoignage de Jean Van Zuiren, jurisconsulte de Harlem, qui fit imprimer
un dialogue sur l'invention de l'imprimerie ; ce livre déjà perdu du temps de Scriverius était
intitulé, " Zurenus junior, sive de prima et inaudita hactenus vulgo, et veriore tamen artis
" typographie» inventione." L'auteur y revendique les droits de sa patrie et le titre seul de
son livre, dont Scriverius nous a conservé un fragment dans son Laurecranz* montre qu'il a
été écrit avant la Batavia de Junius.
1567. Lodovico Guicciardini, neveu de l'historien, né en juin 1523, mort en 1589 à Anvers,
où il fut mis en prison par ordre du Duc d'Albe, après avoir été le favori du terrible lieutenant
de Philippe d'Espagne, a publié une description des Pays-bas, qui a eu un grand nombre
d'éditions. On lit dans la première publiée à Anvers en 1567, 2 fol. p. 180 :
" In questa terra non solo per voce publica de gli habitatori, e di altri Hollandesi, ma ancora per alcuni scrittori, e per
altre memorie si truoua que fu primamente inuentata Farte deilo imprimere, e stampare lettere e caratteri in foglio al modo
d'uggi, impero venendo l'autore a morte innanzi, che Tarte fusse in perfettione, e considerazione, il seruidore suo (secondo
dicono) andl a dimorare a Maganza, oue dando lume di quella scienza, fu raccolto allegramente, e quiui dato opéra con
ogni diligentia, a tanto negotio, ne vennero alTintera notitia, e total perfettione. Onde è poi volata, ed inueterata la
fama, che di quella citta sia vscita Tarte, e la scienza délia stampa : quel che ne sia alla verità, non posso, ne voglio
giudicare, bastando mi d'hauerne tocco vn motto, per non progiudicare a questa terra e Regione."
1570. Abraham Ortels, dans son Theatrum Orbis Terrarum, in fol. sans date, mais imprimé
à Anvers en 1570, à la légende de la carte de Hollande, fol. 44, n'oublie pas de dire, en parlant
de Harlem, " Hic artem imprimendorum librorum primum inventum incolis et civibus persuasum
"est."
1574. George Bruin, Braun ou Brun, suivant la langue dans laquelle il fait imprimer
son ouvrage, intitulé Civitates orbis Terrarvm (Cologne, 1574), in folio, dit au 2* volume, fol. 26,
contenant la carte de Harlem :
" Ceste ville est la plus grande de toutes les villes de Hollande, et qui tient entre elles le second lieu en dignité.
On tient pour chose véritable nô en ceste ville seulement, mais aussi en tout le pays de Hollande, q l'art d'imprimer
a esté inuenté à Harlem. Laquelle opinion est confirmée par aucuns autheurs, et mesme par certains mémoires d'hommes
particuliers habitans d'icelle. Toutes foys auant que celui qui Pinuenta eust parfaict son art, et qui la pust manifester
en public, il deceda de ceste vie, et son seruiteur se retira à Mayence, où il publia ladicte art, à cause de quoi il fust
le très bien venu et traicté en ceste ville là."
1581. Natalis Cornes 3 dans la description de Harlem dit :
" Memorabilis esse potest hœc vrbs ob diuinum prope inuentum imprimendorum librorum, quod fuit Ioannis
Cutembergii primùm excogitatum anno salutis nostrae 1453. qui cum rudem quandam rationem prius inuenisset, vti
sunt res prope omnes recens ortae, habuit famulum satis callidum, et artis domini obseruantem. Famulus mortuo
Ioanne vbi Mocontiacum adiisset artem ad meliorem rationem perduxit, atque inde didita est fama quod eius vrbis
fuit inuentum."
H est évident que Natalis Cornes, ignorant le nom de Laurent Coster, qui n'est donné
pour la première fois que par Junius en 1588, c'est à dire sept ans après la publication de
l'Histoire Universelle que nous venons de citer, attache à la tradition de l'invention de l'imprimerie
le nom de Guttemberg, déjà répandu dans toute l'Europe par les ouvriers sortis de l'atelier
1 Laurecranz door Laurens Coster. Harlem, 1628. 4°.
8 Descrittione di tutti i Paesi Bassi. Anvers, 1567. Fol.
3 Natalis Comitis Vniversœ Historiée svi temporis libri triginta. Venetiis, 1581. FoL P. 521.
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INTRODUCTION,
XV
de Mayence. Atkyns 1 tombe dans la même erreur, presque un siècle après lui. Tel qu'il
est cependant, le témoignage de Noël Conti, plus connu sous le nom de Natalis Cornes ou
Comitum, offre une certaine autorité : ce n'est point celui d'un écrivain spécial dont
ropinion est faite d'avance. Né à Milan, Conti passa toute sa vie à Venise, où il écrivit
ses ouvrages; et la première édition de son Histoire Universelle parut dans cette ville en
1572, 4°. Il est vrai, qu'il peut avoir emprunté ce qu'il dit à Guicciardini, dont le livre, fort
connu en Italie, avait paru en 1567. Mais en admettant nécessairement cet emprunt d'un
historien à l'autre, et en niant la sincérité du premier, on révoquerait de même en doute
les faits historiques les plus certains.
1584. Michael Aitzingerus (Michel von Eytzing) dit dans la traduction allemande de son
Léo Belgicusy publiée à Cologne en 1584, sous le titre de " Niederlàndische Beschreibung auf den
Belgischen Lôwen," in fol., p. 75, " Zum andern, zo findt man auch, das in diser stadt Harlem die
" Kunst der Truckerey auff unser jetzige Weisz mit Buchstaben und Caracteribus, auff papir
<c oder sonst zu trucken, durch einen daselbst erstlich erfunden. Darnach aber mit absterben
" solches Meisters, durch seinen Knecht in der churfùrstlichen Reichstadt Meintz, zu volkommener
" Endtschafft aus Liecht gebracht sey worden."
1594. Un autre témoignage postérieur à la publication de Junius il est vrai, mais évidemment
appuyé sur d'autres autorités que la sienne, puis qu'il émane d'un auteur mort en 1575, celui
de Mathias Quadus doit trouver sa place ici : Quad, qui était graveur, dit dans son Evropae
totivs terrarvm partis praestantissimae description Colonise, 1594, fol. 27 :
" Harlemum omnium quae in Hollandia sût vrbs amplissima, cui incolarum suorum testimonio Typographie» artis
inuentio debetur, aiunt enim eius inuentorem ante perfectam artem morte prœuentum, eiusque deinde seruum Moguntiacum
profectum, vbi continuo exercitio ad perfectionem ars perdveta est, vt haec altriz seu nutrix, illa artis mater sit."
1601. Quoique le témoignage de Jean François Le Petit, 1 greffier de Bethune en Artois,
soit également postérieur à la publication de la Batavia de Junius, il mérite d'être cité en entier
pareequ'il confirme le récit de ce dernier en le complétant sous certains rapports. Nous copions
Le Petit avec son ortographe et les fautes d'impression de son livre :
" En ce temps l'Art d'Imprimerie et la facô de soudre les lettres et caractères pour imprimer en foeiiille, ainsi qu'a
présent on use partout l'Europe fut inventée en la ville de Harlem en Hollande, comme ceux de la ville s'en vantent,
et quelques Autheurs en font mention. Mais l'inventeur venant a Mourir avant que l'art fut en sa perfection, son
serviteur (ainsi qu'on dit) s'en alla demourer a Mayence: ou mettant c'este science nécessaire en public et lumière
fut recevillie ioyeusement, et la mettant en œuvre avec diligence, on luy donna telle et si entière perfection pour
la cognossance qu'en travaillant ils en acquirent, que depuis on a estimé, et le bruit a couru partout, que ce fut a
Mayence que ceux de Harlem en afferment. H y avoit en la ville de Harlem un honorable citoyen nommé Laurent
Ianson, dit le Coustre (qui estoit lors un honorable et profitable office héréditaire à sa famille) cestuy-ci demouroit
en une belle maison à Popposite du Palais Royal (dont la structvre en fait encore foy pour le iourdhuy). Vn iour
Laurent estant au bois ioignant la ville se pourmenant après soupper (comme c'estoit lors la coustume des bôs bourgeois
menans vie oyseuse) print de l'escorce de faulx de la quelle il s'amusa à tailler quelques lettres, les quelles renversées il prenoit
plaisir de presser sur du papier, et voyant que cela marquoit à droit il continua d'en tailler de ceste façon tant qu'il en fit
pour un vers entier, lesquels voyant avoir ainsi prins marque, pour en laisser quelque mémoire à la postérité de ses enfans,
comme chose nouvelle, il plongea les dicts caractères en de l'encre l'un devant l'autre après et ainsi les imprimoit
sur le papier : puis pour le faire commodément lioit des mots tous entiers ensamble : ce que voyant ainsi succéder et
que l'encre cômune estant par trop fluide maculoit le papier aydé de son gendre Thomas Pietersz lequel eut quatre
1 The Origin and Growth of Printing. London, 4°. 1664.
2 La Grande Chroniqve ancienne et moderne de Hollande, Zélande, Westfrise, Vtrecht, Frise, Overyssel, et Groeningen,
jusques à la fin de l'an 1600. Dordrect, 1601. Fol. Vol. i. p. 461.
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xvi
INTBODUCTION.
fils lesquels ont tous esté Bourgmaistres de la ville de Harlem (pour montrer qu'une si noble science n'a point esté
inventée par des esprits serviles et mechaniques) ils inventèrent une autre sorte d'encre plus espoisse et glueuse
puis continuèrent si bien leur invention (comme l'ouvrage apprend l'ouverir) qu'ils trouvèrent moyen de ioindre de
tels caractères l'un parmy l'autre iusques a une Page entière, qu'ils imprimoient seulement d'un costé: et dont s'en
voyent encore les impressions en ladicte ville de Harlem qui ont esté curieusement gardées en la maison du dit
Laurent par les arrière nepveux de Thomas Pietersë sô gendre. Après qu'ils eurent cognu que cest art estait seur en
bois, ils en firent de plomb puis d'estain, et finalement trouve la science d'imprimer a deux costez comme on fait encore :
tenant leur art secrette : et comme chose si nouvelle et si noble plaisait à tout le monde que chacun vouloit en avoir,
et que ce qu'ils avoyent cômencé par plaisir croissoit en proufit, il leur covint avoir ces serviteurs pour les ayder,
soubz serment de n'en rien apprendre ny révéler a personne. Mais le malheur leur advint, qu'être ces serviteurs
un Iean (qu'aucuns disent avoir esté ce Faustus) comme l'arron perivre, et desloyal ayât aprins tout ce qu'il eut sceu
apprëdre en cest art, espiant le tems la veille de Noël, que chacun estoit a l'Eglise, desrobba les instrumens et la
sience de son Maistre, et s'enfuit à Amsterdam, de la à Cologne puis à Mayence, ou se sentant estre en seureté, il
mit finalement à en faire profession et à tenir boutique ouverte, Messire Adriê le ieune Médecin renommé de la
ville de Home en West-Frise, dit en son livre, De Battavia, avoir veu en langue vulgaire de ces premières îpressiôs d'un
costé en la ville de Harlem. Dit outre avoir ouy dire de son Maistre d'Escole nommé Nicolas Galle, homme de
grade mémoire, et d'une vénérable vielesse, que quand ledit Galle estoit encore ieune, il auroit entendu d'un certain
Cornille Imprimeur à l'imprimerie du dit Laurent Ianson Inventeur : comment cest art avoit esté premièrement trouuée,
(comme nous l'avons dit) depuis pollie, et décorée, et prins son accroissement, ce qu'il disoit avec telle ardeur que quand
il faisoit mention du Larron, il plouroit, et se tourmentoit par telle façon qu'il souhaittoit de pouvoir estre bourreau
pour le pendre s'il estoit à recouvrer, se maugréant, et Despitant d'avoir iamais demeuré en un mesme service, avec
luy, et couché en une mesme chambre.
" Or ie ne veux ny ne peux témérairement iuger de la vérité de ceste chose, me suffisant d'avoir escrit ce que
dessus pour ne faire tort à la ville de Harlem ny au pays de Hollande si ie suprimoye une chose qu'ils afferment:
se plaignans du tort qu'on leur fait de le vouloir attribuer à autruy pour les priver d'un tel honneur, qu'ils maintiennent
leur estre premièrement deu. Touteffois, voyons ce qu'en dit Polidore Vergile en son livre des Inventeurs des Choses,
Iean de Guttenbergh (dit-il) gentilhomme alleman, et honoré du titre de Chevalier (ainsi que nous l'avons entendu de
ceux de son Pays) fut le premier qui en la Cité de Mayence trouva, et inventa l'art d'imprimer les livres, et avant
tout autre exercea ceste science: et lequel avec non moindre esprit et industrie (ainsi qu'on dit) fut inventeur de
l'encre de laquelle on use à imprimer. Ces mots de Polidore ne sont pas encore assez bastands pour demonstrer que
Guttenberch en ayt esté tout le premier inventeur. Mais est à présupposer que le Larron Ian fauste ne l'ozant de
soi-mesme manifester, craignant que son larcin ne fut descouvert, et luy puny selon son mérite, l'auroit enseignée à
Guttenberch, qui par ces grands moyens l'auroit fait valoir, et tout à coup abondamment mis en lumière.
" Mais ceux du Royaume de China Disent que cest art est tirée de leur Inventiô première, par quelqu'un qu'ils
adorent corne un de leurs dieux. Et que leurs ancestres trafiquans avec les Roxolaves (qui sont Russes) et Moschouites,
et cherchans les haures, et ports commodes de l'Europe, aucuns Allemans (mais plustost Hollandois lesquels comme
nous avons dit plusieurs fois cy-devant, ont esté souvent nommez Allemans et qui sont aussi plus familiers de la
mer et de longs voyages que nuls autres Allemans) les ayans suivy par la mer Eritthrée et par l'Arrabie estre venus
en China, en auroyent emporté quelques livres imprimez, lesquels seroyent tombez ez mains de Gutenberch, ou plustost
que Laurent Ianson luy mesme auroit fait ce voiage, et rapporté les dicts livres (sans neantmoins sçavoir comment
ils auroient ésté faicts) pour une nouveauté, dont depuis il en auroit puisé et tiré l'art comme nous avons dit: car
apparemment il pouroit remarquer si ceste impressiô estoit taillée sur une planche entière, ou bien si elle estoit imprimée
par pièces, cpii l'auroit fait penser à un si petit commencement déspreuve comme nous avons dit, qui depuis est tombe
ez mains de Guttêberch par le moyen dudit Larron. Ce que si ainsi comme les Chinois le descrivët en leurs histoires :
il s'ensuy t nécessairement que l'art d'imprimer est parvenu d'eux iusqs à nous : de tât plus que ceux qui ont hante au
Pays de China (dont y a plusieurs Hollandois) et en ont descrit leur voiage et particularitéz, tesmoiguent y avoir veu des
livrer imprimez plus de cinq cents ans (si on doit croire les chinois) devant que l'invention fut iamais cogniie ez Pays
de pardeça. Quoy qu'il en soit ie m'en rapporte à la vérité."
Nous avons cru devoir citer en entier ce curieux plaidoyer d'un français du xvi e siècle en
faveur de Laurent Coster. On reconnaît il est vrai les sources où il a puisé, c'est-à-dire la
Batavia de Junius, et la Description des Pays-bas de Guicciardini ; mais Le Petit n'est point
un copiste servile, et cette supposition d'un voyage que Laurent Janszoon Coster aurait fait
en Chine, montre que le greffier de Béthune avait étudié la question sous toutes ses faces.
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INTRODUCTION.
xvîi
Quoique nous ne puissions admettre sérieusement l'hypothèse de J. F. Le Petit, que rien
ne confirme d'ailleurs : la possibilité de cette transmission de l'Imprimerie, de la Chine ancienne
à l'Europe du moyen-âge, a été admise par un trop grand nombre d'auteurs, pour que nous
résistions à la tentation de résumer ici un travail que M. Stanislas Julien a inséré dans le
Journal Asiatique de Juin 1847 (4 e série, vol. ix. p. 505). Déjà Klaproth avait fait observer
que l'imprimerie, originaire de Chine, aurait pu être connue en Europe dès le xiv e siècle, si
les européens avaient su lire et étudier les historiens persans, qui, dans un livre terminé en
1310, décrivent assez clairement le procédé de l'impression employé par les Chinois.
M. Stanislas Julien montre par des extraits de livres chinois comment, vers l'an 593 de
notre ère, il fut ordonné, par un décret, de recueillir tous les dessins usés et les textes inédits,
et de les graver sur bois, pour les publier. Ce fut là le commencement de la gravure en
planches de bois : les types mobiles ne vinrent que plus tard et la première impression avec
ces types se place entre 1041 et 1049 de J. C. On trouve, dit M. Stanislas Julien, dans les
Mémoires de Tchin-Kouo> liv. xix. fol. 14, que, —
" Dans la période King-li " (entre 1041 et 1049 de J. C), " un homme du peuple nommé Pi-Ching, inventa une
autre manière d'imprimer avec des planches appelées ho-pan ou planches mobiles.
" Il prenait une pâte de terre fine et glutineuse, en formait des plaques régulières, minces comme les pièces de
monnaie appelées Tsien, et y gravait les caractères.
" Pour chaque caractère il faisait un cachet ; puis il faisait cuire au feu ces cachets pour les durcir.
" Il plaçait d'abord, sur une table, une planche en fer, et l'enduisait d'un mastic composé de résine, de cire et de
chaux.
" Quand il voulait imprimer, il prenait un cadre en fer, l'appliquait sur la planche de fer, et 7 rangeait les types
en les serrant étroitement les uns contre les autres, chaque cadre rempli formait une planche.
" Il prenait cette planche, l'approchait du feu pour faire fondre un peu le mastic ; puis il appuyait fortement sur
la composition une planche de bois bien plane, et, par ce moyen, les types devenaient égaux et unis comme une
meule de pierre
" Les caractères étaient classés par ordre tonique, et tous ceux de chaque ton étaient disposés dans des casiers
particuliers. S'il se rencontrait, par hazard, un caractère rare qui n'eut pas été préparé d'avance, on le gravait de
suite, on le faisait cuire avec un feu de paille, et l'on pouvait s'en servir à la minute.
" La raison qui empêcha l'inventeur de faire usage de types en bois, c'est que le tissu du bois est tantôt poreux,
tantôt serré, et qu'une fois imprégnés d'eau, ils auraient été inégaux, et que, de plus, ils se seraient agglutinés au
mastic de manière à ne pouvoir plus être enlevés. Il valait donc beaucoup mieux faire usage de types en pâte de
terre cuite. Lorsqu'on avait achevé le tirage d'une planche, on la chauffait de nouveau pour faire fondre le mastic,
et l'on balayait avec la main les types, qui se détachaient d'eux-mêmes sans garder la plus légère particule de mastic
ou de saleté.
" Quand Pi-Ching fut mort, ses camarades héritèrent de ses types, et les conservent encore précieusement. 1
" On voit par ce dernier passage, ajoute M. Stanislas Julien, que l'inventeur des types mobiles en Chine n'eut
pas d'abord de successeur, et que l'on continua à imprimer, comme auparavant, avec des planches de bois gravées."
Les types mobiles ne furent repris qu'après 1662 lorsque les missionnaires européens décidèrent
l'empereur Khang-hi à faire graver deux cent cinquante mille types mobiles en cuivre, qui
servirent à imprimer une collection de six mille volumes in 4°, dont l'impression peut rivaliser
avec les plus beaux ouvrages publiés en Europe.
1 $ous demandons pardon à M. S. Julien d'avoir supprimé les parenthèses au moyen des quelles il explique ce que le
texte peut avoir d'obscur ; mais nos lecteurs le comprendront parfaitement tel qu'il est.
e
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INTRODUCTION.
IL
La question de l'invention de l'imprimerie se trouve donc intimement liée avec la production
du Spéculum Humanœ Salvationis, par le récit de Junius, appuyé des témoignages d'Ulrich
Zell, de Mariangelo Accorso, de Jan van Zuiren, de Dierick Volkertszoon Coornhert, de
Lodovico Guicciardini, d'Abraham Ortels, de George Bruin, de Michel von Eytzing, de Mathias
Quadus, et de Jean François Le Petit. Nous manquerions cependant à notre profession de
foi d'impartialité, si nous ne disions pas tout de suite : 1° que les témoignages d'Ulrich Zell
et d' Accorso se confondent et peuvent fort bien ne s'appliquer qu'aux Donats xylographiques;
2° que ceux de Van Zuiren et de Coornhert nous semblent importants, parcequ'ils reposent
sur la tradition locale d'un événement, qu'un certain nombre de témoins pouvaient encore
attester de auditu ; 3° que le témoignage de Guicciardini, indépendant des deux précédents
et appuyé probablement sur des documents et des écrits perdus aujourd'hui, garantit d'avance
l'autorité de Junius; 4° qu'Abraham Ortels, George Bruin, Natalis Cornes, Michel von
Eytzing, et Mathias Quadus, paraissent avoir copié simplement Guicciardini; 5° que Jean
François Le Petit a puisé son récit de l'invention de l'imprimerie, pour la plus grande partie
dans Junius et le reste dans Guicciardini, dont les éditeurs insérèrent d'ailleurs plus tard
mot à mot le passage de Le Petit à l'article de Harlem; 6° Enfin qu'Adrien de Jonghe,
historien fidèle et véridique de ce qu'il raconte, a établi une enquête sur ce qu'avaient dit
précédemment Van Zuiren, Coornhert, et Guicciardini, et constate la tradition sans inventer ni
falsifier aucun des rènseignemens qu'il nous transmet dans sa Batavia. Telle est du moins
l'impression que laissent les pièces que nous venons de citer in extenso.
En Allemagne la réclamation relativement tardive de Junius, ne souleva pas d'abord les
colères qui se sont exhalées depuis, dans les écrits de Heinecken, La Serna Santander, Umbreit,
Wetter, et particulièrement de C. A. Schaab, juge du cercle de Mayence. D'ailleurs, les
exemplaires du livre xylographique étaient si rares et si peu connus, que les élémens de la
discussion faisaient défaut. Junius n'avait parlé que d'une édition hollandaise du Spéculum;
Scriverius en découvrit une édition latine :
" Ostendit nobis nuper P. Scriverius citatum à nobis alibi Spéculum salutis non Belgicè sed latinè editum, primum
magnœ Artis rudimentum, cujus paginse glutine commissae fuerant, ut videri possent opistographae. Sed attendus
consideranti facile apparuit, non collectas fuisse litteras singulas digestasque in vocem, vocem in versus, versus plures
in paginam ; sed singulas paginas singulis tabellis ligneis expressas fuisse, imaginibus litterisque extantibus et prominentibus,
sicut sigillis et ectypis soient imprimi notae rerum materiâ molliori, et ut ex libris ad nos evectis è sina apparet, Sinenses
libros suos adornare ; quae res ut affinitatem aliquam cum Arte typographicâ hodiernâ habet, ita multùm adhuc à
perfectione Artis remota est." 1
Naudé, essayant de réfuter Bertius, nie l'existence même des livres xylographiques : 2
" Bertius maintient que le Spéculum salutis ne fut pas imprimé avec des cbaractères séparez, mais sur de grandes
pages de bois, qui estoient toutes d'vne pièce, .... qui est tout justement le contraire de ce qu'en avoit asseuré Junius. . . .
Mais i'estime que le Spéculum salutis, ny aucun autre liure, n'a iamais esté imprimé auec ces planches de bois gravées
depuis vu bout iusqu'à l'autre sans distinction des lettres ny des mots."
1 Petrus Bertius, Commentaria rerum Grermanicarum. Lib. iii. p. 613.
* Addition à l'Histoire de Lovys XL Paris, 1630. 8°. pp. 260 et 265.
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INTRODUCTION. XIX
Cette dissidence fort naturelle entre Junius et Bertius, puis que l'un n'avait vu qu'une
édition hollandaise en types mobiles et l'autre l'édition latine xylographique, sert de massue
à Bernard Malinkrot, 1 pour frapper sur lun et l'autre et nier l'existence de Laurent Coster.
Mais Boxhorn 2 répond à Malinkrot :
" Videtur ne tibi aliquid obstare, quominus utrâque linguâ id Opus potuerit vulgari ? Extat Latinum in Bibliothecâ
etiam meâ similis Speculi monumentum, ad cujus spectaculum totius Academiœ nostrœ, et exterorum omnium, ac tuos
oculos nunc invito."
Chevillier* ajoute :
" Tout est incertain de ce Livre. On ne peut point assurer qu'il soit imprimé en Hollande plutôt qu'en Allemagne,
à Harlem plutôt qu'à Mayence, par Laurens Coster, plutôt que par Jean Faust. ... H n'est pas même certain, qu'il
soit imprimé par tables gravées. Je l'ai dit pages 20 et 23 après quelques personnes qui le croyent et un Libraire
qui Ta écrit. Mais depuis j'ai fait voir les deux Exemplaires ensemble, celui qui est aux Celestins et celui que
j'ai à un Imprimeur, à un Fondeur et à un Graveur, qui estiment, que l'impression en a été faite par des lettres de
métail, fondues et mobiles."
Cette incertitude, signalée par Chevillier, ne commence à se dissiper que lorsque Meerman,
en publiant ses Origines Typographicœf donne un fac-similé. Mais Meerman se place à un
faux point de vue quand admet que Laurent Coster n'est pas allé plus loin que l'invention
des types mobiles de bois. Cette erreur avait été partagée par Henry Spieghel, qui dans son
poëme intitulé Hertspiegel? dit :
" 0 Haarlems Kioeke gheest, u lof zal eeuwig flonkren
Al heeft de roem Van Ments u faam heel doen verdonkren
Ghi hebt houtstaefkens, eerst in houtplaats feil, gepast :
En na, met snoerkens die (als schrift) by een ghetast."
" 0 puissant génie de Haarlem votre gloire brillera éternellement, quoique la renommée de Mayence ait complètement
obscurci votre renommée. Vous avez ajouté de petits bâtons de bois, à défaut des planches primitives: et ensuite avec
de petits cordons vous les avez rapprochés l'un de l'autre (comme de l'écriture)."
Certes la transition des planches de bois aux caractères mobiles de bois, puis aux caractères
mobiles de métal est dans Tordre logique des choses. Si l'imprimerie a réellement été inventée
par un xylographe plus intelligent que ses confrères, cet inventeur a dû commencer par scier des
images avec leurs inscriptions pour les employer dans un autre ouvrage du même genre. Il a dû
ensuite scier dans sa planche un certain nombre de mots et de syllabes, qu'il était facile d'utiliser
dans une autre composition. Mais en procédant ainsi il n'aura pas tardé à s'arrêter court devant
l'impossibilité d'imprimer, même un petit nombre de pages, avec les débris d'un ouvrage considérable.
En supposant, ce qui paraît hors de doute, que l'Apocalypse et la Bible des pauvres aient
précédé le Spéculum Humanœ Salvationis ; que les parties de leurs planches, qui contiennent
du texte et ne se retrouvent pas, tandis que les dessins se retrouvent dans les premiers
livres publiés en Hollande, aient été sciées ligne par ligne, mot par mot, syllabe par syllabe,
le xylographe n'aurait certainement pas trouvé dans tout ces débris, de quoi composer une
demi-colonne du Spéculum Humanœ Salvationis.
1 De Ortu et Progressu Artis Typographie». 1639. 8°. p. 52.
2 Dissertatio de Typogr. invent. ann. 1641. 4°.
3 Orig* de l'Imprim. de Paris, p. 281.
4 G. Meerman. Orig. Typogr. Hagae Comit. 1765. 4°.
5 Hertspiegel. Amsterdam, 1614. 8°. Liv. ii. v. 69 et ss.
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XX
INTRODUCTION.
Il est donc évident que dès le premier pas, un xylographe conduit logiquement à l'invention
de la typographie, a rencontré un obstacle infranchissable, dans la nécessité de graver lettre
par lettre, une quantité de caractères suffisante pour composer même quelques pages d'un
livre où le texte occupe les deux tiers de la page.
Ce qu'il y a de singulier : c'est qu'une telle impossibilité n'a pas frappé un fondeur de
caractères du siècle dernier, Fournier, qui a vu des caractères mobiles de bois dans presque
tous les livres imprimés au xv e siècle.
L'idée de Meerman, dont il faut chercher la source dans un louable esprit de conciliation,
fut acceptée généralement en Angleterre. Bagford, qui se fit l'avocat de Harlem, la défendit
dans les Transactions Philosophiques de 1705, vol. xxv. Mais l'autorité de Bagford n'est pas
à beaucoup près aussi respectable que celle de Bowyer, qui dans son livre anonyme sur
l'Origine de l'Imprimerie, 1 non seulement traduisit en Anglais le travail de Meerman, mais encore
accumula une foule d'argumens nouveaux en faveur de la Hollande. Malheureusement Bowyer,
s'étayant de l'hypothèse de Meerman, accepta sans broncher la théorie des types de bois mobiles.
L'hypothèse des types de métal gravés à la main séparément, étant encore plus inadmissible
que la première, ne pouvait qu'égarer dans la lice infinie des conjectures, jusqu'à ce qu'enfin,
dans ces derniers temps, un écrivain qui a l'avantage de joindre la pratique à la théorie,
M. Auguste Bernard, est venu expliquer et pour ainsi dire prouver matériellement 2 que les
types mobiles du Spéculum étaient métalliques et qu'ils avaient été fondus dans le sable :
" Comme les petits colifichets destinés aujourd'hui à servir d'épingle de chemise, de bréloque
" de montre," &ca. " Cette manière de fondre," continue M. Bernard, " dût se présenter
44 naturellement à l'esprit des premiers imprimeurs, qui avaient alors sous les yeux les
" merveilles produites par la fonte des objets de bijouterie et d'orfèvrerie de cette époque
44 artistique."
Ebert a eu raison de dire 3 que les hollandais avaient compromis leur cause en voulant
sappuyer sur un trop grand nombre de témoignages. Junius en effet ne dit nullement que
Laurent Coster ait été xylographe et conduit logiquement, par la nature des choses et l'analogie
successive des procédés, à l'invention de la Typographie. Il le représente au contraire comme
un bon bourgeois de la ville de Harlem, occupé de toute autre chose que de la gravure des
images de saints. Il se promène au bois dans les environs de la ville, s'amuse à découper
des lettres sur de Pécorce de hêtre; et trouve, en les renversant, après les avoir imprégnées
d'encre, qu'elles laissent sur le papier une impression directe de syllabes, puis de mots, puis
de phrases, avec lesquels en définitive, en les multipliant, ou peut aisément faire un livre.
C'est bien ainsi que se produisent les inventions les plus importantes. Elles ne sont point
dues aux hommes spéciaux, et ne procèdent pas graduellement, pas à pas, du connu à l'inconnu.
Elles surgissent tout à coup, d'un seul bond, entre les mains d'hommes, pour la plupart étrangers
à la science ou à l'art, d'où elles auraient dû découler à-peu-près inaperçues, dans une série de
progrès successifs. Les exemples sont trop éclatants pour n'en pas rappeler ici quelques-uns.
N'est-ce pas en effet un moine qui trouve la poudre-à-canon ? N'est-ce pas un autre moine
1 The Origin of Printing. In two Essays. London, 1774. 8°.
* De l'Origine de l'Imprimerie. T. i. pp. 38-45.
3 Hermès. Leipzig, 1823. IV. St. p. 63.
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INTRODUCTION.
xxi
Basile Valentin, qui découvre la préparation de l'alcool et de Péther sulfurique? Un simple
charpentier du Lancashire, Hargrave, invente la première machine à filer; un musicien de
Munich, Senefelder, trouve la lithographie; le philosophe Pascal donne la première idée des
omnibus et de la brouette ; et le médecin Perrault est l'architecte de la Colonnade du Louvre,
un des plus beaux monuments de l'architecture ancienne et moderne!
Un certain nombre de bibliographes hollandais, à la tête des quels nous citerons J. Koning, 1
ont fait de Coster, surtout un xylographe, puisqu'ils lui attribuent, non seulement les quatre
éditions du Spéculum, mais encore V Apocalypse, la Bible des pauvres, le Cantique des
Cantiques, VArs Moriendi, &ca.
Cette hypothèse ne s'accorde que difficilement avec le récit de Junius ; car si Coster, en se
promenant au bois, avait déjà l'habitude de graver des pages entières de texte, il n'a pas dû
être surpris de voir que les lettres qu'il gravait à l'envers marquaient à l'endroit au moment
de l'impression; c'est dans son atelier de xylographe, et non dans le bois de Harlem, qu'il
a inventé les types mobiles. Si au contraire, ignorant l'art de la gravure sur bois, il a trouvé
le moyen de graver des lettres sur de l'écorce de hêtre, qu'il a ensuite découpée, pour séparer
les caractères, il est arrivé du premier bond à la découverte des types mobiles, et par conséquent
à l'invention de la Typographie.
Est-il possible, qu'ayant ainsi trouvé la Typographie, il se soit résigné à graver des livres
xylographiques, en attendant l'occasion d'appliquer sa précieuse découverte ? Ayant le moyen
d'arriver plus sûrement et plus facilement à son but, il aurait préféré employer les procédés
lents, imparfaits et connus des cartiers contemporains ! C'est là, ce que personne assurément
n'admettra sans de bonnes raisons qui n'ont pas été données jusqu'ici.
On chercherait vainement à limiter les travaux de Coster ; car il est impossible de séparer
comme travail de gravure, la Bible des pauvres, le Cantique des Cantiques, et les cinquante
quatre premières planches du Spéculum Humanœ Salvationis. Tout le monde s'accorde à
dire que si toutes les planches de ces trois livres n'ont pas été gravées par la même main,
elles sont tout au moins sorties du même atelier. Donc ce n'est pas Coster qui a gravé toutes
ces planches ; car, il ne serait pas donné la peine de le faire, après avoir trouvé les caractères
mobiles ; ou, s'il avait déjà gravé toutes ces planches, l'invention des caractères mobiles n'a pu
se faire dans le bois de Harlem, de la manière que raconte Junius.
Les adversaires de Harlem, au lieu de poser ce dilemme aux partisans de Coster, ont préféré
nier absolument l'existence de ce dernier; ils ont accusé Junius de fraude et de mauvaise
foi, et revendiqué hautement pour l'Allemagne la production exclusive des livres xylographiques,
et même des incunables sans date et sans nom d'imprimeur, sortis des presses de Hollande
dans le dernier tiers du xv e siècle, —
Heineken 2 a donné le signal de cette guerre de haute lutte, à laquelle se sont joints avec
empressement la plupart des bibliographes du Continent ; jusqu'à ce qu'un écrivain allemand,
1 Verhandeling over den Oorsprong de uitvinding, verbetering en volmaking der Boeckdruckkunst Harlem, 1816. 8°.
8 Idée Générale d'une Collection d'Estampes. Leipzig, 1771. 8°.
" La raison du plus fort est toujours la meilleure,
Nous Talions montrer tout-à-rheure."
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XXII
INTRODUCTION.
d'une grande autorité dans la matière, le bibliothécaire de Dresde, F. A. Ebert, ait jugé à
propos de se ranger du côté qui lui semblait avoir la justice pour lui, non du côté ou Ton
criait le plus fort.
Heinecken attribue la gravure du Spéculum Humanœ Salvationis aux ateliers de Faust
et de Schoeffer : —
" Je m'imagine, que le graveur, qui a taillé ces vingt tables de discours en bois, étoit un de ceux que Guttenberg
et Faust employèrent ; car ils avaient sûrement des graveurs à leur service, et je crois, que ce graveur, étant devenu
lui-même imprimeur, a fait le reste de l'ouvrage avec les lettres de fonte nouvellement inventées, d'autant plus que ces
caractères ressemblent entièrement, pour la forme et pour le dessin, aux tables du Donat, et généralement aux caractères
de l'atelier de Faust et de Schoeffer." 1
La Serna Santander 2 attribue les gravures et leur impression à Veldener : —
" Je pense," dit-il, " que tout homme éclairé et impartial trouvera infiniment plus de raison pour attribuer
préférablement l'impression du sus-dit Spéculum à cet artiste, qui, en 1483, imprima un petit ouvrage dans le même
genre, contenant en 64 vignettes, gravées sur bois dans le même goût, une histoire de la sainte croix : il serait d'autant
plus fondé à la lui attribuer, que ce même Veldener réimprima encore, en la susdite année de 1483, le dit Spéculum,
dont il est ici question, avec les mêmes planches gravées en bois, qui avaient servi aux éditions précédentes, après
les avoir fait scier en deux pour pouvoir les approprier au format in-4° de cette réimpression."
Heinecken, qui se connaissait assez bien en gravures, n'entendait rien — il l'avoue lui-même —
à la typographie. Les caractères du Donat hollandais ressemblent beaucoup, il est vrai, à
ceux du Spéculum; mais ni les uns ni les autres n'ont de ressemblance avec ceux de Faust
et de Schoeffer. La Serna Santander, au contraire, connaissant les livres imprimés beaucoup
mieux que les gravures, commet une erreur grossière en rapprochant les gravures de VHistoria
Sanctœ Crucis de celles du Spéculum. Loin d'être, comme il le dit, " dans le même genre et
dans le même goût" les gravures de VHistoria Sanctœ Crucis n'ont aucune analogie, ni avec
celles qui ornent les 54 premières pages du Spéculum, ni même avec les dix suivantes, qui
appartiennent cependant à un autre artiste que le dessinateur et le graveur des 48 pages
précédentes. Cette Historia Sanctœ Crucis est un livre fort rare ; mais il s'en trouve un
exemplaire dans la Bibliothèque de Lord Spencer; et Dibdin, 3 en donne un assez grand
nombre de fac-similés pour que tout le monde puisse aisément se convaincre, à première
vue, du peu de fondement de l'assertion de Santander.
Fournier le jeune, graveur et fondeur de caractères, en affirmant 4 que le texte du
Spéculum, " est en caractères gothiques de bois, tant fixes que 6 mobiles,' " avait sans
doute induit en erreur Meerman, qui croyait pouvoir compter avec toute confiance sur
une pareille autorité. Fournier annonce en effet dans son livre, qu'il a examiné avec la
plus grande attention, quatre exemplaires du Spéculum faisant partie de trois éditions différentes ;
mais il a vu des caractères de bois dans presque tous les livres imprimés au xv* siècle,
faute de se rendre un compte exact des procédés imparfaits, employés par les premiers
imprimeurs pour fondre les caractères. Malgré cette méprise le résultat de son examen
1 Heinek. Idée Générale, p. 447.
* Dictionn. Bibliogr. Choisi du XV 0 Siècle. ,T. i. p. 40.
* Bibl. Spencer. T. iii. p. 348, et ss.
4 Dissertation sur l'Origine et les Progrès de l'Art de Graver en Bois. Paris, 1758. 8°. p. 29.
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INTRODUCTION. XXÎii
♦
mérite d'être en partie reproduit parcequ'il est le premier auteur qui rende un compte exact
du monument xylographique qui nous occupe :
" Ces cinquante-huit estampes en forme de vignettes, séparées au milieu par un ornement gothique, et chargées
de quelques mots pour faire parler les figures ou les expliquer, n'ont point été gravées, non plus que les précédentes
(Bible des Pauvres et Cantique) pour faire un livre, encore qu'elles se trouvent en tête d'un des plus anciens que
l'on connoisse. H est visible que les caractères que l'on a imprimés dessous, ont été faits longtems après les planches.
Voici comme je le prouve. Les planches ou figures portent les marques d'un long service: des traits ou filets qui
bordent ces vignettes, sont cassés et crénelés en différents endroits. Ceux qui connoissent l'usage de la gravure en
bois, savent qu'une planche peut fournir à trente ou quarante mille beaux exemplaires, même à cent si elle est faite
sur du buis. Les caractères au contraire ont toute leur fraîcheur. Ces estampes ou vignettes, et le caractère qui
se trouve dessous, sont imprimés à deux fois ; ce qui ae seroit certainement point arrivé, si celui qui a gravé les figures
avait eu dessein d'en faire un livre; car il les auroit gravées sur la même planche que le caractère, ou il les auroit
arrangés ensemble, pour les imprimer d'une seule fois. On y voit tout le contraire: ces vignettes sont imprimées
plus ou moins près du caractère, et plus ou moins droit ; celle-ci s'approche par un coin et fuit par l'autre ; celle-là
fait un effet contraire, semblable à nos gravures en taille douce, qu'on imprime sans soin dans nos Livres, et qui vont
quelquefois jusqu'à couvrir le caractère. De plus ces vignettes sont de différentes teintes de couleur grise, les unes
plus ou moins foncées, les autres presque noires, et d'autres enfin jaunâtres. Le caractère fixe est aussi en gris, mais
par fois d'une teinte différente de la vignette, et le caractère mobile est noir. L'édition des Célestins 1 est entièrement en
caractère mobile et très noir, pendant que l'estampe est grise comme celle des autres exemplaires. On ne peut pas
donner de preuves plus évidentes d'une double impression, et rien ne démontre plus clairement que les estampes et
le caractère n'ont point été faits l'un pour l'autre, d'où l'on peut conclure que ces estampes étoient, comme les précédentes,
une suite d'images imprimées, auxquelles on ajoutoit l'explication à la plume; et après l'invention de l'imprimerie,
on aura ajouté sous ces estampes déjà imprimées, l'explication en caractères sous la presse, au lieu de le faire à la main."
Personne ne doute aujourd'hui que les types mobiles du Spéculum n'aient été de métal
et fondus, soit dans le sable, soit par tout autre moyen, sans emploi des poinçons, de la
matrice et des moules, inventés plus tard par les associés de Guttenberg. Mais cela posé,
Fournier a très bien vu que les gravures étaient usées tandis que le type était neuf, et
que l'impression du texte et des figures n'a point été simultanée. Sa supposition que les
gravures avaient été préparées d'avance pour recevoir un texte à la main n'est peut-être pas
éloignée de la vérité.
Dans son traité de l'Origine et des Productions de V Imprimerie primitive en taille de
bois (Paris, 1759, 8°.), Fournier revient sur la description du Spéculum, et indique comment
les vignettes ont été imprimées les premières avant l'usage de la presse : —
" On en a fait l'empreinte," dit-il, p. 154, " avec une encre grise, en posant le papier sur la vignette et frottant
par dessus avec un instrument poli ce qui a rendu, comme je l'ai dit, le papier lissé, surtout à l'endroit des tailles ;
après quoi on a imprimé le discours par une seconde opération, avec une même sorte d'encre grise, et par le même
méchanisme qui rend le papier lissé par derrière."
Suivant lui encore : —
" Les 58 vignettes ont été gravées sur un bois convenable à cet usage, c'est à -dire, dur et compacte, comme
du buis, du cormier ou du poirier, sans quoi les traits fins et délicats des figures n'auroient pû être taillés aussi hardiment,
sans se fendre et s'égrainer."
Mais le texte n'a pas été gravé sur le même bois. 2 Ce n'est pas le même artiste qui a
gravé le tout : —
1 L'exemplaire du Couvent des Célestins de Paris, maintenant à Vienne.
4 De l'Origine et des Progrès de l'Imp. primitive, p. 156.
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XXIV
INTRODUCTION.
" On n'a pas non plus employé pour les unes le même bois dont on s'est servi pour les autres. La gravure des
caractères est négligée par endroits et inférieure de beaucoup à l'exécution des vignettes. On voit dans le discours
des pages moins longues que d'autres, quoique composées du même nombre *de lignes, parceque l'écriture a été figurée
d'un dessein plus serré, et gravée avec plus de négligence dans les unes que dans les autres*. ... Le bois qu'on a employé
pour les planches de caractères, n'étoit pas d'une nature propre à cet objet ; c'étoit ou du chêne qui ayant des filamens
poreux en a laissé les marques à des mots, et même à des lignes entières, par des raies blanches qui les séparent
horizontalement, ou du hêtre que l'eau du lavage aura gercé.'*
Ayant remarqué que trois des exemplaires qu'il examine, savoir ceux de la Bibliothèque
du Roi, de Sorbonne et de M. de Cotte, ont chacun 20 pages entièrement xylographiques,
les mêmes pour tous, Fournier conclut que ces^20 pages doivent appartenir à une édition
entièrement xylographique qu'il appelle la première édition ; que le reste des pages, dont le
texte est en caractères mobiles imprimés en noir à la presse, réprésente les fragments d'une
seconde édition ; enfin que l'exemplaire des Célestins dont le texte entier est imprimé en
caractères mobiles, avec un grand nombre de variations dans la composition, forme la troisième
édition du livre. Quant aux caractères il affirme très positivement qu'ils sont les mêmes
dans les deux dernières éditions. " C'est la même forme, la même grosseur, la même figure
" matte, figure qui leur est propre." Il soutient que ces caractères sont de bois " parcequ on
44 aperçoit dessus et dessous certaines lettres, de petits points noirs occasionnés par des parcelles
"de bois mal évidées;" parceque le nombre des lettres doubles et des abbréviations est si
grand que le travail seroit devenu prodigieux, s'il eut fallu faire des poinçons d'acier
44 pour toutes ces variations; parceque la figure des lettres varie de temps en temps, la
44 courbure de Yy n'est point uniforme, l'abbréviation ? pour us est de grosseurs différentes,
44 les a présentent trois modèles divers quelquefois dans la même ligne," &ca. M. A. Bernard
a répondu à toutes ces objections 1 en indiquant, ce qui n'était pas venu à l'idée de Fournier,
comment tous les types ont pu être fondus dans le sable.
La preuve que Meerman a suivi la théorie de Fournier quant aux types de bois, c'est
que ce dernier lui ayant demandé des renseignemens sur le Spéculum, plus de six ans avant
la publication des Origines Typographicœ? Meerman lui repondit qu'il existait trois éditions
hollandaises du Spéculum sans compter celle imprimée par Veldener, 3 et dont les planches
sont sciées en deux : ce qui porterait à six le nombre des éditions du Spéculum Humanœ
Salvationis en y comprenant celle de Veldener en 1483.
"Je pense, dit en terminant Fournier, que ces 58 vignettes, ont été gravées par un des plus habiles artistes de
ce temps, à dessein, comme je l'ai dit, de faire écrire au dessous, après l'impression, une explication de ces figures,
telle qu'elle est dans ce livre, pour en faire un objet de commerce. . . . Après avoir tiré un certain nombre d'exemplaires,
un autre se sera avisé de graver tout naturellement, et sans trop d'art, ce même discours sur des planches fixes, et aura
ajouté l'impression dessous les vignettes déjà imprimées. Guttemberg lui-même auroit bien pu avoir cette idée, et
l'avoir fait exécuter à Strasbourg."
Au moyen de son hypothèse des types de bois mobiles, Fournier a cru échapper à la
nécessité de considérer le Spéculum comme le premier monument de la Typographie. Il
affirme en effet plusieurs fois que ce livre n'a rien à faire avec la Typographie proprement
dite ; mais il est si parfaitement évident que l'inventeur des caractères mobiles, de quelque
1 De l'Origine de l'Imprimerie, p. 38. * La Haye. 1765. 4°. * Culembourg. 1483. 4°.
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INTKODUCTTON.
XXV
nature qu'ils soient, est le véritable inventeur de l'Imprimerie, que Fournier finit ici par attribuer
le Spéculum à Guttemberg lui-même, et à Guttemberg habitant de Strasbourg, pour ne pas
prendre trop ouvertement le parti de Mayence.
Le plus violent des, adversaires de Harlem, l'ex-jésuite La Serna Santander, s'est jetté
dans la controverse, avec une partialité si révoltante, qu'en le lisant, on est tente de se ranger
à priori du côté de ceux qu'il attaque. Après avoir donné sans hésiter tous les livres
xylographiques à l'Allemagne, 1 il prétend d'abord que les ouvrages d'origine néerlandaise,
attribués à Coster, ont été imprimés dans la ville de Bruges, " ou mieux encore dans celle
" d'Anvers," par les corporations d'imprimeurs qui existaient dans ces villes avant le milieu
du xv e siècle.
" N'est-il pas plus vraisemblable,'* dit-il, 2 " et beaucoup plus naturel de croire que le fameux Spéculum flamand,
prôné avec tant d'emphase par M. Meerman, est l'ouvrage de ces imprimeurs (printers, ou faiseurs de figures grossières
et d'images de saints sur bois) plutôt que du fabuleux Coster?"
Nous avons vu comment, quelques pages plus loin, 3 il abandonne cette thèse en faveur de
Jean Veldener; mais il ne s'arrête pas longtemps à cette opinion, qu'il a empruntée sans
examen au livre de Heineken; au bout de quelques pages, il la renie avec le même sans-
façon qu'il l'a adoptée :
" Nous avons vu ci-devant," dit-il, 4 " qu'avant b milieu du xv e siècle, il existait déjà dans la ville d'Anvers une
corporation, dont partie des membres étaient des graveurs d'images en bois et imprimeurs (houtebeeltsnyders, printers). . . .
Phillery était indubitablement membre de la susdite corporation : il était donc graveur d'images à Anvers ; pourquoi
ne serait-il pas l'auteur du Spéculum flamand plutôt que le sacristain d'Harlem?"
Ce Phillery est encore une des créations fantastiques de Heineken i*
" J'ai trouvé," dit-il, " dans les Recueils de l'abbé de Marottes, au Cabinet du Roi de France, une pièce détachée,
qui suivant mon sentiment, est la plus ancienne de celles qui sont gravées en bois dans les Pais-Bas, et qui portent
le nom de l'artiste. Cette estampe est marquée : Gheprint t'Antwerpen by my Phillery de flgursnider"
Depuis cette découverte, le nom de Phillery, qui n'appartient à aucune langue, s, été admis
dans tous les ouvrages d'iconographie. On a même trouvé un prénom à ce flgursnyder primitif :
Nagler 6 l'appelle Anton, et nous apprend que c'est un des plus anciens graveurs sur bois des
Pays-Bas, et qu'il travaillait à Anvers en 1530, — date peu compromettante pour les droits
de l'Allemagne, si c'est à lui que sont dues les planches du Spéculum. Mais il existe au
Print-Room, ou Cabinet des Estampes du British Muséum, deux exemplaires de la gravure
dont parle Heineken ; et la légende est aussi clairement que possible : " Oheprint t'Antwerpen
" by my Willem de jigursnider" Cette inscription n'est pas même difficile à déchiffrer.
M. Chatto 7 a très bien démontré la méprise de Heineken; mais l'erreur, que ce dernier
avait mise en circulation, s'est tellement propagée, que M. Bernard lui-même, 8 est forcé de la
1 Dictionnaire Bibliographique Choisi du XV e Siècle. Bruxelles, 1805. 8°. Vol. i. pp. 38 et 53.
« Ibid. vol. i. p. 35. * Ibid. p. 40.
* Ibid. p. 54. * Idée Générale, p. 197.
6 Neues Allgemeines Kùnstler-Lexicon. Miinchen, 1841. 8°. T. xi. p. 238.
7 A Treatise on Wood Engraving, Historical and Practical. London, 1839. 8°. p. 377.
8 De l'Origine et des Débuts de rimprimerie en Europe. Paris, 1853. P. 7.
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XXYÎ
INTRODUCTION»
reproduire, parcequ'on n'a pu lui montrer l'estampe qu'il a vainement demandée à la bibliothèque
nationale. J. Renouvier a été plus heureux : il a pu comme nous lire, sur les deux gravures
du British Muséum, le nom de Wilhem, et s'est empressé de confirmer, dans son Histoire de
V Origine et des Progrès de la Gravure dans les Pays-Bas et en Allemagne (Bruxelles, Hayez,
1860, 8°, p. 37), la rectification indiquée par M, Chatto. Mais l'erreur est tenace de sa nature,
car M. Passavant, qui connaît et cite plusieurs fois l'ouvrage de Renouvier, fait revivre
l'Antoine Phillery de Heineken, dans son Peintre Graveur, 1 où il n'hésite pas cependant à
attribuer VArs Moriendi, la Bible des pauvres, le Spéculum Humanœ Salvationis, le Cantique
des Cantiques, &ca., à l'école des Pays-Bas,
H est vrai que M. Passavant a commis, un peu plus loin, 2 une autre méprise singulière,
quand il donne au Spéculum Conversionis Peccatorum, imprimé à Alost en 1473, in-4°., et
qui n'a pas de gravures, " des gravures sur bois bien dessinées et bien exécutées ; les sujets
44 qu'elles représentent sont toujours disposés deux à deux et séparés par une colonne, comme
44 on le voit dans le Spéculum Humanœ Salvationis" Pour citer son autorité, M. Passavant
ajoute : 44 Dibdin donne deux fac-similé de ces gravures dans sa Bibl. Spenceriana, vol. iv. p. 554."
J. Renouvier avait déjà commis la même erreur, 3 lorsque parlant de Thierry Martens d 'Alost,
il dit : 44 Suivant cet auteur (Dibdin) le premier livre avec date des Pays-Bas, Spéculum
u Conversionis Peccatorum du chartreux Rivel, imp»mé à Alost en 1473, contiendrait des
44 gravures sur bois copiées de celles du Spéculum Humanœ Salvationis." Mais plus loin
il ajoute : 44 Les exemplaires du Spéculum de Martens, que j'ai vus, ne contiennent pas de
44 planches." Si ces deux écrivains, au lieu d'être nos contemporains, avaient publié leurs
livres au xvi e siècle, et que l'ouvrage de Dibdin fut perdu, comme celui de Zuyren, il n'en
faudrait pas davantage pour attribuer à Thierry Martens la gravure de notre livre xylographique.
Malheureusement pour cette hypothèse, en ouvrant la Bibliotheca Spenceriana, à la page
254, on voit que les trois quarts de cette page sont remplis par la description du Spéculum
Humanœ Salvationis; et que les deux gravures, qui lui font face, sont tout simplement
d'excellens fac-similé des gravures ff. 39 et 56 de ce livre, ne se rapportant nullement au Spéculum
Conversionis, dont la description commence au bas de cette même page 254. Cela est si
évident, les gravures appartiennent si bien au Spéculum Humanœ Salvationis, qu'il est
incompréhensible que deux iconographes aussi distingués, soient tombés dans la même erreur,
à moins que l'un n'ait copié l'autre sans vérification.
Nous arrivons maintenant au dernier système, mis en avant pour faire crouler l'édifice
de Junius, et enlever à Laurent Coster l'honneur d'avoir inventé et pratiqué la typographie
avant, ou simultanément avec Guttenberg. M. E. Harzen est entré dans la lice à son
tour, par un article, sur l'ancienneté et l'origine des premières éditions du Spéculum,
inséré dans les Archives de R. Naumann; 4 mais il flotte, comme ses prédécesseurs, entre
Veldener, les frères de la Vie commune, et Dirk Stuerbout de Harlem, auquel il finit
1 Le Peintre Graveur. Par J. D. Passavant. Leipsic, R. Weigel, 1860. 8°. Vol. i. p. 123.
* Ibid. p. 120.
3 Hist. de TOrigine et des Progrès de la Gravure. Bruxelles, 1860. 8°. p. 265.
4 Archiv fur die Zeichnenden Kiinste, mit besonderer Beziehung auf Eupferstecher und Holzschneider Eunst und ihre
Geschichte. Leipzig, R. Weigel, 1855. 8°. p. 3 ; et 1856, p. 1.
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■5
INTRODUCTION.
XXV11
par s'arrêter. Suivant sa première hypothèse, les livres xylographiques seraient dûs aux
frères de la Vie commune, qui, sous la direction de Gérard Groot, s'étaient, vers la fin du
xiv e siècle, répandus, de Deventer et de Zwolle, dans les Pays-Bas et une partie de l'Allemagne.
Sans être liés par des vœux monastiques et le célibat, ces frères vivaient en commun et
s'occupèrent à copier et enluminer des MSS. jusqu'à l'époque de l'invention de l'Imprimerie.
Alors, voyant leur industrie ruinée par la découverte des types mobiles, ils furent des premiers
à se faire imprimeurs, notamment à Bruxelles, où leurs premières éditions avec date indiquent *
l'année 1476. Delprat, leur historien, 1 ayant dit que la communauté de Louvain avait
abandonné sa règle pour se joindre aux Augustins en 1477, M. Harzen en concluait
que Veldener avait pû être membre de cette communauté, avant de devenir Imprimeur
et suppôt de la faculté de Louvain, et aurait reçu de la communauté les bois du
Spéculum Humanœ Salvationis, qu'il inséra ensuite, en les sciant en deux, dans son édition
hollandaise de 1483. Cependant M. Ch. Euelens, ayant démontré dans le Bibliophile Belge,*
que les frères de la Vie commune de Louvain avaient changé leur règle dès 1447, et que
le nom de Veldener ne se trouvait pas dans la liste des membres de la communauté,
M. Harzen abandonne son hypothèse pour attribuer les dessins, sinon les gravures, de la
Bible des pauvres, du Cantique des Cantiques, et du Spéculum, à Dirk Stuerbout de Harlem,
auquel il donne pour maître Roger Vafit der Weiden le vieux, plus connu sous le nom de
Roger de Bruges,
On sait déjà que le Dr. Waagen attribue à ce dernier 3 les meilleurs dessins de la Bible
des pauvres, et des autres livres xylographiques, d'origine néerlandaise. Mais en mentionnant
le nom de Stuerbout, tous les bibliographes allemands, ou partisans de Mayence, ont soin
de dire que ce peintre travaillait à Harlem en 1462 et 1468. Suivant deux auteurs anglais, 4 *
il ne serait mort qu'en 1476, quoique Fournier 5 prétende qu'il était connu dès 1440. Dans
un cas comme dans l'autre, Stuerbout, n'étant rattaché à la production des livres xylographiques
que par une supposition, absolument dénuée de preuves, il serait oiseux de chercher la lumière
dans cette direction; quoiqu'il soit assez remarquable, que les premiers peintres hollandais,
d'une renommée européenne, soient tous de Harlem : depuis Albert van Ouvatter, qui peignit
à l'huile en 1400 ; Gérard de Harlem son élève, dont les ouvrages avaient tant de réputation
qu'Albert Durer fit le voyage de Hollande exprès pour les voir; jusqu'à Dirk Stuerbout,
Jean Mandyn et Volkaerte, connus vers 1450.
A vrai dire, le récit de Junius, loin d'impliquer que Laurent Coster ait été xylographe,
le peint, au contraire, comme un bon bourgeois, qui va se promener aux environs de la ville
pour tuer le tems, " ut soient sumpto cibo aut festis diebus cives qui otio abundant" Il le
montre, arrivant tout-à-coup et par hazard à l'invention des types mobiles de bois, qu'il
change plus tard en types de métal ; et découvrant une encre grasse, plus propre à l'impression
que celle des cartiers, connue depuis longtemps. L'invention des types mobiles par un
1 Voyez G. M. Delprat trad. de G. M. Mohnike: Die Bruderschaft des gemeinsamen Lebens. Leipzig, 1840. 8°.
* Vol. ii. 2 e Série. Bruxelles, Heussner, 1855. 8°.
3 Treasures of Art in Great Britain.
* The Early Flemish Painters, by Crowe and Cavalcaselle. P. 292. London, 1857. 8°.
5 Origine de rimprimerie. P. 141.
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XXV111
INTRODUCTION.
xylographe, n'eut point suivi cette marche : elle se fut produite, «omme nous Pavons déjà
remarqué, dans Patelier, — non dans la campagne ; à la suite d'essais et d'opérations successives,
— non tout-à-coup et par hasard, ainsi que le dit formellement Junius. D'ailleurs, un atelier
unique d'où seraient sortis, comme le prétendent un ^certain nombre de Bibliographes hollandais,
VHistoria Sancti Joannis, VArs Moriendi, la Biblia Pauperum, le Canticum Canticorum,
le Spéculum Humanœ Salvatimis, &ca. &ca., multipliés par trois ou quatre éditions chaque,
un tel atelier, disons-nous, aurait acquis, même à cette époque troublée, une notoriété éclatante,
qu'auraient disséminée partout, les nombreux ouvriers, employés nécessairement à une aussi
Taste production.
Ni Junius, ni aucun des auteurs qui l'ont précédé ou suivi immédiatement, ne font la
moindre mention de cet atelier xylographique. Ils indiquent Harlem, comme le lieu de
l'invention de la Typographie, et mentionnent le vol d'un ouvrier infidèle, qui va porter les
procédés dé son maître à Mayence, où l'invention est perfectionnée. La tradition ne dépasse
pas ces limites bornées : toutes les additions qu'on y a faites, reposent évidemment sur des
hypothèses modernes, sans autre autorité que des rapprochemens et des analogies, dont
l'exactitude est, dans la plupart des cas, contestable, ou nulle à première vue.
Malgré le rapport évident qui existe entre l'exécution de la Bible des pauvres, et
celle du Cantique et du Spéculum, malgré la pensée commune -qui inspire le dessinateur
et le graveur de ces trois ouvrages, l'œil le moins exercç reconnaîtra qu'ils n'ont été ni
dessinés, ni gravés, ni finis par la même main. La Bible des pauvres, par exemple, 1 dont
le dessin et la gravure sont inférieurs à ceux du Cantique et du Spéculum, offre cependant
un certain nombre de planches dont l'exécution est au moins égale à celles des deux
'derniers, tandis que d'autres, d'un archaïsme grossier, semblent indignes de figurer dans un
tel ouvrage. 8
Une autre raison nous empêche de croire que les planches de la Bible des pauvres et
le Spéculum aient été exécutées, soit par le même artiste, soit sous ses yeux par ses élèves.
On sait en effet qu'au moyen âge, il existait un code de règles sur la manière dont les images
de sainteté devaient être exécutées. Molanus 3 a donné ces règles, fixées d'abord par
S. Bonaventure, et les artistes auraient regardé comme un sacrilège de s'en écarter en quoi que
ce soit : aussi, quand ils avaient une fois traité un sujet biblique d'une certaine manière, ils
le reproduisaient sans changement dans tous leurs ouvrages subséquents. Or nous avons
dans la Bible des pawores .et dans le Spéculum, plusieurs fois, les mêmes sujets, traites avec
des variations qui n'existeraient pas si l'artiste eut été le même.
1 Voyez Biblia Pauperum, reproduced in facsimile fron* oue of the copies in the British Muséum, with an Historical
and Bibliographical Introduction by J. Ph. Berjeau. London, J. Smith, 1859. Fol.
s Nous devons rectifier ici une erreur dans la quelle nous sommes tombé, en écrivant l'introduction de notre fac-similé
de la Bible des pauvres. Le petit nombre d'exemplaires (quatre seulement) que nous avions sous les yeux, différent fort
peu les uns des autres, nous avait porté à croire qu'il n'existait peut-être qu'une seule édition de cet ouvrage xylographique ;
et que les différences pouvaient s'expliquer par les cassures, ou les réparations successives du même bois et les procédés
imparfaits ou divers, employés lors de l'impression. Depuis, ayant eu l'occasion de comparer notre fac-similé avec
plusieurs autres exemplaires, nous avons été forcé de reconnaître que la série des bois de ce livre xylographique a été
gravée trois ou quatre fois peut-être, soit par la main du graveur original, soit sous ses yeux, au moyen du décalque
sur le nouveau bois des feuillets dé la première édition.
8 J. Molanus de Historia SS. imaginum et picturarum. Lovan. 1584. 8°
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pîTBODucnoir.
XXIX
Une comparaison dë ces différences, ne manquera peut-être pas d'intérêt pour le lecteur.
Nous indiquerons par a, b, c, les oompartimens gauche, central et droit, des planches de
la Bible des pauvres, et par leur numéro d'ordre les figures du Spéculum:—
Spéculum Humana Sàlvàtiqnis.
Fol. 7, fig. 1. casus luciferu Composition original^.
Fol. 7, fig. 2. deus creauit hominem. C'est la création de
la femme.
FgJ. 8, fig. 4. nequaquam moriemini. Serpent à tête de
vierge, à corps de dragon.
Fol. 9, fig. 5. mulier decepit virum. Serpent ordinaire.
Fol. 19, fig. 25, Hic annunciatur. Excellente com-
position.
Fol. 19, fig. 26. Domtnus apparuxt. Moyse n'a pas de
cornes, comme dans le dessin de Springinklee, Bibl. Sacon,
1521, f°. xii.
Fol. 20, fig. 27. Vellus gedeonis. La rosée tombe à
grosses gouttes sur la toison : l'ange est debout appuyé sur
l'épaule de Gédéon.
Fol. 21, fig. 29. Nativita8 domini. Le Christ est posé
dans une gloire, sur le sol, entre Marie et Joseph.
Fol. 22, fig. 31. Virga aaron floruit. Elle est à trois
branches, posée dans un pied de candélabre, sur un autel ;
aucun personnage dans le dessin.
Fol. 23, fig. 33. Très magi adorant La Vierge assise
sur le pied d'un lit, sous un hangar ouvert, reçoit les présents
des trois mages.
*
Fol. 25, fig. 37. Maria obtvlit filium. Intérieur d'église,
une des femmts tient un panier avec les deux colombes.
Fol. 26, fig. 40. puer Samuel oblatus. Ici une des femmes
tient un cierge, et un veau est à ses pieds.
Fol. 27, fig. 41. Omnia ydola corruerunt. Fuite en Egypte,
et chute des idoles dans le même sujet.
Fol. 29, fiç. 45. Ihesus baptisâtes. Même disposition
dans le Shatzbehalter de Springinklee.
Fol. 31, fig. 49. Cristu8 temptatus. Démon à longue
queue; un seul dôme au fond: rocher de même.
Fol. 32, fig. 51. David Jugauit golyam. H le tue réelle-
ment avec la fronde, de loin.
Fol. 33, fig. 53. Magdàlena penituiU Costumes différente
de ceux de la Bible des pauvres.
Bibi,ià Paufekum.
Fol. 20 c. Composition copiée plus tard par Springinklee
dans le Schatsbéhalter.
Fol. 26a. Paysage différent; un seul arbre.
Fol. la. Serpent dressé sur sa queue; attitudes sin-
gulières.
Fol. 10c. Serpent à tête de Vierge, comme dans la
tentation de Raphaël.
Fol. 1 b. Composition beaucoup plus naïve que celle du
Spéculum.
Fol. 2 a. Dessin grossier du buisson ardent.
Fol. 1 c. L'ange est dans une gloire et tient un rouleau.
Fol. 2 b. La Vierge est assise sur un lit, tenant un livre,
Joseph est assis près du lit ; tandis que l'enfant Jésus est
posé dans la crèche même.
Fol. 2 c. Une seule tige épineuse, surmontée d'une fleur,
posée au milieu d'une rangée de 6 cierges : Aaron balance
un encensoir.
Fol. 3 b. Même idée, mêmes personnages, mais vêtus et
groupés différemment.
Fol. 4 b. Une des femmes qui* accompagnent la Vierge
tient un cierge.
Fol. 4 c. Triptyque, costume* de femme hollandaise très
frappant ; sujet traité de même, par Van Liesborn (National
Gallery, Londres).
Fol. 6 b. Chute des idoles dans un temple.
Fol. 5b. Fuite en Egypte; attitudes différentes.
Fol. 9b. Sujet traité de même; imité de Gaddi Taddeo,
1330-1336.
Fol. 10b. Même idée: démon traité difieremment ; ville
sur le second plan avec un dôme.
Fol. 28 a. David coupe la tête de Goliath.
Fol. 13 b. Le même dessin que le Spéculum, avec la seule
différence {les costumes.
h
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XXX
INTRODUCTION.
Spéculum Humanje Sàlvàtionis.
Btblia Paupebuh.
Fol. 34, fig. 55. Paterfamilias JiUum prodigwrn suscepit.
Quatre personnages, tandis qu'il n'y en a que deux dans le
dessin de la Bible des pauvres..
Fol. 34, fig. 56. David de adulterio redargutus. Deux
personnages seulement David et Nathan.
Fol. 35, fig. 57. Cristus flevit super civitatem. Entrée à
Jérusalem : donc le dessin et l'inscription sont en désaccord.
Albert Durer et Schœuffelein (Spéculum passionis) ont
copié de celle-ci leur entrée à Jérusalem.
Fol. 36, fig. 59. David susceptus cum laudîbus. David à
cheval suivi d'autres cavaliers ; la tête de Goliath au bout
de son épée.
Fol. 37, fig. 61. Cristus manducavit pascha. Disciples
assis sur des plians, des bancs et des chaises de forme
singulière. Jean n'est pas couché sur le sein de Jésus.
Fol. 37, fig. 62. Manna datur. Trois hommes et deux
femmes recueillent la manne dans des cruches.
Springinklee (Bible Sacon, 1521) a traité le sujet de
même.
Fol. 38, fig. 64. Melchisedech obtuttt abrahe. Abraham
armé de pied en cap, mais avec un chapeau au lieu d'un
casque ; Melfhisedech offre le vin dans un pot à anse et un
pain.
Fol. 39, fig. 65. Cristus prostrauiU Le Christ tient son
vêtement d'une main, le paysage est rocailleux, mais ouvert.
Fol. 41, fig. 69. Cristus dofose tradàus. St. Pierre et
Malchus avec son oreille coupée manquent ici.
Fol. 41, fig. 70. Joab interfecit fratrem suum amasam.
Assez mauvais dessin, Joab frappe par devant. Imité par
Springinklee.
Fol. 44, fig. 75. Cam derisit patrem. Un bouc, symbole
de la luxure, broute la vigne.
«
Fol. 47, fig. 81. Cristus coronatur spinea cor&na. Le
Christ tient un roseau, l'un des bourreaux à genoux lui
crache au visage.
Fol. 49, fig. 85. Cristus bakUauit crucem suam. Un seul
des soldats. Siméon supporte la croix.
Fol. 49, fig. 86. Ysaac ligna portât. Sujet en désaccord
avec l'inscription : c'est le sacrifice d'Abraham. Le bélier
manque.
Fol. 50, fig. 88. Hères vinee proiectus est. Les inscrip-
tions des deux sujets de cette page ont été échangées par
mégarde l'une pour l'autre. La fig. 88 représente les deux
espions rapportant la grappe de raisin monstrueuse.
Fol. 32 c. Dessin tout différent et de beaucoup inférieur
à celui du Spéculum.
FoL 13 a. Trois personnages, le sujet n'a pas été compris
par l'artiste.
Fol. 14b. L'entrée à Jérusalem est ici un sujet de joie :
carmen kebreorum te laudat criste. La référence est opposée à
celle du Spéculum, où la seconde figure rappelle les lamenta-
tions de Jérémie.
Fol. t4a. David est à pied, et tient par les cheveux
une tête monstrueuse. Costumes tout différents de ceux du
Spéculum.
FoL 18 b. Jean est couché sur le sein du Christ, dans
une attitude qui a été imitée par A. Carrache.
FoL 18 c. Moïse est présent à la récolte de la manne
qui se fait dans des paniers, un plat, et même le pan d'un
manteau.
Fol. 18 a. Abraham a le casque en tête, et Melchisedech
lui offre une hostie et le vin dans un calice. G. Hemmling
a traité ce sujet comme dans le Spéculum.
Fol. 20b. L'un des gardes tient une torche allumée;
le calice est posé sur le rocher du second plan, où l'on voit
une clotûre en claies.
Fol. 21b. S. Pierre remet son sabre dans le fourreau,
tandis que Malchus est à terre avec sa lanterne et son bâton.
Lucas de Leyde a traité ce sujet de même.
Fol. 21 a. Joab poignarde par derrière Abner, dont on
ne voit ni les bras, ni- les mains.
Fol. 23a. Deux ceps de vigne, pas de bouc: costumes
plus simples que ceux du Spéculum.
Fol. 23 b. L'un des bourreaux a la même coiffure qu'un
de ceux du Spéculum : attitudes différentes.
Fol. 24 b. Trois soldats : le cortège est à peine sorti des
portes de Jérusalem.
Fol. 25 a. Le bélier est sur le premier plan, Isaac n'est
pas tourné du côté du glaive, comme dans le Spéculum.
Fol. 9 c. Même idée, mais dessin plus grossier que celui
du Spéculum, et costumes différents.
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INTRODUCTION.
Spéculum Humante Salvationis.
Fol. 55, fig. 98. Jacob deflet filiunu C'est à cette page
que commencent les dessins d'un autre artiste, exécutés
par un autre graveur que les 48 premières pages du
Spéculum. Dans ce dessin, deux phylactères ont été laissés
en blanc et ne sont remplis dans aucun des exemplaires.
Fol. 57, fig. 101. Hora completoriï datur sépulture. Jésus
est déposé dans le tombeau par deux hommes, en présence
de la Vierge, de St. Jean, Tune et l'autre avec des
auréoles, et deux femmes en costume mondain : le tombeau
est dans la compagne ouverte, ce qui ne s'accorde pas avec
le texte, où le sépulchre est si minutieusement décrit, que
Fauteur semble avoir fait le voyage de la terre sainte.
Fol. 58, fig. 103. Joseph missus in dsternam. Joseph est
précipité dans la citerne par ses onze frères, mais dans des
conditions telles, qu'il lui est impossible d'arriver au fond
sain et sauf.
Fol. 58, fig. 104. Jonas a cete deuoratus. Le bateau, d'où
Jonas est précipité directement dans la gueule de la baleine,
est aussi hollandais que possible. La mer est assez agitée,
pour faire croire à la tempête indiquée dans le texte.
Du reste l'attitude de Jonas est la copie exacte de celle de
Joseph précipité dans la citerne.
Fol. 59, fig. 105. Sancti patres lîberantur de inferno. La
gueule du monstre qui représente l'enfer, rend les patriarches
détenus dans les limbes, au Christ, dont la main gauche
tient une croix avec une flamme à trois pointes, sur laquelle
est également une croix. Des démons, aux fenêtres d'un cha-
teau-fort, semblent vouloir retenir la proie qui leur échappe.
Fol. 59, fig. 106. Israhel Itberatio a pharaone. Les
israélites, sous la conduite de Moïse armé de sa verge, sortent
des portes de la ville; mais le peuple juif n'est ici répresenté
que par six personnages, dont une femme porte un enfant
dans ses bras et traîne l'autre à la main.
Fol. 60, fig. 108. Ltberatio loth a sodomis. Loth est con-
duit par Fange et suivi de ses deux filles; tandis que sa
femme, changée en statue de sel, paraît en buste seulement
sur un piédestal élevé. Sodome, au milieu d'un lac, est
abîmée par un tremblement de terre qui renverse ses édifices,
tandis que des langues de feu descendent du ciel sur la ville
coupable.
Fol. 61, fig. 109. Eesurrectio domini. Le Christ sort du
tombeau où il a été déposé [fig. 101], au milieu de quatre
gardes endormis. Sur le second plan, une ville dont la
route serpente sur la colline.
Fol. 61, fig. 110. Sampson tulit portas gaze. Samson,
chargé des battants de la porte, sort à peine de la ville ;
la partie antérieure de sa botte gauche manque dans toutes
les éditions.
Biblia Pauperum.
Fol. 16a. Le sujet, ici, est à peine indiqué: Jacob,
drapé dans son manteau, est abordé en dehors de la ville
par le messager porteur de la fatale nouvelle, qui ne montre
même pas le vêtement ensanglanté. D'ailleurs l'inscription
s'applique au complot des frères de Joseph, non à la douleur
du père.
Fol. 27 b. Le Christ est aussi déposé dans le tombeau
par deux hommes, en présence de la Vierge, de St. Jean,
et de Marie Madeleine, tous les trois avec des auréoles,
le sépulchre est dans la campagne ; mais son dessin est
semblable à celui que donne Israël vau Meckenen dans ses
gravures, et qui se trouve dans la lettre d'indulgence, à la
quelle M. de Laborde donne la date de 1410.
Fol. 27 a. Joseph est descendu dans la citerne avec une
corde, six de ses frères seulement procèdent à cette opération,
qui semble dirigée avec toute la prudence nécessaire.
Fol. 27 c. Le navire vogue à pleine voile, mais à rebours,
dans une mer presque calme; Jonas joint les mains en avant
de sa tête, comme un baigneur qui s'apprête à plonger. La
baleine, avec une tête de brochet, n'est pas encore arrivée
auprès du navire.
Fol. 28 b. Il n'y a point de chateau-fort ; la gueule du
monstre qui représente l'enfer, semble émerger de l'eau. Le
Christ tient la même croix avec une flamme terminée en
pointe, mais non tronquée, comme dans le Spéculum.
Fol. 9a. La scène est plus dramatique; car le Pharaon
et son armée disparaissent dans la mer rouge, sur le second
plan ; tandis que Moïse, dans la même attitude que dans le
Spéculum, ouvre la marche dans le désert.
Fol. 38 a. Aucun personnage dans le dessin : deux villes
à peu de distance l'une de l'autre, dans un paysage mon-
tagneux; des langues de feu, attachées aux nuages, n'ont
encore atteint ni les édifices, ni la cime des arbres.
Fol. 29. Le Christ sort du tombeau au milieu de trois
gardes qui semblent frappés de stupeur. Il tient à la main
la croix à flamme. Sur le second plan, colline ondulée avec
un seul arbre.
Fol. 29 a. Samson, chargé des deux battants de la porte,
est déjà loin de Gaza, dont on aperçoit les murailles sur le
second plan. H a des bottes molles comme dans le Spéculum
et la tête entourée d'une écharpe flottante.
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xxxii
INTRODUCTION.
Spéculum Humant Salvationis.
Biblia Paupbrum.
Fol. 62, fig. 111. Exitus ione de ventre ceti. Jonas est
expulsé de la baleine, qui a, plus que jamais, la tête et les
écailles d'un brochet. Sur le second plan, un navire à la
voile avec ses matelots, et un port de mer avec ses
fortifications.
Fol. 63, fig. 113. Extremum judicium. Ce sujet traité
par tous les artistes du xv e siècle, appartient de nouveau au
premier graveur du Speculvm, ou, dans tous les cas, à un
artiste plus habile que celui des dessins précédens. A droite
du Christ un lys, à gauche une épée, double symbole de la
récompense des bons et de la punition des méchants. Les
ombres sont de nouveau en harmonie avec celles de
l'encadrement.
Fol. 64, fig. 115. Regnum celorum simile decem virgintbua.
Dessin d'une charmante composition; la lumière vient de
gauche, comme dans l'encadrement ; les cinq vierges sages
montent un perron au sommet du quel elles sont reçues
par un ange et le Christ ; tandis que les cinq vierges folles
descendent les marches opposées du perron, pour aller
s'engloutir dans la gueule béante du monstre qui représente
l'enfer.
Fol. 29 c. Jonas, les niaise jointes, est debout dans la
gueule de la baleine. Paysage désert et formant les deux
rives d'un bras de mer très étroit. La baleine a plus l'air
d'un barbeau que d'un brochet
Fol. 37b. Dessin presque informe: deux épées, l'une à
droite, l'autre à gauche. Albert Durer, Sohaeuffelein, et
Springinklee dans le Schatzbehalter, placent comme dans
le Spéculum le lys à droite, l'épée à gauche. Cependant
Springinklee dans la Bible Sacon (Lyon, 1521), remplace
l'un et l'autre par deux anges qui sonnent de k trompette.
Fol. 20a. Dessin bien composé; mais qui ne représente
que la moitié de celui du Spéculum: c'est-à-dire les cinq
vierges folles descendant les dégrés, disproportionnés pour
les figures, d'un escalier qui aboutit à la gueule béante de
l'enfer. Deux démons armés de hameçons s'apprêtent à les
jetter en proie au monstre qui les attend.
Beaucoup d'autres rapprochemens curieux pourraient s'établir entre les deux livres
xylographiques ; mais il nous suffira d'avoir montré, par la comparaison qui précède, combien
il est peu probable que le même artiste, graveur, ou peintre ait exécuté, dans des conditions
si différentes, et quelquefois si opposées, ces deux ouvrages, dont le sujet est cependant
presque le même, puisque tous les deux ont pour objet d'indiquer le rapport qui existe
entre les prophéties de l'Ancien Testament et les événemens accomplis dans le Nouveau
Testament.
Cette communauté de vues si frappante, dans la pensée, sinon dans l'exécution, ne nous
permet pas cependant de nous ranger à l'opinion de M. J. D. Passavant qui, dans son
Peintre Graveur (Leipsic, 1860, 8°. p. 109), prétend que le Spéculum Humanœ Salvationis
n'est qu'un abrégé et en quelque sorte une imitation de la Bible des pauvres. Sans doute,
le plan des deux ouvrages est le même ; mais il serait bien plus vrai de dire que le
dernier, avec ses quelques lignes de texte sur chaque page, est un abrégé très succinct
du Spéculum, dont les MSS. sont de beaucoup antérieurs à la composition de la Bible des
pauvres.
Quant au Cantique des Cantiques 1 xylographique, aucun des 32 sujets qu'il représente
n'a de rapport direct avec ceux du Spéculum, ou de la Bible des pauvres: le peintre et le
graveur, si les deux qualités ne sont pas confondues dans la même personne, appartiennent
à la même école ; mais ils sont bien supérieurs aux artistes à qui nous devons les deux
premiers ouvrages, par l'élégance du dessin, aussi bien que par le fini de l'exécution.
1 Canticum Canticorum, reproduced in fac-similé from the Scriverius copy in the British Muséum, with an Historical
and Bibliographical Introduction by J. Ph. Berjeau. London, Triibner and Co. 1860, Fol.
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' , INTRODUCTION. XXXI11
Quand M. Harzen, le Dr, Waagen, et M. Passavant, abdiquant les traditions erronées'
des bibliographes allemands, reconnaissent l'origine néerlandaise de ces trois ouvrages, ils se
rendent à une évidence désormais incontestable; mais c'est tomber dans une erreur aussi
palpable, que de les attribuer au mênte artiste, — que cet artiste soit Laurent Coster, Jean
Veldener, Thierry Stuerbout, ou Pun des frères de la Vie commune.
L'identité de sujet, de style et d'exécution, montre cependant que si plusieurs artistes
ont exécuté simultanément, ou à peu de distance l'un de l'autre, ces trois ouvrages, ib ont
dû se trouver . en contact fréquent, et obéir, pour ainsi dire, à la même direction générale :
à la direction qui émanerait du chef, ou du chapitre d'une communauté, divisée en plusieurs
maisons disséminées sur une certaine étendue de pays. Or, qui remplit toutes ces conditions
plus complètement que les frères de la Vie commune ?
• Leur institut, sans être astreint, comme nous l'avons dit, aux pratiques et aux règles monacales,
se composait de phalanstères fourriéristes, ou plutôt de maisons, semblables à celles des frères
moraves de nos jours. Le travail, dont le produit servait à la Vie commune, se faisait en
commun ; et ce travail consistait principalement à copier et enluminer des Manuscrits. Quoi
de plus simple à concevoir, qu£ ces frères, pour accélérer leur travail, aient employé d'abord,
pour la production à la brosse de leur capitales rubriquées, ces feuilles de cuivre découpées
à jour, dont l'usage est pour ainsi dire immémorial? Quoi de surprenant, à ce qu'ils aient
ensuite remplacé cet ustensile imparfait, par la gravure sur bois des lettres ornées, et des
images de saints, qui décorent leurs livres dès 1440 ?* Enfin pourquoi, des lettres à la brosse,
et de la gravure de» images, ne seraient-ils pas arrivés naturellement, forcément nous devrions
dite, à la gravure des livres xylographiques, tels que la Bible des pauvres et le livre des
Cantiques, dont le texte, originairement, s'intercalait sans doute à la main, entre les feuillets
xylographiques, ainsi qu'on en a encore un certain nombre d'exemples? Où, par exemple,
Â. Vérard, dans sa Bible des pauvres, plus connue sous le nom de Figures du Vieil Testament
et, du .Nouvel (Paris, circa 1500, fol., dont un exemplaire unique, sur vélin, se trouve au British
Muséum), aurait-il été prendre le texte serré qu'il intercale, ou imprime au revers des 40 gravures
de ce livre?
Les frères de la Vie commune, comptant parmi leurs membres des enlumineurs, des
peintres et graveurs, auraient donc gravé, dans la première moitié du xv e siècle, les livres
xylographiques d'origine incontestablement hollandaise ; et, entr'autres, les planches du
Spéculum Humanœ Salvationis, dont presque tous les MSS. parvenus jusqu'à nous, sont
déshonorés, par des dessins % informes. Ib auraient été plus loin : encouragés par la
réussite de la Bible des pauvres, dont le texte est passablement gravé pour le temps,
et après avoir imprimé au frotton la quantité de vignettes nécessaire à la confection
des MSS. du Spéculum* dont ils espéraient avoir la vente, ils auraient entrepris la
gravure du texte même ; mais après avoir terminé vingt planches, ils se seraient arrêtés
devant l'énormité du labeur qu'entraîne la gravure des lettres, et seraient revenus à
1 Par exemple, le Spirituale Pomerium MS. de la Bibliothèque Royale de Bruxelles, où Ton trouve douze gravures
sur bois, dues aux frères de la Vie commune, de la maison de Groenendael, près Bruxelles. Voyez Dumortier, Notes sur
l'Imprimerie. Bulletins de l'Académie Royale de Bruxelles, t. viii., 1841 ; Renouvier, loc. cit., p. 79 ; Passavant, loc. cit.,
p. 112, vol. 1.
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xxxiv
INTRODUCTION.
leur première idée d'exécuter le texte à la main, par les moyens ordinaires de la
calligraphie.
Là, se place en outre un accident, qui a dû faire suspendre l'ouvrage : c'est à dire la
mort ou la retraite de l'habile graveur, qui était arrivé à la 48 e page, et dont le concours,
manquant tout-à-coup, ne put-être remplacé que par celui d'un artiste inférieur à tous les
égards. Cependant un citoyen de Harlem, Laurent Coster, avait découvert la typographie
en caractères mobiles et la pratiquait sur de petits ouvrages tels que l'Horarium, le Donatus,
et d'autres sans doute, que le temps rattachera peut-être à son nom. Pourquoi, à ce point
de sa découverte, Laurent Coster, n'aurait-il pas acheté des frères de la Vie commune, le tirage
entier des gravures du Spéculum, dont il entendait imprimer le texte avec ses caractères mobiles ?
Pourquoi les frères de la Vie commune, industriels avant tout, auraient-ils refusé de céder
avantageusement un travail inachevé, qu'ils pouvaient d'ailleurs reprendre à volonté, puis-
qu'ils conservaient les planches, qu'ils transmirent plus tard à Veldener ? Voilà suivant nous
la marche naturelle, forcée de la production du Spéculum Humanœ Salvationis, tel que nous
le connaissons.
Considérée sous ce point de vue, la question tend vers une solution, qui ne diminue en rien
la gloire de Laurent Janszoon. Elle se dégage, au contraire, des exagérations discordantes, que
des écrivains hollandais trop zélés, ont accumulées sur la mémoire de leur compatriote. Ou
Coster n'a jamais été graveur d'images, ou le récit de Junius pèche par la base : tel est le
dilemme, dont il faut choisir un des termes, sous peine d'admettre deux hypothèses inconciliables.
La rédaction du passage de Junius, 44 inde etiam pinaces totas figuratas additis characteribus
44 expressit," s'applique à l'impression, non à la gravure, et par conséquent confirme l'interprétation
que nous donnons à son récit.
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INTRODUCTION.
XXXV
Chap. III. — Quel a été l'Imprimeur du Spéculum?
Les types du Spéculum ont une forme particulière qu'il est impossible de méconnaître ou
de confondre avec ceux des caractères allemands. - Voici à quels signes un savant bibliographe,
F. A. Ebert, les reconnaît pour appartenir spécialement à la Hollande :
" Le type gothique en Hollande est, dès l'origine, complètement différent de l'allemand. H est en générai extrêmement
gras, il recherche les angles, les coins qui se terminent en pointe. Les initiales sont ornées de traits fins et obliques ;
et les lettres à longues tiges se terminent pas des traits allongés. . . . Toutes ces particularités s'appliquent également
aux M S S. hollandais jusqu'à la fin du xv° siècle. Le type hollandais est donc, dès l'origine, une véritable imitation
de l'écriture: il est complètement national." 1
Maintenant, il est certain que les imprimeurs allemands, qui, comme Veldener, Jean de
Westpbalie, &ca., vinrent s'établir en Hollande au xv e siècle, y apportèrent des caractères
qui n'ont rien de la forme indiquée par Ebert. Il est non moins certain que leurs élèves,
ou leurs successeurs, pendant le dernier quart du xv e siècle, se servirent pour la plupart de la
gotbique bâtarde, mise à la mode par les imprimeurs mayençais, en abandonnant aux hollandais
eux-mêmes la lourde gothique du Spéculum, que ceux-ci d'ailleurs n'imitèrent qu'imparfaitement,
comme on peut le constater dans le» caractères tourmentes, à arrêtes irrégulières, de Jacob
Bellaert,* ou dans les types plus sobres de Gérard Leeu 3 ou de Peter van Os. 4
Quand Heineken prétend que les caractères du Spéculum " ressemblent entièrement, pour
u la forme et pour le dessin, aux tables du Donat, 5 il ne se trompe pas, puisque les deux
44 livres sortent de la même officine ; mais quand il ajoute :" et généralement aux 44 caractères
44 de l'atelier de Faust et de Schœffer 99 il commet une erreur, dont aucun bibliographe, si
passionné qu'il soit, n'assumerait aujourd'hui la responsabilité,
Gotthelf Fischer, dans son Essai sur les Monuments Typographiques de Outenberg (Mayence,
an x. p. 64, 4°), attribue les caractères du Donat et par suite ceux du Spéculum à Richard
Paffraet de Cologne, imprimeur à Deventer ; mais les caractères de cet imprimeur sont
allemands, demi-gothiques, et ne ressemblent en rien à ceux du Donat et du Spéculum?
Le seul fondeur du xv e siècle, dont les types se rapprochent le plus de ceux du Spéculum,
est l'imprimeur anonyme des ouvrages publiés à Hasselt (non loin de Zwoll en Hollande),
de 1480 à 1490 ; et notamment de Het Leuen en Miraculen Van St. Jheronimus, 1490, 4° ;
Epistelen en Ewangelien '< heele jaar door, 1480, 4° ; et Die passie en dat lyden ons heeren
1 F. A. Ebert, dans le Journal Hermès. Leipzig, 1823 ; iv. st. p. 63.
2 Otto van Passau Boec der Golden Throen. Harlem, fol. 1484.
3 Dialogus Creaturarum. Gouda, 1482. Fol.
4 Die Passye end Liden ons Heren. Zwoll, 1489. 4°.
* Idée Générale, p. 447.
6 Voyez le Spéculum exemplorum. Daventriae, Richard Paffroed, 1481, in fol. British Muséum, Grenv. Coll.
No. 8994, qui n'offre pas moins de 20 marques de papier différentes dans le même volume.
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xxxvi
INTRODUCTION.
Jhesu Christi, 1488, 4° : — ce dernier, avec des gravures de la Bible des pauvres, sciées du bloc
original, comme celles que, Tannée suivante, Peter van Os introduisit dans son édition du
même livre.
Indépendamment de son origine incontestablement hollandaise, la composition du Spéculum
offre des particularités, qu'on ne retrouve dans aucun des livres du xv e siècle, imprimés en
hollande, soit par des étrangers, soit par les hollandais eux-mêmes. Ainsi : 1° les contractions,
les abbréviations, et les liaisons, y sont tellement nombreuses, que le fondeur a été obligé de
graver, suivant Ottley, 1 156 poinçons ou matrices différentes ; — suivant nous près de deux
cents, car Ottley en a oublié un grand nombre. 2°. La lettre m sans être surmontée d'un
point, comme dans les types de Colard Mansion, ou de W. Caxton, est constamment employée
pour les syllabes in, ni, iu, ui ; de même que nn pour im, mi, uv, vu, &ca. Le t final a une
forme particulière |j qu'on ne retrouve que dans les MSS. hollandais, ainsi que l'a constaté
M. de Laborde. 2
La fonte, employée à la composition des quatre éditions costériennes du Spéculum, est
donc une fonte sui generis. La masse de ces quatre éditions rattache, en vertu de la loi
d'attraction, à l'atelier qui les a produites, tous les livres de moindre importance, tels que
THorarium, les Donats, le Gulielmus de Saliceto, &ca., dont les types sont, ou absolument
semblables, ou tellement analogues, qu'il est impossible de les rapporter à aucun autre atelier
connu. Nous employons ici le mot fonte sans hésiter, parcequ'il nous semble prouvé, par
l'expérience qu'a faite M. A. Bernard, que les caractères du Spéculum et des ouvrages qui lui
sont postérieurs, comme les dernières éditions du Donatus, du Gulielmus de Saliceto, &ca., sont
métalliques et ont été fondus dans le sable. L'autorité Be Fournier si grande en cette matière,
et la démonstration si ingénieuse de M. de Laborde, 3 sur la possibilité d'imprimer un ouvrage
tel que le Spéculum avec des caractères mobiles de bois, s'effacent devant l'identité absolue des
types de cet ouvrage. En les ramenant à 200 modèles environ, ces types, gravés sur bois
probablement, ont servi au moulage de la fonte entière dans le sable fin. Des caractères de
bois, employés à l'impression du livre entier, présenteraient en effet, ces fissures, que l'on
reconnaît si bien dans les planches entièrement xylographiques ; tandis que, regardée au
microscope, l'impression des types costériens, n'offre que des vides arrondis, où l'on retrouve
la marque de grains de sable qui n'ont pas été suffisamment tamisés.
Maintenant, il existe donc une série d'ouvrages, évidemment sortis du même atelier, à une
époque reconnue antérieure, ou contemporaine à la production des monumens de la typographie
mayençaise. Ces ouvrages ont été incontestablement produits en Hollande, aussi bien que les
gravures dont ils sont illustrés. Cependant, ni par la forme des types, ni par la méthode
suivie dans la composition, on ne peut les rattacher à aucun des ateliers hollandais fondés
au xv e siècle, soit par des artistes allemands, soit par leurs élèves néerlandais, qui ont daté
les livres sortis de leurs presses, en ayant soin d'y apposer leurs noms. Ces ouvrages d'une
origine commune, désormais constatée, ont été attribués d'abord à Faust et Schœffer, 4 ensuite
1 Voyez le fac-similé qu'il en donne dans son " Inquiry into the Origin of Engraving," p. 238.
2 Débuts de l'Imprimerie à Strasbourg. Paris, 1840. 8°. p. 18.
3 Ibid. p. 70, et ss.
4 Heineken, Idée Générale, p. 447.
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INTRODUCTION.
xxxvii
à Veldener, puis aux frères de la Vie commune, à Richard Paffroet, à beaucoup d'autres
imprimeurs enfin, à qui on semblait ne demander qu'une chose : c'est que le premier ouvrage
issu de leurs presses ne fut pas antérieur à 1470, — sans s'inquiéter si leurs types ressemblaient
ou non à ceux du Spéculum.
A quoi bon tant d'hypothèses sur le nom de cet imprimeur inconnu, quand une autorité
considérable, celle d'Adrien de Jonghe, révélait ce nom dès le xvi e siècle? Pourquoi toute
cette peine perdue sur des noms impossibles, quand un historien, dont le témoignage n'a été
d'ailleurs infirmé sur aucun des autres faits historiques qu'il relate, a bien voulu donner à la
bibliographie naissante un renseignement précieux sur la paternité de ces livres singuliers,
qu'on ne pouvait rattacher à aucun nom connu d'imprimeur du xv 6 6Îècle ? Pourquoi, au lieu
d'accueillir avec reconnaissance ce document respectable, confirmé par les témoignages antérieurs
d'Ulrich Zell, de Guicciardini, de Coornhert, de Van Zuiren, d'Accorso, d'Ortels, de George
Braun, de Michel Eytzinger, de Mathias Quadt, et de Noël Conti, les bibliographes du xviii e
siècle ont-ils injurié de Jonghe avec tant de fureur?
Ah ! c'est que cet historien, longtems inconnu lui-même, ou dédaigné, est tout-à-coup
mis en avant par une grande autorité bibliographique, par son compatriote Meerman, savant
distingué, dont le livre 1 est appelé à prendre une place honorable dans toutes les bibliothèques
de l'Europe ! C'est que la Batavia, ainsi remise en lumière, rattache l'invention de l'imprimerie
à la production du Spéculum Humanœ Salvationis ! C'est enfin que l'honneur de la première
application des types mobiles est enlevé à Mayence et à l'Allemagne pour passer à Harlem et
à la Hollande !
Des pièces authentiques prouvent que, dès 1436, Gutenberg s'était livré à des essais
d'imprimerie en caractères mobiles, dans la ville de Strasbourg, où il résidait alors. Un procès,
dont les pièces furent découvertes par Schœpflin au siècle dernier ne laissent plus aucun doute
à cet égard. 2 Les bibliographes sont partagés sur le résultat de ces tentatives: les uns
admettent qu'elles échouèrent complètement ; les autres qu'elles furent couronnées d'un plein
succès; quelques uns vont jusqua nier que ce procès ait aucun rapport avec l'imprimerie.
Mais, quoique les parties et les témoins soient extrêmement réservés sur la nature d'opérations
qui sont alors, et doivent rester encore longtemps après, un secret pour le public, l'imprimerie
des livres s'y trouve mentionnée aussi clairement que possible. L'application erronée du mot
Spiegel, sur lequel les associés foi)t rouler volontairement une équivoque, afin de tromper le
public, sans s'écarter littéralement de la vérité dans leurs dépositions devant le juge, a si bien
réussi, qu'elle est parvenue jusqu'à ces derniers temps sans être éclaircie. M. de Laborde
après avoir démontré d'une manière irréfutable que le procès se rapporte à l'imprimerie, dit
cependant : 3 " Les autres ont expliqué tout le procès, comme désignant la fabrication des
44 miroirs dont il est question dans un ou deux passages." Et plus loin, p. 67, 44 M. Wetter . .,.
44 voit la possibilité d'expliquer les actes par la frappe des médailles de saints pour le pélérinage
44 d'Aix-la-Chapelle, et aussi par la fabrication de certains miroirs inventés par les Allemands,
1 Origines Typographie». Hagœ Comitum, 1765. 4°.
* M. L. de Laborde, dans ses Débuts de l'Imprimerie à Strasbourg (Paris, 1840, 8°.), reproduit les pièces de ce procès
en allemand, avec la traduction française en regard,
* Ibid. p. 62.
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XXXVÎii INTRODUCTION.
"qui demandaient l'emploi du plomb, et, dans leurs bordures, l'impression d'ornements."
M. de Laborde accepte donc la traduction du mot Spiegel par celui de miroir de toilette;
il ne se révolte pas contre cette idée ridicule de faire de Gutenberg et de ses associés des
fabricants de miroirs.
M. Paul Lacroix est donc le premier qui ait, avec raison, fait justice de cette application
erronée du mot Spiegel, que le témoin Ant. Heilman emploie dans sa déposition en faveur
de Gutenberg, commençant ainsi: "Item. Herr Anthonie Heilman hat geseit Als er gewahr
" wurde das Gutenberg Andres Dritzehen zur einem dirten teil wolte nehmen in die
44 Ochevart zu den Spiegeln do bete er jn gar flisseclich das er Andres sinen bruder ouch
44 darinneme." 1
" Tous ceux qui possédaient le secret de Gutemberg," dit M. Paul Lacroix, " l'avaient bien gardé et il ne fut question
dans le procès que du polissage des pierres et de la fabrication des miroirs. • . . Gutemberg," continue le savant
bibliographe,* " est évidemment un graveur sur bois, André Dritzehen compose ou assemble les lettres, mais on ne
parle pas encore du tirage qu'attendent les formes couchées dans la presse. L'ouvrage que l'on imprime et qui va
être mis au jour pour le pèlerinage d'Aix-la-Chapelle, est d'ailleurs clairement designé; c'est le Spéculum Humanœ
Salvationis; c'est une imitation plus ou moins parfaite du fameux livre d'images, dont la Hollande a déjà publié trois
ou quatre éditions en latin et en hollandais."
M. Paul Lacroix pense que l'édition du Spéculum, imprimée à Strasbourg par Gutenberg
et ses associés, est précisément celle que nous avons déjà mentionnée et qui contient les
additions de Joannes Italus, — édition attribuée jusqu'à ce jour à Gunther Zainer, premier
imprimeur à Augsbourg en 1470, parceque, dit M. Lacroix, on Ta confondue avec le Spéculum
Passionis Christi qui porte, en effet, le nom de Zainer et la date de 1470. Nous avons
comparé avec le plus grand soin le Spéculum de Joannes Andréas, in-fol., sans chiffres, signatures
ni reclames, sans mention de lieu, d'année ni d'imprimeur, avec le Spéculum Vitœ Humanœ
de Rodericus Santius, évêque de Zamora, imprimé à Augsbourg par Gunther Zainer en 1471,
fol., et nous trouvons si peu de différence entre les types qui ont servi à l'impression de ces
deux ouvrages, qu'il nous semble difficile de ne pas les attribuer tous deux au même imprimeur.
Mais, en supposant que M. Paul Lacroix commette une erreur à cet égard, cela ne diminue
en rien l'irrésistible autorité de son argument: il n'est pas nécessaire qu'on retrouve aujourd'hui
les livres imprimés par Gutenberg, pour admettre la possibilité de leur existence ; et s'il n'a
pas imprimé le Spéculum Humanœ Salvationis, il a pu imprimer un ou plusieurs autres ouvrages
portant le même titre.
" Ces miroirs, ces Spéculum" ajoute M. Paul Lacroix, 3 " furent tellement en vogue, à l'origine de l'Imprimerie, que
partout les premiers imprimeurs, dès que l'Imprimerie se répandit en Europe, se firent concurrence pour la publication de
différents Spéculum. Ici ce fut la réimpression du Spéculum abrégé de Laurent Coster ; là le Spéculum de Gutemberg,
tiré intégralement des manuscrits ; ailleurs, c'était le Spéculum Vitœ Humanœ de Roderic, évêque des Zamora ; puis, le
Spéculum Conscientiœ d'Arnold Gheyloven; puis, le Spéculum Sacerdotum; puis encore, les volumineux Spéculum de
Vincent de Beauvais. Il suffirait de cette mode, certifiée par tant d'ouvrages différents imprimés de 1440 à 1480, sous
le titre générique de Spéculum, pour démontrer que c'est bien le Spéculum Humanœ Salvationis qui a inauguré la
découverte l'Imprimerie."
1 Item. " Le sieur Antoine Heilman a déposé: Que lorsqu'il apprit que Gutenberg vouloit prendre Andres Dritzehen
pour un tiers dans la société pour vendre des miroirs lors du pélérinage d'Aix-la-Chapelle, il le pria très instamment de
prendre aussi son frère André."
* Le Moyen-âge et la Renaissance. Paris, 1851. 4°. vol. v. Art. Imprimerie, fol. viii.
* Ibid. fol. ix.
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INTRODUCTION.
xxxix
Ainsi Gutenberg imprimait à Strasbourg en 1439 et il imprimait un Spéculum dont il
avait l'intention d'aller vendre des exemplaires au pélérinage d'Aix-la-Chapelle ; mais Ulrich Zell,
qui ignorait les premières tentatives de Gutenberg, parceque le secret avait été religieusement
gardé par les associés de Strasbourg, nous a dit dans la Chronique de Cologne, que la première
idée de l'imprimerie avait été donnée à Gutenberg par les Donats, imprimés auparavant en
Hollande : celui-ci n'est donc pas l'inventeur de l'imprimerie, qu'il n'a perfectionnée à Mayence
qu'avec le concours de Faust et de Schoeffer. De nos jours il aurait droit à un brévet de
perfectionnement, non au brévet d'invention que les hollandais révendiquent au nom de Coster
de Harlem. Une seule hypothèse permettrait de partager la gloire entre des deux rivaux : j
c'est que Gutenberg, ayant vu l'exemplaire d'un donat xylographique, comme Coster avait j
pu voir l'exemplaire d'un livre chinois, l'un et l'autre soient arrivés séparément, sinon
simultanément, à la découverte des types mobiles. C'est le système adopté par M. Auguste j
Bernard, qui fait remonter cette découverte par Gutenberg à l'année 1436. 1 L'histoire des j
grandes inventions abonde en exemples de ces explosions simultanées, indépendantes l'une de
l'autre, d'une idée arrivée à maturité par la force des choses. Aucune des découvertes modernes
de quelque importance n'est sortie tout armée du cerveau d'un homme, comme la Minerve
antique sortit du cerveau de Jupiter; aussi la dualité qu'admet M. Bernard, n'a-t-elle rien
qui répugne, rien qui ne soit conforme à la génération constante du progrès dans l'esprit
Accuser formellement Gutenberg ou Faust du vol, direct ou indirect, des procédés du
prototypographe de Harlem, nous semble dépasser la mesure. Lorsque Junius, après avoir
nommé Jean, l'ouvrier infidèle que lui désigne la tradition de Harlem, ajoute : " sive is (ut
" fert suspicio) Faustus fuerit ominoso cognomine," il ajoute évidemment du sien à la tradition
populaire. Le savant a trouvé dans les livres, et met en avant à titre de simple conjecture,
un nom que le peuple de Harlem ne pouvait connaître. L'ouvrier de Coster s'appelait Jean :
les témoignages qu'invoque Junius n'en disent pas davantage ; ils ne connaissent ni son
surnom, ni son pays ; et l'autorité de Junius aurait gagné à ne point hazarder une conjecture
que rien n'appuie d'ailleurs. Il 'nous semble commettre la même erreur, lorsqu'il attribue à
l'atelier fondé à Mayence, avec les types volés à Laurent Coster, l'impression, vers 1442, du
Doctrinale d'Alexandre de Ville-Dieu. Ayant eu sans doute l'occasion de comparer ce Doctrinale
avec le Spéculum, il reconnaît la similitude des caractères, accepte la tradition bibliographique
qui donne ce livre à Mayence, et rattache sa production au vol des types de Laurent Coster,
au lieu d'affirmer que le Doctrinale est sorti comme le Spéculum de l'atelier de Harlem.
On a beaucoup raisonné sur la possibilité ou l'impossibilité du vol des types de Laurent
Coster par l'ouvrier Jean. La Serna Santander tourne amèrement en dérision la simplicité
des partisans de Harlem qui s'imaginent que le voleur a pu " transporter ou enlever en une
" nuit comme celle de Noël, où tout le monde est sur pied, ce qui eut pu faire la charge d'un
" chariot."*
M. Paul Lacroix estime que, si les types de Coster étaient métalliques, le voleur, en se
chargeant d'un poids de 80 livres, emportait ce qu'il lui fallait pour imprimer de petits traités
tels que les Donatus, le Doctrinale, &ca. ; et que si les types étaient de bois le poids de ces
humain.
1 De l'Origine de l'Imprimerie, vol. i. p. 145.
* Dict. Bibl. du xv« Siècle, vol. i. p. 46.
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xl
INTRODUCTION.
types et des accessoires indispensables ne dépassait pas quarante livres. A vrai dire, il nous
semble que si le voleur était, comme tout le fait supposer, initié aux secrets de son maître,
il n'avait pas besoin d'emporter quoique ce soit. Habitué comme il 1 était sans doute aux
opérations accessoires de l'imprimerie, il lui suffisait de trouver un orfèvre, un graveur intelligent,
comme Tétait Gutenberg, pour monter en quelques mois une imprimerie rivale de celle de
Harlem. L'idée des types mobiles et de leur composition étant donnée, il ne s'agissait plus
que de trouver un graveur — Gutenberg, aidé d'un capitaliste — Faust.
Cependant il est singulier que tant d'écrivains anciens, tantôt établissent Gutenberg à Harlem,
tantôt le fassent séjourner dans cette ville. Sans doute, il faut tenir compte de la confusion
inévitable résultant des sources diverses, où ces écrivains puisaient leurs renseignemens ; mais
cette confusion elle-même prouve incontestablement que pendant le xv e , le xvi% et le xvii e siècles,
la tradition hollandaise n'a jamais cessé de compter un assez grand nombre de partisans.
Gutenberg était établi à Strasbourg en 1434, après avoir été expulsé de Mayence, sa ville
natale, en 1420, à la suite de troubles politiques ; on ignore où il a passé les quatorze années
qui séparent ces deux dates, pendant lesquelles, suivant M. de Laborde, 1 la mobilisation des
caractères a été découverte par Coster à Harlem. " La tradition," dit le même auteur/ " accuse
" Gutenberg d'avoir volé ce secret à Harlem dans l'atelier de l'inventeur. Il avait fait mieux,
44 il l'avait presque inventé de nouveau."
II.
Nous avons vu comment Natalis Cornes, en 1581, fait découvrir l'Imprimerie à Harlem,
par Jean Gutenberg en l'année 1453. C'est à cette source qu'avait puisé sans doute Cherubinus
Mirtius lorsqu'il écrivit en 1629, dans son Chronicon Sublacense, MS. retrouvé depuis dans
la bibliothèque du couvent de Subiaco : 3
" Non œgre ferat, quœso lector, si inseruero ratione temporis rem non plane ab instituto nostro alienum, nempe
laudabile studium monachorum Sublacensium teutonicorum quod ad decus eorum, atque monasterii quodammodo spectare
videtur. Nempe quod nobilissima librorum typographia (paucis ante annis in inferiori Germania enata et in lucem
producta),* qua certe in mundo nulla dignior ars atque utilior exstitit."
* " Hollandia A.D. 1453 in civitate Herlem, per Joannem Cutembergam, quœ tamen ars, postea Moguntiœ per
dicti Inventoria famulum in meliorem redacta fuit excudendi formant."*
Jacques Wimpfeling, né à Selestadt en 1449, mort en 1528 dans la même ville, par
conséquent contemporain et presque concitoyen de Gutenberg pendant son séjour à Strasbourg,
dit, dans son Catalogus Episcoporum Argentinensium (Strasbourg, 1660, in-4°.), qui ne fut
imprimé que longtems après la mort de l'auteur : ("ad sesquiseculum desideratas," dit l'éditeur,
J. M. Moscherosch) 44 Sub hoc Roberto nobilis ars impressoria, inuenta fuit a quodam
" Argentinensi, licet incomplète, sed cum is Maguntiam descenderet ad alios in hac arte
" investiganda similiter laborantes, ductu cujusdam Joannis (ScitSfflftSCt), ex senio cœci, in
44 domo Boni-montis ©tltftltetg, in qua hodie collegium est juristarum, ea ars compléta et
1 Débuts de l'Imprimerie à Strasbourg, p. 82. 8 Ibid. p. 20.
3 A. de Vries, Eciaircissemens sur l'Histoire de l'Imprimerie. Lahaye, 1843. 8°. p. 40.
4 Algemeene Konst en Letterbode. 1 deel. p. 11. Haarlem, 1842. 8°.
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INTRODUCTION.
ct consummata fuit, in laudem Germanorum sempiternam." Ici Wimpfeling veut-il parler de
Mentel ou de quelque autre Strasbourgeois (a quodam Argentinensi), qui serait descendu à
Mayence, près de Gutenberg, pour compléter la découverte que celui-ci avait commencée à
Strasbourg? Ce n'est pas ainsi que l'interprète J. Bechtoldus, compilateur de la table du
Catalogus episcoporum ; car on y lit à la lettre G. " <3*Uttttfcetg civis Argent, typographies
" 110 jor." D'ailleurs, Wimpfeling lui-même confirme que c'est Gutenberg qui est descendu
à Mayence, dans son Epitoma rerum Germanicarum, quand il écrit : " ANno Christi m.cccc.xl.
" Friderico tertio Romanorum Imperatore régnante, magnum quoddam ac pene diuinum
" beneficium collatum est uniuerso terrarum orbi à Ioanne Gutenberg, Argentinensi,
44 nouo scribendi génère reperto. Is enim primus artem impressoriam, quam latiniores
44 excusoriam uoeant, in urbe Argentinensi inuenit. Inde Magunciam ueniens eandem féliciter
44 compleuit." 1
Schœpflin* discute le témoignage de Wimpfeling et lui reproche, 1°. de n'avoir pas nommé
l'inventeur dans le Catalogus, tandis qu'il nomme Gutenberg dans V Epitoma; 2°. de dire
que l'inventeur était de Strasbourg ; 3°. de prétendre que Gensfleisch cherchait à découvrir
la Typographie à Mayence, pendant le même teins qu'elle était inventée à Strasbourg ; 4°. de
faire de Gensfleisch un vieillard aveugle, quand il a quitté Strasbourg à la fleur de l'âge ;
5°. Enfin de distinguer Gensfleisch de Gutenberg. L'existence, aujourd'hui prouvée, de plusieurs
Gensfleisch à l'époque de l'invention de l'imprimerie répond aux dernières critiques. Quant
à celle relative à la patrie de Gutenberg, on a longtemps ignoré qu'il fut originaire de Mayence,
et il n'y a rien d'étonnant à ce que Wimpfeling tombe dans la même erreur.
Suivant nous le témoignage de Wimpfeling a une très grande importance, pareequ'il émane
d'un homme qui, suivant Schœpflin, 3 est d'ailleurs un ami de la vérité, et qui vint à Strasbourg,
dans sa jeunesse, quatre ans à peine après que Gutenberg eut quitté cette ville. Ce témoignage
contemporain confirme avec une grande autorité l'opinion, à la quelle nous nous rangeons avec
M. Léon de Laborde et M. A. Bernard, à savoir: que Gutenberg, mis sur la voie par les
Donatus de Hollande, a pu découvrir, incomplètement d'abord, l'impression en caractères mobiles,
dont il n'a connu ensuite tous les procédés qu'après être descendu à Mayence ; après avoir
communiqué avec le Jean, très probablement l'ancien ouvrier de Coster, qui, avec d'autres,
suivant Wimpfeling, in hac arte investiganda similiter laborantes, n'était encore arrivé de son
côté qu'à des procédés imparfaits, même avec les instruments qu'il avait dérobés à son maître.
Cette confusion des noms d'homme et de lieu, autour du berceau de l'imprimerie, n'a rien
qui doive nous surprendre, si nous nous reportons par la pensée à ce temps reculé, où le petit
nombre des lettres n'obtenait ses renseignemens que de traditions orales, nécessairement défigurées
par la distance, la diversité des langues, l'incertitude de l'orthographe, et surtout les contractions
souvent arbitraires qui rendent si pénible la lecture des MSS. de l'époque. Dans notre siècle,
où d'innombrables écrits portent la lumière aux extrémités du globe terrestre, cette confusion,
ces erreurs sont fréquentes encore, même dans des ouvrages d'une grande prétention à
l'exactitude. Quand on voit ainsi se propager, même parmi nous, avec une persistance déplorable,
des erreurs vingt fois rectifiées, il n'est permis de s'étonner que d'une chose : c'est que les
1 S. Schardii Scriptores Rerum Germanicarum, tom. i. Basil, 1574. Fol. Cap. lxv. p. 396.
£ Vindiciae Typographie», pp. 53, 54. 3 Ibid. p. 52.
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xlii
INTRODUCTION.
documens qui nous restent, sur la découverte, l'invention, ou l'introduction de l'Imprimerie
en Europe, soient appuyés sur un aussi grand nombre de témoignages et de monuments.
Richard Atkyns est tombé dans la même erreur que Noël Conti, lorsqu'il prétend sur la
foi d'un prétendu MS. de la Bibliothèque de Lambeth, qui n'a pu être retrouvé depuis, que
Thomas Bourchier, archevêque de Cantorbéry, sous le règne de Henry VI, persuada au roi
de faire introduire l'imprimerie dans la grande Bretagne par tous les moyens possibles, et fit
débaucher par Caxton 44 one of the workmen of Harleim, where John Guthenberg had
44 newly invented it, and was personally at work." 1 Lorsqu'il raconte enfin que Robert Turnour,
agent du roi d'Angleterre, aidé de Caxton, qui avait de grandes relations commerciales en
Hollande, ayant réussi à emmener un ouvrier nommé Frédéric Corsells (ou plutôt Corsellis)
fit établir par ce dernier une presse, qui produisit à Oxford VExpositio Sancti Jeronimi,
avec la date de 1468, antérieure de trois ans au premier ouvrage imprimé à Westminster par
W. Caxton. De sorte, ajoute Atkyns, que la presse à Oxford, est antérieure à aucune de
celles qui furent établies en France, en Espagne, en Italie, et en Allemagne, 44 except the
44 city of Mainz, which claims seniority as to printing, even of Harleim itself, calling her city,
44 Urbem Moguntinam artis typographicœ inventricem primam, though it is known to be
44 otherwise ; that city gaining the art by the brother of one of the workmen of Harleim, who
" had learnt it at home of his brother, and after set up for himself at Mentz."
Quoique le témoignage d 'Atkyns n'ait plus aucune autorité en Angleterre, parceque, au
moment de la publication de son livre, étant en procès avec la compagnie des Stationers,
c'est-à-dire des imprimeurs de Londres, il avait un intérêt direct à prouver, que la première
presse en Angleterre avait été établie à Oxford, non à Londres, ou à Westminster ; cependant
les détails qu'il donne sont si précis, que, s'il a pu commettre une erreur sur le nom de l'inventeur,
il ne peut s'être trompé sur le nom de la ville. M. Turnour était déguisé, dit-il, s'étant rasé
la barbe et les cheveux ; mais Caxton qui était connu dans le pays ne se cachait pas, 44 They
44 went first to Amsterdam, then to Leyden, not daring to enter Harleim itself ; for the town
44 was very jealous, having emprisoned and apprehended divers persons, who came from other
44 parts for the same purpose."
44 C'est à l'aide de cette fable absurde," dit M. A. Bernard,* 44 où le faux et le vrai sont
44 mêlés de la façon la plus grotesque, qu 'Atkyns essaya d'établir que le droit d'imprimer
44 dépendait de la couronne en Angleterre." M. Ch. Paeile 3 n'éprouve pas le même dédain
que M. Bernard pour le témoignage d' Atkyns; il l'accepte au contraire comme une autorité
considérable ; et regarde comme des raisonnements spécieux, ceux au moyen desquels Conyers
Middleton 4 et A. C. Ducarel, 5 44 parvinrent pour ainsi dire, à persuader au peuple anglais
44 que toute cette histoire était supposée."
Le livre d 'Atkyns a été en Angleterre l'objet d'une polémique d'autant plus vive que son
système enlevait à Caxton l'honneur d'avoir le premier introduit et pratiqué la typographie
1 The Original and Growth of Printing, collected out of History and the Records of this Kingdome, by Richard
Atkyns. London, 1664. 4°.
2 De l'Origine de l'Imprimerie. Vol. ii. p. 424.
3 Essai Historique et Critique sur l'Invention de l'Imprimerie. Lille, 1859. 8°. pp. 173 et ss.
4 A Dissertation concerning the Origin of Printing. Cambridge, 1740. 4°.
5 Voyez G. Meerman. Origin. Typographie. Vol. ii. p. 1.
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INTRODUCTION.
xliii
dans la Grande Bretagne, pour reporter cet honneur sur la tête d'un étranger, Frédéric Corsellis,
qui n'aurait au bout du compte imprimé qu'un seul livre, VExposicio Sancti Jeronimi, à
Oxford en 1468. Meerman, dans ses Origines typographicœ, et Bowyer et Nichols, dans
leur traité anonyme sur l'Origine de l'Imprimerie, 1 ont admis l'authenticité de la date de cette
impression et du récit d'Atkyns. Ralph Willett, dans un mémoire sur le même sujet, 2 a
contesté l'un et l'autre, en rappelant les principaux arguments de Middleton, c'est-à-dire le
silence de Caxton lui-même sur son prétendu voyage à Harlem, la disparution du MS. de
Lambeth sur lequel repose tout le témoignage d'Atkyns — MS. qu'on n'a pu retrouver malgré
les recherches les plus attentives dans les archives du palais archiépiscopal, — les neuf années
d'inaction qui s'écoulent entre l'embauchage de Corsellis et l'impression du St. Jérôme de 1468,
l'usage des signatures dans ce livre, &ca. &ca.
Dibdin, si bien placé pour élucider cette question, n'a fait que l'embrouiller, en affirmant 3 que
VExpositio St. Hieronimi est imprimée avec les mêmes caractères qu'un autre volume sorti de
la presse d'Oxford en 1481. 4 Or, comme ce dernier porte le nom de Theodoric Rood de
Cologne, qui s'associa plus tard avec l'anglais Thomas Hunte, il en résulterait que VExpositio
provient du même atelier. Mais la comparaison de ce livre, avec ceux qui portent le nom
de Rood, montre qu'il n'y a aucune ressemblance entre les types de VExpositio et ceux des
livres que Rood a imprimés, soit pour son propre compte avec un type particulier, soit en
association avec Hunte qui lui apporta dit-on de nouveaux types. Les caractères de VExpositio,
au contraire, se retrouvent dans deux autres volumes sans nom d'imprimeur : Aristotelis Ethica,
latine, per L. Aretinum, 1479, 4°; et Mgidius Romanus de Peccato Originali, 1479, 4°,
imprimés à Oxford dans le même format, avec les signatures disposées de même, et sur le
même papier que VExpositio : ce papier ne se trouve employé dans aucun des livres imprimés
plus tard à Oxford. 3
Ainsi rien n'empêche d'admettre l'existence de Corsellis, ou tout au moins l'établissement
d'un imprimeur étranger à Oxford avant Rood de Cologne. La date de VExpositio peut-être
en effet le résultat d'une erreur, — de l'omission d'un x, omission dont on connaît de nombreux
exemples, — mais c'est à ceux qui nient la date de prouver l'erreur. Quant à l'inaction de
Corsellis pendant neuf ans, et à l'interruption de l'imprimerie à Oxford de 1468 à 1479, l'une
et l'autre peuvent s'expliquer par la publication de livres à l'usage des écoliers, dont aucun
n'est parvenu jusqu'à nous. On connaît il est vrai une dixaine d'exemplaires de VExpositio,
mais on ne connaît que deux exemplaires de V Aristotelis Ethica, et un seul de VJEgidius
Romanus. La presse d'Oxford a été d'ailleurs soumise à des interruptions beaucoup plus
longues que celle qu'on invoque comme un argument contre l'authenticité de la date de
VExpositio ; puisqu'on ne connaît aucun livre imprimé dans cette ville entre 1486 et 1517;
entre 1519 et 1585. 6
i Originof Printing. London, 1774. 8°.
8 Archœologia, or Miscellaneous Tracts relating to Antiquity. Published by the Society of Antiquaries of London.
Vol. xi. p. 267. 1794. 4°.
3 Bibl. Spencer. Vol. iii. p. 412.
4 Alexander de Alexandriâ in libres Aristotelis, Oxoniœ. Th. Rood, 1481. Fol.
a A. Wood, The History and Antiquities of the University of Oxford. 1792. 4°. vol. i. p. 624. Cotton (Dr. H.),
A Typographical Gazetteer. Oxford, 1831. 8°. p. 209.
6 Typ. Gazetteer, p. 213.
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xliv
INTRODUCTION.
Maintenant, les types de VExpositio n'ont aucune analogie avec ceux du Spéculum; ils
ressemblent, au contraire, à ceux d'Ulrich Zell, et doivent avoir été importés de Cologne ou
de quelque autre fonderie d'Allemagne, C'est-là peut-être ce qui expliquerait, — si le récit
d 'Atkyns reposait sur quelque autre témoignage, — l'intervalle d'inaction entre l'embauchage
de Corsellis et la production de son premier ouvrage. Corsellis aurait quitte l'atelier de
Harlem ; mais plus honnête que le voleur Jean, il n'aurait emporte ni les types, ni les outils
de son maître. N'étant pas graveur, comme Gutenberg, il aurait dû attendre, avant de se
mettre à l'œuvre, le résultat de négociations entreprises en Allemagne pour l'achat des caractères
qui servirent à l'impression de VExpositio, et des deux autres ouvrages, publiés plus tard
en 1479.
Mais que la date de 1468 soit authentique ou non, le récit d'Atkyns n'y puise aucune
confirmation. Il continue de reposer uniquement sur un prétendu document, qui pourrait
d'ailleurs être erroné lui-même, mais dont il ne reste aucun moyen de constater l'authenticité,
puis que ce document est perdu. Ce récit, en outre, n'a aucun des caractères qui distinguent
celui de Junius : il commence par confondre les noms et les lieux, confusion excusable au
xvi e siècle, mais à peine pardonnable presque à la fin du xvii e . M. de Vries est donc trop
indulgent quand il dit: "Les particularités de ce récit, qu'Atkyns cite de mémoire, sont
" évidemment enjolivées et agrandies." 1 Le fait est que le livre du jacobite Atkyns, ruiné
par des procès qui n'ont pas duré moins de 24 ans, après avoir englouti plus de 25,000 francs
de sa fortune, se présente comme un mémoire de plaideur mécontent, plutôt que comme un
travail sérieux de bibliographie. D'ailleurs il se révolte contre la liberté de la presse, et demande
qu'on lui mette des entraves avec une naïveté digne d'un avocat forcené du despotisme : " How
" were the Abuses taken away in Queen Elizabeth, King James, and beginning of King
" Charles his time, when few or no Scandais or Libels were stirring ? Was it not by Fining,
44 Imprisoning, Seizing the Books, and breaking the Presses of the Transgressors, by order of
44 Councel-Board ?" s Cependant il ne cite point de mémoire, comme le dit M. de Vries, le
document de Lambeth, il prétend qu'on lui en a remis une copie en même tems qu'un exemplaire
de VExpositio de 1468, sans nommer la personne qui lui a fait ce double présent. Le témoignage
de cet infortuné plaideur, qui mourut dans la prison pour dettes, et regrette le tems, où l'on
brûla plus de livres en dix ans qu'on ne pouvait en imprimer en vingt années, 44 that there
44 were more Books Burnt in ten years, than could bé printed in twenty," 3 — ne mérite certes
pas la place que lui donne M. Paeile parmi les défenseurs de la cause de Harlem; car il est
évident qu'il n'est pas à la hauteur de la question et qu'il n'en extrait que ce qui peut servir
à son procès contre la compagnie des Stationers. Si le document qu'il cite avait existé il
n'aurait pas manqué de le produire. En effet, il publiait son livre par ordre du secrétaire
d'état Morice, sous le bon plaisir du roi, qui en acceptait la dédicace, et l'adressait au
parlement, qui nomma une commission d'enquête, dont le rapport ne fut jamais déposé, par
la raison sans doute que le pétitionnaire Atkyns ne put produire aucun titre à l'appui de
ses assertions.
1 Eclaircissemens, p. 210.
2 The Original and Growth of Printing. London, 1664. 4°. Epistle to the King. B. 2.
3 Ibid. p. 8.
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INTRODUCTION. xlv
III.
Maintenant voici les titres d'un troisième prétendant à l'invention de l'Imprimerie. Strasbourg
célèbre pour la première fois le jubilé séculaire de la découverte de la Typographie en 1640.
Mais ce n'est point Gutenberg qu'elle fête, c'est Jean Mentel, désigné comme l'inventeur
réel par une chronique manuscrite, que l'on attribue à Daniel Specklin, né en 1536, mort en
1589. On lit dans cette chronique, conservée dans les archives de la ville de Strasbourg, et
que fait connaître J. A. Schrag, dans son livre intitulé, Bericht von Erfindung der Buch
Truckery in Strassburg: 1
" Anno 1440, als zum drittenmahl von der Kuffer-zunfft zum Ammeister erwehlet worden | herr Clauss Schanlitt, und
Stattmeister gewesen seind | Walther Spiegel | Burckhardt von Mullenheim, Cuno zum Treubel, hans Balthazar von
Endingen, ist die herrliche und sehr nutzliche Kunst der Buch-Truckerey erstlichen offenbar | und zwar allhie zu
Strasburg an Tag gebracht | und erfunden worden | durch IOANN MENTELIN, welcher am Fronhoff zum Thiergarten
wohnete | der hatte einen Diener mit namen Hans Genszfleisch | von Meyntz gbiirtig | diesem vertrawete er seine
newe Inuention | wail er jhn sehr auschlâgig und scharffsinnig befandt | verhoffend durch Jhn noch weiters zu kommen:
Er wurde aber von jhme schandlich betrogen | dann dieser jetzgemelte Genszfleisch mit Johann Gutemberg Kundschafft
machte | so ein Ansehnlicher und Reicher Mann war | vnd auch etwas wissenschaffk vmb desz Mentelins Kunst
hatte [ dem offenbahrte er aile Heimlichkeit | vnd weil sie in Hoffnung stunden | mit dieser Kunst | gross Gelt vnd
Gut zuerwerben | vnd aber allhie zu Strassburg vor dem Mentelin die Sach nicht wol wûrden Kônnen ins Werck
richten | schlugen sie an | sich von dannen gen Meyntz zu begeben | als dann auch geschehen. Vnd ein wenig darunden :
Aber Gott der keine Vntrew vngestrafft last hingehen, 6trieff endlich den Genszfleisch also, das er seines Gesichts
beraubet vnd blind wurde" | &ca. Dieser Kunst erste Inuention | Press und Buchstaben \ send noch bey Manns
Gedenken vorhanden gewesen \ {wie Daniel Specklin in seinem Chronico M S. bezeuget | der sie gesehen) und waren
folgender weiss beschaffen : " Die Buchstaben waren von holtz geschnitten | auch ganze Wôrter und Syllaben | hatten
nebens zu Lôchlin, dass mans mit einem Drat oder starken Faden kondte zusammen fassen ; so war die Press auch
Hultzin | vnd wie ein Trott | damit man allerhand Safft austrottet | formirt" &ca.
Nous avons cité ce passage entier, parceque, outre la mention du vol domestique, inséparable,
à ce qu'il semble, de la tradition qui s'attache dès les premiers moments à l'invention de
l'imprimerie, un témoin oculaire nous rapporte ici comment les caractères mobiles de bois
qu'il a vus, étaient percés d'un trou, où l'on passait un fil-de-fer ou une ficelle, afin de former
des lignes que l'on réunissait ensuite sans doute, soit avec une corde, soit avec des coins dans
la forme. Cette tradition des caractères de bois est attestée par un trop grand nombre de
témoignages anciens pour ne pas être admise, au moins dans la composition des premiers
ouvrages tels que les Donatus. Dans cette hypothèse, il est peu douteux que des mots entiers,
d'un usage très fréquent dans les livres de classe, par exemple, n'aient été gravés comme le
dit Specklin. Quant aux syllabes entières ou contractées, on les retrouve en nombre considérable
même dans les livres de longue haleine, tels que le Spéculum, composés avec des caractères
de fonte. La description de la presse, qui était de bois, semblable à un pressoir, et que Specklin
déclare également avoir vue, n'a rien non plus qui ne soit parfaitement conforme aux témoignages
des autres contemporains.
M. A. Bernard 2 révoque en doute la paternité de la chronique attribué à Specklin et tourne
d'ailleurs en dérision : " l'histoire des caractères des bois perforés, sorte de fable destinée à
amuser les niais."
1 Strassburg, Moritz Cari, 1640. 4°. sign. cj. £ Origine de l'Imprimerie, vol. ii. p. 63 et 64.
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xlvi
INTRODUCTION.
On sait qu'il existait deux chroniques contemporaines, conçues à peu près dans les
mêmes termes et qui, du tems de J. Schilters (en 1698), se trouvaient encore dans les archives
de la ville de Strasbourg. Schrag donne de l'une et de l'autre l'extrait que nous avons
reproduit ci-dessus, en attribuant formellement la seconde à Specklin. N'est-il pas surprenant
que des écrivains strasbourgeois, tels que J. F. Lichtenberger 1 et J. J. Oberlin, 2 en traitant
dans leurs publications la question qui nous occupe, ne se soient pas donné la peine de
vérifier si la chronique de Specklin, dont le manuscrit suivant M. A. Bernard 3 est conservé
encore aujourd'hui dans la bibliothèque de Strasbourg, est un document authentique ou écrit
de la main de Specklin ? Les autographes de ce dernier ne doivent pas être extrêmement
rares dans une ville dont il était l'architecte municipal et où il a publié un certain nombre
d'ouvrages. Si ce manuscrit présente tous les caractères de l'authenticité, le témoignage de
Specklin mérite d'être discuté avec le même respect que celui de Junius ; s'il est erroné sous
certains rapports, tels que la parenté de Mentel et de Peter Schœffer, que Specklin donne
comme beaux-frères (Schwager), cela n'infirme en rien l'existence des types de bois et de la
presse que l'auteur dit avoir vus.
Il n'y a rien d'extraordinaire à ce que ces types aient été conservés près d'un siècle, quand
nous avons été à même de voir, dans la Bibliothèque royale de la Haye, un fragment de
planche d'un Donatus que M. J. W. Holtrop a bien voulu nous montrer ; et dans la collection
de Lord Spencer, la planche vermoulue d'une page entière de VHistoria Sancti Johannis,
gravées l'une et l'autre suivant toute apparence vers le milieu du xv e siècle. Il est difficile
de nier la possibilité de graver des caractères de bois en quantité suffisante pour imprimer
de petits livres, après la démonstration pratique de M. L. de Laborde, dans Ses Débuts de
V Imprimerie à Strasbourg, et les spécimens de planches originales gravées sur bois, que
J. F. Lichtenberger a joints à son Histoire de V Invention de V Imprimerie (Strasbourg, 1825, 8°).
La tâche de reconcilier ou d'expliquer tous ces témoignages contradictoires, nous éloignerait
tellement de notre but qu'il ne nous est pas permis d'aborder la question sous toutes ses
faces, et de montrer comment Mayence, imitant Strasbourg, cherche à son tour, et réussit
pendant assez longtemps, à dépouiller Gutenberg du mérite de l'invention, au profit de
Faust et de Schœffer.
Ce qui frappe surtout dans ce conflit: ce qui en ressort invinciblement, c'est que
l'inventeur des caractères mobiles, quel qu'il ait été, a dû être spolié de son invention par le
premier ouvrier infidèle, ambitieux, ou mécontent, à qui il a été forcé de communiquer son
procédé. Ici surtout l'initié a tué l'initiateur. L'impression xylographique donnée, — et il est
désormais constaté qu'elle remonte aux premières années du xv e siècle, — un mot, le hazard,
devait mettre simultanément sur la voie trois ou quatre intelligences d'élite, qui, par des
moyens différents, devaient arriver au but simultanément, ou à peu de distance l'un de l'autre.
Ainsi, en supposant que Coster ait découvert les caractères mobiles de 1420 à 1430, le bruit
de sa découverte, ou simplement la vue d'un donat hollandais, met Gutenberg sur la voie,
et il produit vers 1436 les premières impressions qui donnent lieu au procès de 1439. D'un
1 Histoire de l'Invention de l'Imprimerie. Strasbourg, 1825. 8°.
2 Essai d'Annales de la Vie de Jean Gutenberg. Strasbourg, an ix. 8°.
3 Origine de l'Imprimerie, vol. ii. p. 62.
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INTRODUCTION.
xlvii
autre côté Gutenberg n'a pas plutôt quitté Strasbourg, que Mentel s'empare des procédés,
et sans doute aussi des instruments imparfaits, restés entre les mains des premiers associés
de Gutenberg, perfectionne instruments et procédés et produit presque en même temps que
Mayence des livres, notamment sa grande bible de 1466, qui lui permettent de s'enrichir
en peu de tems.
Gutenberg rentre à Mayence en 1445, après l'échec de ses tentatives de Strasbourg, soit
par défaut de capital, soit par l'état d'imperfection de sa découverte. Il s'associe avec Faust
le 26 Août, 1450 ; mais l'argent avancé par ce dernier étant insuffisant, il en obtient, en
Décembre 1452, une nouvelle avance de fonds, qui lui permet d'imprimer la bible de quarante
deux lignes et les lettres d'indulgence de 1454. Pierre Schœffer de Gernsheim, calligraphe
qui habitait Paris en 1449, est adjoint aux travaux des associés en 1455, c'est-à-dire peu
de temps avant la fin des cinq années que devait durer l'association. Faust profite de la
rare aptitude et de l'activité infatigable de Schœffer, dans tout ce qui regarde l'imprimerie,
pour intenter un procès à Gutenberg, le dépouiller du matériel que celui-ci avait créé, et le
mettre dans l'impossibilité d'imprimer pour son propre compte. Lorsque Gutenberg eut réussi
à obtenir du Dr. Humery, syndic de Mayence, une avance d'argent, qui lui permit d'imprimer
avec des caractères nouveaux le Catholicon et les Vocabulaires de Nicolas Bechtermunze,
son atelier resta la propriété du nouveau bailleur de fonds, afin d'être à l'abri des poursuites
de Faust et Schœffer ses spoliateurs.
Ce résumé des malheurs de Gutenberg fait comprendre comment ses premiers essais de
Strasbourg, entourés d'un profond secret, ont été bien vite oubliés, ou sont restés inconnus des
strasbourgeois eux-mêmes ; comment les descendants de Mentel ont pu donner le change
pendant plusieurs siècles sur le nom du véritable inventeur. Wimpfeling, contemporain de
Gutenberg, est le seul qui ne se soit pas trompé, lorsqu'il dit dans sa Germania, 1 au chapitre : " de
u excellentia urbis Argentin» . . . ingeniorum claritate impressorie artis origine licet in Maguntiaco
" consummate;'' lorsqu'il ajoute dans son Catalogue des évêques de Strasbourg que nous avons
cité précédemment : " sub hoc Roberto nobilis ars impressoria inventa fuit a quodam argentinensi,
" licet incomplète ; sed cum is Maguntiam descenderet, ad alios quosdam in hac arte similiter
" laborantes . . . ea ars compléta et consummata fuit." Mais lorsque les héritiers de Mentel
voient Faust et Schœffer, leurs rivaux de Mayence, et non leurs maîtres, s'attribuer l'honneur
d'avoir inventé l'Imprimerie, il leur est bien permis de revendiquer cet honneur en faveur
de Mentel, qui tient ses procédés de l'inventeur direct, Gutenberg, ou de ses premiers associés
de Strasbourg.
Faust et Schœffer nient les titres de Gutenberg si nettement, qu'il doit y avoir quelque chose
de vrai dans l'assertion de Wimpfeling, " cum is Maguntiam descenderet, ad alios quosdam in
" hac arte similiter laborantes." Gutenberg, en possession de procédés imparfaits, a trouvé à
Mayence l'ouvrier infidèle de Coster, pratiquant le même art dans les conditions infimes, c'est-
à-dire sans capital et sans matériel suffisant. Que Faust ait été l'intermédiaire entre ces deux
hommes, également impuissants faute d'argent, et se soit associé Gutenberg, en n'admettant le
Jean de Harlem qu'à titre d'ouvrier, ou bien que celui-ci ait continué séparément sa petite
industrie, peu importe ! Dans l'un comme dans l'autre cas, le riche industriel mayençais
1 Imprimée à Strasbourg par J. Priiss, en 1501, 4°: dont un exemplaire de trouve dans la collection de M. Inglis.
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xlviii
INTRODUCTION.
s'est cru autorisé à nier le droit de Gutenberg à l'invention de l'Imprimerie, sans craindre
une protestation de ce dernier.
Et en effet Gutenberg n'a point protesté, quand il lui était facile de le faire dans le
colophon d'un des livres qu'il a publiés avec l'aide du Dr. Humery. Il n'a mis son nom
à aucun des ouvrages sortis de sa presse ; à moins qu'on n'admette son retour à Strasbourg,
en 1458, et la publication dans cette ville des Dialogues de St. Grégoire, dont nous
allons parler.
S. Palmer 1 décrit ainsi ce livre qui se trouve à Wilton, dans la riche collection du Comte
de Pembroke :
" The book is the dialogues of St. Gregory in Latin ; it has no title-page, but begins abruptly with the subject itself,
only at the end of it are thèse words :
Explicit liber quartus
Dyalogorum Gregorii.
Then follows in red letters,
Presens hoc Opus factum est per Johan.
Guttenbergium apud Argentinam,
Anno Millesimo cccclviij"
Après avoir constaté que l'impression en est très grossière et de beaucoup inférieure à
celle des ouvrages de Faust et Schœffer, Palmer imagine, par la différence de forme qui
existe dans les mêmes lettres, que ce livre a été imprimé sur planches de bois, quoique avec
l'encre ordinaire d'imprimerie, au moyen d'une presse, et par le procédé opistographique.
La date, 1458, ajoute-t-il, montre qu'il a été imprimé un an après le Psautier de Mayence,
par Gutenberg lui-même, avec l'intention de revendiquer la gloire que s'arrogeaient Faust
et Schœffer à son détriment.
L'existence de ce livre a été révoquée en doute par Schœpflin, 8 " quoiqu'il ait," dit-il, " en
" compagnie de Maittaire exploré avec soin la bibliothèque du comte de Pembroke." Plus heureux
que Schœpflin, nous avons tenu ce livre entre nos mains et examiné avec soin le colophon en
lettres rouges qui le termine. La couleur en est . pâle et le foulage de la presse n'est pas apparent
comme dans le reste de l'ouvrage, dont les types ont d'ailleurs une forme irrégulière qui décèle
évidemment l'enfance de l'art. Le Dr. Dampier, doyen de Rochester, a écrit sur le catalogue des
incunables possédés par le comte de Pembroke en 1798, 3 sous le titre de ce livre: "I have
" examined this book very accurately, and have no doubt of the printer's name and date being a
"forgery." Une note manuscrite en tête du volume, de la main du comte de Pembroke,
et exprime sous forme dubitative la même opinion, en ajoutant que les types paraissent être
de bois. Quoique les élémens de comparaison que nous aurions désiré avoir, nous aient manqué,
lors de l'examen que nous avons fait du livre à Wilton House, nous déclarons sincèrement que
si ce colophon est le résultat d'une falsification, cette falsification est d'une rare habileté. Le
Dr. Cotton, dans son Typographical Gazetteerf mentionne une fraude analogue sur deux autres
ouvrages de la collection de Lord Pepibroke provenant, dit-il, sans doute de la même main.
1 The General History of Printing. London, 1732. 4°. p. 299.
£ Vindicias Typographie». Argentoratis, 1760. 4°. pp. 40, 41.
3 Voir au British Muséum, King's MSS., No. 383.
4 Oxford, 1831. 8°. p. 208.
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INTRODUCTION.
xlix
Malgré ces affirmations si positives, dont on devrait au moins donner les motifs, nous croyons
que la question reste entière et vaudrait la peine d'être vidée par un examen sérieux et détaillé
du livre lui-même.
Quoiqu'il en soit, aucune des hypothèses anciennes sur l'invention de l'Imprimerie n'infirme /
d'une manière positive le témoignage de Junius, fermement assis sur le Spéculum Hurmnœ
Salvationis, premier monument de la Typographie en caractères mobiles de fonte. Sans
incriminer la bonne foi des partisans de Mentel, qui ne connaissaient pas comme nous les
pièces du procès de Strasbourg, ni celle de Salmuth, 1 lorsqu'il affirme que Faust est le
véritable inventeur de la typographie; sans méconnaître surtout la part importante qui
revient à Gutenberg dans l'enfantement de cette grande découverte, nous reconnaissons avec
M. de Laborde, 2 "1410 comme la date possible de la découverte de l'impression dans les
"Pays-bas; 1423 comme la date probable de l'invention des types mobiles par Laurent
" Coster à Harlem ; 1436 comme la date authentique des premières tentatives de Gutenberg à
" Strasbourg ; et 1452 comme la date certaine de l'invention de la fonte des caractères à
"Mayence:" — avec cette réserve que les caractères du Spéculum, étant de métal et fondus
dans le sable, comme l'a très bien suggéré M. A. Bernard, les typographes mayençais n'ont
découvert que les perfectionnemens qui résultent de la gravure des poinçons, du frappage
des matrices, et de l'emploi d'un moule de fer à peu près tel que celui dont se servent aujourd'hui
nos fondeurs.
1 In Guido Panciroli, Rerum Memorabilium Commentaria. Ambergae, 1608. 8°. vol. ii. tit. xii. p. 590, et ss. H
n'est pas question de la typographie dans l'autre édition, Bambergœ, 1599. 8°.
8 Débuts de l'Imprimerie à Strasbourg, p. 9.
n
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I
INTRODUCTION.
Chap. IV. — Dans quel ordre ont été produites les quatre éditions
COSTÉRIENNES DU SPECULUM ?
Nous avons dit précédemment qu'il existait quatre éditions in folio du Spéculum, parfaitement
distinctes Tune de l'autre, composées avec les mêmes types, et illustrées avec les mêmes
gravures. Deux autres éditions in 4°, imprimées par Veldener en 1483, et plus tard sans date,
offrent les gravures sciées eu deux perpendiculairement, afin de pouvoir trouver place dans
les pages de l'in-4°. On a de plus constaté dans deux exemplaires hollandais, l'un appartenant
à Meerman, l'autre à M. Enschedé, des différences de composition qui indiqueraient au moins
sept éditions in folio, si ces différences, limitées à un petit nombre de pages seulement,
portaient en réalité sur la totalité de l'ouvrage. H est également certain que l'édition in-4° de
Veldener en 1483 est double, puisque l'une porte pour colophon : " De Spieghel onser
" behoudenisse : Van Culenburch by my Iohan Veldener int jaer mcccc. ende lxxxiii. des
" zaterdaghes post Mathei apostoli:" et ne compte que 29 chapitres et 116 figures, comme
l'édition in folio ; tandis que l'autre comprend 32 chapitres et 12 figures de plus, avec le colophon
suivant : " Dit boeck is volmaect in die goede stede van culenburch by my iohan veldener
" int jaer ons heren mcccc ende Lxxxiij des saterdaghes post mathei apostoli."
Mais, cette seule différence de deux exemplaires, ne prouve pas que le livre entier ait été
recomposé deux fois dans la même année. Quant à l'édition sans date dont personne n'a
parlé jusqu'ici, et dont un exemplaire se trouve au British Muséum, portant au commencement
la marque typographique de Veldener, et à la fin, outre les armes d'Autriche et de Culembourg,
celles de David D'Bur, elle constitue sans doute une édition bien distincte de celles de 1483.
Dans tous les cas, ces éditions présentent un intérêt tellement secondaire au point de vue
bibliographique, qu'il suffit de les avoir mentionnées, sans les faire entrer dans la classification
que nous avons établie ci-dessus. Les quatre éditions costériennes se composent donc de
deux éditions latines ; l'une avec vingt pages entièrement xylographiques, l'autre entièrement
composée en caractères mobiles ; et de deux éditions hollandaises, l'une composée en types
d'une seule fonte, l'autre présentant deux pages composées en caractères plus petits, et d'une
forme différente, ainsi que l'a montré Ottley, 1 en constatant d'ailleurs, que le type employé dans
l'édition latine xylographique, est identiquement le même que celui de l'édition hollandaise à
double fonte.
Quant à l'édition hollandaise à une fonte que Koning regarde comme la première, il resuite
de l'examen que ce bibliographe a fait porter principalement sur les capitales, qu'il existe
dans cette édition deux espèces de lettre E, dont l'une est parfaite dans sa forme, tandis que
l'autre est dépourvue de sa partie supérieure. La lettre M y est en outre empreinte d'une
1 Ad Inquiry, vol. i. p. 249.
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INTRODUCTION.
manière irrégulière, et son jambage du milieu est coupé en deux par un trait blanc qui se
reproduit presque à toutes les lignes. 1
Quoique nous n'ayons retrouvé aucune de ces marques dans les types qui ont servi à
composer les deux éditions latines, ainsi qu'on peut le constater sur les exemplaires du British
Muséum et de Mr. Inglis, il n'en faudrait pas conclure que les quatre éditions ont été composées
avec des types d'une fonte différente. En effet, les cassures que signale Koning peuvent
provenir uniquement, soit de l'usure des caractères, soit du procédé imparfait dont s'est servi
le fondeur. Ainsi dans l'exemplaire de M. Inglis, par exemple, une majuscule fort souvent
répétée, la lettre Q, présente dans la même page au moins six variétés, par suite de la rupture,
tantôt de l'une des deux lignes perpendiculaires qui traversent la lettre, tantôt de toutes deux, •
tantôt d'une ou des deux lignes transversales obliques.
En admettant la fonte des types dans le sable, ces anomalies s'expliquent facilement, soit
par l'interposition d'un grain de sable dans les lignes creuses laissées par le moule, soit par
le mouvement irrégulier de la main en retirant ce moule. Dans tous les cas ces caractères
sortent évidemment de la même fonderie ; ils possèdent la forme essentiellement hollandaise,
si clairement déterminée par Ebert et par M. de Laborde ; enfin il est impossible de les rattacher
aux types sortis des fonderies de l'Allemagne, ou même employés par des Allemands établis
dans les Pays-bas au xv e siècle.
La composition du Spéculum offre un autre singularité, qui la range immédiatement dans
la catégorie des essais primitifs de l'imprimerie. Le compositeur, à défaut de cadrais, qu'il
n'avait pas, se sert, pour compléter les lignes de longueur inégale que présente le Spéculum,
de types de rechange qu'il fait recouvrir par la frisquette, afin qu'ils ne viennent pas au tirage.
Le foulage de ces caractères masqués est très sensible ; et il est arrivé, tantôt que la frisquette
a mordu sur les types qui devaient être imprimés, comme on le voit sur une ligne du proemium
dans l'exemplaire de M. Inglis, tantôt qu'elle a laissé à découvert un mot entier sans signification,
et absolument étranger au texte comme udotime qui termine la 13 e ligne, col. b, fol. 18, des
exemplaires du British Muséum, de la bibliothèque bodléienne, et de la collection de M. Holford,
tous trois de l'édition latine xylographique. On ne retrouve ce mot, ni dans les manuscrits,
ni dans aucun des exemplaires de l'édition latine à types entièrement mobiles.
Quoique les deux éditions latines présentent des différences nombreuses de composition,
elles ont été cependant composées l'une sur l'autre, ou sur le même manuscrit; car elles
présentent notamment deux erreurs qui ne leur seraient pas communes. Ainsi on trouve
dans les deux éditions latines les deux dernières lignes du proemium :
«
Secunda figura gaudij eterni possunt conuiuium régis Assueri fuisse
Quia nullum legimus tam longum et tam solempne conuiuium habere,"
ces deux lignes, non seulement sont en déhors de leur place naturelle, mais encore se rapportent
au 42 e chapitre du Spéculum MS. qui n'est reproduit dans aucune des éditions costériennes.
On trouve de même dans les deux éditions que la I e ligne de la colonne a, fol. 1 0 :
" Maria licet viro in desponsacione indigeretur,'
1 Verhandeling over den Oorsprung der Boekdruk Eunst door Jacobus Koning. Haarlem, 1816. 8°. p. 33.
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lii
INTRODUCTION.
est placée par erreur au-dessous de la gravure, qui représente Adam et Eve condamnés au
travail manuel ; tandis qu'elle devrait être, fol. 18, immédiatement au-dessous de la fig. 23 :
" hec turris dicta Baris."
Les variations dans la composition portent principalement sur les abbréviations, qui sont
différentes dans les deux éditions, sur l'orthographe d un certain nombre de mots, sans différences
remarquables dans l'arrangement du texte, le nombre des lignes dans chaque page, et les
références indiquées au bas de chaque colonne. En comparant au contraire ces deux éditions
avec les MSS., on voit que dans ceux-ci les références sont différentes, ou manquent complètement
et sont indiquées dans les marges plutôt qu'au bas de chaque page.
Iyes deux éditions hollandaises sont la traduction littérale des éditions latines, avec la différence
que les lignes, n'étant pas rimées comme dans le latin, le texte remplit également toute la
page, sans interposition de lettres masquées en guise de cadrais, excepté à la dernière ligne,
où les références de longueur inégale sont complétées dans la justification par ces lettres
masquées, dont le foulage seul reste sensible. #
IL
Nous avons déjà dit pourquoi nous considérions l'édition latine xylographique comme la
première de toutes. Cette opinion, admise par tous les bibliographes, jusqu'à Meerman, qui
a vainement essayé de donner le premier rang à l'une des éditions hollandaises, a été reprise par
Heineken, et s'est maintenue avec succès jusqu'au moment où Ottley, étayant une théorie
nouvelle sur les cassures accidentelles que présentent les gravures, a rangé les quatre éditions
dans l'ordre suivant : I. Édition latine, en caractères entièrement mobiles. IL Édition
hollandaise, à deux fontes. III. Édition latine, avec 20 pages entièrement xylographiques.
IV. Édition hollandaise, à une seule fonte. 1 Les gravures de l'édition latine en types mobiles
n'offrant qu'un petit nombre de cassures accidentelles, occasionnées par l'usage du frotton, celle-ci
doit, suivant Ottley, être considérée comme la première ; tandis que l'édition hollandaise à une
fonte, qui présente le plus grand nombre de cassures, doit être rejetée au quatrième rang. De
même l'édition hollandaise à deux fontes, ayant les gravures en meilleur état que l'édition
latine xylographique, celle-ci n'occupe que le troisième rang dans l'ordre de la production.
Un singularité que présente l'exemplaire de M. Inglis (édition latine, en types mobiles),
corroborait avec force la théorie d' Ottley ; car, dans cet exemplaire, les phylactères de la
dernière page, évidemment préparés pour la gravure des mots mane> thecel, phares, ne sont
pas évidés ; ils sont venus en noir à l'impression, tandis que dans tous les autres exemplaires,
ils sont imprimés en blanc, afin que les mots qui manquent pussent y être inscrits à la
main.
Cependant la démonstration d'Ottley, que Dibdin déclare irréfragable, 2 ne repose, comme
l'a établi M. A. Bernard, 3 que sur la comparaison par correspondance de deux ou trois
exemplaires. Le libraire de Harlem, Lorjes, chargé de cette comparaison, fait même à la
1 An Inquiry, vol. i. p. 217. 2 Bibl. Spencer, vol. iv. p. 551.
3 Origine de l'Imprimerie, vol. i. p. 27.
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INTRODUCTION.
troisième et à la sixième question d'Ottley, des réponses, qui renversent si complètement sa
théorie, qu'il se croit obligé de révoquer en doute l'exactitude de son correspondant, ou
d'imaginer que les lignes, qui, suivant cette théorie, auraient du être brisées, et sont entières,
ont été restaurées à la plume, 1
H n'est pas douteux que les gravures du Spéculum Humanœ Salvationis ont été imprimées ï
antérieurement au texte en caractères mobiles ; la différence des procédés — le frotton pour
les gravures, et la presse pour le texte — indique assez que les deux opérations n'ont pu être
simultanées. Que la gravure et le texte des vingt pages entièrement xylographiques aient
été taillés sur des blocs de bois différents, comme le prétend Fournier, 2 c'est ce qui ne nous
est pas bien démontré. Mais ces blocs eux-mêmes ont été séparés, au moins pour l'impression
de quelques exemplaires ; car dans un de ceux de la collection de Lord Pembroke, le texte
des fol. 52 et 61, n'occupe pas, par rapport à la gravure, la même place que dans l'exemplaire
du British Muséum. Dans le premier, en effet, la colonne gauche du texte est en alignement
avec le bord gauche extérieur des gravures ; tandis que dans le second, elle est portée à
droite dans l'alignement du bord intérieur du socle et du chapiteau de la colonne gauche .
de l'encadrement architectural.
Ce seul fait de l'impression séparée du texte et des gravures, détruit de fond en comble '
le système d'Ottley ; car ainsi que l'a déjà fait remarquer M. de Vries, 3 en ce cas, les gravures
*les plus endommagées auront pu servir à l'impression de la première édition, aussi bien que
de la dernière. Cette idée avait d'ailleurs été suggérée à Ottley par un de ses amis que
celui-ci ne nomme pas, mais qui, accoutumé à considérer l'édition latine comme la première,
lui disait :
" The printer, to whom the engraved cuts appertained, took oflf, in the first instance, as many impressions of the
cuts as would be wanted for ail the éditions whick he migkt, at any future time, be called upon to publish (let us
suppose a thousand impressions of each eut) : and that, thèse impressions being tied up in bundles, it might, and
did, so happen, that the impressions last taken off came into use in printing the first édition of the book." 4
L'impression séparée des gravures étant bien constatée, il est en effet naturel de supposer
que l'impression de ces gravures s'est faite en une seule fois, dans l'atelier du xylographe, ou
du cartier, soit pour écrire ensuite à la main le texte du Spéculum, soit dans l'intention
d'imprimer un certain nombre d'éditions du livre. Dans ce cas, le cartier a mis en paquet
les épreuves, à mesure qu'elles subissaient l'opération du frotton, de manière à ce que les
premières tirées se trouvant en dessous, les dernières, avec les traces des accidents survenus
pendant le tirage, se sont trouvées en dessus, au moment où il s'est agi de procéder à l'impression
du texte de la première édition.
Si raisonnable que soit cette hypothèse, dont Ottley fait trop bon marché, elle n'est même
pas nécessaire pour réduire à néant la démonstration que Dibdin trouve irréfragable. M. A.
Bernard avait déjà indiqué 5 que les deux exemplaires de la bibliothèque nationale de Paris,
tous deux de l'édition latine xylographique, offraient des différences considérables dans l'état
apparent des planches ; et que l'un d'eux, par exemple, possédait des gravures aussi intactes
1 An Inquiry, vol. i. p. 214.
* De l'Origine et des Productions de l'Imprimerie primitive. Paris, 1759. 8°. p. 155.
3 Eclaircissemens sur l'Histoire de l'Invention de l'Imprimerie. La Haye, 1843. 8°.
4 An Inquiry, vol. i. p. 204. 5 Origine de l'Imprimerie, vol. i. p. 28.
p. 27.
0
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liv
INTRODUCTION.
que celles des deux éditions — latine mobile et hollandaise à double fonte — qu'Ottley considérait
comme antérieures. Cette affirmation, jointe aux deux anomalies constatées par Loorjes dans
sa lettre à Ottley, ne laissait aucun doute sur le peu de fondement de la théorie des cassures ;
mais pour éviter toute chance d'erreur, M. Bernard, sur notre demande, a eu l'extrême obligeance
d'aller deux fois à la bibliothèque de Paris, constater l'état des exemplaires qui s'y trouvent.
Au moyen d'un calque des cassures qu'il a annoté, après l'avoir superposé aux figures
indiquées dans le livre d'Ottley, 1 il a établi, de la manière la plus certaine, que l'hypothèse
: de ce dernier péchait entièrement par la base ; et qu'il fallait revenir à l'opinion de Fournier
et de Heineken sur la priorité de l'édition latine xylographique.
Ottley, dans son Origin of Printing, qu'il n'a pu terminer 2 est le premier qui ait prétendu
que les vingt pages de texte xylographiques étaient le fac-similé des pages correspondantes
de l'édition latine en caractères entièrement mobiles ; et voici comment il explique la manière
dont cette opération dût se faire, suivant lui :
" The printer, or his successor, as has been said, having been deprived of the type hitherto used in the work, printed
the two pages wanting to complète his Dutch édition with the remains of some old type, a little différent, which had
previously been thrown aside, as no longer fit for use. But, in doing it, he experienced, perhaps, more trouble than he
had anticipated ; and as twenty pages, instead of two, were wanting to complète the second Latin édition, he now bethought
himself of another mode of procédure. Having taken from a copy of the first Latin édition the ten sheets containing the
twenty pages wanting to complète the second édition, and having corrected with a pen a letter here and there misprinted.
he delivered those sheets to a wood-engraver, with directions to copy them exactly; and the engraver executed th§
commission, by first glueing those ten sheets with their face downwards upon ten prepared blocks of wood (according
to the method then used), then rendering the paper transparent by oil or otherwise, and, lastly, by cutting away the wood
around the letters." 3
L'hypothèse est ingénieuse : l'imprimeur ou son successeur, après avoir complété l'édition
hollandaise avec de vieille fonte, ce qui suppose toutefois un établissement assez ancien,
se trouve en présence d'une lacune de vingt pages dans l'édition latine, qu'Ottley nomme la
seconde. Cette lacune il ne peut la remplir, parcequ'on lui a volé ses types, comme le dit
Junius. Il prend alors dix feuilles correspondantes de l'édition latine en types mobiles déjà
imprimée, les colle la face en dessous sur dix blocs de bois, rend le papier transparent avec
de l'huile ou autrement; puis envoie ces blocs au graveur, qui découpe les lettres en relief.
Avant de coller les pages sur le bois, l'imprimeur cependant a dû corriger à la plume çà et là
quelques lettres mal imprimées dans l'original.
M. Chatto, 4 sans connaître probablement le travail d'Ottley, qui n'a pas été publié, affirme de
même que les vingt planches de l'édition xylographique sont le résultat du décalque des vingt
pages correspondantes de l'édition en caractères mobiles. Il prétend de plus qu'il n'y a aucune
différence dans les deux textes, tandis qu' Ottley, dont l'examen a été beaucoup moins superficiel,
a soin de dire qu'avant le transfer de l'imprimé sur le bois, des corrections à la plume ont
été faites çà et là par l'imprimeur.
1 An Inquiry, pp. 205 à 214, vol. ii.
2 M. Joseph Lilly, libraire à Londres, possède un certain nombre d'exemplaires de cet ouvrage incomplet, mais très
intéressant, où le sujet du Spéculum Humanœ tialvationis est traite fort au long au point de vue particulier de Fauteur.
3 W. Y. Ottley est mort en 1836 : ces lignes sont imprimées page 294 de son " Origin of Printing."
4 A Treatise on Wood Engraving. London, 1849. 8°.
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INTRODUCTION.
Nous croyons comme Ottley au décalque du texte sur le bois à graver, avec cette différence
capitale que le calque a été pris d'un manuscrit, non de l'édition déjà imprimée. M. Chatto
et M. Holtrop, comme nous le verrons, n'ont pas remarqué de différences sensibles dans les
deux textes, mais Ottley détruit de ses propres mains l'hypothèse qu'il vient d'établir, quand
il signale, pp. 295 et 296 de son Origin of Printing inachevée, que nous avons sous les yeux,
les divergences qui existent entre les deux textes. Sans doute, il a fait sa reserve des corrections
à la plume sur les feuilles imprimées avant le décalque ; mais qui oserait admettre raisonnablement
ces corrections, si le correcteur, au lieu d'améliorer l'original, l'a défiguré ? Ottley excuse ces
erreurs par l'ignorance de l'artiste, ou de petits accidents pendant la gravure ; mais si l'artiste
était ignorant, il ne se sera pas permis de corriger l'original; dans le cas contraire, il faudra
que les accidens puissent donner l'explication de toutes les différences : ce qui n'est pas en
réalité.
Voici le tableau que donne Ottley de ces différences assez remarquables pour enlever
toute plausibilité à la théorie du décalque de l'imprimé.
Le premier chiffre indique le fol. les lettres (a) ou (b) la colonne du texte, et le chiffre suivant la ligne : nous mettons
entre parenthèses nos propres observations :
ÉDITION LATINE EN TYPES MOBILES.
7 (b) 4. Quot evà . . . plasmavis. (Le mot " Quot,"
entier ici, est abrégé dans l'édition xylograph., quoique
l'espace nécessaire pour le mot 7 soit conservé.)
7 (b) 10. toïlateâli.
7 (b) 17. ittitit.
8 (a) 6. daud.
8 (a) 17. dolore.
8 (a) 24. pedes.
10 (b) 2. iuuane indige.
10 (b) 16. decreuit nés.
11 (a) 16. fuisset.
12 (a) 4. libàuit (pour " liberauit ").
12 (a) 15 et 21. Quod.
13 (a) 25. mollijicai.
13 (a) 26. distic 0 ijij.
14 (b) 16. marinore.
14 (b) 21. caïtate. (Le texte xylographique porte caïtate,
et non caltate. Ottley a donc fait erreur ici, caïtate et
caïtate s'employant indifféremment pour abréger le mot
" caritate.")
15 (a) 9. pctosa.
16 (a) 19. tucïe)
bat]
Édition latine A vingt pages xyloqraphiques.
Q J evà .... plasmavit. (En supposant le décalque
d'un manuscrit le graveur aura pu de même laisser d'abord
l'espace entier du mot " Quod " qu'il n'aura abbrévié que
postérieurement pour s'éviter du travail.)
collateàli.
ïstitit.
dauid*.
doiore.
petes.
iuuamine indige*.
decreuit nos.
luisseU
ïibauit.
Q? (en laissant en blanc l'espace entier des lettres
abrégées.)
mollificat (mais il y a en réalité rnollificafi, quoique
la lettre f soit un peu brisée).
distic 0 viji (il y a réellement distic 0 ).
marmore.
caltate.
pclosa (pour " preciosa ").
lueïe (le graveur a oublié la syllabe bat).
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Ivi
INTRODUCTION.
Édition latine en types mobiles.
Édition latine A vingt pages xylographiques.
17 (a) 7. misteio fruereU
mistelo fruecet (il y a réellement fruecet*, c'est-à-dire
" frueretur ").
19 (a) 9. dingnaba.1*.
20 (b) 26. Genesis.
diuagebat 1 (on lit réellement diuagabafi).
Genesis xxiiii ca°. (Ottley explique cette addition du
numéro du chapitre dans l'édition xylographique, par une
addition, en semi-cursive, de la personne qui a corrigé les
feuilles de l'édition mobile avant de les donner au graveur.)
22 (a) 5. medicina.
23 (b) 13. Q*.
27 (b) 10. ergo.
28 Ottley n'a trouvé aucune variation dans cette page,
medichia.
ecgo.
Q l (pour " Qui").
mais il en existe une sensible :
•
(b) 7. sine.
32 (a) 17. eà in os.
33 (Ottley n'a trouvé aucune variation dans cette page.)
52 (a) 1. ïuêtor.
ivètor (seconde lettre manquée, comme si le graveur
n'avait pas su la signification du mot).
thûàs (pour " inhabitans ").
slue.
eà ,,f os (le mot " in " est brisé par accident).
52 (b) 5. ïhïtâs. (H existe dans cette page d'i
variations que nous indiquerons ci-après.)
61 (a) 1. redêpcionem.
'autres
redêpcionem (il y a en réalité redêpcionem).
Dans ce tableau, que nous pourrions compléter par un grand nombre d'exemples que
l'auteur n'a pas vus ou qu'il a négligés, Ottley insiste beaucoup sur ce que les lettres
correspondantes, dans les deux éditions latines, tombent exactement l'une sur l'autre, toutes
les fois qu'il n'y a pas correction ; mais le décalque d'un manuscrit, dont les lettres seront
semblables aux types mobiles, donnera le même résultat.
M. J. W. Holtrop, dans le sommaire de la 5 e livraison de ses Monuments Typpgraphiques
des Pays-bas, 1 acceptant l'hypothèse d' Ottley reproduite par M. Chatto, dit ;
" En comparant les deux textes en caractères mobiles on trouve des différences notables dans les abbréviations
des mots ; mais, en comparant les textes xylographiques avec les textes mobiles, on est frappé de leur
ressemblance parfaite ; partout les mêmes abbréviations, les mêmes fautes d'impression. . . , . Les deux éditions latines
du Spéculum ont été composées par l'ouvrier typographe d'après le même manuscrit, ou bien, Tune des deux ayant
été composée d'après un manuscrit, l'autre a été composée d'après le texte imprimé. Dans les deux cas il est évident,
par la comparaison des deux textes imprimés, que l'ouvrier compositeur s'est permis d'abbrévier les mots ou de changer
les abbréviations, selon sa fantaisie. Or, si le texte en caractères mobiles eut été composé d'après le texte xylographique
l'on retrouverait ces mêmes différences. Je viens de démontrer, et chacun du reste peut s'en convaincre par l'inspection
du fac-similé, que ces textes sont identiques. Il s'ensuit donc, que c'est le graveur en bois, qui a imité le texte
imprimé, et que l'édition latine avec planches xylographiques est postérieure à celle avec des caractères mobiles."
M. Holtrop a très bien reconnu, ce qui ne s'accorde guère avec l'idée du décalque
suggéré par Ottley, que les caractères des planches xylographiques sont plus grands que les
types correspondants des pages en caractères mobiles; cependant il donne, planche 25, des
1 Monuments Typographiques des Pays-bas au 15 e Siècle. La Haye, Martinus Nijhof. 1858. in-fol.
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INTRODUCTION.
Ivii
Monuments le fac-similé de la colonne 6, fol. 52 (46) de ledition latine xylographique, en regard
de la colonne correspondante de l'édition latine en caractères mobiles, et montre que, dans
Tune comme dans l'autre, on trouve oiltio, cines, nnlia, angustiat, msidiose, cuub$, itin, augustias,
m> pour dilectio, dues, milia, angustias, insidiose, ciuibus, ihm (Jesum)* angustias, in. Le
reste est parfaitement semblable, et n'offre à son avis aucune variation.
Les deux colonnes comparées, offrent en effet une si grande ressemblance, qu'il est impossible
de ne pas admettre que l'une des deux éditions a été copiée sur l'autre. Mais pour que
l'argument de M. Holtrop, sur la priorité de l'édition en caractères mobiles, reste debout,
il est necéssaire que la même ressemblance, la copie servile des mêmes fautes, se retrouvent
dans les vingt pages de texte xylographique : or, cela n'est pas en réalité. Il existe dans
les dix neuf autres pages, ainsi que l'a montré Ottley, quoique d'une manière incomplète,
indépendamment de la différence dans la grandeur des lettres, des variations assez nombreuses,
pour faire crouler à priori l'hypothèse du décalque. Dans la page 52 (46) elle-même, les
exemples signalés par M. Holtrop ne sont peut-être pas aussi frappants qu'ils pourraient
l'être ; car il est à peu près impossible, dans tout le texte xylographique, de distinguer u de w,
m de in ou m, que le graveur comme le compositeur emploient indifféremment l'un pour
l'autre. Il ne reste donc véritablement, dans toute cette colonne de la page 52 (46), de
fautes communes au graveur et au compositeur, que sur les mots, oilcio pour dilcio (" dilectio"),
et angustiat pour angustias.
Nous avons dit, et Ottley a montré, que les 19 autres pages xylographiques, comparées
aux pages correspondantes en types mobiles, portent des variations et des fautes qui ne sont
pas communes au graveur et au compositeur. Il nous serait facile d'ajouter de nombreux
exemples de ces variations et de ces fautes ; mais il suffira sans doute de montrer, que dans
la colonne même dont M. Holtrop donne le fac-similé, quelques unes de ces fautes ont échappé
à l'œil exercé du savant bibliographe. Ainsi on lit :
Édition latine A types mobiles.
* 1° ligne, sufficit.
3 e
5 e
14 e
16 e
19 e
20 e
23 e
fuit.
Et ges ïhitâs.
fsolacioïs.
daret,
limicis.
dilcïone.
respexit.
Édition latine xylographique.
sufficit.
fnit.
ïhùas.
fsolaciois.
daiet. \
iimicis.
dilcïone.
respexit.
Si le graveur a commis des fautes qui ne lui sont pas communes avec le compositeur,
ainsi que le prouvent les exemples que nous venons de rapporter, on ne peut donc pas dire
qu'il ait copié, aussi servilement que le comporte nécessairement un calque, le travail du
compositeur. Il est bien plus probable au contraire, que le compositeur de l'édition latine,
1 Nous lisons itm dans les deux endroits pour iterum : il n'y a pas de faute.
P
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Iviii
INTRODUCTION.
dont le texte est entièrement mobile, a copié les vingt pages xylographiques, gravées
antérieurement, en s'écartant le moins possible du modèle qu'il avait sous les yeux; tandis
que pour le reste du texte, il aura été obligé de recourir au manuscrit. La composition
simultanée, ou presque simultanée, des deux éditions latines, n'a rien d'improbable non plus,
tout en expliquant ce recours à un ou plusieurs manuscrits.
Dans tous les cas, il nous semblerait beaucoup plus rationnel d'admettre une nouvelle
gravure ou la restauration des bois de toutes les figures, que celle de vingt pages de texte,
quand l'imprimeur avait déjà sous la main, ou savait comment se procurer, une fonte de types
mobiles. On comprend très bien que des xylographes comme Friedrich Walter, Hans Hurning,
Sporer, &ca., aient gravé des livres xylographiques longtemps après l'invention de l'imprimerie.
Us étaient xylographes et non pas imprimeurs : trop pauvres sans doute pour se procurer
une fonte de types mobiles, une presse et ses accessoires, il n'avaient besoin, pour continuer
un métier désormais condamné à la décadence, que d'un canif et de quelques planches de
bois de poirier. Mais l'imprimeur du Spéculum, après avoir imprimé en types mobiles
43 pages de son livre, ne pouvait être placé tout-à-coup dans la nécessité de revenir à la
xylographie. S'il y était revenu d'ailleurs il aurait imprimé tout au moins à la presse et
à l'encre noire oléagineuse, les vingt pages de texte, afin de ne pas donner au livre une
apparence bigarrée qui n'est pas à son avantage. La teinte grise ou jaunâtre des gravures
ne présentait pas le même inconvénient, parceque ces gravures, étant destinées à être enluminées,
comme le sont toutes celles des livres sur vélin imprimés par A. Vérard, c'était au contraire
un avantage pour l'enlumineur, de trouver sous son pinceau des contours peu marqués, qu'il
était libre de colorer à son gré, sans craindre de voir ressortir les lignes tracées par le frotton
du cartier.
Pour tout esprit non prévenu, le procédé commun d'impression des gravures et des vingt
pages de texte xylographiques, indique irréfragablement une opération simultanée. D'ailleurs,
la plupart de ces pages xylographiques, étant les premières du livre, il en résulte que le
livre a été commencé par le xylographe, avant l'intervention du compositeur. La répartition
inégale dans l'édition de ces vingt pages, prouve tout au plus, soit que la gravurp du texte
a été confiée à plusieurs mains à la fois, soit que ces vingt pages forment le reste d'une
édition perdue, ou d'une série de bois préparés pour cette édition et dont la plupart auront
disparu par quelque accident avant l'impression. Dans un cas comme dans l'autre, l'édition
latine à ifingt pages xylographiques conserve incontestablement le premier rang.
Le classement des éditions, d'après le nombre, plus ou moins grand des cassures que
présentent les vignettes, basé par Ottley sur quelques exemplaires seulement, tombe comme
l'a montré M. A. Bernard, devant le fait que les vignettes des exemplaires de la bibliothèque
l nationale à Paris, appartenant à l'édition latine xylographique, placée au troisième rang par
i Ottley, sont en aussi bon état que celles des exemplaires de M. Inglis et de Lord Spencer,
i auxquels il donne le premier et le second rang dans l'ordre des éditions.
On pourrait donc rétorquer avec raison l'argument de M. Chatto, et dire que ce ne sont
pas les vingt pages de texte xylographique qui ont été gravées sur le décalque des pages
correspondantes en caractères mobiles ; mais, ce qui est beaucoup moins difficile à croire
et plus naturel, que les vignettes ont été gravées deux fois. La première fois, d'une main
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INTRODUCTION.
inexpérimentée, avec beaucoup d'accidens; la seconde fois plus habilement, en corrigeant les
cassures qu'offrait PoriginaL Comment expliquer autrement, en effet, la différence que présente
la gravure du socle de la colonne droite, fig. 34, fol. 23, et dont voici le double fac-similé :
Cet exemple de différences, qu'un simple accident au bois, pendant le cours du tirage
au frotton, ne saurait expliquer, n'est pas le seul. Ainsi fol. 16, fig. 19, " Jepte obtulit filiam,"
on remarque, sous la figure de la fille de Jephté agenouillée, une pierre arrondie à quelques
millimètres au-dessus de la bordure inférieure de l'image, bordure qui est entière dans la
plupart des exemplaires de l'édition latine xylographique. Au contraire, dans les exemplaires
de l'édition hollandaise à double fonte de Lord Spencer et de M. Enschedé, comme dans
l'édition latine à types mobiles de M. Inglis, de la Bibliothèque royale de La Haye, et de
l'Hôtel de Ville de Harlem, un fragment de la bordure, exactement au-dessous de la pierre,
s'est détaché du reste et est descendu dans l'espace blanc réservé pour l'inscription, en
entraînant avec lui la pierre, qui arrive au niveau de la bordure elle-même, à demi-engagée
dans la cassure.
En admettant un accident arrivé pendant le tirage dans ce dernier cas, cette feuille de
l'édition latine xylographique aurait été tirée avant celles des éditions latine mobile et hollandaise
à double fonte. Si le texte des deux éditions était également en caractères mobiles, on
pourrait prétendre que le relieur se serait trompé et aurait introduit dans notre édition latine
une feuille appartenant à l'autre; mais cette méprise n'est pas admissible, car la 16 e page,
où la figure n'est pas brisée, est entièrement xylographique.
Ainsi donc, soit qu'on admette une nouvelle gravure, ou du moins une retouche des planches
pour les éditions latine et hollandaise en types mobiles ; soit qu'on reconnaisse un tirage
antérieur des vignettes, reprises plus tard, dans l'ordre inverse de leur impression, pour servir
à l'illustration des quatre éditions costériennes du Spéculum, l'édition latine à vingt pages
entièrement xylographiques reste au premier rang, qu'Ottley a cherché à lui enlever par sa
théorie des cassures.
Dans un certain nombre d'exemplaires, il n'est pas douteux que les vignettes et le texte
ont été imprimés simultanément. On reconnaît en effet : dans celui du British Muséum, que
l'encre à la détrempe qui a servi à l'impression des pages 7, 8, 9, 10, 11, est pâle, mais
également répartie; tandis que dans les pages 12, 13, 14, l'encre est mal distribuée, et le
texte et les vignettes sont comme maculés, en certains endroits. Dans l'exemplaire de
M. Holford, les pages 52 et 61 sont imprimées en entier, texte et gravures, avec une encre
Édition latine xylographique.
Édition latine mobile.
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INTRODUCTION.
tellement pâle, que le texte est à peine lisible. Ottley remarque, dans son Origin of Printing,
inédite, p. 297, qu'en comparant deux exemplaires de cette édition, il a trouvé que les gravures
et le texte dans les pages xylographiques, sont toujours à la même distance l'un de l'autre.
Nous avons fait porter la même comparaison sur les cinq exemplaires du British Muséum,
de la bibliothèque bodleïenne, de Lord Spencer, de M. Holford, et de Lord Pembroke, et
nous avons trouvé que l'observation était juste pour les trois premiers, mais que dans les
deux derniers, le texte des pages 52 et 61, est en alignement avec le bord extérieur gauche
de la vignette, tandis que dans l'exemplaire du British Muséum, le texte est avancé de trois
lignes environ vers la droite et correspond avec le bord intérieur de la colonne. Ainsi, à
une époque quelconque, le texte xylographique a été séparé des vignettes ; mais dans tous les
cas leur impression paraît simultanée.
On rencontre, dans le texte mobile de cette édition, une faute singulière, qui tendrait à
confirmer l'idée d'une première édition entièrement xylographique. Dans la page 56, ligne 6 (a),
par exemple, le compositeur a mis mala au lieu de maria; page 42, ligne 2 (a), il a mis
liquù pour îiquû ; page 30, ligne 15 (a), lordanis pour iordanis ; page 24, ligne 4 (ô),
maie pour maie. Il lui eut été difficile de commettre ces fautes, en composant sur un
manuscrit, où les mots auraient été écrits mala iiquû, iordanis, maie; sur une xylographie,
au contraire, le graveur néglige constamment de séparer le point de la lettre i, qu'il a été
plus commode pour lui de graver d'abord comme /.* de là toutes ces fautes, si communes
dans le texte xylographique, et que le compositeur de l'édition en types mobiles copie servilement,
sans avoir la même excuse que le xylographe.
II.
La seconde édition du Spéculum Humanœ Salvationis est entièrement composée en
caractères mobiles, semblables à ceux qui ont servi à la composition des pages mobiles de
l'édition latine en partie xylographique. Heineken, et d'autres après lui, ont remarqué avec
raison, que les types de l'édition entièrement mobile, présentent des arrêtes moins vives, des
contours plus usés, que ceux de l'édition xylographique. Il existe d'ailleurs, entre ces deux
éditions, des différences de composition si nombreuses, que le fait de la recomposition intégrale
de l'une d'elles ne peut être douteux. Dans son livre inachevé sur V Origine de V Imprimerie,
Ottley a relevé quelques unes de ces variations : mais elles se montrent si clairement à
chaque page, que l'œil le moins exercé découvrira immédiatement ce qui les distingue l'une
de l'autre.
Dans l'édition xylographique, par exemple, le compositeur (fol. 2), au commencement du
Prohemium, a reculé vers la droite la tête des cinq premières lignes, afin de laisser l'espace
vide nécessaire à l'introduction d'un grand P rubriqué à la main. Dans l'édition mobile, trois
lignes seulement sont avancées vers la droite, laissant un vide correspondant pour l'introduction
d'un P rubriqué beaucoup plus petit. Quant à la parfaite conformité du texte des vingt pages
xylographiques avec le texte correspondant de l'édition mobile, nous avons montré comment
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INTRODUCTION.
lxi
fol. 52, dans la colonne comparée par M, Holtrop, 1 il existe des différences dont il faut
absolument tenir compte, et qui démontrent péremptoirement l'impossibilité du décalque admis
par Ottley et M. Chatto. Nous ajouterons ici aux différences, déjà signalées par Ottley,
quelques unes des plus saillantes qu'il a négligées. Ainsi on lit :
Édition xtlographique. Édition mobile.
Fol. 11, col. a, sititudo, samaritan 9 . solitudo, samaritanus.
99
13,
99
a, ligne 24, putrediôsijs.
putrediôsus.
99
H,
99
a,
99
4, côlilij.
côsulij.
99
H,
99
99
18, amaitudinè.
amaitudinè.
99
15,
99
a,
99
8, De ^patrià.
De patrià.
99
19,
99
b,
99
23, vani.
naui.
99
21,
99
a,
99
11, tclinna.
iclina.
99
21,
99
b,
99
6, cxphù.
cyphû.
99
22,
99
b,
99
24, îd'eam*.
ïcidam 9 .
99
23,
99
b,
99
23, detadecïbàt.
desideabàt.
99
.27,
99
b,
99
7, cash.
caste.
99
28,
99
b,
99
7, slue.
siue.
*
Nous avons donné précédemment les variations déjà signalées par Ottley, dans son histoire
inédite de l'Origine de V Imprimerie. Cela suffit, il nous semble, pour ôter toute probabilité
à la théorie du décalque, sur le bois de l'édition xylographique, du texte imprimé de l'édition
mobile. La coïncidence du second mot foll. 7 et 13 après Quoi, — en toutes lettres dans
Pédition mobile, tandis qu'il est abrégé Q? dans l'édition xylographique, en laissant en blanc
l'espace qu'auraient occupé les trois lettres du mot — cette variation signalée par Ottley, ne
saurait être un argument en faveur du décalque, parcequ'il est possible de l'expliquer aussi
bien par le décalque du manuscrit.
Il existe fol. 13, lignes 22, 23, 24, une autre anomalie, dont les partisans du décalque se
seraient emparés avec empressement, s'ils avaient pris la peine de déchiffrer cette page. On
lit en effet :
" Qui ergo deuote respexerit roseù coloré
Hilarit 2 9patit* et sastinet oïbj h 9 fioris
folijs flois ydropisis auariêe p hoïs figàt*."
L'ordre naturel des mots est :
" Qui ergo deuote respexerit roseum colorem hujus floris
Hilariter compatitur et sustinet in omnibus horis
Foliis hujus floris ydropisis auaricie profugatur."
Es auraient infailliblement expliqué cette confusion par la chute des mots hujus floris et
horis dans les lignes inférieures ; tandis que la théorie généralement admise de la réunion
des types, au moyen d'un fil passant dans une petite ouverture pratiquée dans le corps
1 Monuments Typographiques.
9
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lxii
INTRODUCTION.
du caractère, s'oppose absolument à l'admission de cette hypothèse. Nous avons vu déjà
comment à la fin du Prohemium les deux dernières lignes, non seulement sont hors de leur
place, mais n'appartiennent même pas au livre publié quoiqu'elles appartiennent réellement
au manuscrit.
" M. Inglis," dit Ottley, 1 " suspects that this error may have crept in in the following manner. He supposes
thèse two lines to have been accidentally omitted in their proper place in the manuscript from which the printer
copied, and afterwards to have been added by the copyîst at the bottom of the page (as was often done in such
cases), with a mark, referring to the place of the omission, which chanced to be so lightly traced as to escape the
printers notice."
Nous n'avons pas besoin d'une autre explication pour attribuer l'anomalie que nous signalons
au copiste du manuscrit, que le graveur a ensuite servilement copié. Le compositeur de
l'édition mobile a copié de même le texte de l'édition xylographique, ou le manuscrit, sans
s'apercevoir de la négligence, de la distraction, ou de l'ignorance du copiste.
Ottley est entré dans de minutieux détails sur les marques du papier. Il a cherché à
prouver que l'impression des éditions, où les marques représentant tantôt l'ancre, tantôt la tête
de bœuf, tantôt une licorne, un $ ou un ^ gothiques, sont entremêlées, ont été imprimées
sans suivre l'ordre des pages ; mais cette recherche est évidemment oiseuse. En admettant
en effet, ce qui semble certain, quelle papier provenait de différentes fabriques, ou (Tune
seule dont les cadres portaient une marque différente, rien de plus naturel que l'imprimeur
ait mélangé les marques, même en suivant l'ordre des pages.
Si les gravures avaient été imprimées en même temps que le texte, comme le prétend
Ottley ; si les cassures étaient reparties, comme il a cru l'établir irréfutablement, dans un
ordre invariable, tel, que l'édition latine mobile en présenterait le plus petit nombre, la priorité
de cette édition se trouverait solidement établie par la singularité qu'offre la dernière page
de l'exemplaire de M. Inglis.
On trouve en effet que dans cet exemplaire, les trois phylactères, disposés sur la tête
de Daniel et de Balthazar, pour l'insertion des mots marte, thecel, phares, sont restés pleins, tandis
qu'ils ont été évidés et restent blancs dans tous les autres exemplaires. Mais indépendamment
de la rivalité connue entre les cartiers et les premiers imprimeurs, il existe, et nous avons
développé précédemment, tant de raisons de rejetter la simultanéité des deux opérations,
que l'argument tiré de cette singularité n'a pas la portée qu'on a voulu lui donner. Il
demeure certain que les figures de l'exemplaire de M. Inglis ont été ce qu'on appellerait
aujourd'hui tirées avant la lettre; mais cela ne prouve pas que le texte de l'édition mobile
ait été composé avant la gravure des vingt pages de l'édition xylographique.
III.
Les éditions hollandaises ont été placés au premier rang par quelques bibliographes hollandais,
notamment par Meerman ; mais cette prétention, désormais abandonnée, tombe d'elle-même
devant ce fait, que le hollandais est la traduction des éditions latines et non du manuscrit
lui-même. L'ordre dans le quel ont été composées ces deux éditions, est fort incertain.
1 Origin of Printing (unpublished), p. 252.
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INTRODUCTION.
Ixiii
Cependant à peu près tous les bibliographes sont d'accord pour faire descendre l'édition hollandaise,
à une seule fonte, du premier rang que lui avait donné Meerman, au quatrième rang, où la
place M. Bernard, en raison dit-il, 1 " de la différence totale du caractère, qui suppose une
" nouvelle fonte." Nous verrons tout-à-Fheure que cette différence n'est pas aussi radicale que
le dit M. Bernard. Tout porte à croire en effet que l'édition hollandaise à deux fontes,
a suivi immédiatement les éditions latines. L'emploi, pour la composition des pages (49-60)
51-62, de caractères, non seulement plus petits que ceux du reste du livre, mais encore d'une
autre forme, comme l'a démontré Ottley,* prouve dans tous les cas que le Spéculum Humanœ
Salvationis n'a point été la première tentative de Coster. Ces types, empruntés à une autre
fonte, pour compléter la première édition hollandaise, avaient déjà servi sans doute à l'impression
des Donatus et des autres petits traités, dont beaucoup ne sont pas descendus jusqu'à nous et
par lesquels Coster avait commencé l'application de sa découverte.
Les éditions hollandaises ne contiennent que 62 feuillets, au lieu des 64 que l'on trouve
dans les éditions latines. Cette différence vient de ce que la préface, y compris une table,
n'occupe que quatre pages ; tandis qu'elle s'étend sur cinq dans les éditions latines. Le texte
n'est point en lignes rimées, de grandeur inégale, comme dans ces dernières, mais imprimé
à longues lignes dans toute l'étendue de la justification pour la préface, et en double colonne
pour le reste du livre. »
Les vignettes qui surmontent les colonnes de texte sont, comme nous l'avons dit, les
mêmes pour les quatre éditions, avec l'indication en langue latine du sujet représenté. Les
exemplaires connus de la présente édition, à double fonte, offrent des gravures en meilleur
état que celles de la plupart des exemplaires de l'édition xylographique. C'est ce qui a porté
Ottley à classer cette première édition hollandaise immédiatement après l'édition latine mobile
et avant l'édition latine xylographique. Mais nous avons vu combien ce système basé sur
la comparaison, par correspondance, d'un petit nombre d'exemplaires, tombe dès qu'il est
appliqué à tous les exemplaires connus aujourd'hui. Quoiqu'il en soit, les types, excepté dans
les pages 51 et 62, appartenant à la même fonte que ceux des deux éditions latines, cette
raison suffit peut-être pour lui donner le troisième rang que M. Ch. Paeile refuse à cette
édition. Meerman avait prétendu que le type de celle-ci était un peu plus grand que celui
de l'édition hollandaise à une seule fonte et que vingt lignes de cette dernière ne tenaient
que la place de dix-neuf lignes de l'autre. Ottley a contesté cette assertion avec quelque
raison, car le retrait et l'expansion du papier, suivant qu'il a été plus ou moins mouillé,
plus ou moins soumis à l'influence d'une atmosphère humide, peuvent affecter considérablement
la dimension apparente d'un livre de cette espèce, surtout avec le papier de hollande dont
le tissu spongieux est plus disposé que tout autre à céder à ces influences.
Le type qui a servi à la composition des deux pages 51 et 62, offre cette différence avec
le reste du livre que 27 lignes n'occupent environ pas plus d'espace que 25 lignes des
autres pages. Elles offrent en outre cette singularité que d'un exemplaire à l'autre, leur
composition offre des variantes. Les exemplaires comparés de Meerman et d'Enschedé, ont
donné les différences suivantes :
1 De POrigine de l'Imprimerie, vol. i. p. 29.
2 An Inquirj, &c., p. 249.
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Ixiv
INTRODUCTION.
Meerman.
Enschedé.
I e ligne, dit.
2 e „ dit.
3 e „ dich.
Dit.
dat.
dick.
4 e „ Van die maselaers.
5 e „ été hem mit namen.
6 e „ wolmaect.
vâ die metselaers.
eten hem mit name.
wolmact.
"L'existence de deux pages d'une autre édition dans l'édition C," dit M. A. Bernard, 1 "est tout-à-fait analogue
à la circonstance que présente l'édition A {latine xylographique). Elle signale la non-interruption du tirage du
Spéculum, qui s'améliorait ainsi successivement. Ce qui se passait dans cette occasion ressemble beaucoup à ce qui
a lieu aujourd'hui dans les ateliers où l'on imprime des ouvrages d'un grand débit: on fait une édition perpétuelle,
qui se détériore et s'améliore sans cesse."
Ces différences ne sauraient donc constituer autant d'éditions séparées qu'il existe de variantes,
dès lors que le reste du livre n'a pas été entièrement recomposé.
L'édition hollandaise à une seule fonjte, doit être regardée comme la dernière des éditions
Costériennes, parcequ'elle offre, sinon un caractère différent des précédentes, au moins des
types plus usés et donnant une moins bonne impression. Nous avons vu comment Koning, 2
soumettant l'exemplaire de Harlem à une investigation minutieuse, a découvert qu'un certain
nombre de capitales, toujours les mêmes, présentaient des fractures qu'il signale et qu'on ne
retrouve dans aucune des trois autres éditions. M. Bernard pense que l'édition hollandaise
à une seule fonte, la plus défectueuse de toutes, a pu-être imprimée par un des ouvriers de
Coster. Quelques exemplaires de cette édition sont, en effet, imprimés avec si peu de soin,
que M, Sotheby 3 a pris celui de Lord Pembroke pour une collection d'épreuves. Nous
avons examiné avec soin cet exemplaire, qui est incomplet, comme l'ont dit Palmer et après
lui Maittaire; mais, sauf quelques pages, où l'encre est mal repartie, l'impression du texte
est aussi bonne que dans l'exemplaire de l'Hôtel de Ville de Harlem.
M. A. Bernard, 4 et ensuite M. Ch. Paeile, 5 ont dit, qu'on ne connaissait que trois exemplaires
de l'édition hollandaise à une fonte, savoir : deux à Harlem et le troisième dans la bibliothèque
communale de Lille. H faut y ajouter l'exemplaire, incomplet comme les trois premiers, que
possède Lord Pembroke, dans la magnifique collection de Wilton House. L'exemplaire de
la bibliothèque communale de Lille présente, dit M. Bernard, une singularité dont il est
difficile de se rendre compte. La première feuille du 4 a cahier (pages 33 et 46) manque,
et se trouve remplacé par la septième feuille (celle du milieu) du troisième cahier, renfermant
les pages 25, 26, sur le revers desquelles on a imprimé en retiration le texte de la première
feuille du cinquième cahier, renfermant les pages 47-62 :
IV.
1 Origine de l'Imprimerie, p. 29. 2 Verhandeling over den Oorsprung, &ca.
5 Principia Typographica. 4 Origine de l'Imprimerie, vol. i. p. 19.
6 Essai Historique et Critique sur l'Invention de l'Imprimerie. Paris, Lille, 1859. 8°. p. 139.
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INTRODUCTION.
Ixv
*' Ces deux dernières pages font double emploi, car elles sont encore à leur place dans le 5 e cahier. La troisième
feuille du deuxième cahier, contenant les pages 8-15, se compose de deux parties distinctes, le texte et les gravures,
qui sont sur deux bandes de papier ajustées ensemble. La cinquième feuille du troisième cahier présente la même
circonstance."
M. Bernard ajoute en note :
" L'exemplaire en hollandais de l'Hôtel de Ville de Haarlem, et l'exemplaire en latin de la bibliothèque du Palais
Pitti à Florence, offrent des particularités semblables. Ceci démontre que lorsque, par une circonstance quelconque,
l'impression du texte ne pouvait avoir lieu sur une feuille, ou avait été manquée, pour ne pas perdre le tirage des
gravures, on coupait la portion où elles se trouvaient, et on la collait à une autre bande de papier destinée à recevoir
le texte. C'est pourquoi on voit sur le bas des bandes qui ont les gravures la trace du foulage des caractères:
preuve incontestable qu'on imprimait les gravures avant le texte."
M. J. W. Holtrop a donné, dans ses Monumens Typographiques, le fac-similé d'un de
ces accidents. Dans l'exemplaire de l'édition hollandaise à une fonte que possède Lord
Pembroke le texte de la 64 e page est ainsi rajouté et collé sur la gravure. Ces réparations,
dont les exemplaires réunis des autres éditions n'offrent qu'un seul exemple, celui de Florence,
confirment la supposition de M. Bernard, que cette édition hollandaise à une fonte, n'est
point due au maître lui-même, mais à un ouvrier sans expérience suffisante.
L'impression opistographique de deux pages dans l'exemplaire de Lille est une preuve
nouvelle de cette inexpérience. L'imprimeur a dû reconnaître, en effet, immédiatement après
cette première tentative, qu'il économiserait 32 feuilles de papier pour l'impression du texte,
mais que, forcé de doubler les gravures imprimées d'avance au frotton, il lui serait impossible
de faire relier son livre, dont le tiers supérieur serait deux fois plus épais que le reste.
Cette tentative d'opistographie prouve en outre surabondamment que l'imprimeur du texte
n'avait pas à sa disposition les bois des gravures. S'il en eut été autrement : dès lors qu'il
s'affranchissait du procédé chinois et savait comment imprimer des deux côtés du papier,
rien ne l'eut empêché d'imprimer les bois à la presse, soit en les mettant de niveau avec ses
types, et les imprimant simultanément, soit en imprimant séparément au moyen d'une seconde
opération. Dans un cas comme dans l'autre, il s'assurait le bénéfice de Popistographie. S'il a
renoncé à cette combinaison, c'est qu'au lieu d'avoir les bois des vignettes à sa disposition,
il n'avait qu'un certain nombre d'exemplaires des figures imprimés d'avance au frotton et
préparés, par une autre main que la sienne, à recevoir, soit un texte à la main, soit un texte
imprimé avec les caractères mobiles nouvellement inventés.
Nous sommes beaucoup trop disposés, dans ce soi-disant siècle des lumières, à faire bon
marché de l'intelligence de nos aïeux, en amoindrissant la portée de leurs découvertes, tombées
pour nous dans le domaine de la routine. Nos plus grandes inventions hélas! ne sont déjà
plus guère autre chose, et nous sommes, par conséquent, directement intéressés à rendre aux
initiateurs la justice qui leur est due. Ne craignons donc pas de reconnaître ici, que les
prototypographes, n'ont presque rien laissé à faire à leurs successeurs. M. A. Bernard refuse
d'admettre, par exemple, que VHorarium, dont le seul exemplaire connu est dans la collection
de MM. Enschedé, puisse être le premier ouvrage de Coster, parceque, imprimé in octavo
sur une feuille de parchemin opistographique, il présente l'opération complexe de l'imposition.
Au fond, cependant, l'idée de l'imposition ne paraît compliquée que dans les manuels modernes
de typographie, où la forme d'un in-8°, par exemple, montre la page 8 au-dessus de 1 ; 6 opposé
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INTRODUCTION.
à 16 ; 13àl2; 5 à 4, &ca. ; sans aucune raison frappante de cette étrange repartition.
Mettez au contraire un homme de génie, un inventeur enfin, en présence du problème à
résoudre et qui consiste à imprimer, des deux côtés du papier, une feuille qui doit offrir
huit pages. Quoi de plus simple que de plier la feuille en quatre et d'inscrire sur chaque
page du cahier ainsi formé, le n° de la page que doit présenter le livre? En déployant la
feuille sans la couper on voit tout de suite la place que chaque page doit occuper dans la
forme. Le problème de l'imposition n'a pu arrêter un instant l'inventeur de la Typographie ;
et si les premiers ouvrages sortis de la presse sont in folio, c'est que la plupart des manuscrits
du tems affectent ce format plutôt que l'in-4° ou rin-8°.
D'ailleurs M. Bernard reconnaît lui-même que Vimposition n'a point été un obstacle pour
l'imprimeur du Spéculum Humanœ Salvationis, puisque tous les exemplaires de ce livre ont
été imposés pour former des cahiers uniformes dans toutes les éditions, excepté pour la préface,
qui forme un cahier de six feuillets dans les éditions latines, y compris le premier feuillet
blanc, et un cahier de quatre feuillets seulement, dans les éditions hollandaises.
En ne comptant que les pages avec gravures, au nombre de 58, on aura en effet :
La quatrième édition (hollandaise à une fonte) a fourni d'ailleurs le moyen de constater
que le texte, imprimé en noir à l'encre grasse, dans toutes les éditions costériennes du Spéculum,
est composé en types mobiles : en effet, outre un grand nombre de lettres retournées dans
les différentes pages de cette édition, on trouve fol. 40, col. a, que la dernière ligne est
renversée de cette manière, X) 0tB3U3g>, au lieu de (KetteglS ix COptttel. Mais la
question est depuis si longtemps jugée en faveur de la mobilité des types, qu'il est inutile
d'insister sur les preuves de cette mobilité.
2 e cahier: 1-14, 2-13, 3-12, 4-11, 5-10, 6-9, 7-8.
3 e cahier: 15-28, 16-27, 17-26, 18-25, 19-24, 20-23, 21-22.
4 e cahier: 29-42, 30-41, 31-40, 32-39, 33-38, 34-37, 35-36.
5 e cahier: 43-58, 44-57, 45-56, 46-55, 47-54, 48-53, 49-52, 50-51.
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INTRODUCTION.
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Chap. V. — Conclusion.
Le Spéculum Humanœ Salvationis composé soit par Conrad d'Altzheim, soit par quelque
autre écrivain inconnu du xiv e siècle, ne saurait être attribué à Vincent de Beauvais, comme
l'a dit Van Praet. Les MSS., conservés en assez grand nombre jusqu'à nos jours, se composent
de 45 chapitres, dont 29 seulement, outre le proemium, sont reproduits dans les quatre éditions
dites costériennes. Ces quatre éditions offrent une série de 116 gravures, réunies deux à deux
par un encadrement architectural en tête de chaque page. Les gravures imprimées au frotton
sont les mêmes pour les quatre éditions. Elles ne sont, comme le texte, soit mobile, soit
xylographique, imprimées que d'un seul côté du papier; et se trouvent disposées face-à-face,
de manière à pouvoir être collées dos-à-dos, comme les livres chinois. L'une de ces éditions
que nous regardons comme la première, a vingt pages dont le texte est entièrement gravé
sur bois et ces vingt pages xylographiques sont imprimées, comme le reste des gravures,
au moyen du frotton, avec une encre brun pâle à la détrempe.
Aucune de ces éditions ne portant ni date, ni indication de lieu, ni nom d'imprimeur,
leur production a été attribuée par les uns à l'Allemagne, et notamment à Faust et Schoeffer ;
par les autres à Veldener, aux frères de la Vie commune, à Thierry Martens d'Alost, à
Richard Paffroed de Deventer, &ca. &ca. Le champ des hypothèses étant infini, on aurait
pu tout aussi bien faire honneur de ces impressions primitives aux typographes de Venise,
de Rome, ou de Paris, si l'emploi de la langue hollandaise pour deux de ces éditions, sorties
évidemment du même atelier que les éditions latines correspondantes, n'eut invinciblement
limité les recherches à la Hollande, ou aux pays circonvoisins.
Ici une autorité respectable, l'historien De Jonghe, plus connu sous son nom latinisé de
Junius, écrivant cent-vingt-huit ans après l'impression du Spéculum Humanœ Salvationis,
l'indiquait sans hésiter comme l'œuvre d'un citoyen de Harlem, nommé Laurent Coster, qui
était arrivé par hasard à l'invention de l'imprimerie en caractères mobiles. Tout ce qu'on
a pu dire contre le récit de Junius, étayé sur le témoignage de deux vieillards, que Lambinet
a nommés, avec plus de malignité que de justice, des siècles ambulants et parlants, n'a infirmé
en aucun de ses points capitaux, la véracité de l'auteur de la Batavia. Si Lambinet avait,
comme nous, reçu de précieux renseignemens bibliographiques de savants aussi distingués que
M. A. de Vries et M. J. B. Inglis, dont l'âge réuni forme environ 168 ans, il aurait cru sans
doute à la possibilité de la transmission verbale, par Nicolas Galius et Quirinus Talesius, du
témoignage oculaire de Cornélius, le relieur, témoignage confirmé d'ailleurs par Ulrich Zell,
en 1499 ; Mariangelo Accorso, en 1520 ; Thierry Coornhert, en 1563 ; Jean Van Zuiren, vers
la même époque ; Ludovico Guicciardini, en 1567 ; Abraham Ortels, en 1570 ; George Bruin,
en 1574; Natalis Cornes, en 1581 ; Michel Von Eytzing, en 1584, &ca. ; dans des livres publiés
avant la Batavia de Junius.
Rien dans l'exécution matérielle des éditions du Spéculum Humanœ Salvationis, ne vient
d'ailleurs infirmer la donnée de l'historien hollandais : les types ont une forme particulière
aux manuscrits hollandais, forme qu'il est impossible de confondre avec celle du type gothique
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lxviii
INTRODUCTION*
employé en Allemagne, ou importé en Hollande au xv e siècle par les typographes allemands.
On ne retrouve ce type que dans un petit nombre d'ouvrages, très courts d'ailleurs, tels que,
1° les Donats ; 2? Catonis disticha ; l 3° Laurentii Vallensis Facétie Morales; 4° Ludovici
de Roma singularia in causis criminalibus ; 5° Gulielmus de Saliceto, Joannes de Turrecremata,
PU II opuscula, dans le même volume ; 6° Horarium, dans la collection de M. Enschedé ;
7° Alexandri Galli Doctrinale; 8° Pétri Hispani tractatus; et 9° Francisci Petrarchae de
salibus virorum illustrium et faceciis tractatus ; qui, tous sans indication de date, de lieu
et de nom d'imprimeur, peuvent être attribués, comme l'a dit M. Bernard, à l'imprimerie
Costérienne.
Le petit ouvrage qui contient les traités de Gulielmus de Saliceto, du Cardinal Turrecremata,
et du Pape Pie II, et dont un exemplaire, autrefois dans la collection La Vallière, est au
British Muséum, a servi d'argument à M. Renouard, 2 pour enlever à Coster l'impression du
Spéculum. Jean de Turrecremata (ou plutôt Torquemada) étant mort vers 1467, son livre,
suivant M. Renouard, n'a pu être imprimé par Coster, mort lui-même vers 1440. Mais
Torquemada, le farouche persécuteur des hérétiques, envoyé par le Pape Eugène IV, au
Concile de Bâle (en 1431), avait déjà assisté en 1414 au Concile de Constance. A cette époque
il avait 26 ans ; et rien ne l'empêche d'avoir dès lors écrit un livre, que Coster aurait pu
imprimer de 1420 à 1430. Pie II avait aussi 26 ans lors du Concile de Bâle, où il fut secrétaire
du Cardinal de Fermo. Son traité Contra luxuriosos, qui commence au verso du fol. 11 et
finit au recto du fol. 13, est évidemment l'œuvre d'un jeune homme et peut fort bien être
arrivé dans les mains de Coster, pendant les années qui ont précédé l'ouverture du Concile
de Bâle. Quant à Guillaume de Saliceto, né au xiii e siècle, son livre peut également avoir été
imprimé par Coster avant 1430. De sorte que pour réfuter l'argument de M. Renouard, il
n'est pas même nécessaire de dire, ce qui serait possible cependant, que cet opuscule a pu
être imprimé après la mort de Coster par un de ses ouvriers, ou que le type étant autre, et
un peu plus gros, que celui du Spéculum, on ne peut tirer de la date de son impression
aucune conclusion contre l'attribution du Spéculum à Laurent Coster.
Maintenant, tout en admettant la véracité de Junius, il nous semble impossible d'admettre
toutes les conséquences que les bibliographes hollandais tels que Seiz, Meerman, et surtout
Koning essaient d'en faire découler. Nous avons dit que la gravure des vignettes et la
composition du texte en caractères mobiles, nous semblent deux opérations distinctes, qu'il
est presque impossible d'attribuer à la même personne. Nous avons expliqué comment Junius
parle de l'invention, et par suite de la composition des types mobiles du Spéculum, sans dire
un mot de la gravure des vignettes et des vingt pages de texte xylographiques. Nous avons
ajouté que le " inde etiam pinaces totas figuratas additis characteribus exprcssit," s'appliquait
à l'impression, non à la gravure des vignettes, additis characteribus, avec addition de caractères
mobiles. 3 Il en resuite que Coster a dû se servir des vignettes gravées et probablement
1 Cet ouvrage de quatre feuillets seulement, dont Dibdin et Falkenstein ont donné un fac-similé, n'a pu être retrouvé
dans la Bibliothèque de Lord Spencer, par le Capitaine C. Boyle qui fait avec une si aimable hospitalité les honneurs de
cette riche collection.
8 Catalogue de la Bibliothèque d'un Amateur, vol. ii. p. 152-158. Paris, 1819. 8°.
3 M. de Vries exprime la même opinion dans le " Catalogus Bibliothecœ publie® Harlemensis." Harlemi, 1848.
8°. p. 91.
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INTRODUCTION.
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imprimées par d'autres avant l'invention des types mobiles ; et, par conséquent, qu'on ne peut
lui attribuer les autres livres entièrement xylographiques, tels que VArs Moriendi, VHistoria
SancH Johannis, la Biblia pauperum, le Canticum Canticorum, &ca.
Cependant l'origine hollandaise, désormais reconnue, de tous ces livres, leur analogie
incontestable, leur exécution sous une direction commune si clairement perceptible, ne laissent
d'autre alternative que d'attribuer leur production soit à un maître de l'école hollandaise,
soit à une communauté artistique, obéissant à une impulsion commune, quoique disséminée sur
un assez grand nombre de points du delta germanique.
Nous avons déduit les raisons qui nous portent à croire que ces livres xylographiques
sont dûs aux maisons des frères de la Vie commune. Une des objections les plus graves,
soulevées contre cette hypothèse, notamment par M. Inglis, c'est que dans tous les livres
publiés par les Frères de la Vie commune, devenus imprimeurs, vers la fin du xv e siècle, on ne
trouve que deux gravures sur bois, l'une au commencement, l'autre à la fin d'un petit volume
intitulé Légende Sancti Henrici imper atoris et Kunigundœ, Sfca. ; Bruxellis, 1484, 4\ Mais
il existe une marge de cinquante ans, au moins, entre la publication des livres xylographiques
et celle des Légende. Cela suffirait pour expliquer la disparition, ou l'extinction des xylographes
dans la communauté, si le Spirituale Pomerium M S. de la bibliothèque de Bruxelles, portant
la date de 1440, écrit dans le monastère de Grœnendael près de Bruxelles, et où sont intercalées
douze gravures sur bois, exécutées dans le cloître même, ne prouvait pas d'ailleurs que les
Frères de la Vie commune ont produit d'autres gravures que celles des Légende.
Quoiqu'il en soit, ces gravures ne peuvent avoir été exécutées par J. Veldener, qui les
introduit sciées en deux dans son édition du Spéculum Humanœ Salvationis, imprimée a
Culembourg en 1483, 4°, et plus tard sans date. Le motif qui nous fait rejeter cette hypothèse
de La Serna Santander, c'est qu'aucune des gravures du Spéculum, dues, soit à l'habile artiste
qui a gravé les vignettes des 48 premières pages, soit à l'artiste inférieur qui a gravé celles
des 10 dernières pages, n'a le moindre rapport avec les gravures du Fasciculus Temporum
ou de VHistoria Sanctœ Crucis que Veldener, suivant toute apparence, a gravées lui-même.
Il est notoire que Veldener est devenu le possesseur des bois du Spéculum et s'en est servi,
non seulement pour l'illustration de ses éditions du Spéculum, mais encore pour l'édition
d'autres livres tels que les Epistelen en Evangelien de 1481, 1 où l'on trouve l'une des gravures
du fol. 63, " extremum judicium," avec cette inscription : " Dit is voelmaect bi mi jan Veldener
" int jaer ons heren MCCCC en lxxxi op sint victoers anôt." Nous avons trouvé au British
Muséum, relié avec la " cirurgia parva magistri Lanfranci" imprimée à Louvain par Coenraert
Brame en 1481, 4°, un Herbarium dont le frontispice est formé par la gravure du Spéculum,
fol. 13, " egredietur virga de radiceyesse" et qui commence ainsi : " Dye prologhe de ouersetters
" vyt den latyn in dyetsche," suivi d'une capitale rubriquée. Au verso, du 8 e feuillet, fin de
la table, est la marque bien connue de Veldener, avec l'écusson droit en blanc. Ce volume,
dans le quel on ne trouve ni signatures, ni reclames, contient 150 gravures de plantes, suivies
d'un texte explicatif. Après le fol. 157 verso, où se termine la première partie du livre et la
description des 150 gravures, qui portent un numéro d'ordre en haut de la page, est reproduite
la figure du Spéculum, " Egredietur virga de radice y esse. 11 Le reste des feuillets jusqu'à
1 Un exemplaire de ce livre se trouve à la bibliothèque publique de Harlem.
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INTRODUCTION.
192 n'a plus de gravures, excepte au verso de ce dernier, où se trouve reproduite la figure
du Spéculum, " Mulier decepit virum " (fol. 9). M. Sotheby n'avait pas vu ce livre sans
doute lorsqu'il affirmait, vol. iii. p. 130, des Principia Typographica, " Though Veldener tells
" us that he practised thé business of a wood-engraver, the Historia Crucis, issued by him
u at Culembourg in the same year, 1483, as his édition of the Spéculum, is the only work
" from his press that is illustrated with wood-engravings."
Mais, si les Frères de la Vie commune ou quelques autres artistes inconnus, ont été les
graveurs du Spéculum Humanœ Salvationis, — question secondaire, au point de vue de l'invention
de l'imprimerie, — on ne peut raisonnablement lui donner d'autre imprimeur que Laurent Coster,
au moins jusqu'à ce qu'on ait clairement démontré, ce qui n'a pas encore été fait d'une manière
satisfaisante, que l'historien Junius n'est pas digne de foi. Il ne suffit pas, en effet, de nier
une affirmation positive, appuyée d'ailleurs sur des témoignages sérieux, pour anéantir cette
affirmation : il faut encore, dans le cas présent, montrer que Junius a trompé sciemment ses
lecteurs, non seulement sur l'origine de l'Imprimerie, mais aussi sur d'autres points historiques
avancés dans la Batavia. Quand Guicciardini et George Bruin, à leur article de Harlem,
nous parlent d'une syrène trouvée dans la lagune, qui, de leur temps, couvrait des campagnes
aujourd'hui fertiles, dans les environs de cette ville, nous sommes disposés à douter de la
rectitude de leur jugement : nous pensons qu'ils ont eu tort de croire sans examen au récit
de pêcheurs ignorants, qui ont pris un phoque pour un homme, ou confondu un esquimaux,
jetté par la tempête sur les côtes de l'Europe, avec un monstre fabuleux de l'antiquité. Si
Junius, dans sa Batavia, eut rapporté beaucoup de faits semblables, il eut mérité peut-être
une partie des injures que lui ont prodiguées La Serna Santander, Schaab, Wetter, Umbreit,
et tant d'autres ; mais il semble que ses adversaires n'ont connu de la Batavia, que l'extrait
qu'on en trouve dans tous les livres de Bibliographie; car aucun d'eux n'a rélevé la moindre
erreur dans le reste de son ouvrage.
En lisant les documens qui se rapportent à Gutenberg, on ne peut s'empêcher de constater
qu'il reste quelque chose d'équivoque dans les circonstances qui entourent sa découverte de
la Typographie. Le secret dont furent entourées les premières opérations de l'inventeur
expliquent sans doute une partie de ces circonstances ; mais il reste assez de lacunes, de
réticences, de suggestions des écrivains contemporains, pour laisser croire que s'il n'a pas
dérobé les types de Coster ou profité du vol de ces types, comme le prétendent un certain
nombre d'auteurs, il n'est arrivé à la conception et à l'exécution des types mobiles que sur la
vue des Donats de Hollande : c'est-à-dire des premiers travaux de Coster. Il a inventé de
son côté, ce qu'un autre inventait simultanément, ou avait inventé depuis longtemps déjà,
niais pratiqué dans le plus profond secret. Le témoignage de Wimpfeling, son contemporain
et, pour ainsi dire, son compatriote, est d'une importance capitale dans ce cas. Gutenberg
n'a complété sa découverte qu après être retourné à Mayence, où il a trouvé des hommes u in
" hac arte investiganda similiter laborantes."
Nous avons vu comment chaque Bibliographe, suivant le besoin de sa théorie, a classé
les quatre éditions Costériennes du Spéculum. Ottley a basé, sur l'état des gravures, une
classification qui a réuni à peu près toutes les opinions, jusqu'à ce que M. Bernard ait
montré que cette théorie, reposant sur un petit nombre d'exemplaires, était fausse quand on
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l'appliquait aux deux exemplaires de l'édition latine xylographique, qui se trouvent à Paris,
dans la Bibliothèque de la rue de Richelieu. Nous espérons que le résultat de notre comparaison
de 16 exemplaires originaux avec le présent fac-similé, aura donné le dernier coup au système
d'Ottley, en rendant à l'édition latine en partie xylographique le premier rang, qui lui appartient
sans contredit.
D'ailleurs, l'impression séparée des gravures et du texte, sortis des mains de deux artistes
différents, — le cartier pour les gravures, l'imprimeur pour le texte, — enlevait à priori toute
plausibilité réelle à ce système. En donnant dans ses Principia Typographica le fac-similé,
quatre fois répété de la dernière colonne du livre, M. Sotheby a cru appuyer cette hypothèse
tandis qu'il la détruirait en réalité, si ce quadruple fac-similé était exact. En comparant
avec soin les cassures indiquées par chaque fac-similé, on trouve en effet qu'elles ne correspondent
nullement avec l'ordre indiqué par Ottley. On y voit, pour ne citer qu'un exemple concluant,
que dans le fac-similé de l'édition hollandaise à double fonte, à la quelle Ottley donne le
second rang, un des jambages de FM dans l'inscription " Manus domini scripsit in pariete"
est entièrement brisé. Il en résulterait, suivant la théorie d'Ottley, que cette édition, par
cela seul, devrait être rejetée même après celles de Veldener, puis que dans les trois autres,
et dans celles de Veldener, le mot Manus ne décèle aucune brisure.
Nous ignorions d'où pouvait provenir cette erreur du fac-similé de M. Sotheby, lorsque,
examinant l'exemplaire hollandais de Lord Spencer, nous avons trouvé que le papier présentait,
où devait se trouver le premier jambage de FM, un trou de ver, qui fait de cette lettre une
espèce de N. Il en résulte probablement que le fac-similé de M. Sotheby a été pris sur cet
exemplaire ; et que le copiste, n'a pas su lire la lettre, ou n'a pas osé la modifier.
Nous sommes loin sans doute d'avoir épuisé le thème intéressant que le Spéculum Humanœ
Salvationis offre à la Bibliographie. Outre que le sujet nous eut entraîné au delà des
bornes d'une simple introduction, il a été si habilement traité, dans ces derniers temps, par
MM. A. de Vries, A. de Laborde, Paul Lacroix, A. Bernard, J. Renouvier, J. W. Holtrop,
W. A. Chatto, Ch. Paeile, E. Harzen, M. Ruelens, S. L. Sotheby, J. D. Passavant, et d'autres,
qu'il nous était difficile d'apporter autre chose qu'un léger tribut à la cause longtems méconnue
du prototypographe de Harlem.
Si modeste qu'ait été notre tâche, il nous eut été impossible de l'accomplir sans la
bienveillance avec laquelle les conservateurs du British Muséum ont bien voulu nous permettre
de calquer l'ouvrage entier dont nous offrons au public le fac-similé. 1 Nous avons encore à
témoigner notre profonde reconnaissance, non seulement aux bibliophiles éminents qui ont mis
à notre disposition les joyaux les plus précieux de leurs collections, mais encore aux savants
bibliographes qui ont bien voulu nous donner verbalement et par écrit les renseignemens
qui nous étaient nécessaires. Parmi les premiers, nous devons surtout nos remerciements à
Lord Spencer, dont nous avons été admirer à Althorp la riche bibliothèque ; à Lord Herbert
de Lea, qui a bien voulu nous ouvrir la collection de Lord Pembroke à Wilton House ;
à M. Holford, membre du parlement, qui a bien voulu remettre son exemplaire du Spéculum
1 L'auteur a fait lui-même ce calque, comme il avait déjà fait ceux de la Bible des Pauvres et du Cantique des
Cantiques; mais l'impression des planches de ces trois ouvrages a eu lieu dans rétablissement lithographique de
MM. Standidge et Co., Old Jewry, City.
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INTRODUCTION.
à MM, T. et W. Boone, chez qui nous avons pu l'examiner à loisir; à M. J. Enschedé, de
Harlem, chez qui nous avons examiné le fameux Horarium Costérien et un exemplaire
admirablement conservé du Spéculum hollandais; enfin à M. J. B. Inglis, qui a mis à notre
disposition le plus beau des exemplaires si rares de l'édition latine en caractères mobiles.
Parmi les bibliographes à qui nous avons les plus grandes obligations nous adresserons nos
remerciements sincères à M. J. W. Holtrop, conservateur-en-chef de la Bibliothèque Royale
de La Haye, et à M. Campbell, son conservateur adjoint; à M. A. de Vries, conservateur
de la Bibliothèque Publique de Harlem ; à M. Paul Lacroix, conservateur de la Bibliothèque
de l'Arsenal à Paris; à M. A. Bernard, auteur de V Histoire de V Origine de V Imprimerie,
qui a bien voulu se déranger deux fois de ses occupations pour faire les vérifications que
nous lui avions demandées à la Bibliothèque de la Rue de Richelieu. Enfin nous avons le
regret de déposer l'hommage de notre reconnaissance sur la tombe récemment ouverte du
Dr. Bandinel, le savant conservateur de la Bibliothèque Bodleïenne, dont tous les amis de la
Bibliographie déplorent aujourd'hui la perte.
J. Ph. Berjeau.
Londres, 50 Georgiana Street,
Mai 1861.
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PROHEMIUM.
[Fol. 1 vacat]
[Fol. 2.]
[Fol. 3.]
[P]rohemium cuiusdam incipit noue compilationis
Cuius nomen & titulus est spéculum humanae salvacionis
expediens videtur & utile quod primo in hoc prohemio exponatur
de quibus materijs & historijs in quolibet capitulo dicatur
Et quis diligenter hoc prohemium prestuduerit
De facili totum librum quasi per se intelligere poterit
In primo capitulo agitur de casu luciferi & sociorum suorum
De formatione ade & eue et de dignitate ipsorum
[In secundo capitulo agitur de precedenti transgressione
et de hominis eiectione exilij hume prolongatione'] 1
In predictis capitulis duobus patet nostra redempcio dampnacio
Et in alijs capitulis sequentibus patet nostra reconciliacio
Sed notandum [est] quod in singulis capitulis modus iste servatur
Quod de nouo testamento ponitur vna veritas recitatur
Postea de veteri testamento très historié applicantur
Que ipsam noui testamenti veritatem figuraste comprobantur
In tertio capitulo incipitur nuncium nostre salvacionis
Vbi agitur de concepcione et sanctificacione béate marie virginis
Cum enim deus humanam naturam assumere decreuisset
Congruura fuit vt matrem de qua nasceretur prefermitteret
Illud prefigurata fuit per regem astragem et eius filiam
Per fontem signatum in orto concluso et per stellam balaam
Astragi régi monstratum est quod filia sua regem tyfam generaret
Joachim dictum est quod anna uxor sua generaret que cristum
portaret
Et hanc conclusam in vtero matris spiritus sanctus sanctificaret
Per quam homo exul tanquam per stellam maris repatriaret
In quarto capitulo agitur de béate marie virginis natiuitatem
Que figurata fuit per virgam egressam de radice yesse
Et per portam clausam quam dominus ezechieli premonstrauit
Et per templum salomonis quod ipse domino suo edificauit
Maria enim ortum habuit de radice yesse
Quam dominus preordinauit portam suam et templum esse
In quinto capitulo agitur quomodo maria domino in templo fuit
Et hec obkcio fait olim tribus figuris premonstrata [oblata
Per mensam solis in sabulo que fuit oblata in templo solis mate-
Sic maria fuit oblata in templo veri solis eternalis [rialis
Item per filiam yepte que fuit oblata domino licet indirecte
Sed maria fuit oblata domino rite & perfecte [videbat
Per ortum suspensibilem de quo regina persarum patriam suam
Ita maria oblata domino in templo semper contemplacionem in-
sistebat
In sexto capitulo agitur quomodo maria viro fuit desponsata
Et hec desponsacio fuit in tribus figuris prefigurata
1 Cette addition est, comme celles qui suivront en italiques et entre
parenthèses, empruntée aux MSS. Les mots ou lettres en italiques indi-
quent les erreurs commises par le graveur ou compositeur et que le lecteur
pourra rectifier lui-môme.
Per virginem sacram [sarram] racAelis filiam que septem viris
fuit tradita
Et tamen animam suam mundam seruauit ab omni concupiscencia
Item turrim illam fortissimam que dicebatur baris
Quam duo custodes defendere poterant a cunctis mortalibus
Item per turrim dauid in qua mille clipei pendebant
Quia mille virtutes & [multo] plures in maria resplendebant
In septimo capitulo agitur quomodo maria fuit impregnata
Et hec impregnacio fuit olim in tribus figuris monstrata
Ipsam enim rubus ardens & vellus rore madens prefigurauit
Et virgo rebecca que nuncium abrahe & [cum] camelis eius
potauit
In octauo capitulo agitur de natiuitate ihesu cristi
Et très sunt figure que deseruiunt nativitate isti
Scilicet vitis pincerne pharaonis & virga aaron que floruit
Et virgo cura puero quam sibilla in circulo aureo vidit
In nono capitulo agitur de epiphania domini
Et hanc prefigurauit Stella quam in oriente viderunt très [magi]
Item très fortes qui attulerunt aquam de bethleem régi dauid
Item Salomon rex de suo throno eburneo per exemplum premon-
strauit
In x°. capitulo agitur quomodo venit ad templum domini beata
virgo maria
Et presentauit ibi filium suum ihesum cristum qui est vera sophia
Et hoc prefigurauit archa testamenti quam fecit bezeel
et candelabrorum templo aureum & oblatus puer domino in cilo
[templo'] samuel
In xi°. capitulo agitur quomodo ydola egipti corruerunt
Quando maria et yoseph cum puero ihesu egiptum intrauerunt
Hoc prefiguratum fuit per ymaginem virginis cum puero
Qua propter vaticinium iheremie facta fuit in egipto
Et per coronam pharaonis quam puer moyses confregit
et per lapidem obcisum de monte sine manibus que statuam in
puluerem redigit
In xii°. capitulo agitur quomodo cristus fuit baptisatus
Et ipse baptismus fait per mare eneum prefiguratus
Item per naaman leprosum in iordane mundatum
Et per iordanem in transitu filiorum israhel siccatum
In xiii 0 . capitulo agitur quomodo dyabolus cristum temptauit
Et quomodo ipsum cristus in gula superbia et auaricia superauit
Prima victoria prefigurauit olim daniel
Qui interfecit draconem et destruxit bel
Secundam figuram dauid qui goliam deiecit
Et terciam idem dauid quando vrsum et leonem interfecit
In xiv°. capitulo agitur quomodo cristus recepit mariam penitentem
Et quomodo paratus est recipere quemlibet penitentem \j>enitere~]
volentem
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[Prohemium.]
3
[Fol. 4.]
et hoc patet per manassen qui supra mimerum arène maris
peccauit
Cuius per misericordiam deus respiciens eum de captiuitate libe-
rauit
Et per prodigum filium quem pater suus misericorditer suacepit
Item* per regem dauid qui post adulterium & homiçidium peni-
tenciam egit
In xv°. capitulo agitur quomodo cristus in die palmarium fleuit
Et quomodo receptus fuit & quomodo mercatores de templo eiecit
Primum figuratum fuit iu lamentaeione iheremie
Secundum in honore exhibito dauid post necem golie
Tercium quod post flagellacionem cristi helyodorus prefigurabat
Quando propter spoliacionem templi flagellis valde vapulabat
In xvi°. capitulo agitur de sacro sancta domini cena
Cuius sacramentum prefiguratum olim fuit per manna
Hoc eciam agnus paschalis assus pretendebat
et melchisedech qui abraham panem & vinum cum honore affe-
rebat
In xvii°. capitulo agitur quomodo cristus hostes suos prostrauit
Quod figurauit sampson quando mille viros cum mandibula asrini
necauit
Item sanger quando cum vomere occidit viros sexcentos
Et dauid quando vno impetu interfecit octingentos
In xviij°. capitulo agitur quomodo iudas osculo dominum tradebat
Et quomodo sibi populus bebraicus malum pro bono reddebat
Hec prefigurata sunt per ioab qui amasam dolose osculabatur
Et per regem saul qui dauid pro beneficijs sibi collatiB perse-
quebatur
Istud eciam [cayri] ille malignus prefigurauit
Qui fratrem suum abel sine causa fraudulenter necauit
In xix°. capitulo agitur quomodo cristus fuit velatus illufius con-
sputus
Derisus alaphisatus et colaphisatus
Istud ydolatrie vituli conflatilis prefigurauerunt
Quando hur qui eos redarguerat sputis suffocauerunt
In cayn [cAam] qui patrem suum inique derisit
Et gens philistini qui sampsonem excecauit et illusit
In xx°. capitulo agitur quomodo cristus fuit flagellatua
Et hoc prefigurauit* achior qui fuit ad arborem ligatus
Item laraech quem due uxores affligeront
Item due gentes que cristum crucifixerunt
Gens nainque paganorum cecidit eum flagellis et virgis
Gens iudeorum percussit eum obprobrijs & linguis pessimis
Istud eciam prefigurauit iob quem sathan percussit volneribus
Et uxor sua verbis contumeliosis et improperijs
In xxi°. capitulo agitur quomodo cristus fuit spinis coronatus
Consputus derisus et multipliciter dehonestatus
[Fol. 5.]
Et hoc sorobabel per appemenem concupiscenciam [concubinam]
imposuit
Que régi quidam magnam contumeUam exibuit
Item per semey qui régi dauid maledixit
et super eum puluerem lutum lignum & lapides proiecit
Hoc eciam amon rex amonitarum prefigurauit
Qui nuncios dauid pro pace missos turpiter dehonestauit
In xxii 0 . capitulo quomodo cristus ductus est crucem baiulans
Et hoc prefigurauit ysaac ligna sua portans
Item hères vinee perfidis inique est interfectus [éiecfo*]
Et a colonis vinee perfidis inique est interfectus
Hoc eciam per botrum illum mirabilem prefigurabatur
Quia duobus viris de terra promissionis in desertum deportabatur
Ita cristus a duobus populis est eductus et iectus
Et in monte caluarie morte turpissima est interfectus
In xxiii°. capitulo agitur quomodo cristus cruci affigebatur
Et quomodo ipse pro suis crucifixoribus deprecabatur
Hoc yabal musice artis inventor prefigurauit
Et fabricante tubalkaym dulces tonos cantauit
Ita cristus in fabricacione sue crueis siue crucifixionis
Cantauit patri suo canticum dulcissime oracionis
Tarn dulcis & suavis erat domini illa melodia
Quod convertit illa hora de populo bene tria milia
Crucifixionem cristi eciam ysais prefigurauit
Quem rex manasses cum serra ligna secaria [secare] mandauit
Vt deus liberaret a graui obsidione ciuitatem suam
In xxiiij 0 . capitulo très figure continentur
Que mortem & passionem cristi préfigurasse videntur
Prima in [est] arbor grandis quam nabugodonosor vidit
Quam vigil [michoT] idem [id est] angélus succidi iussit
Germen radicum eius in terra dimittendum dicebat
Quia licet cristus occideretur tamen a morte resurrecturus erat
Sanctam [secundo] mortem cristi rex codrus pulchre prefigurauit
Qui se ipsum propter populum suum in mortem sponte donauit
Tercia eleasar qui morte suam bestiam necauit
Ita cristus morte sua mortem nostram mortificauit
In xxv 0 . 1 capitulo agitur de luctu & dolore béate virginis
Qui prefiguratus fuit olim in tribus figuris
Primo per iacob qui inconso[Za]biliter luxit
Quando tunicam filij sui laceratam et cruentatam conspexit
1 Ce sommaire appartient au 26 e chap. dans les MSS.
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4
[Prohemium.]
[Fol. 6.]
Item dolorem marie prefigurauerunt adam et eua
Qui centupi anis luxerunt pro morte abel filij sui seua
Item neomi que orbata filijs noluit pulchra vocari
Sed maria id est amara dixit se velle appellari
In xxvi°. capitulo agitur quomodo corpus domîni est sepultum
Et de dolore marie matris domini iuxta sepulchrum
Et hoc per regem dauid olim prefigurabatur
Qui feretrum abnar cum luctu et dolore sequebatur
Et per ioseph qui in cisternam in deserto est missus
Et per ionam qui in mari a ceto est deglutitus
In xxvij 0 . 1 capitulo agitur quomodo cristus de inferni limbo sanctos liberauit
Et hoc olim exitus filiorum israhel de egipto prefigurauit
Item abreham quem dominus liberauit de hur caldeorum
Et loth quem dominus liberauit de submercione sodomorum
In xxviij 0 . capitulo agitur quomodo cristus resurrexit
Et hoc patet per sampsonem qui portam gase destruxit
Et per ionam qui post triduum viuus exiuit de ventre ceti
Et per lapidem reprobatum qui factus est in caput ànguli
In xxix°. 2 capitulo agitur de districto iudici extremo
Quod prefigurauit parabolice quidam nobilis homo
Qui tradens serais suis bona abijt in regione longinqua
Et accepte regno redijt potens exigens [ponens eos orf] computacionem rectam
Item per prudentes virgines que fatuis oleum negauerunt
Quia tune nec deus nec sancti oleum misericordie damnatis prebuerunt
Item patet per mane shecel phares excitacionem
Qnot signât numerum apprehensionem et diuisionem
Judicium enim istud tractabitur per numerum & appellacionem
Et consumabitur per bonorum & malorum perpetuam diuisionem 3
Predictum prohemium huius libri de contentis compilaui
Et propter pauperes predicatores hoc apponere curaui
Qui se forte nequierint totum librum sibi comparare
Possunt ex ipso prohemio si sciunt historias predicare
Secunda figura gaudij eterni possunt conuiuium régis assueri fuisse
Quia nullum legimus tam longum & tam solempne conuiuium habere 4
J Ce sommaire appartient au xxxi. chap. des MSS.
2 Ce sommaire appartient au chap. xL des MSS., les sommaires des chapitres inter-
médiaires manquant ici dans l'édition xylographique.
9 Les MSS. donnent en outre les sommaires de chap. xli. à xlv. avant la conclusion
" Predictum prohemium," &c.
4 Ces deux lignes appartiennent au sommaire du chapitre xlii. des MSS. qui ne se
trouvent dans aucune des quatre éditions du Spéculum attribuées à la presse de Haerlem.
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Fig. L— mm lurfftrf
[Capitulum L] 5
[Fol. 7.]
Fig. 2.— tous creauft ïjomfnem ati gmagfaem te gimtlfmWtttm suam
[IJNcipit spéculum humane salvacionis
In quo patet casus hominis & modus reparacionis
In hoc speculo potest homo considerare
Quam ob causam creator omnium decreuit hominem creare
potest omnia [homo] videre quomodo pro dyaboli fraude si£ damp-
Et quomodo per misericordiam dei sit reformatais [natus
Lucifer ergo erexit se contra deum & creatorem suum eternum
& in ictu oculi de excelso celorum solio proiectus est in infernum
et ob [Aawc] causa deus decreuit hominem creare
Ut per ipsum possit casum luciferi et eius sociorum reparare
Quapropter dyabolus homini inuidens sibi insidiabatur
Et ad precepti transgressionem ipsum inducere nitebatur
Quoddam ergo genus serpentis sibi diabolus eligebat
quia serpens tune erectus [gradiebatur] & virgineum caput habebat
hune serpentem fraudulentem decepeionis artifex intrabat
Et per os eius loquens verba deceptoria mulieri inarrabat
Temptauit autem mulierem tanquam minus providam
Reputans prudentem & industriosum virum esse adam
Accessit ad mulierem solam sine viro existentem
Quia solam facilius decepit diabolus quam socios habentem
Decepit itaque diabolus matrem nostram euam
Inducens totum genus humanum ad mortem valde seuam [fuerunt
Notandum autem hoc dictum valde diligenter quia ab origine
Quo£ omnia peccata in hune mundum propter primum peccatum
Notandum quod vir in agro damasco est formatus [transierunt
Et a domino in paradiso voluptatis est translatus
Genesis primo capitulo
Mulier autem in paradiso est formata
De costis viri dormientis est parata
Deus autem ipsam quodammodo super virum honestauit
Quia euam in loco voluptatis plasmauit
Non facit eam sicut virum de limo terre
Sed de osse nobilis viri ade et de eius carne
Non est facta de pede ne a viro despiceretur
Non de capite ne supra virum dominaretur
Sed est facta de latere maritali
Et data est viro pro consorte et socia collaterali
Que si sibi in honore collata humiliter prestitisset
Nunquam molestiam a viro aliquam sustinuisset
Sed quia diabolo credens deo voluit assimilari
A viro meruit affligi si derdiquerit et molestari
Mulier enim credidit diabolo non maritus
Sed vir consentit mulieri licet inuitus
Mulier institit viro vt secum de fructu manducaret
Qui tam dilexit eam ut comederet ne contristaret
Salomon propter amorem mulierum ydola adorabat
Non tamen deum uel deos esse putabat
Sic adam propter amorem mulieris secum comedebat
Non tamen similem de deo fieri posse credebat
Mulier ergo plus quam vir peccauit
Quia se fieri deo forte similem estimauit
Aliud eciam grandem peccatum superaddebat
Eo quod virum blande ad peccatum trahebat
Genesis primo capitulo
[Fol. 8.]
Fig. 3. — ire omnf Kgno paraïusi tomeïieiis
Fig. 4.— nequaçuam moriemfm srt erftfe sicut teum sapfentes
bonum te malum
Licet in textu biblie aperte non inueniatur
Tamen certum est quod verbis blandis ei adulabatur
O vir aduerte qualis et quanta est fraus mulieris
Caue tibi a muliere blanda ne defrauderis
Respice adam opus manuum dei & fortissimum sampsonem
Respice dauid virum secundum cor dei & sapientissimum salo-
Si taies & tantos decepit ars mulieris [monem
Quomodo tu qui non talis et tantus a muliere securus eris
Virum adam quem dyabolus temptare non audebat
Hune mulier audacior diabolo defraudare presumebat
Dyabolus itaque mulierem defraudabat
Mulier vero virum & omnes posteros condempnabat
Etsi homo in mandato dei perseuerasset
Nunquam penam nunquam mortem aliquam gustasset
Nullam sustineret debilitatem vel lassitudinem
Nunquam sentiret infirmitatem vel egeitudinem
Sine gemitu & dolore & tristicia matris portaretur
Sine fletu & merore & labore gravi nasceretur
Non nouisset luctum neque aliquam tribulacionem
Non sustineret verecundiam neque aliquam confusionem
Aures ei nunquam obsurdescerent
Et dentés eius nunquam obstupescerent
Oculi eius nunquam caligarent
Et pedes eiua nunquam claudicarent
Nec fluuia nec fontes eum submersissent
Genesis
Nec ignis nec estus soliu eum combusetrent
Nulla bestia nulla auis eum molestaret
Nullus aer nulla aura eum infestaret
Nunquam homines litem inter se habuissent
Tanquam fratres mutuo se dilexissent
Subiecta esset homini omnis terrena creatura
Semper in gaudio viueret sine cura
Et cum deo creatori suo placuisset
Cum corpore & anima ipsum in celo assumpsisset
Nullus autem homo présumât inuestigare
Cur deus hominem quem sciebat casurum voluit creare
Cur eciam ipsos angelos creare volebat
Quorum casum certissime precognoscebat
Et quare cor pharaonis régis voluit indurare
Cor autem marie magdalene ad penitenciam mollificare
Quare petro ter neganti contriciones immisit
Judam autem in suo peccato desperare permisit
Quare uni latroni graciam conversionis immisit
Et socio suo simulem graciam dare non curavit
Quare unum peccatorem trahat & alium non trahat
Nullus quantumeunque prudens inuestigare présumât
Hec enim dei opéra et hijs similia
Humanis ingenijs sunt inscrutabilia
Hujusmodi questiones paulus breuiter soluere videtur
Quemque [Quem inquit] volt indurat deus et cui volt miseretur
Genesis c
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6
[Capitulum Secundum.]
Fig. 5.— muUer iecqrît birum ut secum tomeïeret
[Fol. 9.]
Fig. 6.— angélus apuUt cos ta paraWso glaifo (gnbo
[7]N precedentibus audiuimus quomodo deus honorauit hominem
Consequenter audiamus quomodo homo se ipsum visitauit [yili-
Homo cum in honore esset non intellexit [ficauii]
Eiectus est quando contra deum creatorem suum se erexit
Eiectus est de paradiso voluptatis
In hanc vallem miserie de [et] paupertatis
Per [_Parum\ znpendit sibi impensum honorem
Et inuenit tribulacionem et dolorem
Exiuit paradisum locum gaudiosum & amenum
Et intrauit locum doloribus & aduersitatibus plénum
Intrauit mundum fraudulosum et fallacem
Multa bona promittentem et in omnibus mendacem
Promittit enim mundus homini longam vitam dare
Sed veniente morte non valet ad puhctum prolongare
Promittit corpori diutinam sanitatem
Et inducit anime et corpori [s] etemam infirmitatem
Promittit multas diuicias et magnum honorem
Et in fine dat homini putredinem et fetorem
Et licet aliquando tribuat homini bona mundana
Tamen omnia indurabilia sunt & vana
Nam hominis vitam non possunt prolongare
Nec a morte potestate sufficiunt defensare
In extrema necessitate nullum prestatur homini iuuamen
Sed vix tribuitur corpori vilissimum lintheamen
Mundus ergo iste videtur esse tanquam sambucus
Cuius flos est pulcher, sed amarus fructus
Sic pulchra videtur mundi delectacio
Sed fructus eius est eterna dampnacio
Mundus eciam iste [Jude"] traditori conuenienter comparatur
Per quem cristus osculo dolose tradebatur
Taie sigimm mundus dat demonibus
Quale iudas dédit ihesu cristi custodibus
Quem oscuîatus fuero diuicias & honores dando
Ipse est tenete eum eternaliter cruciando
Verumtamen diuicie non sunt semper ad dampnacionem
Sed multis prosunt ad eternam saluacionem
Dicit enim daniel nabugodonosor régi
Peccata tua elemosinis reàine vitam salutarem dat ei
Deus enim omnipotens non abicit cum sit ipse potens
Si utanttir temporalibus sicut thobias dixit filium suum docens
Si multum fuerit Aabundanter tribue
Si modicum fuerit id ipsum libenter impartiri stude
Diuicie non dampnant hominem sed amor ipsarum
Nec ipse coinquinat hominem sed indiscretus usus ipsarum
Nec eciam pulchra vestis peccat si cor est domini datum
Quilibet vest[i]ri poterit sine peccafam secundum suum statum
Quem deus volt esse regem nec indui sacco
Et quem ordinauit rusticum non conuenit uti serico
Quilibet ergo utatur rébus secundum statum sibi concessum
Caueat autem diligentissime ne faciat excessum
Fig. 7.— 6(c aiam operatur terram fa suùtm boltus sut
Maria licet viro in desponsacione indigeretur 1
In omni re semper debitus modus est tenendus
Et exceZsus cum magna diligencia pracauendus
Mundum ergo qui nos tradere nititur temporalia ministrando
Vincere debemus debitum vsum et modum seruando
Hanc impugnacionem homo a mundo non sustinuisset
Si in paradiso voluptatis permansisset
In paradiso fuisset homo sine omni infestacione
Hic vix transit homo una hora sine vexacione
Nunc insidiatur et suus apertus amicus [inimieus]
Nunc znfraudare nititur suus falsus amicus
Interdum vexât eum minima musca vel [culea
Ledit eum minimus vermiculus vel~\ pulex
Et merito a creaturis et elementis impugnatur
Quia contra creatorem suum erigebatur
Terra stim?/lat eum tribulis et sentibus
Bestie terre lacérant cornubus et dentibus
Aqua inuoluit eum fluctibus et procellis
Pirate aquarum inuadunt eum rapinis et bellis
Aer inficit eum pestilencia et corrupcione
Aues aeris rumpunt cum rostrorum & vnguium inuasione
Ignis redigit carnem & ossa eius in cinerem
Fumus ignis inducit oculis eius caliginem
In paradiso nul lus fuisset alterius inimieus
Hic inter multos nullus inuenitur verus amicus
Quamdiu autem homo habet diuicias & honores
Genesis
[Fol. 10.]
Fig: 8.— arefta noe
Multos videtur habere amicos et fautores
Sed statim cum incepit amicorum iuuamine indigere
Vix vnum amicum experietur se habere
Verus amicus comprobatur in articulo necessitatis
Quem non accepit [attediat] plaga & incursio aduersitatis
Qui se & sua pro amico suo exponere videtur
Hic magnam caritatem habere perhibetur
Sic clementissimus deus maiorem caritatem habuit
Qui pro amicis et inimicis se ipsum exposuit
Eramus enim inimici dei & perpetuo carceri mancipati
Sed per suam misericordiam sumus misericorditer liberati
Oportet [oportebat] enim nos carcerem inferni ingredi
De quo non poteramus alicuius adiutorio eripi
Tandem pater misericordiarum & tocius consolacionis
Clementer respexit statum nostre dampnacionis
Et decreuit nos per semet ipsum liberare
Super quo placuit signum nobis per obuiam [oliuam] dare
Quam columba inclosis in archa deferebat
Quod misericordiam de[i] futuram inclusis in limbo pretendebat
Que non solum hijs qui erant in archa promittebat
Sed & toti mundo signum salutis in oliua dabatur
Sed hoc premonstrauit deus in multis figuris
Sicut patet studioso lectori in diuinis scripturis
O bone ihesu doce nos ut sacras scripturas discamus
Et tuam in eis caritatem nos intelligere valeamus
Genesis
Interpolation qui manque dans les MSS., et n'appartient évidemment pas à ce chapitre.
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[Capitul. III.]
[Fol. 11.]
Fig. 9. — fitt anmmrfatut ortas mariée Fig. lo.—m astrages mi'tabfle bfott sompnum
[Qtto]niam nostre redempcionis modum sciré desideramus
Primo de annunciacione béate marie incipiamua
Eum enim beata erat ventura cristi incarnaçio
Necessaria fuerat matris sue generatio
Quod vt facilius et lucidius intelligatur
Vna parabola siue si[mi]litudo primo audiatur
homo quidem ab iherico in iherusalem descendebat
Et in desertum veniens in latrones incidebat
Qui eum spoliauerunt et volnerauerunt
Et semiuiuum relinquentes abierunt
Venientes autem sacerdotes & leuite ipsum pertransibant
Et volnera ipsius sanare nequebant
Tandem samaritano illi quidam appropinquabat
Et misericordia motus volnera eius sanabat
Et nisi samaritanus ille aduenisset
Nunquam sauciatus ille sanatus fuisset
In hac parabola genus humanum siue homo designatur
Qui de paradiso voluptatis in hoc deserto eiiciebatur
Qui spoliatus est bonis et gracijs sibi a deo datis
Et vulneratus est vulnere perpétue mortalitatis
Qui multo tempore quasi semiuiuus iacebat
Quia in anima mortuus erat licet corpore viuebat
Quem nec sacerdotes nec leuite sanare potuerunt
Quia nec circonsicio nec pecunia hominem ad patriam reduxerunt
Tandem samaritanus quidam appropinquabat
Luce primo capitulo
Et sauciati vulnera misericorditer sanabat
Samaritanus custos interpretatur
Per quem cristus custos noster designatur
Et nisi custos iste in hune mundum venisset
Nunquam homo in vitam eternam introisset
Laudemus & benedicamus dominum ihesum cristum
Qui venit in hune mundum sanare semiuiuum istum
cum autem filius dei in hune mundum venire satagebat
Virginem de qua nasceretur premittere disponebat
Misit ergo angelum qui concepeionem eius nunciauit
Et sanctificacionem eius in vtero & nomen pariter intimauit
Hec est beatissima virgo maria
Per quam venit huic sauciato sanacio pia
Quam eciam deus in multis figuris premonstrauit
Et prophetarum oculis multipliciter insinuavit
Rex astrages vîsionem mirabilem videbat
que videlicet de vtero filie sue vitis pulcherrima crescebat
Que folijs & frondibus se araenissime dilatabat
Et fructus proferens totum regnum suum subumbrabat
Dictum est ei interpretacionem hec visio gerat
quod usque de filia sua rex magnus nasciturus erat
Hec filia post hoc £yrum regem generauit
Qui filios israhel de captiuitate babilonica liberauit
Hec est literalis huius visionis significacio
Sed alia est mistica eius prefiguracio
Trogus pompeius liber primus
[Fol. 12.]
Fig. il. — orttis condusus fons signatus Fig. 12.— balaam prenuncfauft ottum marfe fa Stella
Astragi monstratum est quod filia sua tyrum regem generaret
Joachim nunciatum est quod filia sua regem cristum portaret
Jyrus [cyrus] rex liberauit de captiuitate iudeos babilonica
Et rex cristus liberauit nos de captiuitate diabolica
Filia ergo régis astragis figurauit mariam
Que profcilit mundo vitam [yitem] veram et piam
Benedicta sis tu o summi régis filia
Fl[o]s candens super omnia lilia
Benedicta sit tue conceptionis annunciacio
Per quam ortum habuit nostre captiuitatis liberacio
[Benedictus sit deus pater qui te nobis destinauit]
Benedictus sit dei filius qui te in matrem adoptauit
Benedictus sit spiritus sanctus qui te in vtero sanctificauit
Benedictus sit uterque parens qui te mundo generauit
De hac beatissima filia eciam Salomon precinebat
Que in vtero matris swe sanctificari debebat
Nam ortum conclusum eam in canticis nominauit
Et fonti signato id est sigillato eam comparauit
Quando cum virum [mater] adhuc in vtero conclusum ferebat
Spiritus sanctus ei sanctificacionem infundebat
Et sigillo sancte crucis [trinitatW] sic eam signabat
Quia in eam nunquam aliquid coinquinatum intrabat
O maria tu es vere ortus omnium deliciarum
Et fons indeficiens siciencium animarum
Spiritus sanctus eciam nobis mariam necessariam ostendebat
Quando per os balaam ortum eius premittebat
Canticorum iiij cat/itello
Promisit enim quod de iacob oriretur stella
Per quam significabatur futura dei cella
Balaam populo israhelitico maledicere cogitabat
Sed spiritus sanctus maledictionem in benedictionem conuertebat
Per quod eciam spiritus sanctus figuraliter ostendebat
Quod nostra maledictio in benedictionem conuerti debebat
Et fieret mediante quadam puella
Eius ortum prefigurauit in quadam stella
Hec est beatissima maria vera stella maris
Fluctuancium ductrix adiutrix singularis
Sine hac stella non poteramus hune feruidum mare transire
Ne£ ad portum celestis patrie peruenire
Quapropter deus ortum marie per stellam precinebat
Quia nos ad celestem patriam reducere disponebat
Gracias agamus deo qui dédit hanc maris stellam
per quam efiugere possumus huius maris periculosam procellam
O peccator quicunque noli desperare
Hanc benedictam stellam oculis cordis contemplare
In dubijs & periculis in necessitatibus ipsam intuere
Ipsa dirigit ipsa protegit ipsa perducit vere
Hanc stellam theophilus naufragus respexit
Et eum ab hoste maligno protexit
Et ipsa enim pie ad portum salutis transuexit
O bone ihesu da nobis stellam hanc ita contemplari
Vt a cunctis periculis semper mereamur liberari
Numeri xiij capittello
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8
[Capitulum IV.]
Fig. 13.— natfbftas glorfose bfrgt'm's marie
[Fol. 18.]
Fig. 14.— efireWetur bfrga ïre raWce gesse
[I]N precedenti capitulo audiuimus de béate virginîs annunciacione
Consequenter audiamus de ipsius ortu siue generacione
progenies marie processum habuit de stirpe patris dauid
De qua ysaias pulchre per spiritum vaticinauit
Prophecia ysaie legitur hec esse
Egredietur virga de radiée yesse
Et flos de radiée eius descendit
Super quam septiformis [gracia] spiritus sancti requiescit
Hec virga est maria fecundata per celestem rorem
Que produxit nobis cristum amenissimum florem
In hune florem inueniuntur septem medicamina bona
Per que designatur spiritus sancti septem dona
Inueniuntur in hoc flore tactus odor & fructus
Color & folia succus et gustus
Hec septem sunt egrotanti anime valde medicinalia
Contra septem peccata mortalia
Tactu huius floris tumore superbie exoneratur
Hic homo tumoris superbie ad cognicîonem sui humiliatur
Qui enim cogitât qualis factus est lucifer superbie tumore
Humiliât se et incipit habere dei timorem
Si enim deus ab luciferi angelis noluit superbiam sustinere
Multo mînus volt hominem superbientem secum habere
Ipsi habebant graciam unde quodammodo gloriari
Quantum habet putredinosws [homo] de quo poterit eleuari
Odore huius floris durisia inuidi cordis mollificatur
Historia lwmbardica in libro s[anctorum] max[tyrum] distincto viij
Et dono pietatis ad compassionem afHictorum dilatatur
Inuidus enim ad nullius afflictionem commouetur
Pius enim omni afflicto compactatur & miseretur
Qui ergo suscepit odorem id est exempla sui saluatoris
Pius et compassiuus est afflictis omnibus horis
Exemplo enim domini nostri ihesu cristi fide [fiet] cum flentibus
Et compactatur tam in anima quam in corpore pacientibus
Fructu huius floris vezania ire remouetur
Et dono sciencie homo cum hominibus conuersari docetur
Homo iracundus nullam habet mentis discrecionem
Et ideo nescit bonam ac decentem conuersacionem
Donum sciencie mansuetum et suaue
Et decet bene conuersari in medio nacionis praue
Qui ergo huius floris fructum id est cristi opéra voluit imitari
Ex operibus discat cum hominibus débite conuersari
Colore huius floris paralisis accidie propulsatur
Et dono fortitudinis ad sastinendum homo corroboratur
Nullam enim sentit penam nec conqueritur [veretkr\ laborem
Qui intuetur huius floris id est crucifixi colorem
Si enim elephas aspectu sanguinis vue animatur
Plus homo aspectu sanguinis cristi ad laborem fortificatur
Qui ergo deuote respexerit roseum colorem
Hilariter compatitur et sastinet omnibus huius floris
foliis huius floris ydropisis auari pro horis* figuratur
Et per donum consilii sitis pecuniarum refrenatur
Numeri viij 0 . cap°.
[Fol. 14.]
Fig. 15.— dausa porta sfgm'ficat beatam birgfaem mariam
Folia huius floris sunt verba cristi et eius doctrina
Que consulit contempnere temporal ia propter diuina
Quicunque hanc doctrinam diligenter studet retinere
Hic spiritum consilii in [se] perhibetur habere
Et talis non curât temporalia sibi congregare
Sed que habet paratus est indigentibus ministrare
Succum huius floris repletio gule expuit
Et dono intellectus sensus cognitionis acuitur
Succus enim habet colorem viridem qui visum clarificat
Cristus donum intellectus oculum cordis purificat
Gulosus non cognoscit celestia sed tantum terrestria
Sed donum intellectus docet per terrestria cognoscere celestia
Vt si videmus clarum solem et delectabile esse florem
Cognoscimus clarum et delectabilem esse conditorem
Gustu huius floris delectatio luxirie amarificatur
Et dono sapientie id est sapide sciencie anime delectatur
Cum enim gustauit homo spiritus sancti dulcedinem
Omnem delectationem carnis reputat amaritudinem
Sicut enim gustato melle non sapit cibus naturalis
O quam magna multitudo dulcedinis tue domine
Quam abscondisti timentibus te
Sic gustato spiritu sancto decipit omnis voluptas eternalis
Patet ergo in virga yesse unde maria sit exorta
Sed quomodo florem produxit patet in clausa porta
Clausam portam ezediiel in spiritu videbat
Esechielis xiiij°. capittelo
Fig. 16.— templum salomonfe stgnfffcat beatam mariam
Que nunquam in eternum apriri debebat
Dominus solus per eam clausam volebat transire
In quo patet modus parturitionis mire
Intelligat homo qui potest
Non sicut nos nascimur cristus natus est
Non esset mirum aperire portam et transire
Sed mirabile est valde per clausam portam ire
Salomon eciam domino templum edificauit
In quo mistice ortum béate marie prefigurauit
Templum salomonis habuit pinacula tria
Per que signatur triplex auréola in maria
Prima est virginum quia primo virginitatem vouit
Secunda est martirum quia martir in anima fuit
Habuit namque aureolam predicatorum et doctorum
Quia erat etrangelistarum doctrix et apostolorum
Templum erat constructum de marmore candido
Et ornatum intrinsecus auro mundissimo
Sic maria erat candida nitore mundissime castitatis
Et ornata intrinsecus auro purissime caritatis
O quam pulchra est cas ta generacio cum caritate
O quam pulchra est maria ornata caritate & castitate
In templo erat coclea per quam sursum ascendebatur [bat
In maZ[n]a erat diuinitas per quam nobis ascensus in celuni pate-
O bone ihesu da nobis meritis sue sanctissime matris
Sursum ascendere ad gloriam dei patris
Tercij regum viij°. et vi°. capitulis
1 horis appartient à la ligne précédente (omnibus horis) et au lieu de pro horis figuratur il faut lire dans celle-ci profugatur.
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[Capitulum V.]
9
Fig. 17.— Jïtaria *st fcomfao fa tcmplo
[Fol. 15.]
Fig. 18.— Jïlensa aurea fa sabulo oblata est fa templo soifs
L I]N precedenti capîtulo audiuimus quomodo beata virgo fuit nata
Consequenter audiamus quomodo fuit in templo oblata [runt
Cumque minima [triennis] esset parentes eam ad templum attule-
Et ut domino seruiret & literas diôceret pontifici tradiderunt
Cuius oblacio per mensam in solis sabulo prefigurabatur
De qua particula hostie [hystorie] breuiter audiatur
Piscatores quidem rethe suum in mare proieterunt
Et casu mirabili mensam auream extraxerunt
Mensa illa erat tota de auro puro & multum precfosa
Et videbatur omnium oculis mirabiliter speciosa
Ibidem in littore maris templum quoddam erat edificatum
Et in honore solis quem gens illa tenuit [coluit] dedicatum
Ad templum illud mensa illa est deportata
Et ipsi soli tanquam deo quem coleba[n]t oblata
Mensa illa per totum mundum vsa est hoc vocabulo
Et communiter dicebatur mensa solis in sabulo
Sabulum enim arenosa terra appellabatur
Et ibi templum solis in arenoso loco habebatur
per mensam igitur solis maria est pulchre prefigurata
Que vero soli . id est . summo deo est oblata
Mensa solis oblata est in templo solis materialis
Maria oblata est in templo solis eternalis
Mensam solis multi & magni videre affectabant
Marie ortum tam angeli quam homines desiderabant
Mensa solis facta fuit de materia purissima
Luce ij°. capitulo
Et maria fuit mente & corpore mundissiraa
Pulchre maria est per mensam solis prefigurata
Quia per eam celestis esca nobis est collata
Nam ipsa filium dei ihesum cristum nobis generauit
Qui nos suo corpore e't sanguine refocillauit
Benedicta sit ista beatissima mensa
per quam collata est nobis esca tam salubris & tam immensa
Benedicti sint parentes qui eam generauerunt
Et eam pro nostra salute de domino obtulerunt
in veteri testamento nullum legimus filiam suam domino obtulisse
Nisi yepte qui legitur eam immolasse & occidisse
Yepte obtulit filiam suam domino sed indiscrète & non recte
Joachim & anna obtulerunt filiam suam domino recte & perfecte
Ipsi enim filiam immolauerunt neque eam occiderunt
Sed mundam viuam ut domino mua deseruiret obtulenint
Yepte fecit votum quod a sanctis doctoribus vituperatur
Maria fecit votum quod tam a deo quam ab angelis collaudatur
filia yepte defleuit quod nullwm prolem post se relinquebat
Maria primo votum virginitatis innuebat
Illa defleuit quod nullwm prolem post se relinquebat
Dolens quod de sua posteritate cristus nasciturus non erat
Et quod illa infelice[m se] reputans defleuit
Hoc maria felix & felicissima féliciter inuenit
Filia yepte oblata est ante victoriam pro graciarum actione
Maria oblata post victoriam pro victorie collatione
Levitici v°. capitulo
[Fol. 16.]
Fig. 19.— 3Jepte obtultt filiam suam bomfao
Fig. 20.— ïUgfaa petsarum contemplabatur patriam suam
fa orto suspensttrilt
Filia yepte oblata est pro victoria hostium temporalium
Et per mariam facta est victoria hostium infernalium
Illa indiscrète oblata deo postea seruire nequivit
Maria post oblacionem suam semper domino seruiuit
Qualiter autem deo seruiuit & quam vitam amplexabatur
Hoc in orto ilfo suspensibile decus prefigurabatur
quod rex persarum uxori sue in alta structura plantauit
De quo patriam suam de longe contemplari desiderauit
Per quod contemplatiua vita marie designatur
Que patriam celestem semper contomplari videbatur
Nam omni tempore contemplacioni & deuocioni erat intenta
Nunquam ociosa nunquam secularis est inuenta
Semper contemplacioni aut oracioni deuotissime se dabat
Aut locucione \_Uctione] aut operacione se diligentissimeoccupab[a]t
Psalmodiam aut versus [Ajimnidicos iubilando psallebat
Sepius in oracione et deuocione dulcissime flebat
pro salute generis humani sine intermissione dominum exorabat
Scripturas de aduentu cristi fréquenter légère non cessabat
quidquid in scripturis de incarnacionis aduentu dei inuenie[6a(]
hoc osculando & amplexando dulciter relegebat
Quando cetere virgines ad propria remeabant
Ipsa semper in templo dei esse [remanere~\ affectabat
Ipsa manebat ipsa studebat
Ipsa legendo et relegendo proficiebat
Que in templo domini laudanda erant ipsa laudabat
Primi regum iiij° & iudicum viij° xxiii° capitulo
Et que mundanda erant ipsa mundabat
Nunquam dormitare nunquam dormire consueuit
Nisi quando nécessitas legittima ipsam coegit
Et licet dormiret vel dormitaret eius corpus
Tamen semper interior vigilauit animus
Et hoc est quod Salomon ex eius persona indicat
Ego dormio et cor meum vigilat
Tam prudenter tam humiliter tam deuote se habebat
Quod vita ipsius cunctis viuendi exemplum prebebat
Sermo eius erat valde discretus & paratus
Semper dulcis semper suavis numquam amarus
Nullum pauperem nullum debilem despiciebat
Dulciter omnes salutabat et dulciter respondebat
Vitra quod dici potest humilis erat mitis & deuota
Tamque diuinis intenta et deo dedita tote
Libros prophetarum & sacras scripturas optime intelligebat
Vt spiritus sanctus doctor optimus eam instruebat
Nunquam in virum proiecit oculum nec infixit aspect um
Nunquam ceruicem nunquam collum portabat erectum
Oculos ad terram defixos inter homines semper habeba[*]
Sed sursum cor in cehun erectum gerebat
quidquid boni quidquid laudis potest dici scribi vel cantari
De hac beatissima virgine secure potest predicari
O bone ihesu da nobis eam in hoc seculo1a[u]dare
Vt tecum et secum mereamur in eternum habitare
hester ij° d
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10
Fig. 21. — fifc btrgo maria tasponsatut fosepfj
[Capitulum VI. ]
[Fol. 17.]
Fig. 22.— fjtc ?ara ïrespottsatur tfiobfe funforf
[IJN precedenti capitulo audiuimus quomodo mala [maria] fait
oblata
Consequenter audiamus quomodo & quare fuit viro desponsata
Quare deus voluit matrem [swam] viro desponsari
De hijs [hoc] possunt octo rationes assignari
primo ne propter fornicacionem concepisse putaretur
Et tanquam fornicatrix in iudicio condempnaretur [frueretur
Secundo ut viro [virgo] viri adiutoZo [adjutorio] & ministerio
Et quocunque pergeret non solivagam & vana putaretur
Tertio ne dy aboi us incarnacionem cristi inuestigaret
Et virginem sine viro concepisse consideraret
quarto ut maria testem sue castitati3 habere probaretur
Quia plus marito cuique alteri crederetur
Quinto ut séries généalogie per virum texeretur
Et genealogia cristi a ioseph viro marie perduceretur
Mos screpture fuit genealogiam ducere non ad uxores
Sed tantummodo ad sponsos et mares [approbaret
Sexto ut vir omnium [patrimonium] sanctorum [sanctum] esset
Et a nullo spernendum & in incusandum demonstraret
Septimo ut virginitatem matrimonio seruari licere doceret
Si uterque coniunx ratum & placitum teneret
Octauo ne coniugati de sua salute despmirent
Et virgines tantum se electas & se despectas cogitarent
Omnem enim statum & bene seruatum dominus approbare veniebat
et ideo mater sua virgo desponsata & vidua erat
Quamuis hij très status sancti esse probarentur
Mathei & Luc p°. calis. & quarto sentenciarum distinc. iij°
Tamen inter se differenciam magnam habere viderat [videntur]
Matrimonium sanctum et bonum esse approbatur
Si tamen tempus intencio modus débite teneatur
Melior autem est matrimonio castitas vidualis
Sed optima est & super excellit mundicia virginalis
Matrimonio debetur fructus tricesimus
Viduis sexagesimus virginibus centesimus
Preciosum perhibetur esse auricalcum
Preciosius argentura sed preciosissimum aurum
Lucifer autem mane consurgens videtur esse lucidus
Luna autem est lucidior sed sol lucidissimus
Dulcis videtur esse leticia & delectacio huius seculi
Dulcidior vero est amenitas paradisi sed dulcissima celi
Quamuis autem & superexcellat & optima sit virginitas
Tamen non ualet nisi seruetur simul mentis integritas
Qui enim virginitatem seruat carne et non mente
Non habe&it aureolam virgineam in eternitate
Que autem mente virgo est & si violenter corrumpatur
Non perdit aureolam sed dupliciter remuneratur
Habebit autem aureolam pro mentis virginitate
In super prenium pro passione violenter sibi illata
Auréola autem perdita per mentis corrupcionem
Recuperari potest in hoc vita per contricionem
Que autem carne voluntarie violatur
Illius auréola nulla contricione recuperatur
Thobie xix° cap 0
Fig. 23.— fjec ttmts Wcta baris si'gnfficat mariam
[Fol. 18.]
[Maria autem licet in desponsacione viro non indigeretur] 1
Tamen mente & carne virgo in eternum permansisse perhibetur
Et ipsis [ipsa] dicere potuit sicut sara raguelis filra
Mundam seruaui animam meam ab omni concupiscencia
Sara septem viris desponsata fuit
Et tamen virgo intacta in eternum permansit
Quanto magis potuit maria unum sponsum habere
Et tamen virgo immaculata in eternum permanere
Si saram a septem viris custodiuit asmodeus
Quomodo ab uno viro non custodiret matrem suam deus
Quocie/iscunque ioseph matrem dei inspiciebat
Splendorem quemdam diuinum ab ipsa procedere videbat
Et ideo nunquam faciem eius intuere audebat
Nisi forte quando hoc aliquo casu aliquando accidebat
tobias & sara tribus noctibus castitatem seruauerunt
Maria & ioseph toto tempore vite sue virgines manserunt
Joseph virgo erat et de progenie dauid natus
Et diuino nutu marie tanquam custos sociatus
Non quia maria ipsius custodia aliquatenus indigeret
Sed ut propter humanam suspicionem eum custodem haberet
Ipsa enim custodem verum summum [deum] habebat
Qui eam ab omni hostili incursione custodiebat
Habuit enim custodem virum [unum] celestem
et alium custodem terrestrem
et propter hoc virgo tam sancta & tanta singularis
Comparatur turri cuius vocabulum erat baris
Judicum vi & iiij capittelis
Fig. 24.— f^ec turris ùaufo Se çua penbebant mflle clppri
Que defendi poterat ab omnibus viuentibus
Duobus tantum modo custodibus eam custodientibus
Hec fortis erat et inexpugnabilis
Tam fortissima & tam invincibilis fuit maria
Cuius precipuus custos erat deus vera sophia
Qui eciam fortissime et tam inuincibiliter eam communiuit
Quod nunquam aliqua impugnacio eam impediuit
Quapropter eciam turri dauid comparatur eius vita
Que mille clipeis erat communita
Clipei sunt virtutes & opéra virtuosa
Quibus munita erat virginis vita gloriosa
In tantum erat communita et bene famata
Quod superabat omnes temptaciones & omnia peccata udotimé 1
Et non solum a se temptaciones & peccata repellabat
Sed eciam [ab his] quibus radios sue gracie infundebat
Quamuis enim maria pulcherrimo erat
Tamen nunquam ab aliquo maie concupisci poterat
Nam virtus quedam diuina ab ipsa procedebat
Et eam videncium concupiscencias illicitas extinguebat
Sicut enim cypressus odore fugat serpentes
Sic maria gracia sua depulit maie concupiscentes
Et sicut in vinea [florente] nequeunt serpentes habitare
Sic marie nulla mala concupiscencia potuit appropinquare
O bone ihesu da nobis malas concupiscencias remouere
et corda nostra dono tue gracie replere
Canticorum xvi° capitulo
1 Cette ligne qui manque ici se trouve Fol. 10 au dessous de la fig. 7.
a Ce mot qui n'a pas de sens, provient des types de distribution employés pour égaliser les lignes ; il est resté découvert au moment de
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[Capit. VIL] -
[Fol. 19.]
% Fig. 25.— f^fc awronctatut fôtsu» pn angelum Mtgfaf marie Fig. 26.— Dominos apparaît mogsi fa rubo attend
11
[I]N précèdent! capitulo audiuimus marie desponsacionem
Consequenter audiamus ipsius mirabilem impregnationem
Cumque maria in iherusalem ioseph esset de[«]ponsata
Ad domum parentum in nazareth est reuocata
Intérim autem quod ioseph necessarijs nupciarum intendebat
Ipso nesciente maria per spiritum sanctum concipiebat
Non est suspicandum quod angélus inuenit sine clausura
Cui solus deus sapuit & sine ea [deo] viluit omnis creatura
Ipsa enim tanquam diuina sola curiose divagabatur
nec tanquam thamar cum viro familiariter conuersabatur
Ipsa sicut sara filia raguelis nunquam virum desiderabat
Et sicut solitaria iudith remanens oracionibus vocabat
Ideo ioseph grauidam eam considerans stupebat
Et timens tremens hoc apud mentem reuoluebat
Impossibile est hanc per fornicationem concepisse
Quod constat tam sancte tam caste tam abstinenter semper vixisse
non erat comessatrix non saltatrix non delicfosa
Non corisatrix non vagatrix non iocosa
Publica loca semper vitabat & quantum potuit fugebat
Solitariam vitam & contemplatiuam semper habebat
Omnia mundana solacia Sf gaudia aspernabatur
Tantum in rébus diuinis et celestibus delectabatur
A puericZa sua in templo domini remanebat
Et cum nullo virorwm aliquid commune habebat
Et nunc postquam ad domum parentum repatriauit
Luce primo cap°
Semper in cubiculo clausa in oracionibus perseuerauit
Vnde igitur post hanc concepisse* grauidacionem
Que nunquam alicui peccato dédit occasionem
Forsan in ea impletum est nunc istud ysaye vaticinium
Ecce virgo concipiet et pariet filium
Hec est forte illa de semine dauid pu[Y]lla
Quam spiritus sanctus olim per os balaam pronunciavit in Stella
In quo spiritus sanctus insinuare volebat
Quod filius dei de virgine nasci debebat
Hec virgo fos&unt forsan illa virga glorifera esse
Que vaticinabat egressura de radice yesse
Forsan hec est illa virgo de qua cristus nascetur
Quia de semine filij dauidis yesse nasciturus perhibetur
Aliud autem nequaquam de hac sanctissima virgine estimari potest
Idcirco certissimum quod ipsa mater cristi est
non sum ergo dignus cum tali virgine habitare
qua propter expedit michi a complecione nupciarum cessare
Et ne forte aliqua suspicio sinistra oriatur
Oportet ut occulte et valde caute dimittatur
Joseph Indignum eum reputans cum virgine habitare
Sic iohannes qui non fuit ausus cristum baptizafe
Centurio rogauit cristum ne sub tectum suum introiret
Petrus rogavit eum ut de uani [nau%\ sua exiret
Mulier sunamitis timuit cohabitacionem helye
Sic ioseph cohabitacionem matris dei marie
Exodi tercio capitulo
[Fol. 20.]
Fig. 27.— Fellus ge&eonfe repletum tst terra staa maiwm
Fig. 28.— îJUbecca rnmcfo abra&e potum trfburiat
Cum ergo ioseph mariam accipere trepidaret
Missus est angélus domini qui mentem eius solidaret
Qui dixit ei virginem dimittendam non esse
Et non ab homine sed a spiritu sancto concepisse
Hec autem concepcio tam mirabilis tam immensa
Fuit moysi in rubro ardenti preostensa
Rubus sustinuit ignem et non perdidit viriditatem
Maria concepit filium et non amisit virginitatem
Dominus ipse habit auit in rubo illo ardente
Et ipse deus habitauit in marie virginis ventre
Descendit in rubum propter iudeorum liberacionem
Descendit in mariam propter nostram redempcionem
Descendit in rubum ut iudeos educeret de egipto
Descendit in mariam ut eriperet nos de inferno
Cum autem deus incarnari volebat
Mariam solam pre omnibus mundi eligebat
Et hoc fuit in vellere gedionis prefiguratum
Quod celesti rore legitur esse maditatum
Solum enim vellus celestem rorem capiebat
Et tota terra circumiacens sicca manebat
Ita maria sola divirio rore reprimebatur
Et in toto mundo nul la tam digna inueniebatur
Multe filie congregauerunt diuicias
Maria autem sola supergressa est uniuersas
Oravit gedeon ut deus signum in vellere daret
Judicuin vi° cap°
Vt per ipsum filios israhel ab hostibus liberaret
Replecio ergo velleris fignura dat liberacionis
Concepcio marie signum nostre erat redempcionis
Vellus igitur gedeonis est benedicta virgo maria
De qua vellere fecit sibi tunicam cristus vera sophia
Qui vestiri voluit tunica nostre humanitatis
Vt nos vestiret stola perpétue iocunditatis
Vellus gedeonis suscepit rorem sine lane lesione
Maria concepit filium sine carnis corrupcione
Gedeon expressit rorem & tunicam ex eo repleuit
maria enixa est filium qui totum mundum rore graui repleuit
Hec autem concepcio marie facta est per annunciacionem gabrielis
Quod figuratum est in seruo abrahe r[e]becca batuelis
Abraham emisit eleaser seruum suum de virgine prouidere
Quod filius suus ysaac sponsam debebat habere
Rebecca autem nuncio abrahe potenti potum tribuebat
Et ideo eam filio domini sui in sponsam eligebat
Sic pater celestis misit in mundum gabrielem
Qui filio dei quereret virginem et matrem
Gabriel autem virginem detentissiraam sive mariam inuenit
Que sibi potauit • id est . nunciacioni consensum dédit
rëbecca autem non solum nuncium sed eciam camelos potauit
Maria autem tam angelis quam hominibus fontem vite propinauit
O bone ihesu da nobis ita tuam incarnacionem venerari
Vt poculo fontis vite in eternum mereamur saciari
Genesis xxiiii cap°
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12
[Capitol. VIII.]
[Fol. 21.]
Fig. 29.— jâatfbfta» îromfaf nostrf ffiesu crtstt i^. 30.— ptacern* pôaraonfe bfofc fit sompm's bfaeam
[I]N precedenti capitulo audiuimus de cristi concepcione
Consequenter audiamus de ipsius humana generacione
Hanc generacionem non solum angeli videre desiderabant
Sed & patres sancti desiderantes expectabant & clamabant
Emitte agnum tuum domine dominatorem terre
Et emitte lucem tuam & veritatem tuam deus eterne
Ostende nobis faciem tuam & salui erimus
Ostende filium tuum quem expectabamus & querimus
Vtinam disrumperet celos & descenderet
Vt nos de captiuitate dyaboli liberaret
Domine inclinwa celos tuos et descende
Ad liberandum nos dexteram maiestatis tue extende
Reminiscere miseracionum tuarum antiquarum
Veni et recipe nos de potestate tenebrarum
Veni domine ut fidèles prophète tui veraces inueniantur
Et promissiones tue et figure tue compleantur
Veni domine cito festina & noli tardare
Relaxa facinora plebis tue et incarnare
Nullus angélus nullus homo suflîcit nos liberare
Libéra nos tu pie domine dignatus es nos creare
Misertus igitur pius deus assumpsit humanitatem
Vt destrueret diutinam captiuitatem
Qui olim dixit penitet me fecisse hominem
Factus est homo ut captiuum liberaret hominem
Et hoc figuratum quondam in pincerna pharaonis
Luce capitulo ij
Qui in carcere positus vidit sompniura sue liberacionis
Videbat autem sibi quod coram se vitis de terra excrescebat
Qui in se très propagines siue très ramos habebat
Vitis exorta vuas non protulit in momento statim
Sed incipit florem et vuas producere paulatim
Captiuus c#phum pharaonis in manu tenebat
Et vuas exprimens poculum pharaoni offerebat
Post hec audiuit huius sompnii interpretacionem
Vt post très dies obtineret liberacionem
Illa fuit huius sompni literalis interpretacio
Sed ita est ipsius mistica prefiguracio
Ante saluatoris nostri hnmanam natiuitatem
Sustinuit humanum genus mirabilem captiuitatem
Tandem vitis . id est . cristus de terra . id est . maria excrescebat
Qui in se propagines . id est . très res mirabiles gerebat
Habuit namque in se cristus carnem animam & diuinitatem
Vel très propagines sunt très persone sancte trinitatis
Que liberauerunt nos de carcere dy&bolice captiuitatis
Non tamen statim prius cristi ortum humanum genus est liberatum
Sed quando vinum sanguinis in cruce régi celesti est oblatum
Tercia die postquam hoc vinum in passione est expressum
Genus humanum de captiuitate diabolica est egressum
Hoc vinum céleste m regem ita inebriauit
Quod omnem offensam humano generi liberaliter relaxauit
Hoc eciara vinum deus misericorditer reliquit
Genesis quarto capittello
[Fol. 22.]
Fig. 31.— Firga aaron flormt tontra naturam btrime tourna
Fig. 32.— Sbfoflla bfott bftgfoem cum puero
Et per cotidianam oblacfonem sub sacramento instituit
Vt omni die régi celesti pro mundi offensa offeratur
Quia non est dies quod deus a mundo non offendatur
Benedicta sit saluatoris nostri clemencia diuina
De qua data est nobis tanta medicina
Benedicta sit beatissima virgo maria
De qua processit tam salubrissima vitis & tam pia
Cumque cristus nasceretur vinee engaddi floruerunt
Et per cristum vitem signatwm venisse ostenderunt
Benedicta sit ihesu cristi saluatoris natiuitas
De qua orta est angelis & hominibus utilitas
Per ipsam enim homo de captiuitate dyaboli est liberatus
Et per ipsam est angelorum lapsus restaurât us
Eue audiuimus saluatoris cristi natiuitate
Audiamus eciam natiuitatis cristi modum & qualitatem
Modus signatus est in virga aaron amigdalina
Que floruit & fructificauit virtute diuina
Sicut ergo illa virga contra naturam germinauit
ita maria super ordinem nature mirabiliter filium generauit
Virga aaron protulit fructum suum sine plantacione
Maria genuit filium sine virili coniunxrione
Virga florens aaron dignum sacerdocio signauit
Maria pariens nobis magnum sacerdotem portauit
In testa amigdolina dulcis nucleus latebat
in testa carnis cristi dulcissima deitas abscondita erat
Numeri xij° capl°
In virga aaron inuenimus frondium vMitatem
Florum suauitatem et fructuum vbertatem
Sic maria habuit viriditatem virginitatis
Suauitatem pietatis & vbertatem perpétue socfetatis
Non solum autem cristus iudeis ortum suum premonstrauit
Sed eciam paganis patefacere non recusauit
Non enim propter iudeos tantum in mundum veniebat
Sed omnes liomines saluos facere intendebat
Circa idem tempus octauianus toti orbi dominabatur
Et ideo a romanis tanquam deus reputabatur
Ipse autem sibillam prophetissam consulebat
Si in mundo aliquis eo maior futurus erat
Eadem die quando cristus in iudea nascebatur
Sibilla rome circulum aureum iuxta solem contemplabatur
In circulo illo virgo pulcherrima residebat
Que puerum speciosissimum in gremio gerebat
Quod illa cesari octauiano narrauit
Et regem potenciorem ipso natum esse intimauit
O quam potens est rex regum et dominus dominorum
qui humanum genus liberauit de captiuitate demoniorum
Potenciam huius régis augustus césar formidauit
Et ab hominiius deus vocari & computari recusauit
O bone ihesu da nobis ita tuam honorare natiuitatem
Vt non inducamus [incidamus] iterato in dyabolica[m] captiuitatem
Historia lombardica cap°. de natiuitate domini
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[Capitulum IX.]
13
[Fol. 23.]
Fig. 33.— %m mag{ aûorant puerom cum muneritms
Fig. 34.— Œrcs magf bfommt stdlam fo oriente.
[I]N precedenti capitulo audiuimus de cristi generacione
Consequenter audiamus de magoruin oblacione
Eadem die cum cristus in iudea esset natus
Ortus eius tribus magis in oriente est nunciatus
Videbant namque stellam nouam in qua puer apparebat
Super caput eius crux aurea splendebat
Audierunt que uocem magnam dicentera sibi
Ita in iudea et nouum reges inuenietis ibi
Très isti festinantes in iudea pergebant
Et régi celi nato aua munera offerebant
Hij très magi per très robustes prefigurati fuerunt
Qui régi dauid aquam de cisterna bethleem attulerunt
Istorum robustorum virtus & audacia multojhim commendatur
Sic magorum aduentus & oblatio valde approbatur
Sed viriliter castra transeuntes aquam hauserunt
Sic très magi potenciam herodés non formidauerunt
Sed audaciter iudeam intrantes de nouo rege interrogauerunt
Jasp baltbasar melchior nomina sunt magorum
Abysay sobothay balchias nomina sunt robustorum
Très rebusti perrexerunt bethleem per aquam cisteme
Très magi venerunt bethleem per aquam gracie eterne
Très robusti hauserunt aquam de cisterna terrestri
Très magi susceperunt aquam de patria celesti
Figurabat ergo bethleem illa dei cisterna
Quoi bethleem nasciturus esset celestis pincerna
Mathei secundo capitulo
Qui propriaret aquam gracfe ontni sicienti
Et daret aquam vite gratis precium non habenti
Dauid rex aquam oblatam deo pro graciarum actione offerebat
Gaudens exultans quod tam robustos viros habebat
Cristus autem rex celi & terre gaudebat & exultabat
quod aduentus magorum conuersionem gencium prefigurabat
Dauid rex non videtur aquam sitfese sed seruorum suorum virtute
cristus videtur sitisse nostram conuersionem et salutem
Très robusti breui tempore & hora bethleem perrexerunt
Très magi de oriente breui tempore bethleem peruenerunt
Si queritur quomodo tantum spacium tam cito potuerunt transmeare
Dicendum quod cristo nato non impossibile fuit hoc dare
Qui enim duxit abbacuc de iudea in babilonem
cito producere potuit magos de oriente in iudeorum regionem
venientes igitur magi bethleem coram puero procidebant
Aurum thus & mirram offerebant
Figura huius tegis noui et huius oblacionis
Premonstrata fuit olim in régis salomonis
Salomon rex licet puer esset tamen sapientissimus fuit
Deus puer factus non minus sapiens quam antea extitit
Salomon rex resid[e]bat in trono de ebore mundissimo
Qui vestitus erat auro optimo & mundissimo
Univerfi reges terre regem salomonem videre detoderabant
Et ei munera preciosissima et carissima portabant
Sed regina saba tanta & talia munera offerebat
Mathei secundo capit°
[FoL 24.]
Fig. 35.— Œres fortes attulerunt ïiaufo regf aquam ûe cfeterna
Fig. 36.— ŒJjronus salomonfe
Quanta & qualia in iherusalem prius visa non fuerunt
Thronus veri salomonis est beatissima virgo maria
In quo residebat cristus ihesus vera sophia
Tronus iste factus de nobilissimo thesauro
De ebore videlicet candido & fusus nimis auro
Ebur propter candoris sui frigiditatem
Desig[n]at virginal is mundicie castitatein
Ebur antiquum capit colorem rubeum
Sic antiqua & longa castitas reputatur martyrium
Aurum que in valore suo precellit omne metallum
Significabat caritatem que am [est] mater omnium virtutum
Maria ergo dicitur eburnea propter virginalem castitatem
Et auro vestita propter perfectissimam caritatem
Et pulcre virginitati coniungitur caritas
Quia sine caritate coram deo nichil reputatur virginitas
Et sicut fur non timet lampadem non ardentem
Sic dyabolus non timet virginem caritatem non habentem
Thronus salomonis super sex gradus erat exaltatus
Et maria superexcellit beatorum sex status [tolorum
Super excellit enim statum patriarcharum prophetarum et apos-
Statum quoque martirum virginum atque confessorum
Vel sex gradus salomonis thronus habebat
Quia post sex etates mundi maria nata erat
Duodecim leonculi super thronum sex gradus exornabant
quia duodecim apostoli marie tanquam regine celi ministrabant
Secundi regum v capl°
Vel duodecim leonculi thranum decorauerunt
quia duodecim patriarche progenitores marie extiterunt
Duos leones magnos thronus habebat
et duas tabulas preceptorum maie [maria] corde <& opère tendebat
Summitas ipsius throni erat retunda
Quia maria erat sine angulo sorde & tota munda
Eue [Due] inanus cedule [sedile] hinc inde tenebant [rendebant
quia pater & filius & spiritus sanctus a marie [matre] filij nunquam
Hic ad tronus quem vêtus rex Salomon sibi fecerat
Et in vniuersis regnis mundi opus taie non erat
Magi igitur venientes assumpserunt munera talia
Sua talia puero videntur congrua & non alia
Aurum enim propter sui nobilitatem munus est regale
Per quod ostendebant puerura essem regem & decere taie
Thus & oblacio erat sacerdotalis
Et puer erat talis sacerdos cui nunquam fuit equalis
Cum mirra solebant antiqua corpora mortuorum condire
et cristus sacerdos voluit per salutem nostram mortem subire
Nos ergo debemus offerre cum cristo aurum dilectionis
Eo quod pro nostra dilectione subijt humane passionis
Thus deuote laudis per gratiarum actionem
et mirram compassionis per mortis eius recommendacionem
O bone ihesu da nobis ita te diligere & tibi condolore
Vt te in celis perAenniter mereamur videre
Secundi regum xxviij capit°
E
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[Capit. X.]
[Fol. 25.]
Fig. 37.— Jïtarfa obtuKt filtum suum fa templo.
Fig. 38.— &rcôa testamentf sfgntficat uiarfam.
[I]N precedenti capitulo audiuimus quomodo cristus fuit a magis
adoratus
Consequenter audiamus quomodo sit in templo domino presentatus
Quadragesima die post cristi natiuitatem
Perrexit beata virgo ad purificationis sue solempnitatem
Sed ipsa non habuit necesse de purificacione
Quia concepit filium sine virili conunxtione
Voluit tamen purificacionem ut ritum legis exequeretur
Ne preuaricatrix legis esse iudicaretur
Preuaricatrix enim legis nequaquam erat
Quia omnia que legis erant diligentissime tenebat
Quapropter ipsa est per archam testamenti prefigurata
In qua inclusa erant omnia legis mandata
In archa enim erant due lapidée tabule moysi
In quibus scripta erant precepta decem dei
Que propter doctrinam audiencium & legencium hic annotabo
Et breui quadam glosula elucidabo
Primum est deos alienos non adorabis
Id est vnum deum celos [coles] & super eum nichil amabis
Secundum est non assumes nomen in uanum dei tui
Idem non blasphèmes nec iurabis indebite nomine sui
Tercium est mémento ut diem sabbati sanctifiées
ut scilicet in eo mortaliter non peccas & opéra illicita vites
quartum est honora patrem & matrem ipsis non indebite obediendo
Necessaria ministrando & animam eorum miserendo
quintum est non occides opère verbo negligencia cogitacione
Luce primo capitulo
Auxilio consensu malo exemplo nec aliqua cogitacione
sextum est non mechaberis vide6icet operando loquendo cogitando
Nec iuredictionem tuam fornicacionem aliquam sustinendo
septiraum est non furaberis aliéna tibi aliquo modo attrahendo
Nec te[re] aliéna inuito domino suo ex industria vtendo
Octauum est non falsum testimonium proximum tuum dices
Idem omne mendacium & dolum & detractionem deuites
nonum est donum [domum] vel agrum proximi tui non debes
desiderare
tali scilicet mente quod velles tibi cum suo dampno adoptare
Decimum est vxorem seruum ancillam proximi non concupisces
precedens de te[re] [tmjmobili istud de mobili intelligas
Hec duo vltima in nullo videntur discrepare
nisi quod res mobiles & immobiles voluit designare
omnia ista dei mandata maria diligenter obseruabat
Et ideo archa testamenti ipsam figuraliter prefigurabat
Archa eciam testamenti librum legis continebat
Et maria libros sacre scripture libenter habebat
In archa eciam erat virga aaron que quondam floruit
Et maria floruit & benedictum fructum ventris protulit
Archa eciam vinam [yrnam] auream cum manna continebat
Et maria nobis verum manna celi offerebat
Archa testamenti de ligno sethi imputribili erat facta
Et maria in putredinem vel puluerem nequaquam est redacta
Archa quatuor circulos aureos in lateribus habebat
Et maria quatuor virtutes cardinales in se gerebat
Exodi xij capitulo
[Fol. 26.]
Fig. 39.— etantelabrum templf salomonfs
Fig. 40.— puer samuel oWatus est iommo.
Que sunt temperancia fortitudo & justicia
Hec sunt omnium virtutum radices & inicia
Archa habebat duos uectes aureos quibus portabatur
Per quos duplex caritas . vel . dei & cristi . id est . maria designa-
Archa tam extrinsecus quam intrinsecus deaurata erat [batur
Maria intus & foris virtutibus resplendebat
Quapropter ipsa pulchre figurata est candelabro aureo
Quod lucebat iherosolimis & in domini templo
Super quod septem lampades ardentes stabant
Que septem oj>era misericordie que in maria prefigurabant
Que sunt ista cibare esurientem & portare sicientem
Vestire nudum & colligere hospicium non habentem
Infirmos visitare vinctis compati & liberare
Defunctos sepelire & necessaria funeralia ministrare
Nullus dubitet opéra misericordie in maria plenarie non fuisse
Quoniam constat matrem pietatis & misericordie exstitisse
Quomodo mater tocius misericordie opéra misericordie non impleret
Quomodo candelabrum diuino igne accensum non luceret
Ipsa enim est candelabrum & ipsa est lucerna
Ipsa est lampas ardens accenssa luce superna
Ipsa tota splendens est et tota luminosa
Ipsa aurora rutilans et tanquam sol radiosa
Ipsa lucet & splendet super omnia astra celorum
Ipsa est luna huius noctis mundi & lux angelorum
Hoc candelabrum & eius camdelam honoramus
Exodi xij & xxxvij capitulis
Quoniam in festo purificacionis accensas candelas baiulamus
Maria domino candelam in sua purificacione offerebat
Quando Symeon lumen ad reuelacionem concinebst
Cristus marie filius est accensa candela
Propter triplicem materiam que inuenitur in ea
Sunt enim in candela lumen liginem et cera
Sic in cristo caro anima & diuinitas vera
Hec candela pro humano génère est deo oblata
Per quam nox tenebrarum nostrarum est illuminata
Oblacio huius beatissime & gloriosissime candele
Quondam prefigurata fuit in puero samuele
Anna uxor elchane sterilis existens filium non habebat
Et pro puero deum exorans lacrimas vberrime fundebat
Anne igitur sterili deus contra morem nature filium donauit
Marie virgini super cursum nature filium inspirauit
Anna filium suum samuelem vocans obtulit eum deo
Maria filium suum ihesum vocans obtulit eum patri [suo'] vero
Anna obtulit filium qui iudeos erat propugnaturus
Maria obtulit filium qui mundum erat proiecturus
Filius anne postea a iudeis est refutatus
filius marie ab eis morte turpissima condempnatus
Hoc est quod symeon marie prophetando predicebat
quod gladius sui filij ipsius animam pertransire debebat
O bone ihesu da nobis tuam presentacionem ita venerari
ut tibi in templo celesti mereamur manibus angelorum presentari
Primi regum primo capitulo
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[Cap. XI.]
15
[Fol. 27.]
Fig. 4L— <©mnfa s&ola comterunt fmrante ftesu (n egiptum
Fig. 42.— ÎEgfprif fecerunt gmagfnem birgfofe cum puero
[I]N precedenti capitulo audivimus quomodo cristus est oblatus
Consequenter audiamus quomodo in egipto est fugatus
Cumque rex herodes quereret occidere cristum
Ioseph premonitus ab angelo cum eo fugit in egiptum
Statim quando cristus & mater eius cum ioseph egiptum intraue-
Omnia ydola egipti et statue corruerunt [runt
Et hoc quondam iheremias egipcijs prophetauerat
Quem cum egipcij sanctum prophetam esse audiuissent
inquerebant ab eo si aliqua mirabilia in egipto futura essent
qui a dixit eis quod in futuro quedam virgo esset paritura
Et tune omnes dij & ydola egipti essent corritura
egipcij ergo illum puerum dijs suis forciorem iudicauerunt
Qualem sibi reuerenciam exhibèrent inter se tractauerunt
Ymaginem igitur virginis cum puero pulcherrime sculpebant
et sibi diuino honores iuxta suum modum exhibebant
Interrogati postea a ptolomeo cur hoc facerent
Dixerunt quod talem propheciam adimplendam expectarent
Hec autem prophecia quam predicerat sanctus ille propheta
Cristo intrante egiptum cum matre est impleta
Nam omnia ydola egipti & statue corruerunt
Et virginem sicut predictum fuerat peperisse dixerunt
Hoc idem eciam erat figuratum in moyse et pharaone
In fractione dei sui hamonis et corone
Pharao enim rex egipti coronam regalem habebat
Mathei secundo capitulo
in qua ymago hamonis artificialiter sculpta erat
prophecia erat egipcij s quod de iudeis puer nasceretur
per quem populus iudaicus liberaretur & egiptus destrueretur
precepit igitur pharao ut iudei pueros suos in aqua proicerent
Et sic illum quem timebant pariter interimerent
Amiram et iocabeth decreuerunt se ad inuicem separare
Quoniam mallent caste viuere quam ad necem procreare
Receperunt autem responsum a deo ut simul habitarent
Quio puerum quem egipcij timebant ipsi generarent
Concepit ergo iochabeth & peperit pulcherrimum filium
Et abscondit eum tribus mensibus inter suum domicilium
Cumque dmcius occultare eum non valebat
In fiscella eum recludens in flumine exponebat
Eadem hora filia pharaonis secus fluuium deambulabat
Et puerum ipsum inveniens sibi in filium adoptabat
Quem illa moysem vocans fecit educari
Et postea decreuit ex pharaoni videndum pu tari
Cui pharao alludens coronam suam imponebat
Quam ille proiciens ad terram penitus confringebat
Quod videns quidam pontifex ydolorum exclamauit
Hic puer est quem nobis occidendum deus monstrauit
Cumque euaginato gladio ipsum occidere voluisset
Dixerunt quidam quod puer hoc ex insipiencici fecisset
in cuius rei argumentum carbones viuos quidam sibi offerebat
In quibus puer nutu dei in os suum proiciebat
Psalmo xxxviij & lxx Et ezechiel xxij capitulo
[Fol. 28.]
Fig. 43.— Jïtogses ptofecft coronam p&araonfe 8r frrçft Fig. 44.— Jâabugo&onosot bfoft statuant graniem fn sompno
Salvatus est ergo moyses mutu dei et vixit
Et précédente tempore iudeos de egipeiaca servitute eduxit
Ea quod hic narrata sunt de puero isto
Figuraliter partim conueniu[n£] puero ihesu cristo
rex pharao iudeos pueros suos submergere coegit
Et ut puerum moysen pariter submergeret sategit
ita rex herodes omnes pueros bethleem occidi mandauit
quia puerum ihesum pariter cum eis occidere affectauit
Moyses nutu dei saluatus est a nece pharaonis
Sic cristus nutu dei saluatus est de gladio herodis
Moyses natus est ut filios israel duceret de egipto
Cristus homo factus est ut nos eriperet de inferno
Moyses deum régis egipti cum corona confregit
Cristus omnia ydola & deos egipti in nichilum redegit
Hanc ruinam ydolorum eciam illa statua precedebat
Quam rex nabugodonosor in sompnis videbat
Huius statue caput et collum erant ex auro
Brachia vero ipsius et pectus erant ex argento
Venter autem ymaginis et fémur erat ex ère
Tibie autem ipsius videbantur materiam ferri habere
Pedum pars quedam erat fictilis id est terrena
Quedam vero pars eorum videbatur esse ferrea
De monte autem sine manibus quidam lapis est abeisus
Et in pedes eius ymaginis siue ydole est illisus
Contriuitque eam et in puluere omnino redegit
Exodi secundo capitulo
Et postea idem lapis in montem maximum excreuit
Lapis iste figurât filium dei ihesum cristum
Qui pro salute generis humani venit in mundum istum
Lapis abeisus est de monte sine manibus
Cristus natus est de maria sine tactibus maritalibus
Lapis iste scilicet cristus contriuit in egipto omnia ydola
Siue aurea et erant sZue argentea
Eciam pariter contriuit et ferrea
Confregit quoque fictilia id est terrea
Omnes iste materie erant in predictam ymaginew siue statua
Omnia ydola corruerunt de quacunque erant materia
Lapis iste contrita statua in montem magnum excreuit
quia destructa ydolatria fides cristi per totum mundum inoleuit
Vel lapis iste excreuit et mons magnus factus est
quia hostes cristi herodes quasi ad nichilum redactus est
Cristus autem rediens in iudeam crescebat
Etate et sapiencia coram deo et hominibus proficiebat
Et tandem creuit in montem talem et tantum
quia sua immenZitate repleuit tam mundum quam celum
Et quis ascendit in montem domini istum
Nisi innocens manibus & mundo corde hic [non"] videbit cristum
Hic accipiet benedictionem a domino
Et misericordiam a deo salutari suo
O bone ihesu da nobis ut mundo corde tibi serviam[w]s
Et in montem tuum ascendentes te sine fine videamus
Danielis secundo capitulo
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[Cap. XII.]
[Fol. 29.]
Fig. 45.— Iftesus baptisants est a t'oftanne fa forbano Fig. 46.— Jïtare eneum fn quo fagressurf fa templum lauabantur
[I]N precedenti capitulo audivimus quomodo cristus in egiptum
est fugatus
consequenter audiamus quomodo a iohanne in iordane sit baptisatus
Cumque etatis sue annum tricecimum inchoaret
Venit ad iordanem ut eum iohannes baptizaret
Cristus autem filius dei viui baptismo non indigebat
Sed pro salute generis humani baptizari volebat
Vt videlicet tractu corporis sui sacris aquis virtuteni daret
Vt homo in eis baptizatus & mundatus regnum celorum intraret
Et istud in mari eneo . id est . lauatorio erat prefiguratum
Quod an te introitum templi iherosolimis erat collocatum
Sacerdotes enim qui templum ingressuri erant
In hoc lauatorio se lauare necesse habebant
Ita omnes qui volunt intrare in céleste domini templum
Necesse habent ut prius lauentur per baptismum
Notandum autem quod triplex est baptismus
Videlicet fluminis sanguinis et flaminis
Baptismo sanguinis per martyrij passionem
Baptismo fluminis . baptizantur per aque immersionem
Baptismo fhmiinis . id est . spiritu sancto homo baptizatur
Si non baptismum & cum proposito baptismi moriatur
Si autem superuixit non sufBcit ei solum propositum
Nisi suscepit ab aliquo si potest aque baptismum
Nec valet alicui baptismus sanguinis licet per mertirium
Si potest & non volt aque suscipere baptismum
Baptismus ergo aque siue fluminis est summe necessarius
Mathei secundo capitulo
Templum domini céleste ingregri volentibus
Baptismus autem fluminis débet fieri in pura aqua
Non in vino non in lacté nec in quacumque materia alia
Mare eneum siue lauatorium erat factum ex ère
In quo consueuerunt artifices quelibet metalla coinmissere
Ita qualibet lingua possunt verba baptismi pronunciari
Sed tamen approbata forma verborum débet seruari
Quilibet eciam homo potest conferre baptismum
Si intendit facere quod ecclesia instituit faciendum
Duodecim boues mare eneum portauerunt
Quia duodecim apostoli baptismum per mundum dilatauerunt
Nec pretereundum est quod hoc lauatorium siue mare eneum
Circumtectum & ornatum erat speculis mulierum
Vt ingressuri in templum se specularent & vidèrent
Si aliquam maculam licet aliquam indecenciam haberent [nem
per hoc figurabatur quod baptismus requerit consciencie perfectio-
Peceati displicenciam . id est . disciplinam & cordis contricionem
quapropter iohannes baptista quibusdam phariseis dicebat
Quos ad baptismum sine contricione accedere videbat
Sewumma [seminà] viperarum quomodo iram futuri iudicis fugietis
quod videbis baptismum suscipietis & contricionem non habetis
Qui susceperit baptismum cum cordis contricione
Mundatur ab omni sordium suorum sordidacione
Istud eciam figuratum quondam fuit in naaman syro
Qui leprosus erat & mundatus est in iordane modo miro
Exodi tercio capitulo
[Fol. 30.]
Fig. 47.— Naam Ieprosus septfes et munùatus est.
Fig. 48.— gjorùanfs sfacatus est fa transttu filforum fret
Naaman gentilis erat et ignorabat deum
Et tamen venit pro cura ad prophetam dei helyzeum
Ad iussum helyzei septies in iordane lauabatur
Et sic ab omni lepra sua mundabatur
Elyseus per septenam aque iordanis locionem
prefiguraiit septem mortalium peccatorum in baptismo ablucionem
caro naman per iordanem facta est ut caro paruuli
Ita peccatores per baptismum eflBciuntur mundi ut pueri
Et si statim antequam peccarent morerentur
Sine omni impedimento regnum celorum ingrederentur
Et hoc innuitur in eo quod celum apertum est super cristum
Quando suscepis in aqua iordanis a iohanne baptismum
Quicunque ergo regnum celorum intrare voluerit
Non intrabit nisi ut prius dictum est baptisatus fuit
Istud eciam figuratum fait in transitu olim iordanis
Quando filii israel intrauerunt terram promissionis
Quando enim filii israel terram promissionis intrauerunt
Prius iordanem figuram baptismatis transierunt
Sicut omnes opportet per lauachrum baptismi transite
Qui desiderawit ad veram terram promissionis peruenire
Archa domini in medio iordanis portabatur & ibi stabat
Omnis autem popufts cum pretoribus suis transmeabat
Aqua que erat in superiori parte arche non processit
Sed instar montis. celse super se gessit
Aqua autem a parte inferiori in mare defluebat
Exodi tercio capitulo
Et inferior abiens iordanus sittus remanebat
Tulit autem popuKs xij lapides de iordanis alueo
Et fecerunt tumulum in littore pro mémorial i perpetuo
Duodecim lapides de littore in alueum reportauerunt
Et in loco vbi archa steterat stumulum composuerunt
Sicquam omnis populus alueum iordanis sicco pede transiebat
et postea fluminis iordanis ad pristinum statum redibat
Archa testamenti qui in medio iordanis stabat
Cristum qui in iordane baptizandus erat figurabat
In archa erat virga aaron que quondam floruerat
Et cristus per florein huius virge prefiguratfs erat
In archa eciam manna panis celi erat
Et cristus est panis vivus qui de celo descenderat
In archa eciam erat deufronomius liber legis
Et ideo deus homo factus est qui olim dédit legem iudeis
In archa eciam erant decem domini precepta
Quia idem deus qui dédit precepta instituit baptisma
Archa de ligno sethim imputribili facta fuit
et caro cristi licet moriretur et sepeliretur non tamen computruit
Archa enim de ligno et tamquam exterior auro polito
Et cristus deitati tam in morte quam in vita semper visita
Duodecim lapides contestimoniales. xij sunt apostoli
Qui per orbem terrarum testificati sunt baptismum cristi
O bone ihesu da nobis baptismum tuum ita venerari
Vt tecum in perpétua gloria mereamur commorari
Leuitici xiij & quarti regum tercio vi xiiij capitulis
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[Cap.. XIII.]
[Fol. 81.]
Fig. 49.— GCrfetus trfpltdiet fuft temptatus a Irgabolo Fig. 50.—
17
Daniel tostrusit bel & fttcrfecft fcraconem
[S]Upra audiuimus quomodo cristus a iohanne erat baptisatus
Consequenter audiamus quomodo a dyab[o]lo tripliciter fait temp-
Post baptismum ductus est ihesus in desertum a spiritu [tatus
Id est ihesus intrauit in desertum & spiritus sancti instinctu
Non est intelligendum quod duxerit eum per aerem
Sicut angelîs anbacuc prophetam in babilonem
Sic eciam & dyabolus eum duxit supra templum
Quod ut facilius intelligatur videamus per exemplum
Hoc verbum duxit omnia [non] omni loco parafa [ponitur] pro
ambulare [baiulare]
Aliquando enim solet induccionem uel ducatum sign[t/ic]are
Moyses duxit filios israel de egipto
Non ergo sequitur quod baiulauerit in dorso
Sic dyabolus cristum non per aera ducendo baiulauit
sed in forma hominis ei apparens verbis blandis secum ire persuasit
Cristus autem qui propter nos temptacîones sustinere volebat
Sibi consensit ut secum in montem & templum ascendebat
Voluit autem cristus temptari pro nostra instruccione
Vt ostenderet nullum posse viuere in hoc mundo sine temptacione
Sic enim cristus filius dei a dyabolo temptari voluit
Nullus putet quod sine temptacione viuere posset
Et si forsan ab vna temptacione homo liberaretur
Statim alia sibi a demonibus preparatur
Quapropter cristus non est temptatus uno tantum viao [vicio] sed
Quia demones temptant nos vicijs multiplicibus [tribus
Et si homini deus suam & angelorum custodiam non dedisset
Nullus homo temptacîones demonum evadere potuisset
Nam sicut radius solis plenus videtur esse pulueribus
Ita mundus iste plenus est demonibus
Et ideo ut aliquem per temptacîones cecidisse videmus
Ex intimo cordis sibi compati debemus
Non statim debemus eum condempnare contempnere vel publicare
Sed pro posse peccatum eius occultare et excusare
Si autem non potuerimus excusare facti perpetracionem
Excusemus prout potuerimus ipsius intencionem
Si autem taie fuit quod neutrum possimus excusare
Debemus quilibet nostrum ingemiscere et cogitare
O quantum deterius tibi misero pluries accidisset
Si deus per misericordiam suam te non custodisset
Notandum tamen quod temptator proposuit cristo tria vicia
Que [sunt] gula superbia & auaricia
Cumque cristus xl. diebus & xl. noctibus ieiunasset
Suspicatus est sathanas quod famelicus esset
solet autem dyabolus temptare per taie peccatum
Ad quod videt eum magis inclinatum
Cum autem ihesum famelicum autumaret
Cogitabat apud se quod de gula eum temptaret
dicendo si filius dei es die ut lapides isti panes fiant
Temptator primum hominem per gulam inuadit
Quia incrassatus cicius in peccatum quam abstinens cadit
Quapropter primos parentes de gula primo temptabat
Et ad comedendum fructum prohibitum festinabat
Frustra igitur alia contra vicia nititur impugnare.
[F6L32.]
Fig. 51.— Baufo superauit golfam p&flfeteum Fig. 52.— Baufo t'nterferft brsum et fconem
Nisi prius disiat gulam et [im] moderanefem refrenare
Cristus ,ergo dyabolum in temptacione gule superauit
et hoc olim daniel in ydolo bel & draconis prefigurauit
In babilone ydolum bel pro deo colebatur
Quod multum comedere & multum bibere dicebatur
Cotidie ei offerebantur xij. panes mensurarum
Sex amphore vini & carnes xl. ouium coctarum
sacerdotes ydoli per viam subterraneam noctibus intrauerunt
& uxores & omnes liberos secum adducentes consumpserunt
Quorum vestigia pedum daniel per cineres inuenit
Et de licencia régis bel destruens ipsos interemit
Ibidem eciam quidam draco in spelunca latitabat
Quem tota gens illa tamquam deo estimabat
Et statutis horis sacerdos suus cibum offerebat
Quem ille constanter accipiens semper ibi manebat
Daniel autem massam de pice & adipe & pilis confecit
Et de licencia régis eam in os draconis proiecit
Quam cum comedisset statim est ruptus
Et sic uterque deuorator per danielem est destructus
daniel ergo qui istos deuiratores et gulosos anichilabat
cristum qui temptacionem gule vicit prefigurabat
Cristus eciam superauit dyabolum in temptacione superbie
Et hoc figuratum est in dauid in mente \neee\ golye
Golias superbissime de fortitudine sua se iactabat
Et nullum sibi similem inter omnes filios israhel estimabat
Primi regum xvij capitulo
Dauid autem ipsum cum frunda ad terram deiecit
Et proprio gladio cristum [ipsum] cum dei adiutorio interfecit
Golias iste superbus et [#]ygas figuram tenet luciferi
Qui in regno celorum affectauit similis deo fieri
Dauid autem pastor qui hune superbum gigantem prostrauit
Cristus est qui temptacionem superbie humiiiter superauit
Temptacîones superbie sunt diuerse & vbique générales
quia régnant non tantum inter seculares sed esse {eciam) inter
Sepe enim quod nulla vicia vincere possunt [claustrales
Vana gloria et appecitus humane laudis corrumpunt
Sepe enim sub ueste vilissima latitat mens tam elata
Sicut sub purpurâ imperatoris deaurata
tercio cristus dyabolum in temptacionem auaricie superauit
Hoc & dauid in nece leonis & vrsi prefigurauit
Léo & vrsus conuenienter auariciam prefigurabant
Quia auferendo sibi omnem rapinam perpetrabant
Dauid autem ouem suam eripiens raptores interfecit
Et cristus superata temptacione auaricie sathanam a se reiecit
Reiecto autem sathana accesserunt angeli
Et tanquam victori et cum triumphatori ministrabant ei
Sic qui vi[ri]liter pugnando contra diabolum triumphauerit
Ministerio & consorcio sanctorum angelorum dignus erit
O bone ihesu da nobis in cunctis temptacionibus triumphare
Vt tecum mereamur in eterna gloria habitare
Primi regum xvij capitulo
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[Cap. XIV.]
Fig. 53.— iWagtakna ptnftutt fa Bomo sgmonfe
[Fol. 38.]
Fig. 54.— jJWanasscs tgtt penftenttam fa captuittate
[I]N prefedenti audiuimus quomodo dyabolus cristum temptauit
Consequenter audiamus quomodo cristus mariam magdalenam
curauit
Cumque ihesus tricesimum annum inciperet a iohanne baptisatus
Et statim post baptismum a dyabolo est temptatus
Postea cepit populo predicare et baptizare
Exemplo et doctrina viam salutis raonstrare
in principio sue predicacionis emisit huntf dulcem sonum [yocem]
Penitentiam agite appropinquabit enim regnum celorum
Per misericordiam predicauit regni celestis apercionem
Ante aduentum suum nunquam audiuit homo talem sermonem
Fidelis sermo et omni accepcione dignus
per penitenciam meretur regnum celorum peccator malignus
Istud apparet in peccatrice magdalena
Que fuit septem demonijs & peccatis mortalibus plena
Que abiecta sunt ab ea per contricionem & penitenciam
Et ipsa misericorditer consecuta est dei clemenciam
Nullus ergo peccator débet de misericordia dei desperare
Quia deus presto est cunctis penitentibus débita relaxare
Insuper pénitentes ad regnum celorum reuocat
Quod ante aduentum cristi nulli penitenti fieri poterat
Et istud olim per regem manassem prefigurauit
quem propter penitenciam de captiuitate in regnum celorum reuo-
Manasses infinitis peccatis offenderat deum [cauit
propbetas suos occidens & nichil reputans eum
Tôt prophetas eum arguentes cruciauit
Luce xi° capitulo
quam plateas iherusalem sanguine prophetarum purpurauit
Sanctum prophetam ysaiam qui ipsum de peccatis redarguit
Cum serra lignea per médium desecari fecit
Tandem post multa scelera ab hostibus est captiuatus
Et in exilium deductus carceri est deputatus
cumque esset in carcere penitentiam cepit habere
Et toto corde perpetrata scelera deflere
Orauitque dominum profusis lacrimis ainaris
Peccaui inquit domine super numerum arène maris
Et iam non sum dignus videre celi altitudinem
Propter iniquitatum mearum multitudinem
iV[2r]am tua[m] deus clementissime irritaui
Et malum coram te feci et illicita perpetraui
Misertus dominus ostendit ei summam clemenciam
Et misericorditer acceptauit eius penitenciam
Nam de carcere & de captiuitate eum liberauit
Et in regnum suum & in iherusalem reuocauit
per hune manassem peccator malignus designatus
Qui cum sine timoré peccat deum non curare comprobatur
Prophetas domini ipsum arguentes cruciat
Quando predicatores & doctores audire récusât
Et quamdiu talis peccator perseuerat in peccato mortali
Tarn diu probatur esse in captiuitate dyaboli
Si autem ex toto corde suo egerit penitenciam
Dominus paratus est sibi succurrere per suam clemenciam
Secundi paralipom. xxxiij capitulo
[Fol. 34.]
Fig. 55.— $aterfamfltas filmm proùt'gum sustcpft
Fig. 56.— Babfo lie aïmlttrto refiargutus pmftuft
Hoc idem innuit dominus per quandam parabolam
Quam predicauit de filio prodigo secundum lucam
Qui recedens a pâtre suo abijt in regionem longinquam
Et ibi luxuriose consumpsit suam substanciam
Et tune incipiens egere ad quandam villam veniebat
Et vni ciui adherens porcos suos pascebat
Prodigus iste filius peccatorum désignât
Qui a pâtre suo celesti recedit quando mortaliter peccat
Et tune in regionem longinquam est filius iste malus
Quia secundum prophetam longe est a peccatoribus salus
Et talis consumit luxuriose . suam substantiam
Quando sensus suos & vires conuertit ad maliciam
Tune adheret vni ciuium . scilicet . lucifero & pascit porcos
Quia peccatis suis criminosis cibat dyabolos
Post hoc filius prodigus pervenit ad tantam necessitatem famis
quod cupiebat ventrem suam replere cum siliquis
Tune ad patrem reuersus penitenciam agere incipiebat
Quando penuria nécessitas ipsum compellebat
Et in hoc possumus notare saluatoris clemenciam
Qui eciam peccatores compellit agere penitenciam
In tantum enim salutem nostram querit et diligit
Quod omnibus moris quibus potest nos sibi attrahit
Quosdam enim sibi attrahit per internam inspiracionem
Aliquos autem attrahit per salutiferam predicacionem
Quosdam eciam allicit per beneficiorum largicionem
Luce xi capitulo
Quosdam vero compellit per flagellacionem
Isto modo filius prodigus compellebatur
Quapropter penitencia ductus ad patrem suum revertebatur
Videns autem pater a longe eum sibi occurrebat
Eum in amplexus eius & oscuMa eius irruebat
Sic deus occurrit penitenti per graciam peruenientem
Et recipit eum per clemenciam omnia scelera dimittentem
Istud prefiguratum fuit olim in rege dauid
Qui adulterium et homicidium in vria perpetrauit
Cumque redargutus a nathano peccaui diceret
Paratus erat pius deus ut sibi statim dimitteret
Nam cum diceret peccaui statim nathan respondit
Dominus transtulit peccatum tuum id est dimisie
O quam magna est pietas tua domine & quam ineffabilis
Qui nullum penitentem cujuscumque condicionis despicis
Non respuisti petrum paulum thomam & matheum
Dauid achab manassem latronem achior & zacheum
Niniuitas samaritanam raab ruth & adulteram
Theophilum gilbertum thatidis [thaydem] & mariam egipeiacam
Enunchum [cinnicurri] symeonem cornelium ezechiam
Magdalenam longinum et moysi mariam
Non ergo propter immanitatem peccatorum nostrorum desperemus
Quia diuersos testes diuine misericordie habemus
O bone [i/iesiï] concède nobis veram & perfectam penitentiam
per quam peruenire mereamur ad tuam mellifluam presenciam
Secundi regum xij capitulo
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[Chàp. XV.]
19
[Fol. 35.]
Fig. 57.— ©rfstus fleuft super cfuftatem Jérusalem Fig. 58.— gjetemfas lamentabatur super Jérusalem.
[I]N precedenti audiuimus quoniodo conuersio magdalene est facta
Conseqnenter audîamus que circa cristum in die palmarum sunt
Illa enim die tria principaliter notabilia contigerunt [peracta
Que olim per très figuras demonstrata fuerunt
Videns autem ihesus ciuitatem iherusalem flebas
eum laudibus susceptus fuit mercantes de templo ei«c[t]ebat
Primo notandum est quod ihesus videns ciuitatem flebat
Compaciens ciuitati de miseria que illi imminebat
Iste fletus domini nostri salvacoris iam pretaxatus
Fuit olim in lamentacionibus iheremie prefiguratus
Qui defleuit desolacionem iherusalem futuram per romanos
Sic et nos exemplo cristi ex compassione flere tebemus
Cum proximos nostros afflictos & affligendos videmus
Plus est compati afflicto quam bona temporalia erogare
quia compaciens afflicto videtur aliquando de seipso sibi dare
Compati debemus tam malefactoribus nostris quam amicis
Exemplo cristi qui compassus est suis inimicis
Impossibile est illum miserîcordiam & graciam non mereri
Qui scit afflictis compati ex corde & misereri
«Secundo notandum est quod populis cristo cum laudibus obuiauit
Et hoc olim figuratum est per regem dauid
Cui populus post cedem golie cum laudibus obuiauit
Et canticum laudis in honore ipsius decantauit
In quo cantico ipsum dauid régi sauli preferebant
Luce 19° & iohannis xij capitulis
Et sauli mille & dauid decem millia aZtribuebant
Dauid dominum nostrum ihesum cristum prefigurauit
Qui goliam . id est . dyabolum adversarium nostrum superauit
Iste verus dauid . id est . cristus in die palmarum
Honoratus fuit multipliciter in occursum turbarum
Quidam osanna filio dauid sibi acclamabant
Quidam benedictus qui venit in nomine domini personabant
Quidam regem israhel eum esse asserebant
Quidam saluatorem mundi eum concinebant
Quidam cum floribus quidam cum pal rais occurrerunt
Quidam vestimenta sua in via prostrauerunt
Mistice iherusalem visio pacis interpretatur
Per quam fidelis anima spiritualium designatur
Per hanc saluator noster omni hora [paratui] est venire
Et nos ei in occursum per contricionem debemus obire
Laudes domino clamoris vocibus decantamus
Quando in confessione peccata nostra cum gemitibus recitamus
Ramos palmarum ad laudem dei portamus
Quando corpora nostra in satisfactione disciplina castigamus
Tune vestimenta nostra ad honorem dei prostrauimus
Quando temporalia nostra erogamus cristi pauperibus
Cum floribus domino occummus & honoramus
Quando misericordie operibus & diuersis virtutibus nos ornamus
Cristum ihesum qui venit in nomine domini benedicimus
Trenorura primo
[Fol. 36.]
Fig. 59.— Baufo susceptus est cum lauWbus Fig. 60.— î^elsoiorus flagellabatur.
Quando pro beneficij* nostris deuote sibi grates dicimus
Regem eum & dominum nostrum esse protestaftir
Si omnia opéra nostra cum timoré domini & reuerencia operamur
Tercia notandum quod ihesus flagellum de funiculis fecit
Et ementes et vendentes flagellando de templo eiecit
Mensas peruertit nummulariorum & effudit es eorum
Nam ipsi erant ibi usurarij & columbiste phariseorum
Hec autotn flagellacio domini iam recitata
Olim fuit in eliodoro prefigurata
Rex enim seleucus misit principem suum elyod[o]rum
Vt iret in iherusalem & spoliaret ibi domini templum
Cumque audacter intrasset templum manu armata
Statim contra eum vindicta dei est prouoeata
Ex improuiso eum affuit quidam equus horribilis
Quot \ft\ qui sedebat super eum armatus erat in [et] terribilis
Equus autem heliodorws priores calces immisit
Et ipsum deiciens fremebundus ad terram collicit
Atfuerunt insuper duo alij robustissimi adolescentes
Helyodorum flagellis usque ad mortetn percucientes
I)uo [Quo] facto predictus equus & duo adolescentes disparuerunt
Et helyodorum tanquam mortuum flagellis reliquerunt
Sed orante pro eo summo pontifice homo reuixit
Et rediens ad dominum teum seleufem [suum seleucum] dixit
Si habet rex aliquem hostem eius mortem affectât
Illum spoliandum templum in iherosolimis mittt't
Primi regum xiij° capitulo
Heliodorus flagellatus propter templi dei spoliacionwm
Judei spoliati fuerant propter usu^re p^lliacionem
Pharisei posuerunt ibi columbistas & nummularios
Qui volentibus offerre mutuo dabant denarios
Et quia iuxta vsuras accipere non debebant
Collibia tamen id est munuscula parua recipiebant
Ficus vuas nuces poma vocabat collibia
Amigdola pullos ancAeres columbas & si[mi]lia
Sicque vsura [m] fraudulenter sub pallio tegebant
Et verba domini in ezechi[e]le scripta non attendebant
Vsuram & omnem superhabundanciain non accipiatis
O fratres carissimi verbum hoc diligenti memorie recowmendatis
Sed pr[o]ch dolor multi cristiani hodie in ecclesia sunt
Qui fraudulenter similem vsure palliacionem faciunt
Qui mutuum non dant pure propter dei dilectionem
Sed propter nummaria seruicia fauorem vel promocianem
Hij pecfemt grauiter verbum illud domini non pondérantes
Mutuum date nichil inde sperantes
Taies dominus de templo domini expellet
Et radicem eorum de terra viuencium euellet
Studeamus ergo templum dei & diuinum cultum venerari
Si non volumus a domino flagello perpetuo flagellari
Relinquamus eciam . vsuram & omnem spem vsure
Ne expellamur a domino de templo glorie future
O bone ihesu doce nos hec omnia taliter custodire
Vt mereamur in templo glorie tue eternaliter intrare
Secundi machabeorum iij capitulo
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20
[Cap. XVI.]
£ . [FoL 37.]
Fig. 20.— Œriâtus tnanïmcat pascfiam cum Wstfpultë sufe
Fig. 62.— JWanna ïratur Slffs fsraSel fa tasmo.
[I]N precedenti audiuimus de palmarum die
Consequenter audiamus de cena in sacramento eucaristie
Appropinquante tempore quo cristus voluit subire passionem
decreuit pro memoriali perpetuo instituere saframenti communio-
Vt a nobis suam dilcissimam dilectionem demonstraret [nem
Placuit ipsi ut seipsum nobis in cibum daret
Istud olim in manna celi fuit prefiguratum
Quod filijs israhel in deserto erat donatum
Magnam dilectionem dominus iudeis videtur exhibuisse
Sed infinicies magis perhibetur nobis contulisse
Dédit iudeis panem manna licet temporalem & mortalem
Nobis autem contulit panem supersubstancialem & eternalem
Manna dicebatur panis celi nunquam tamen fuit in celo vero
Sed creatu[m] fuit in aere siue in celo aereo
Cristus saluator noster est panis verus & viuus
Qui de celo vero descendens f'Zactus est noster cibus
Iudeis ergo deus solummodo figuram veZ (veri) panis tribuit
Nobis autem \non~] figuram sed veritatem dei panis contulit
Nptandum quod multa fuerunt in manna figuraliter demonstraîa
Que in secra eukaristia sunt veraciter consummata.
Manna celi valde mirabilis nature esse videba(for)
Quia in radio solis liquefiebat & ad ignem indurahatur
Ita eukaristia in cordibus vanis liquescit & reuanescit
In oofdibus ignitis perduratur & abcedere nescit
Mali enim sumunt eukaristiam ad sui dampnacionem
Marci xijij 0 capitulo
Boni autem ad diuinam & perpetuam consolacionem
Cumque descenderet manna descendebat simul & ros celi
per quam innuitur quod dignis cum eukaristia simul confertur
Manna erat album & ad modum niuis candidum [gracia dei
per quod innuitur quod communieans débet habere cor purum &
Manna habebat in se omne delectamentum cibi celesiis [mundum
Sed eukaristia habet in se omne delectamentum cibi celestis
hoc delectamentum non sentitur in sacramenti masticacione
Sed in sanctis meditacionibus & celestium contemplacione
gustus manne in omnem saporem sicut volebat convertebatur
Sed dulcedini cristi nullus sapor huius mundi assimilatur
Qui de hac dulcedine semel gustaret
Omne delectamentum huius seculi ad nichih'um reputaret
Petrus de hac dulcedine in montem tabor gustabat
Statim ibi tabernacula facere & semper manere affectabat
precepit movses populo ut mane ante solis ortum exire(n)t
et singuli pro illo die sibi vnum gomor colligerent
contigit miraculose quod voratores qui plus collegerunt
Quando ad propria redibant non plus gomor habuernnt
Similiter & illi qui ad plenam mensam colligere non potuerunt
Cum ad propria redierent plenam mensam inuenerunt
Sic communions qui pl lires hostias receperit
Non plus habet quam ille qui tantum unum acceperit
Similiter & illi qui particulam hostie sumpserunt
Non habent minus quam illi qui integram vel plures sumpserunt
Exodi xvi° capitulo
[Fol 38.]
Fig. 63. — 3Julrci manbucaucrtmt agnum passaient Fig. 64.— iïUU&tscïiccI) optulit abra&e panem bmum.
Cena autem domini figurata fuit in agno paschali
qui feria quinta ante parasceuem a iudeirum solebatur manducari
hune agnum dominus primo precepit filijs israhel manducare
Quando decreuit eos de egipeiaca seruitute liberare
Ita cristus sacramentum eukaristie primum tune instituit
Quando nos de dyabolica potestate eripere voluit
Quando filij israhel agnum paschalem manducabant
Succincti erant baculos in manibus tenebant & stabant
ita communicantes succincti erunt per mentis & corporis castitatem
Et tenentes baculos in manibus per recte fidei firmitatem
Debent eciam erecti stare in bona vita quam inchoauerunt
Et non se iterum reponere in lutnm de quo iam sun'rexerunt
Agnum enim edebatur cum lactusis agrestibus que sunt amare
Et nos debemus corpus domini cum animo contricione manducare
qui comedebant agnum paschale[m] tenebantur pedes calciare
Et quod per pedes nisi sacre scripture desideria designare
Communicantes ergo pedes suos calciare tenentur
Cauendo ne desideria eorum sorde aliqua maculentur
Agnus paschalis non fuit coctus aque sed assus igne
et communieans débet esse ignitus caritate ut manducet digne
Cristus eukaristiam sub specie panis et vini donauit
Hoc olim melchisedech sacerdos & rex figurauit
quatuor reges terram in qua abraham habitabat vastauerunt
et multa spolia & loth cum multis captiuis abduxerunt
Abraham autem cum suis ipsos insequebatur
Exodi xvi° capitulo
Et percuciens cum captiuis ad propria reuertebatur
occurrit autem ei melchisedech offerens panem & vnium [vinum"]
In quo prefigurabatur hoc sacramentum diuinum
Melchisedech erat rex & sacerdos dei altissimi
Et gerebat signum domini nostri ihesu cristi
Cristus enim est rex qui omnia régna creauit
Ipse est sacerdos qui primam missam celebrauit
Melchisedech rex et sacerdos panem & vinum obtulit
Cristus sub specie panis & vini hoc sacramentum instituit
quapropter sacerdos secundum ordinem melchisedech appellatur
quia hoc sacramentum oblacione melchisedech prefigurabatur
Melchisedech erat sacerdos & eciam principes regalis
In quo pulchre prefigurabatur dignitas sacerdotalis
Sacerdotes enim possunt dici princes regales
qui in dignitate precellunt omnes principes impériales
Excellunt eciam potestate omnes patriarchas et prophetas
Eciam quodammodo omnes virtutes angelicas
sacerdotes enim sacramenta conficiunt quod angeli facere nequeunt
Nec patriarche nec prophète olim facere potuerunt
Per mariam filius dei olim semel incarnabatur
Per sacerdotem autem sepius panis in carne transsubstantiatur
Sacerdotes igitur propter sacramentum debemus honorare
quos cristus confectores sui sacramenti dignatus est ordinare
O bone ihesu da nobis ita sacramentum tuum venerari
Vt a te nunquam mereamur in perpetuum separari
Genesis xijij° capitulo
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[Cap. XVn.]
[Fol. 39.]
Fig. 65.— CWstus prostrauft fiostœ suos bnfco fetio.
[I]N precedenti audiuimus quomodo cristus eukaristiam restau-
rauit
consequenter audîamus quomodo hostibus suis occurrens prostrauit
Cumque iudas cum alijs percepisset sacramenti communionem
Abijt ut faceret hostium cristi congregacionem
O quanta erat (cristi) benignitas & clemencia
O quanta erat iudeis malignitas & demencia
cristus eum sacramento cibo corporis & sanguinis sui cibauit
Et ipse de tradicione illius corde suo tractauit
cristus sciens omnia noluit eum perdere nec sacramentum sibi
In quo voluit sacerdotibus formam communicandi dare [negare
sacerdos sciens aliquem cum mortali peccato ad communionem
Non débet sibi negare ne videatur eum perdere [accedere
Abijt igitur iudas ut inimicos cristi congregaret
iuit cristus ad locum quem sciebat iudas ad eum ibi exspectaret
venerunt ergo armati cum gladijs & fustibus
Querentes eum in tenebris cum lucernis & facibus
Ihesus autem absque armis in occursum eorum iuit
Et quem quererent cum omni mansuetudine quesiuit
Illi autem tanquam gigantes contra . eum steterunt
Et quod ihesum nazarenum quererent responderunt
Ihesus mitissimum & dulcissimum dabat eis resp^nsum
Dicens humili voce & benigna ego sum
Quo audito omnes retrorsum abierunt
Et tanquam mortui coram eo in terram corruerunt
O dementissimi iudei quod prodest vobis tanta multitudo
Johannes xviij° capitulo
Fig. 66.— sfcampson prostrauft mfll* cum manïrtbula a?faf
Qui viliter iacetis prostrati mitissimo verbo vno
Quid prosunt vobis multa & diuersa vestra consilia
Quorum sunt prostrati vno verbo tanta milia
Quid prodest vobis armatura vestra tam terribilis
Que vno verbo perterrita perhibetur esse inutilis
Nonne videtis cristum solum potenciorem vobis omnibus esse
Et si vellet vos omnes interficere posse
Ymmo posset precipere terram sub pedibus vestris aperiri
Et vos omnes tanquam dathan & abyron deglutiri
vel posset ignem vel sulphur super vos pluere
Et ut sodomam et gomorram çonsumere
vel posset per aquas celi vos omnes delere
Sicut olim fecit totum mundum vere
vel posset vos sicut uxorem loth in lapides commutare
Vel tanquam egi^cios diversis plagis molestare
Vel vos omnes posset convertere in puluerem & cinerem
Sicut exercitum Sennacherib . Clxxx milia hominum
Vel posset vos interficere per mortem subitaneam
Sicut olim interfecit filios (iude) her et onan
Vel posset vos omnes interficere per gladium angelicum
Sicut sub dauid interfecit maximum populum
Vel omnes posset vos in potestate dy aboli dare
Sicut temporibus tobie dédit septem viros sare
Vel posset ignem mittere qui consumeret vos
Sicut chore cum suis ut [et] duos quinquagenarios
J udicium iij° capitulo
[Fol. 40.]
Fig. 67.— Ranger occfoft stxccntos btros cum bomrre
Fig. 68.— Baufo orcfoft octmgentos btros fmpetu sud
Vel posset mittere in vos ignitos serpentes
Sicut olim in predecessores vestros sibi contradicentes
Vel posset vos iw[tfw]cerpere per immis[V]os leones
sicut olim in samaria régis salmanasar colentes [colonos] omnes
Vel posset vos dilacerare per rapidorum ursorum dentés
Qicut olim quadraginta pueros elizeum deridentes
vel posset vos tanquam elyodorum flagellare & conculcare
Vel tanquam antiochum putrefactione & vermibus necare
Vel posset vos percutere per subi tam lepram
Sicut olim percussit yechi & sororem moysi mariam
Vel posset vos percutere cecitate & acrisia
Sicut sub elyzeo percussus fuit exercitus derisia [de Syria]
Vel posset omnium vestrum brachia arida facere & indurare
Sicut olim fecit régi ieroboam in bethel inter [iuxta] altare
Vel posset omnia vestra çonsumere dentibus vermium
Vt consumpsit in exercitu tirorum omnes cordas arcium
Omnibus hijs & similibus si vellet posset se defendere
Sed non volt nisi ad modicum vos prosternere
Hoc facit ut ostendat se voluntarie mortem sustinerô
Prout si vellet non possetis eum capere nec tenere
Cum igitur cristus ostendisset suam victoriam & potenciam
Dédit e\[s] resurgendi & se capiendi licenciam
Hec victoria hostium cristi iam recitata
Fuit olim in Sampsonem & sangar & dauid prefigurata
Sampson cum mandibula prostrauit mille viros
Judicum ijij° capitulo
Et sangar cum vomere interfecit sexcentos viros
Sed isti dei adiutorio tôt hostes prostrauerunt
non igitur mirum quod coram cristo omnes hostes eius corruerunt
Scriptura regem dauid tenerrimum ligni vermiculum dicit
Qui octingentos viros vno impetu occidit
Vermiculus ligni dum tangitur mollissimus videtur
Sed dum tangit durissimum lignum perforare perhibetur
Sic dauid cum esset inter domesticos nullus eo micior
Sed in iudicio & contra hostes in prelio nullus eo durior
Sic cristus in hoc mundo erat mitissimus & pacientissimus
In iudicio autem contra hostes suos . erit districtissimus
Conuersabatur enim mansuete nec incessit in armis
Et sustinuit & [ut] viliter tractaretur ut vermis
Vt videtur querulose deplangere in psalmo
Ibi de se dicit ego sum vermis & non hoino
Dicitur autem non tantum vermis sed vermiculus ligni
Quia in ligno crucis occiderunt eum maligni
Conuenienter eciam tenerrimus appellatur
quia caro sua tenerrima & nobilissima esse comprobatur
Et quanto caro sua nobilior erat & tenerior
Tanto passio sua erat grauior & asperior
Et ideo clamât in trenis ad omnes transeuntes per viam
Vt attendant & videant [si] vmquam viderunt similem penam
O bone ihesu da nobis ita tuam amaram penam vedere
Vt tecum mereamur in patria viuere & gaudere
Secundi regum xxiij 0 capitulo a
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22
[Càpit. XVIIL]
[Fol. 41.]
Fig. 69.— ©rfetus bolose traWtus
70.— gfonb faterfecit fratrm «uum amaaam
[I]N precedenti capitulo audiuimus quomodo cristus hostes suos
prostrauit
Consequenter audiamus quomodo iudas in dolo eum salutauit
Iudas traditor saluatoris nostri dédit iudeis o[«]culi signum
quod est iniquum super modum fuit nimis & malignum
Osculum enim semper consueuit esse signum dilectionis
Hoc iniquus iudas permutauit in signum traditionis
Ista iniqua salutacio que est în cristo tam dolose perpetrata
Olim fait ioab et in amasa prefigurata
Ioab amasam salutans dolosa mente fratrem vocabat
& iudas cristum salutans iniqua intencione magistrum appellabat
Ioab dextra manu mentum amase quasi osculans tenebat
Et sinistra gladium educens ipsum perimebat
Sic iudas dextra manu mentum videtur tenuisse
Quia legitur sibi aue rabbi blando dixisse
sinistra vero videtur gladium eduxisse & ipsum perforasse
Quia legitur sibi insidias sub verbis blandis occultasse
O iuda que causa tibi est quod saluatorem tuum tra[dt]disti
Quid enim tibi malefecit quod sic aduersi eum agere voluisti
Ipse enim tibi impendebat apostolicum honore[m] & dignitatem
Et quare exercuisti contra eum tantam malignitatem
Ipse te super lxxij discipulos elegit in apostolum
Et tu exhibuisti sibi pre omnibus falsissimum
Ipse te connumerauit inter suos specialissimos xij apostolos
Et tu dereliquisti eum & accessisti ad suos inimicos
Ipse te assumpsit ad sécréta sua cum alijs apostolis
Iohannes xviij°. capitulo
et tu misisti sécréta consilia contra eum cum hostibus suis
Ipse te sine sacculo et sine para ad predicandum misit
et quocienscunque veniebas cristo prouidente tibi non défait
Tu autem nunc immemor talis ac cante prouidencie
Venis eum tradere pro modica quantitate pecunie
Ipse tibi contulit auctoritatem ut infirmos curares
Et tu cogitasti ut eum infirmum faceres & ligares
Ipse tibi dédit potestatem super ligacionem demoniorum
Et tu tradidisti eum in potestatem inimicorum suorum
Ipse te fecit suum bursiferum & procreatorem
Et tu fecifwa [fedsti] te suum aduer/krium & traditorem
Ipse te constituit super suam & suorum pecuniam
Sibi & suis per modum elemosine collatam
Tu ad libitum tuum ea vti potuisti
cur ergo dominum tuum pro modica pecunia vendidisti
Tu farabaris ex loculis domini tantum quantum volebas
Cur ergo eum pro triginta denarijs vendebas
Ipse te dignatus est suo sanctissimo corpore cibare
& tu non es veritus corpus suum iudeis ad mortem dare
Ipse te potauit tuo s^cratissimo sanguine nectare
Et non timuisti sanguinem eius fandendum tradere
Ipse non verecundabatur te ministrare & pedes tuos lamare
Et tu non verecundabaris eum tam fraudulenter salutare
Ipse tibi suum mellifluum os ad osculum non negauit
Et tamen cor tuum prauum in sua malicia perseuerauit
Secundi regum xx° capitulo
[Fol. 43.]
Fig. 71.— îftex saul xtVùîbit fcaufo malum. pro bono.
Fig. 72.— oragm fcolose faterferft fratrem suum abd.
Cum autem eum dolose sdutares ipse & [te] vocauit amicum
Et tamen non esse mutatum ab incepto cor tuum Z[in]iquum
Ipse tradicionem tuam petro & alijs apostolis premandare noluit
Quia sciuit quod te occidissent . hoc precauere voluit
In veteri lege scriptum erat dentem pro dente oculum pro oculo
Nunquam tamen licitum fuerat reddere malum pro malo
Sed nequissime iuda malum pro bono reddidisti
Quia talem ac tantum benefactorem tuum tradidisti
similiter & complices tui iudei malum pro bono reddiderunt
Qui saluatorem suum in ligno suspenderunt
te igitur o iuda & vos o iudei olim saul prefigurauit
quando generi suo dauid malum pro bono reddere non cessauit
Dauid factus est gêner saul ducens filiam in vxorem
Et tamen saul machinabatur eius interenipeionem
Et filius dei sumpsit ex vestro génère humanam naturam
et vos congregastis ad interficiendum eum cum armat[u]ra
Dauid hostem saul videlicet golyam superauit
et saul sibi tanquam hosti suo insidias mortis intemptauit
Sic deus pharaonem & omnes inimicos vestros sepius deuicit
Et nunc insana mens [gens] vestra sibi tanquam inimico contra-
Dauid spiritum malignum a saule pluries fagauit [dicit
Et ad confodiendum eum ipse lanceam suam vibrauit
sic saluator noster a multis ydolatrijs sepe vos reuocauit
nunc autem vesania vestra in mortem eius arma parauit
dauid ergo egrediens & progrediens ad imperium régis
Primi regum xviij° capitulo
Et inique tamen rex semper aspirauit ad mentem [necem] eius
sic cristus circumiuit regionem vestram & veritatem vos docuit
Et vos queritis eum occidere qui nobis profait & non t?[o]cuit
Dauid dolorem saul c/ât[A]arizando mitigauit
Et tamen il le ipsi dolorem & mortem inferre affectauit
sic cristus languidos vestros sanauit & mortuos suscitauit
& nunc congregacio vestra ad occidendum ipsum armauit
Vos igitur estis similes cain qui fratri suo abel sine causa inuidit
qui nichil mali sibi faceret & tamen ipsum occidit
Munera que obtulit abel grata faerunt apud deum
Et hoc erat causa si tantum causa dici potest quia occidit eum
Sic cristus gratus erat turbis & acceptus erat aperire [apud] deum
Et ideo dicitis si d[z]mittis eum sic omnes credent in eum
Et si omnes crederent in eum quod obesset
Nonne omnia sunt vera & salutaria que docet
Caym eduxit foras fratrem suum verbis blandis
Et eductum interfecit verberibus nephandis
Sic & iudas verbis blandis cristum salutauit
Et hostibus suis ad interficiendum dolose presentauit
Caym interfecit vterinum suum fratrem
Iudas & iudei occidemnt cristum fratrem suum & patrem
Pater omnium est qui nos omnes creauit
Frater noster est quia humanam naturam sibi adoptauit
O bone ihesu qui dignatus es facti noster frater
Miserere nostri & protège nos sicut clementissimus pater
Genesis ijij 0 capitulo
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[Capit. XIX.]
[Fol. 43.]
Fig. 73.— Œrfetus faft belatus consputus colapôfeattœ Fig. 74.— |^ur bit marfe fuit suffocatus sptttfe totoorum
23
[I]N precedenti audiuimus quomodo cristus fuit traditus & oscu-
latus
Consequenter audiamus quomodo fuit derisus consputus & velatus
Cuin cohors cristum comprehenderet & ligaret
contegit ut petrus cuidam seruo auriculam amputaret
Svotim [statim] ihesus ibidem benignitatem demonstrabat
Et auriculam ipsius tangens statim sanabat
Duxerunt autem eum primo ad domum anne
Qui erat socer summi pontificis videlicet cayphe
Cumque annas cristum de sua doctrina interrogaret
Respondit autem hijs qui audierant eam inuestigaret
Ipse enim in angulis docere non solebat
Sed in templo licet synagoga vbi totus populus sedebat
Statim vnus seruorum manum suam leuabat
Et alapham maximam in maxillam suam dabat
Iste creditur fuisse ille seruus scilicet malcus
Cui auriculam modicum ante sanauerat cristus
Cristus autem non se vindicabat nec repercuciebat
Sed cum omni mansuetudine humiliter sustinebat
O fratres si aliquis ex nobis talem alapham suscepisset
Et si posset quod cristus potuit quod fecisset
Forsan cum petro euaginato gladio repercussisset
Vel cum iacobo & ioanne ignem de celo super eum misisset
Non faciendum est sic fratres sed attendite cristi doctrinam
Qui te percusserit in vnam maxillam prebe ei & reliquam
Duxerunt ergo iudei ihesum ligatum de domo anne
Mathei xxvi 0 uel xijij 0 & luce xxij capitulis
et perduxerant eum multis contumelijs ad domum cayphe
Ibi congregati sunt seniores populi ut consilium inirent
Quomodo super ihesum causam mortis & occisionem inuenirent
Omnia autem que aduersus eum fingere potuerunt
Insufficiencia & omnimod^ mendosa fuerunt
Tandem adiurauit ei cayphas per deum ut ei diceret
Si ipse cristus filius dei viui esset
Cum adiuratus se filium dei esse fwteretur
Responderunt omnes quod merito propter hoc morti adiudicaretur
Velauerunt e[r]go oculos eius quodam valamine
Et maculauerunt faciem eius multo sputamine
Dederunt ei alaphas dicentes quod prophetisaret
Et quis esset eum percuteret enarraret
Omnem contumeliam quam sibi irrogare potuerunt
Sic illi iniquissimi iudei sino misericordia fecerunt
Hec contumelia tante derisionis & tam prophane
Durauit in domo cayphe tota nocte usque ad mane
O quanta erat saluatoris nostri mansuetudo & prudencia
O quanta erat iudeorum souicia et insipiencia
O oculos que cuncta perspiciunt velauerunt
Eum qui omnia scit percucientem se noscigre putauerunt
faciem illam delectabilem in quam angeli perspicere desiderabant
Sputis immundissimis suis maculare non timebant
Manus illius ligare presumpserunt
Cuius manus in principio celum & terram plasmauerunt
Exodi xvij 0 capitulo
Fig. 75.
[Fol. 44.]
-dam ïierisft patrcm *uum noe $r altf et conboUbant
Fig. 76.— pfjrtfetet sampsontm txcecantw tafeerunt
Illum prophanare subsanatorie dicebant
A quo prophète olim virtutem prophetandi habebant
Illum satagebant per velamen oculorum execare
qui olim dignatus est eos per columpnam ignis illuminare
Faciem illius non sunt veriti sputis operire
qui olim operuit eos per columpnam nubis satis mire
Judei isti qui sputis suis faciem cristi maculauerunt
per ydolatras vituli conflatilis prefigurati fuerunt
Cumque filij israhel deos alienos sibi facere volebant
Aaron & hur mari tus marie ipsius resistebant
Et tune illi indignati in hur iiTuerunt
Et in eum expuentes ipsum spucis suffocaverunt
Illi indignabantur hur quia eorum ydolatrie resistebat
Pharisei indignabantur cristo quia eorum tradiciones reprehen-
Isti autem judei qui cristum subsannando deriserunt [débat
Olym per caym filium noe prefiguratis fuerunt
Cat/m qui merito debuisset patrem suum honorasse
Sic iudei debuissent merito cristo reuerenciam exhibuisse
Legitur eum nequiter derisisse & subsannasse
Sed probatur proch dolor inhonorasse et derisisse
et quamuis noe perhibeatur inhoneste derisus a proprio filio
Tamen multum inhonestior videtur fuisse cristi derisio
Noe derisus fuerat in tabernaculo vbi nullus erat
cristus derisus fuit in domo pontificis vbi multitudo erat
Nor derisus est dormiens et nesciens
Genesis ix° capitulo
Cristus derisus fuit vigilans omnia videns & audiens
Noe derisus est solummodo ab vno filio
Cristus derisus est ab omnibus & a toto consilio
Noe habuit duos filios sibi condolentes
Cristus nullos habuit sibi in aliquo compacientes
Predicti eciam iudei qui cristum sic deluserunt
Olim philistini[s] hostibus sampsonis prefigurata fuerunt
Philistini captiuauerunt & excecauerunt sampsonem
Et illudentes ei & habuerunt in eum derisionem
Sampson propter suam maximam fortitudinem
Gerit figuram cristi per quandam similitudinem
Sampson quidam vice voluntarie se ligari faciebat
Sic cristus sponte a iudeis ligari & derideri volebat
Quadam autem vice alia quando sampson placuit
Tune se de inimicis suis horribiliter vindicauit
Ita in fine seculorum de inimicis cristi futurum erit
cum ipse in potestate & maiestate ad iudicandum venerit
Qualem vindictam tune contra inimicos suos est facturus
Nulla scriptura nulla lingua explicare potest
Tune client [mallent] inimici eius omnem penam sustinere
Quam faciem tam irati iudicis et vindicantes videre
Tune enim dicet eis . ite maledicti in ignem eternum
Amicis autem venite benedicti possidete premium sempiternum
O bone ihesu da nobis tibi tam placite deseruire
Vt hanc benedictam vocacionem a te mereamur audire
Judicum xvi° capitulo
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24
[Càpit. XX.]
Fig. 77.— Sfiesus ab cofompnam Ugatus est et flagellâtes
[Fol. 45.]
Fig. 78.— at&for prfaceps Kgams est ato arborem a serais bolofernf
[I]N precedenti audiuimus qualiter cristus fuit illusus & velatus
Consequenter audiamus quomodo fuit ad columpnam ligatus
Gumqne tota nocte habuissent ipsum in derisum
Mane facto duxerunt ipsum ad pilati presidis iudicium
Cumque pilatus contra eum de accusacione ipsos quereret
Dixerunt quod malefactor & seductor populi esset
Atque seduxisset omnem populum non solum in iudea
Sed in patria sua hoi est in galilea
Audiens autem pilatus quod homo galileus erat
Misit eum ad herodem quia ad iudicium eius pertinebat
In illa die herodes et pilatus facti sunt amici
Sed antea fuenmt ad inuicem inimici
Herodes ipsum non videiat sed multum de eo audierat
Et ideo de aduentu ipsius multum gauisus erat
Magistri enim eum nigromanticum esse existimabant
Et aliqua miraculosa signa ab eo videre affectabant
Cum herodes multum de eo interrogaret
Ipse subticuit ita quod nullum responsum daret
Quod videns herodes estimabat eum insanum
Et illudens ei pro derisu alba veste induit eum
Et sic remisit eum ad iudicium pilati presidis
Dicens se non inuenisse in eo aliquam causam mortis
Herodes nesciens quod precederet veste alba eum induebat
Quoniam spiritus sanctus occulte hoc agens innocenciam cristi
ostendebat
Sicut per caypham insinuauit mortis cristi expedienciam
Johanni xix° & mathei xx capitulis
Ita per herodem demonstrauit ipsius innocenciam
Pilatus interrogauit iudeos si aliquam causam haberent
Propter quod ipsum ad mortem condempnare valerent
Tune illi très causas contra ihesum composuerunt
Et eas in medio preferentes coram omnibus dixerunt
Hic dixit se templum dei hoc manufaçtum posse dissipare
Et post triduum aliud non manufaçtum reedificare
Dixit eciam quod tributum non esset dandum cesari romanorum
Et gloriadatur se esse regem iudeorum
primas duas causas pilatus friuolas esse reputauit
De tercia autem ipsum diligenter interrogauit
César enim regnum iudeorum romano imperio subioc[t]ebat
et gens iudea illo tempore nullum regem quam cesarem habebat
Pilatus autem a cesare super iudeam constitutus erat
Quapropter se regem iudeorum dicere audire non poterat
Ihesus autem regnum suum de hoc mundo non esse monstrauit
Quapropter pilatus de hac accusacione nichil curauit
pilatus cogitauit quod furor iudeorum posset mitigari
et videbatur sibi expediens quod faceret eum flagellari
Vt tali obprobrio saciati a morte eius cessarent
Nec eciam ipsum de insufficienti iudicio accusarent
Milites igitur pilati ihesum flagellabant
et donis iudeorum corrupti eum plus solito verberabant
Hec flagellacio prefigurata fuit per achior principem
Quem serui Holoferni ligauerunt ad arborem
Judich v° capitulo
[Fol. 46.]
Fig. 79.— Uametjj tonsttfagftur a malts suis uxoribtis
Fig. 80.— 3Job flagellabatur a ïemone et ab bxore
Achior fuit ligatus per holoferni fktestites [satellites]
Cristus ligatus fuit ad columpnam per pilati milites
Achior propter veritatem quem dixerat fuit ligatus
Ihesus propter veritatem quod predicauerat fmd flagellatus
Achior ligabatur quia noluit holofernum loqui placencia
Cristus ligatus est quia reprehendit iudeos displicencia
Achior est ligatus quia gloriam dei magnificauit
Cristus flagellatus est quia nomen sui patris manifestabat
Notandum autem quod due gentes cristum flagellauerunt
et ille per duas uxores lamech prefigurarfe fuerunt
Due uxores lamech appellabantur cella & ada
Due gentes fuerunt gentilitas & synagoga
cella & ada maritum suum verbis verberibus afflixirunt
gentilitas & synagoga saluatorem suum flagellauerunt
Gentilitas verberauit eum flagellis & virgis
Synagoga verberauit eum lignis & verbis
Hec flagellacio in cristo duobus modis perpetrata
Olim fuit in beati iob flagellacione prefigurata
Beatus iob fuit flagellatus duobus modis
Quia sathan flagellauit eum verberibus & uxor verbis
Dr flagello sathane sustinuit dolorem in carne
De flagello lingue habuit conturbacionem in corde
Non suffecit dyabolo quod flogellauit carnem exterius
Nita [iVtw] eciam instigaret vxorem que irritaret cor interius
Sic non runflecit [sufecit] iudein£ [iudeis] quod cristus cedebatur
Genesis iij capitulo [flagellis
Nisi eciam affligèrent eum acutissimis verbis
A planta precem [j>edis'] usque ad verticem in iab sanitas non e[r]at
Sic in carne cristi inconcussum nichil remanebat
Et quanto caro cristi erat nodlior & tenerior
Tanto fuit dolor ipsius amarior & asperior
O homo cogiro quantam sustinuit cristus pro te passionem
Et ne tradas animam tuam iterato in perdicionem
Attende si vmquam talem penam audiuisti & vidisti
Qualis fuit passio domini nostri ihesu cristum
Aduerte quanta habuit cristus ad te dilectionem
Qui tanta[m] pro tue salute sustinuit passionem
Considéra simul quantum tu versa vice propter cristum sustinuisti
Quantum gratitudinis & quantum seruicij sibi reddidisti
Omne bonum quod facis cunctis diebus vite tue
non correspondet minime sanguinis sue gutte
noli ergo murmurare si contigerit te modicum sustinere
Sed sanguinem ihesu cristi ocuiis me[n]talibus intuere
Amaritudinem tuam cum sanguinem cristi commiscere
Et videntur tibi quodeunque sustineris esse dulce
Sustine in hac vita modicam flagellacionem
Et in futuro eflugias perpetuam dampnacionem
Postula a domino ut in hoc seculo ita corripiaris
Vt post mortem regnum dei sine pena ingrejri merearis
O bone ihesu in hac vita percute nos & flagella
Et post mortem nostram gustemus celica mella
Job ij° capitulo
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[Capit. XXI.]
25
[Fol. 47.]
Fig. 82.— ©oncubfna regfe torortam mjfe aoeptam sibi fmposutt
Fig. 81.— ©rfetus coronatut spfaea cotona
[I]N precedenti capitulo audiuimus quomodo cristus fait flagellatus
Consequenter audiamus quomodo fuit spinis coronatus
Pilatus precepit militibus ut ihesum flagellarent
sed iudei dederunt eis munera ut eum plus solito verberarent
consvetudo legis erat ad magis xl verbera dari
Sed iudei procurauerunt super ihesum verbera multiplicari
Et non sufficit eis quod vitra debitum ipsum flagellarent
Sed inuenerunt nouam penam ut eum spinis coronarent
Et ut ipsum subsannacione tanquam regem adorarent
Et insignia regalia scilicet sceptrum pulcrum sibi darent
Consuetudo fuit et maleficos aliquando reuerberari
Sed non erat ius legis hominem debere spinis coronari
O iniqui iudei inuentores nouarum maliciarum
Quantum sustinebitis gênera nouarum penarum
qui enim excogitant nouorum malorum machinamenta
Récipient noua et inaudita tormenta
Mensura qua mensi fuerint eis remecietur
Et multum addetur quia pena nunquam finietur
\Cum\ igitur ihesum flagellassent non eum vestierunt
Sed clamide coccinea siue purpura circumdederunt
Purpura consueuit esse vnum insigne regale
Et ideo pro derisione dederunt sibi palleum taie
Secundum regale insigne est aureum diadema
Loco cuius imponebatur cristo spinea corona
Tercium insigne regale est aureum s[c]eptrum
Johannis xix capitulo
Loco cuius dederunt in dextra eius arundînem
Honor régis requerit ut flexis genibus veneretur
Et cristus flexis genibus tanquam rex salutabatur
Consuetum est afferri régi munera regalia
Pro quibus dederunt alaphas cristo & sputamina
Percuciebant eciam caput eius aïundine
Imprimentes ei acutissimos aculeoà corone spinee
O impijssimi iudei cur regem vestrum tam crudeliter tractastis
quare sua bénéficia vobis exhibita non recogitastis
Ipse acutos scrupulos sub pedibus vestris complanauit
et crudelitas vestra caput eius acutis smeis [spinis] perforauit
Ipse pietatem exhibuit calceis vestris & pedibus
Et impietatem vos exhibuistis capiti eius
Ipse flagellauit propter vos pharaonem & egiptum
Et vos sine causa flagellastis ipsum
ipse per moysen confregit propter vos coronam régis egipti
Et vos coronam de spinis imposuistis ipsi
Ipse omnes reges terrarum coram vos humiliauit
Et ingratitudo vestra ipsum tanquam regem derisione adorauit
Et ipse honorauit supra omnium gencium naciones
Es vos inhonorastis eum per multipliées illusioneo
Ipse mirabiliter vicit hostes vestros vnum mille prosoquendo
Et per duos decem milia fugando
Et vos contra cristum solum multa mil[t]a congregastis
Et duos populos contra vnum hominem coadunastis
Secundi esdore ijij° capitulo
[Fol. 48.]
Fig. 83.— sfcemeg malelifcft liaufo Fig. 84.— îftex amon ftcSonestaufc mmrfos totbfo
Quomodo persequeretur unus mille & duo figarent decem milia
Nisi quia deus voluit idcirco factum esse ita
Et quomodo omnis congregacio vestra solum cristum cepisset
Nisi deus ipsum in potestatem vestram tradidisset
Hec autem illusio que cristo in coronatione est illata
Olim fuit in apemenem concubinam régis prefigurata
Apemen coronam regalem de capite eius accepit
Et capiti suo in presencia régis ipsius imposuit
In synagoga cristum corona . id est . honore debito spoliauit
Et ipsum corona spinea in suam contumeliam coronauit
Apemen régi alaphas palmis dédit in maxillam
Quod libenter rex sustinens non indignabatur contra illam
ita rex celi sustinuit a iudeis alap[A]as & colaphas
Et tamen non ostendit indignacionem aliquam contra eos
Rex ille concubinam suam apemen in tantum amauit
quod omnia ab ipsa sibi pro ludo illata patienter portauit
Cristus synagoga multo plus amare comprobatur
A qua tam magna cum tanta paciencia paciebatur
Talem pacienciam cristi olim rex dauid prefigurauit
quando ab iniquo semei tanta mala tam pacienter tollerauit
Semei projecit super dauid lapides ligna & lutum
sic synagoga iecit in cristum palmas spinas & lutum
Semei dau[t]d virum sanguine[w]m & virum baleal vocauit
Synagoga cristum seductorem maleficum appellauit
Tercij regum ii° capitulo
abisay voluisset semey occidisse sed da[ui]d prohibuit
Angeli occidissent derisores cristi sed ipse non pôrmisit
Cristus enim venit in mundum pro peccatis nostris mortem pati
Vt reconsiliaret nos per suam sanguinem deo patri
Non ideo venit in mundum ut aliquos interficeret
Sed ut pacem & concordiam inter deum & hominem conficeret
Ipse autem a iudeis non est pacifiée tractatus
Qui tantis derisionibus ab eis inhonoratus
Quapropter ipsum olim prefigurauerunt nuncij régis dauid
Quos amon rex amonitarum tam tu[r]piter dehonestauit
Dauit misit nuncios amon ad pacem restaurandum
quorum uestes ipse proscidit vsque ad nates & mediam tib[i]am
sic deus filium suum ad pacem faciendum in mundum destinauit
quem synagoga nudans vestibus barbam ipsius maculauit
Cristus venit pacem inter deum & hominem restaurare
quam infra quinque milia annorum nullus potuit reformare
Gentiles reformacione pacis effundunt sanguinem
Judei consueuerunt effundere aquam
Cristus effudit tam aquam quam sanguinem
Vt eo firmius seruiemus illam quam ipse fecit pacem
Gentiles fundunt sanguinem animalis iudei aquam fluminis
Sed cristus effudit sanguinem & aquam proprij lateris
O bone ihesu doce nos pacem hanc seruare
Vt tecum mereamur in eterna pace semper habitare
Secundo regum iij° capitulo h
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[Capit. XXII.]
[Fol. 49.]
Fig. 85.— ffirfetus bafulauft rrutfm suam
Fig. 86.— Ysaac Ifgna portât pro sua (mmolatfone.
[I]N precedenti capitulo audiuimus de cristi coronacione
Consequenter audiamus de crucis cristi baiulacione
Cumque ihesus esset flagellatus illusus & coronatus
eduxit eum pylatus ostended primo populo qualiter esset tractatus
hoc ideo fecit ut saciati tali contumelia & afflictione
Essent contenti et cessarent ab eius interfectione
Illi autem tanquam rajoidi canes in eum frenduerunt
Crucifige eum crucifige eum omnes clamauerunt
Cupiens autem pylatus eum de manibus eorum liberare
Dixit se velle ipsis vnum captrauni liberum dare
Tune illi pecierunt sibi dari barrabam latronem
Ihesum autem postulauerunt tradi ad patibuli suspensionem
o impyssimi iudei cur non pot[i]uistis ihesus liberum dimitti
qui liberauit vos de captiuitate babilonis & egipti [fieret
videns autem pylatus quod non proficeret sed magi|Y] tumultus
lauit manus ut per hoc innocentem se a sanguine ihesu ostenderet
Hoc agebat per pylatum occulte spiritus sanctus
Innuens quod ihesus moriturus esset innocens & iustus
Vxor eius dixit quod multa de ihesu per sompnia vidisset
Et ipsum dimittendum suasit eo quod homo iustus esset
Hoc fècerat dyabolus cupiens impedire cristi passionem
Vt sic impediret humani generis redempeionem
Et quod pylatus tantum videtur pro cristi liberacione institisse
putatur totum ex instincto diaboli sicut vxor sua fecisse
Dyabolus per eos nitebatur impedire nostram redempeionem
Johannis 19° capitulo
Sicut olim per adam & euam fecit nostram dampnacionem
Dyabolus enim videns sanctos patres in limbo exultare [rare
quia cognoscebat quod cristus per auam passionem debuit eos libe-
quapropter per presidem passionem suam impedire instabat
et ipsum per stimulum . id est . propheciam magis instigabat
O quam deceptoris stimulus dyaboli & femina blanda
per quam tam blande stimulât viros ad mala perpetranda
Milites igitur pilati ihesum veste purpurea exuerunt
Et vestibus suis quibus spoliatus fuerat reinduerunt
Imposuerunt autem humeris suis crucem portandam
Et hoc eciam fecerunt ad maiorem ipsius contumeiam
lignum enim patibuli tune temporis maledictum esse dicebant
ideirco nec milites pilati nec iudei illud portare volebant
crux ergo que ienc reputabatur maledicta & ignominiosa
Per passionem cristi facta est benedicta et gloriosa
et quod tune erat patibulum furum & supplicium latronum
Modo depingitur in frontibus principium regum & imperatbrum
Et in qua tune malefici socij dyaboli suspendebantur
Per eam nunc demones puniuntur & effugantur
Hec autem baiulacio crucis cristiâhesu iam narrata
Olim fuit in ysaac filio abrahe prefigurata
Ysaac enim ligna proprijs humeris offerebat
In quibus eum pater suus immolare domino intendebat
sic cristus humeris proprijs crucis patibulum baiulabat
In quo gens iudeorum ipsum suspendere affectabat
Genesis xxii capitulo
[Fol. 50.]
Fig. 87.— ïxploratorcs buam fa bette portant 1
Ysaac autem per adiutorium angeli est a morte liberatus
Et aries in dumis peudens loco ipsius est immolatus
Pro cristo nec aries nec aliqua creatura paciebatur
Sed ipsa solus omnia sustinuit & pro nobis immolabatur
Ysaac audiens quod pater suus eum domino immolare volebat
Voluntarium ad immolandum esse dicebat
Sic filius dei patri suo celesti usque ad mortem obediuit
et se ad omnia patris imperia voluntarium exhibuit
Nam pater & filius & spiritus sanctus misterium consilij habebant
et ex se vnum pro salute humana mittere disponebant
Cum [pater] diceret quem mittam et quis ibit ex vobis
Respondit filius ecce mitte me quia sum paratus
Vade inquid pater in mundum et cum hominibus conversare ibi
Et pacienter sustine quidquid illatum fuerit tibi
Missus igitur filius dei conuersatus est in iudea
Et non pepercerunt ei sed viliter intersectus est ab ea
Istud insinuauit cristus in quadam parabola
Predicando iudeis tanquam figuram de vinea
Homo quidam vineam plantauit eam circumsepiuit
Et construens in eam turrim & torcular colonis commisit
Tempore fructuum misit seruos qui fructus exigebant
Quas illi apprehendentes cedebant & interficiebant
quod audiens dominus misit alios seruos plures prioribus
Quilibet simili fecerunt sicut fecerunt primis
Ad vltimum misit eis vnicum filium suum
Mathei xxi° capitulo
1 Cette inscription appartient à la figure 88.
Fig. 88.— frères bmee proférais est ex bfaea faterfectus-
Vt vererentur forte occidere illum
Quem coloni apprehendentes de vinea eiecerunt
Et atrocius eum quarn seruos interfecerunt
Per vineam istam figuratur iudea siue [pkbs] iudaica
Per sepem muros iherusalem & angelorum custodia
Per turrim autem figuratur templum salomonis
Per torcular altare holocausti & oblacionis
Serui missi prophète domini fuerunt
Quos toi [iudei] diuersis modis afHixerunt & interfecerunt
Ysaiam sarrabant & iheremiam lapidabant
Tandem misit vnicum filium suum ihesum cristum
Et atrocius quam aliquem alium interfecerunt istum
Patibulum sui humeris suis imposuerunt
Ec eicientes eum de vinea . id est . de iherusalem occidemnt
Duo populi erant qui ihesum ad interficiendum eduxerunt
Videlicet iudei qui corde & gentiles qui opère hoc fecerunt
Isti olim per duos exploratores prefigurati erant
Qui botrum de terra promissions ad desertum deferebant
Per botrum prefigurabatur filius dei ihesus cristus
Qui per hos populos de iherusalem ad calvariam est eductus
per botrum illum probant filij israhel terre promissionis bonitatem
per doctrinam cristi possimus nos considerare celi suauitatem
O bone ihesu doce nos dulcedinem vite tue considerare
Vt tecum mereamur in ea in perpetuum habitare
Exodi xiij° capitulo
2 Cette inscription appartient à la figure 87.
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[Capit. XXHI.]
27
[Fol. 51.]
Fig. 89.— Œristus crurffixus morfem suam fifiutfe preïtfxft.
[I]N precedenti capitulo audiuimus quomodo cristus crucem baiu-
lauit
Consequenter audiamus quomodo pro suis crucifixôribus exorauit
Tota nocte & die illusionibus in tantum fatîgatus erat
Quod illam grauem crucem per se portare non valebat
Tune angariauerunt quemdam videlicet symonem cyrenensem
Vt adiuuaret ihesum baiulare suam crucem
Cum venisset ad montem caluarie & vidèrent eum fatigatum
Dederunt ei acetum felle mixtum & vinum mirratum
Hune potum malicia iudeorutn cristo commiscuerat
Sicut.olim per prophetam ipsis prophetatum fuerat
Accipientes autem milites crucem posuerunt super terram
Et nudantes ihesum extenderunt super ipsam
Primam autem manum clauo cruci affixerunt
Et alia[m] funibus trahentes ad aliud foramen extenderunt
Quam cum affixissent pedes similiter funibus extendebant
Et vno clauo cristi ambos pedes affigebant
Hanc extensionem dicit dominus in psalmo & tangit in ea
foderunt manus & pedes meos & dinumerauerunt omnia ossa mea
cum autem ihesum pateretur hanc crudelissimam acerbitatem
Ostendit eis suam clementissimam caritatem
Nam pro ipsis patrem suum celestem exorauit
Et nobis exemplum diligendi inimicos donauit
Quando enim inimicos diligimus et pro eis oramus
Filios dei & fratres cristi nos esse demonstramus
Cristus enim docuit quod inimicos nostros amemus
Mathei xxv luce xxiij & iohannis xix°
Fig. 90.— ïnunttores artfe ferrarfe et mtloMarum
Vt filij patris sui qui in celis est esse possemus
Non est magnum diligere benefactores & amicos
Sed maximum in amare persecutores & inimicos
Milites igitur cristum super terram cruci affixerunt
Et post hoc ipsum viuum cum cruce in altum leuauerunt
Hec autem oratio que a cristo in crucifixione est prolata
Fuit in iubal fratrem cubalkaim prefigurata
Iubal & cubalkaim filij lamech fuerunt
Qui inuentores artis ferrarie & musice exstiterunt
Iubal Sf [Quando enim] cubalkaim cum mal[Z] eis sonos faciebat
Iubal ex sonitu malleorum melodiam inueniebat
Ad talem melodiam & malleorum fabricacionem
Comparamus cristi oracionem crucifixorum & mdleacionem
Cum enim crucifixores ihesum ad crucem fabricabant
cristus dulcissimam melodiam pro ipsis patri suo decantabat
Dicens pater dimitte illis quia nesciunt quod faciunt
Ignorant enim quod filius tuus sum quem crucifigunt
Si iudei & gentiles filium dei cognouissent
Nunquam regem glorie crucifixissent
Tante enim dulcedinis erat hec beatissnna melodia
quod eadem hora conuersi sunt hominum tria milia
Congrue iudei per inuentorem artis fabrice prefigurati fuerunt
Quia ipsi hune moduin crucifigendi primo inuenerunt
Non enim erat moris quod homo cum clauis cruci annecteretur
Sed ut funibus suspenderetur donec moreretur
Genesis ijiij 0 capitulo
[Fol. 52.]
Fig. 91.— Ysafas prop&eta lifafottur cum sarra Kgnea Fig. 92.— îflex moab tmmolauft filfum super murum
Verum eciam inventer melodio ihesum cristum figurabat
quia ipse prius erat qui talem melodiam deo decantabat
Cristus non solum pro suis crucifixôribus exorauit
Sed pro salute huius mundi patrem suum efflagitaiiit
Et quamuis multi olim pro peccatis hominum orauerunt
Tamen nec per oraciones nec per sacrificia auditi fuerunt
CHstus autem orauit cum lacrimis et clamore valido
et auditus est pro sua reuerencia illud quod peci[Y]t impetrando
Hanc enim crucifixionem cristi ysaias prefigurauit
Quem gens iudaica nimis inhumaniter mactauit
Iudei enim ipsum cum lignea serra per médium secabant
Et per hoc mortem cristi satis conuenienter prefigurabant
Iudei cristum cum serra lignea per médium diuiserunt
Et animam eius & corpus per crucem ab inuicem separauerunt
Quamuis autem animam & carnem ab inuicem diuidebant
Nunquam tamen deitatem a neutra earum diuidere valebant
Deitas autem a carne mortua non fuit separata
nec ab anima similiter fuit aliquatenus segregata
Deus enim filium suum in morte delinquere noluit
Sed enim pro nobis tradere voluit
O quam immensa dilectione nos pater celestis diligebat
Qui tam dilectum filium pro nobis in mortem tradebat
O inestimabilis dilectio diuine caritatis
Vt dilectum filium daret pro filijs iniquitatis
Quis unquam vidit simile uel quis audiuit taie
Ysaie x° capitulo
Et quis sufficit ha[w]c dilectionem plénum enarrare
Hec autem oilectio patris tam immensa
Olim fuit in rege moab per figuram ostensa
Civitas huius régis fuit ab hostibus circumuallata
Et gens inhumans [inhabitans] defecit famé & siti attenuata
Rex autem ciues suos tantum amabat
Quo£ proprium filium suum super murum pro eis immolabat
Per ciuitatem istam mundus iste figurabatur
Et per ciues humanum genus designabatur
ciuitas ista obeessa erat ab exercitu demoniorum
Ante aduentum cristi plus quam quinque milia annorum
Et omnes ciues in tantum debilitati erant
quod per se hanc obsidionem dissoluere non valebant
Tandem pater misericordiarum et deus tocius consolacionis
Pie respexit angustia£ nostre obsidionis
Et in tantum dilexit nos ut filium suum in mortem daret
Vt sic ab insidione dyabolica nos liberaret
rex moab immolabat filium suis pro çiuibus & amicis
Sed deus dédit filium suum in mortem pro suis inimicis
Et quod est quod possimus ei pro tanta dilectione retribuere
nisi hoc quod studeamus eum ex toto corde iterum diligere
Diligamus eum quia ipse nos prius dilexit
Et angustias nostre obsidionis tam pie respexit
O bone ihesu concède nobis ut in hoc seculo ita te diligamus
Vt tecum in futuro seculo in perpetuo maneamus
Secundi regum xxiij 0 capitulo
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28
[Càpit. XXIV.]
[Fol. 53.]
Fig. 93.— CWstus penbtns fo trace Fig. 94.— jâabugolïonosor ta sompnfo bfoft arborem
[I]N précèdent! capitulo audiuimus quomodo crîstus in cruce orauit
Consequenter audiamus quibus figuris mortem suam premonstrauit
Rex nabugodonosor per sompnum arborem videbat
Que in celum se extendens raraos per mundum extendebat
Hec arbor ipsum regem nabugodonosor designabat
Sed mistice ipsum regem in mundum futurum prefigurabat
Cuius potestas super omnes celos exaltatur
Et per totum mundum super omnes potestates mundi dilatatur
Et omnes bestie subter & in ea volucres moraba[n]tur
Et omnes de fructibus ipsius vescebantur & mutri[6]antur
Per hoc satis conuenienter innuebatur
Quotf omnis creatura per graciam cristi sustentatur
Ecce angélus adueniens iussit arborem succidi
Per quod figurabatur quod cristus debebat crucifigi
Dixit quod rami eius omnes essent amputandi
Innuens quod omnes discipuli eius essent a cristo separandi
Addidit eciam omnia folia arboris esse excrucianda
Innuens omnia documenta cristi a iudeis esse contempnanda
Adieait insuper quod omnes fratres \Jructus\ arboris deberent dis-
Innuens quod omnia opéra cristi a iudeis deberent vilipendi [pergi
Item dixit quod omnes bestie & volucres ab ea fugere deberent
quia nec homines nec angeli cristo auxilium preberent
Ad[di]ditque quod licet arbor illa esset succidenda
Tamen radix illa ad regerminandum esset in terra dimittenda
Per quod innuebat quod licet cristus esset mor[t]turus
Johannis xix Mathei xxvij & luce xxiij 0
Tamen non in morte permansurus sed resurrecturus
Dixitque nabugodonosor quod arbor illa significabatur
Vinculo feereo et eneb ligari debebat
per hoc innuebatur quod cristus ad columpnam esset Hgandus
Et clauis ferreis patibulo crucis affligendus
Additque quod idem rex deberet rore celi madidari
innuens ad literam eum mundum extra homines debere morari
per hoc figurabatur quod cristus extra vrbem deberet crucifigi
Et rore celi tigi . id est . proprio cruore . profundi
Adiecitque quod idem rex tanquam bestia esse cibandus
Innuens quod cristus felle & aceto esset potandus
Addit quoque quod cor eius deberet ab humano commutari
Et cor bestie pro corde hominis deiberet sibi dari
per hoc innuebatur quod iudei ihesum non tanquam hominem
tractarent
Sed quam feram licet vermen conspuèrent & cruciarent
Vel quod ipsi iudei tanquam homines se cristo exhibèrent
Sed tanquam dentibus [bestie] contra ipsum dentibus striderent
Adiecitque per ipsum predictum regem tempora essent mutanda
quia passio cristi per septem horas canonicas esset prolonganda
Additque quod hoc secretum esset in sompnia vigilta angelorum
Et hoc est eciam /ermo & peticio sanctorum
per hoc innuebatur quod mors cristi angelis sanctisqufc necessaria
Quia per ipsum vtriusque restauracio fieri debebat [erat
Adiecitque per eundem regem deuenirent ad noticiam omnium
Quia deus excelsus régnât super régna hominum
Danielis ijij 0
[Fol. 64.]
Fig. 95.— îfUx cofirus ÏjreÏJfft *e ipsum m exfcfam pro suis Fig. 96.— lEIeasar tonfofcens elepbantem ab fpso oppressus est
In quo innuebatur quod predicacio cristi & suorum
Ostenderet deum verum et omnium sanctorum
Addidit quod deus posset dare regnum cui vellet
Et eciam super illud hominem humilissimum constitueret
Per hoc innuebatur quod cristus esset humilistimus hominum
Et ideo deus constitueret eum regem omnium
sic igitur patet quomodo per arborem istam prefigurabatur cristus
Qui ex preordinacione patris est pro nobis crucifixus
Et quamuis passio cristi fuit a pâtre celesti preordinata
Tamen non inuite sed voluntarie est ab eo acceptata
Et illud rex grecorura olim per figuram premonstrauit
quod pro ciuibus suis liberandis sponte mortem acceptauit
Ciuitas enim atheniensis obeessa erat
Et per null[t]us subuencionem liberari poterat
Tune precitatus rex consul uit deum suum appollinem
Si per aliquem modum posset liberare ciuitatem
Et quamuis paganus . esset & non cognosceret deum
Tamen nutu dei recepit per appollinem responsum vrrum
Dictum est ei quod ciuitas nullo modo posset liberari
Nisi oporteret ipsum ab hostibus occidi & mactari
Qui in tantum dilexit suos qui erant infra verbem
quod exiuit de vrbe subire volens propter eos mortem
Hostes autem hoc scientes nolebant in aliquid nocere
Cupieutes pocius ciuitatem quam ipsius mortem habere
Quo audito fc experto rex ad ciuitatem redijt
et vestes regias exuens & seruiles induens iterum rex exijt
Statim hostes in eum irruentes eum interfecerunt
Quia ipsum regem esse in seruili habitu non cognouerunt
Cum vidèrent regem mortuum de captiuitate vrbis desperauerunt
et ab impugnacione cessantes ad propria redierunt
Sic cristus nos dilexit ut se in mortem sponte daret
Vt nos demoniorum obsidione liberaret
Induit autem se carne humana quasi veste seruili
Quia in veste regali . id est . in deitate non posset occidi
Si eciam ipsum regem glorie esse cognouissent
Fhquam eum sic delusissent nec occidissent
et non solum cristus obsidionem nostre captiuitatis dissipa[wt£]
sed morte sua nostram mortem destruxit & necauit
Et hoc olim fuit per eleazar machabeum prefiguratum
qui se morti exposuit ut perimeret elephantem loricatum
Cum enim exercitus gentilia contra filios israhel bellauit
Eleazar occurrens elephantem eum lancea perforauit
Qui sauciatum volnere mortifero cecidit
Et super occisorem suum cadens ipsum oppressit
Fortis pungit in fortem & ambo corruerunt
Sic eleazar in elephantem & ambo mortui fuerunt
Ita cristus fortis mortem inuasit fortem
Et per mortem suam nostram mortificauit mortem
O bone ihesu qui per mortem tuam dignatus es nos liberare
Fac nos post hanc vitam tecum semper habitare
Primi machabeorum vi
[Capit. XXVI.]
29
[Fol. 55.]
Fig. 97.— Itolor matfe ïre filio
Fig. 98.— 3Jacob ïreflet filium suum fosepô
[I]N precedonti capitulo audiuimus domini ihesu cristi mortem
Consequenter audiamus dulcissime eius matris dolorem
Quando saluator noster passionem tollerauit
Affuit maria & secum omnia per compassionem portauit
Tune impletum est quod dixerat symeo iustus
Tuam ipsius animam pertransibit gladius
Dolorem quem maria ex compassione filij sui tollerauit
Jacob in deploracione filij sui ioseph figurauit
Jacob filium suum super omnes diligebat
Et ideo inuidia fratrum suorum ipsum interficere intendebat
Fecit autem iacob filio suo tuscam [tunicam] polimitam
Variis coloribus & figuris artificialiter politam
Quem cum misisset pater ad fratres ubi gregem passebant
Illi apprehendensss eum interficere volebant
Sed nutu dei ipsis josmahelitis vendiderunt
Et tunicam eius lacérantes sanguine hedi asperserunt
Et mittentes qui portaret ostenderunt eam patri
Vt videret si esset tunica filij sui
Quam videns pater scidit vestimenta sua & cepit flere
Dicens filium suum deuoratum dentibus pessime fere
Quod audientes filij sui ad ipsum veniebant
Et ipsum in luctu suo consolari satagebant
Ipsa autem ad consolacionem eorum minime attendit
Et nullam volens recipere consolacionem sic respondit
Descende lugens ad filium meum in infernum
Marci xv. luce. xxiij. Johannis xix capitulo
Qui noluit consolari in hac vita in eternum
Ita maria cum filio suo lugens in infernum descendisset
Et secum semper permansisset si possibile fuisset
quantu[m] non putatis fratres Aarissimi maria planxit & luxit
Quando filij sui tunicam . id est . carnem laceratam conspexit
Tunica ioseph fuit sanguine hedi cruentata
Et tunica cristi fuit proprio cruore madidata
et vere cristum deuorauit fera pessima
Hoc est iudeorum in iuded [inuidia] iniquissima
Jacob ex dolore scidit vestes suas licet exteriores
Maria autem scidit vestimenta sua . id est . vires interiores
Omnes filij iacob ad ipsum congregati fuerunt
Tamen dolorem eius deliniere non potuerunt
et si totus mundus ad mariam congregatus fuisset
Nunquam tamen sine filio aliquam consolacionem suscepisset
Jacob xij filios habens de amissione vnius ita doluit
Quanto magis maria dolore potuit quando vnicum filium amisit
Iste eciam dolor marie immensus tnfuit prefiguratus
Quando abel ab iniquo caym fuit occisus & mactatus
De cuius interfectione adam & eua in tantum doluerunt
E# eius necem centum annis deplanxerunt
Et quamuis dolor eorum videtur magnus fuisse
Tamen dolor marie comprobatur maior extitisse
Quanto enim res que diligitur esse carior
Tanto dolor de amissione ipsius est grauior
Genesis xxxvij capitulo
[Fol. 56.]
Fig. 99.— ^roiôoplaustf luxeront necem abeï
Fig. îoo.— Jtoemp flet mortem filforum
Nunquam erat amor maior quam inter mariam & eius natum
Nullum dolorem inuenimus dolorem marie equiparatum
Dolor ade & eue legitur multum diu durasse
Qui leguntur centum annis in luctum perseuerasse
Tamen si cristus per centum milia annorum in morte perseuerasset
maZa [maria] nunquam medio tempore nunquam a luctu & merore
cum igitur ioseph corpus cristi de cruce deponeret [cessasset
Affuit maria ut ipsum inter brachia sua attolleret
Tune fwseiculus mirre inter vbera ejus commorabatur
Sicut in canticis canticorum de ipsa cantatur
O quam amarus mirre fasciculis fuit in corde marie
tolleracio penarum quas sustinuit cristus tanto nocte & die
Quantum vnium [vinum] dulcius & nobilius esse comprobatur
Tanto sit acrius & amar[i]us quando transrautatur
Sic quanto amor marie ad filium erat dulcior
Tanto dolor eius in passione cristi factus est amarior
Quapropter maria fuit olim per neoim [noemi] prefigurata
que propter mortem filiorum suorum multum fuit amariteta
vnde dîxit nolite me vocare noemia que est pulchra
Sed vocata me mara quod est amara
Volde enim me omnipoiens amaritudine repleuit
Hoc dixit quando orbacionem duorum filiorum defleuit
Conuenienter autem maria illa per noemi est designata
Quia non solum vno sed duobus filijs erat orbata
Vnum filium habuit per carnalem progenituram
Materia habetur in librp iosephi
Alium autem mater maria adoptauerat sibi pro cura
Verus & carnalis filius marie erat ihesus
Adoptatum autem humanum vniuersum erat genus
Carnalis filius mortuus erat morte spirituali
In passione enim domini totum genus humanum fidem reliquerat
Et ideo omnis homo mor[i]turus in anima erat
Pro vtroque magnam [a]maritudinem sustinebat
Quia vtrumque ex affectu cordis diligebat
Et quamuis filium suum plusquam se[î]psam amaret
Tamen sibi placuit ut per mortem suam nos liberaret
Maluit enim dulcissima mater nostra illum cruciari
Quam nos morte perpétua eternaliter condampnari
Et hoc possimus propendere quantum maria nos amabat
Quem dilectum filium suum pro nostra salute nio[r£]i affectabat
Cum enim vna res pro alia datur uel commutatur
Res que accipitur plus amari videtur quam illa que datur
Videtur ergo quod maria nos plus quam filium suum diligebat
quod pocius ipsum crucifigi quam nos condampnari volebat
& hoc eciam propendere possimus quantum pater celestis nos
qui vnigenitum filium suum pro nobis in mortem dabat [amabat
Ambo igitur tam mater quam pater multum amauerunt
Et ut eos toto corde amemus bene meruerunt
O bone ihesu da nobis hanc dulcedinem ita cogitare
Vt teenm mereamur in celo eternaliter habitare
Ruth primo capitulo
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30
[Càpit. XXVII.]
[Fol. 57.]
Fig. 101.— î^ora completorff fcatttr sépulture
Fig. 102.— Babfo fleuft super exeçufas abner
[I]N precedenti capitulo audiuimus quomodo cristus de cruce est
Consequenter audiamus quomodo fuit sepultus [depositus
Joseph & nycodemus corpus in syndone inuoluerunt
Et condientes aromatibus [in] monumientum posuerunt
Mariâ affiiit eu m mirabili planctu & lamentacione
Et luctu & multarum lacrimarum effusione
Nulla lingua sufficit eius dolorem enarrare
Nec aliqua mens sufficit eiufl tristiciam cogitare
In tantum tota nocte & die planctu fatigata erat
quod vix ad exequias filij sui ad sepulchrum sequi poterat
tôt osculis & amplexibus filij corpus constringebat
Quoi omnis populus sibi compaciens querulando dicebat
O qualem crediditatem impijssimi hodie [iudef\ ex[er]cœre
In hac tam pulchra & delectabili muliere
Et tantum planxit luxit gemuit & plorauît
quod alios ad compaciendum & complorandum prouoeauit
Quis vestrum tam turbatissime matri non compateretur
Quis ad tantarum lacrimarum effusiones non emolliretur
Nunc manus filij nunc pedes eius deosculatur
Nunc collum & nunc latus stringendo amplexabatur
Nunc pectus proprium pugnis percuciebat & tendebat
Nunc manus cum effusione lacrimarum constringebat
Nunc intuebatur volnera filij sui nunc oculos
Nunc o[*]culis oris corruit super pectus eius & super os
Nimis bestiale cor habere videretur
Mathei xxvij. luce xxiij'. mathei xv capitulo
Qui tantis lacrimis & lamentacionibus non compateretur
Bestialis porcus porco clamanti commouetur
Et quis tam tarbatissime matri non miseretur
Ihesus compassus est & fleuit cum maria magdalena
Et quis non fleret cum virgine tam amena
Delphini dicuntur mortuis suis compati & eis sepelire
Et quomodo potest homo planctum marie sine dolore audire
Dolorem quam maria in sepultura filij sui tollerauit
Olim dauid in exequijs abnar prefigurauit
Abner a joab fraudulenter interfectus erat
Cuius interfectionem rex dauid sequens feretrum deflebat
Et non solum ipse super exequias eius deplorauit
Sed eciam alios ad plorandum incitauit
Scindite inquit vestimenta vestra & plangite [hodie
tmam & ignorantis quando princeps maximus cecidit in israhel
Non est occisus sicut ignaui & malefici qui meruerunt
Sed sicut iusti coram filijs iniquitatis cadere consueuerunt
Ita beata virgo in die parasceue dicere potuit
Quando filius eius ab antiquis iudeis occisus fuit
Scindite vestimenta vestra scilicet interiora & plangite
Sed ignoratis quod princeps maior in israhel occisus est hodie
O quam maximus princeps in israhel occisus erat
Cui omnis creatura passionem exhibebat
Sol subtraxit radios suos mestu ipsims vreretur
Aer obscuratus est ut nonditas eius non videretur
Secundi regum iij° capitulo
[Fol. 58.]
Fig. 103.— 3fosep& mi'ssus fn ctsternam
Terra tremuit ut crucifixores terr[er]entur
Templum & vélum scissum est ut pharisei compaterentur
Petre scindebantur et sonum magnum dabant
Quia enim discipuli tacuerunt lapides clamabant
Monumenta aperta sunt ut mortui resurgerent
Vt potenciam huius principis mundo innocescerent
Multi enim surgentes omnibus apparuerunt
Qui potenciam huius principes manifestauerunt
Dyabolus in sinistro eius brachio sedens mirabatur
Quis ille esset quem omnis creatura reuerabatur
Philosophi athenienses videntes solem obscurari
Dixerunt deum nature in angustijs esse et pati
Edificauerunt altare ignoto deo
Qui manifestaturus erat futuro seculo *
Huius prinçipis exequias deplangamus
Et nos corda nostra intima compassione scindamus
Sepulturam cristi eciam filij iacob prefigurauerunt
Qui fratrem suum ioseph in cisternam miserunt
Filij iacob fratrem suum sine causa vsque ad mortem oderunt
Ita iudei fratrem suum cristum odio gratis habuerunt
Filij iacob fratrem suum pro triginta denarijs vendidebant
Iudei cristum pro triginta denarijs a iuda emebant
Filij iacob tunicam fratris sui dilacerauerunt
iudei carnem cristi virgis flagellis spinis clauis volnerauerunt
Tunicam ioseph non sensit aliquam penam vel dolorem
Genesis xxxvij capitulo
Fig. 104.— portas a cete fceuoratus
Sed caro cristi in omnibus membris sustinuit passionem
Tunica ioseph talis usque ad taies destendebat
Et in cristo a vertice vsque ad talos nulla sanitas erat
Filij iacob tunicam ioseph sanguine hedi aspergebant
Sed tunica cristi iudei proprio sanguine profundebant
Filij iacob nimis fratrem suum perturbauerunt
Sed iudei marie tristiciam maximam intulerunt
Joseph fratribus quod in eo dereliquerat relaxauit
Et cristus pro crucifixoribus suis patrem suum exorauit
Joseph a fratribus suis venditis factus est dominus
Cristus a iudeis cracifixus factus est dominus celi & mundi
Filij iacob fratrem suum postea adorauerunt
g [et] multi iudeorum per resurrectionem in cristum crediderunt
Jacob audiens filium suum viuere multum gavdebat
Maria cristum videns surrexisse magnum gaudium habebat
Joseph filius accrescens in incrementum inceptatur
Et fides cristi de dia in diem cristiana vbique dilatatur
Sepulturam eciam cristi olim ionas prefigurauit
Quem proiectum de naui in mare cetus deuorauit
Jonas fuit très dies & nocte[$] in ceto
Isi cristus erat per triduum in in monumento
Quare autem historia ione cristus appropriatur
In capitulis de resurreocionem manifestatur
O bone ihesu da nobis ita tuam sapulturam venerari
Vt a te nunquam in perpetuum mereamur separari
Jone secundo capitulo
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[Capitol. XXVIII.]
31
[Toi. 59.]
Fig. 105.— Sbanctf patrca Ifterantur te fafcrno
Fig. 106.— ïsta&ri Ifoeratfo a pjaraone
[I]N precedenti capitulo audiuimus quomodo cristus est sepultus
Consequenter audiamus quomodo homo de carcere est liberatus
In die parasceue quando cristus in cruce expirauit
Anima eius statim vnita deitati infernum intrauit
Non enim ut putant quidam vsque ad noctem dominicam t^ndauit
Sed statim consolandum incarceratos festinauit
Sed [si] enim posset aliquis amicum suum liberare
In[i]quum esset vsque ad diem tercium exspectare
Cristo ergo fidelissimus amicus noster non exspectauit
Sed statim peracta passione sanctos in carcere visitauit
et in hoc dat nobis exemplum quod si volumus animabus subuenire
Si protrahimus suflragia non videtur eis expedire
Grauissime enim & non sine tedio expectare comprobantur
Qui ibi inenarrabilibus pénis cruciantur
Quidam faciunt caria suis triginta missas celebrari
hoc bonum est utilius esset animabus illas de primo consummari
quia ibi per triginta dies exspectare est valde amarum
Sed illud eciam intelligitur de alijs guffragijs animarum
Festinetis igitur tanto citius animabus in purgatorio subuenire
Quia hoc per fistinacionem cristi probatur ipsis expedire
Cristus autem non statim patres eodem die liberauit
sed ibi cum eis manens eos sua dilectissima presencia letificauît
Media autem nocte dominica quando a morte resurrexit
Tune eos de captiuitate dyaboli eduxit et euexit
Hec autem captiuitas dyabolica iam pretarata
Ex historia lumbardica iiij° sententiarum. disk xliiij 0
Olim fait in captiuitate egiptica prefigurata
Filij israhel in egipto a pharaone grauiter opprimebantur
& ad dominum pro liberacione sua lacrimabiliter viceferabantur
Misertus est dominus apparuit moysi in rubro ardente
Igne pleno & tam[en] integro & vi[n]di permanente
Misit autem autem dominus moysem ad pharaonem
Et fecit per eum filijs israhel captiuitatis liberacionem
Ita genus humanum a principe tenebrarum detinebatur 1
et ad deum pro sua liberacione multipliciter lamentabatur
Deus in adiutorium meum intende
Domine inclina celos tuos et descende
Libéra me quia egenus et pauper ego sum
Et nichil habeo quo me liberare possum
Emitte manum tuam per quam liberar
Emitte agnum tuum cuius Victoria tibi recomiliar
Emitte lucem tuam ut ténèbre a me repellantur
Emitte veritatem tuam ut prophète tui fidèles inueniantur
Hijs et alijs multis moris homo ad deum clamabat*
Et dominus misertus e$t ipsum hoc modo liberabat
Descendit in rubmm ardentem sine rubri lesione
Hoc est in virginem mariam sine virginitatis amissione
Dominus plagauit pharaonem & omnem suam gentem
Et eduxit filîos israhel in terram lacté & melle fluentem
ita cristus plagauit dyabolum & omnem suam congregacionem
et eduxit sanctos suos de infemo ad eternam resarrectionem
Exodi iij° capitulo
[Fol. 60.]
Fig. 107.— ïftetatfo abrajjam ie gr tatoeorum
Fig. 108.— Ufteratfo lotfi a sottomfe
Ibi pascuntur lacté hoc est dulci aspectu humanitatis
Et melle hoc est melliflua contemplacione diuinitatis
Dominus volens iudeos libeiare precepit agnum immolari
Sed quando voluit nos liberare fecit se ipsum cruciari
Hanc eciam liberacionem hominis deus prefigurauit
Olim patriarcham abraham de hur caldeorum liberauit
Caldei hur . id est . iguem pro deo coluerunt
Quod cum abraham noluisset ipsum in ignem proiecerunt
Deus autem verus quem ipse coluit & adorauit
De igne caldeorum ipsum misericorditer liberauit
Sicut deus abraham conseruauit in igne sine combustione
Ita sanctos conseruauit in inferno sine omni lesione [fecit
et sicut dominus abraham eripuit & patrem multarum [gentium]
ita patres de inferno liberauit & ciwibus [cetibus] angelorum con-
Hanc eciam redempeionem hominis deus prefigurauit [iunxit
Quando loth de [cum] suis [de] submersione sodone liberauit
De sodomis tantum boni liberari fuerunt
Mali autem igne g [et] sulphure interierunt
Sic cristus bonos de limbo solummodo redemit
De inferno autem dampnatorum nullum eripuit
Nullus autem dicat deus confregit infernum
Et quis est qui reparare potuit ipsum
Non est confractus sed quia principe mundi intrauerunt
Nunquam fuerunt erepti sed semper suis [sine] fine ibi erunt
O pie deus dignare nos ab illo inferno custodire ~
Genesk xv capitulo
Et in hac vita purgare misericorditer & punire
Hic crucia hic flagella hic plagas nobis inferas
Vt nos a perpetuis flagellacionibus eripias
Quos enim amas dices te velle hic castigare
Eogamus te pijssime domine ut digneris nos sic amare
Melius est nobis cum aduersitatibus ad te venire
Quam per temporalem prosperitatem eternaliter interire
Sed [si] inter flagella pacientes non sumus attendas
Si [sed] volumus txdwmus nos per flagella saluare intendas
, Fragiles sumus et sine murmure non posstmus sustinere
Sed tu pijssime domine nobis dignare [im]pacienciam indulgere
notandum quod dominus precepit loth & suis montem ascendere
Non respicere rétro sed ad ascensum intendere
Sic homo quando deus per penitentiam peccata eripuit
Non débet respicere per delectacionem ad peccata que de [rejliquit
Sed de virtute in virtutem surfem [sursum] ascendere
Et setisfaccionem operibus virtuosis viriliter intendere
Vxor loth respiciens rétro versa est in lapidem
Et fere deserti & bestie lambunt eandem
Sic homo re[tfro]spectando tanquam lapis induratur
Et a bestijs infernalibus lambitur & temptatur
quapropter montem virtutum ascendemus ut saluemur
Et non respiciamus rétro per recidiuacionem [ne] feimpnemur
O bone ihesu doce nos sic ascendere & celestia curare
Vt tecum in monte sancto tuo mereamur in eternum habitare
Genesis xix capitulo
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32
[Capitul. XXXIL]
[Fol. 61.]
Fig. 109.— ïUsurrettio ïromfoi nostri ftesu cristt
[I]N precedenti capitulo audiuimus hominîs redempcionem
Consequenter audiamus gloriosam cristi resurrectionem
Sciendum quod sepulchrum domini cauatum est in petra
Et videtur esse tanquam duplex caméra parua
Quando homo primo intrat inuenit paruam cameram
que excauata est in parieti iacente non infra sed supra terram
Habet petra septem vel octo pedes tam in longum quam in latum
Et in altum quantum homo potest extendere manum
Ex ista caméra intratur per vnum ostium in aliam similem
Que habet fere eandem altitudinem & longitudinem
Et quando homo ingreditur per ostium paruulum iam prefatum
Dextris videt locum vbi corpus fuit collatum
Et longitudo extendit de vno pariete ad alium
Altitudo predicti scampni habet fere pedem et dimidium
Est tamquam scampnum circiter trium pedum [positum
et non est concauum ergo corpus non erat in terra sed super içsum
quidam peregrini hune scampnum sepulchrum appellant
sed iudei totam petram cum duobus cameris sepulchrum vocant
ostium monumenti graui lapide erat affirmatum
Sed sigillis iudeorum communitum & sigillatum
sepulto enim domino iudéi sigilla lapidi apposuerunt
& per talem modum ne furaretur corpus sepulchrum sigillauerunt
insuper paganos militez mercede & precio aduertebant
Et eos ad custodiendum sepulchrum ponebant
Cristus autem clauso ostio et saluis sigillis exiuit
Mathei xiiij° xxx° xxxvj° marci viij 0 . luce ix capitulo
Fig. 110.— Sampson tulit portas ga?e
Quia corpus glorificatum ipsum lapidem pertransiuit
Post hec angélus domini in forma hominis descendit
Et videntibus custodibus lapidem de ostio reuoluit
Cuius faciès sicut fulgor & vestes albe erant
Terra tremuit & custodes velut mortui iacebant
Cum autem vires recepissent ad iudeos redierunt
Et amnia que facta fuerant eis per ordinem narrauerunt
Illi autem inito consilio dederunt ipsis pecuniam copiosam
Vt diuulgarent de cristo famam mendosam
Et dicerent ipsis dormientibus corpus esse furatum
et hoc tam a iudeis quam a custodibus vbi[jt#] diuulgatum
notandum autem quod cristus suam gloriosissimam resurrectionem
Olim prefigurauit per fortissimum sampsonem
Sampson ciuitatem inimicorum suorum introiuit
Et in ea nocte manens ibidem dormiuit
Inimici autem eius portas ciuitatis concluserunt
Et ipsum mane interficere disposuerant
Sampson autem a média nocte a sompno surgebat
Et portam cum postibus & ianuis secum ferebat [intrauit
Sic cristus vrbem [À]ostium suorum . id est . infernum potenter
et ibi vsque ad mediam noctem dominice diei habitauit
Media autem nocte destructo inferno anima ad corpus redijt
Et sic cristus qui mortuus fuerat reysurrexit 1
Multa corpora sanctorum cum ipso surrexerunt
Et intrantes ciuitatem iherusalem multis apparuerunt
Judicum xv capitulo
[Fol.62.]
Fig. 111.— Œxftus urne ie bnttre ttxi
Fig. 112.— Iap(s reprofaatus factus *st m capul angult
; i
Et non est putandum quod in parasceue corpora surrexerunt
Sed illa die solummodo sepulchra aperta fuerunt
Cristus primogenitus mortuorum surrexit primo
Et tune corpora sanctorum surrexerunt cum eo
Et isti qui cum eo similiter astenderunt
(__Non est credendum hijs qui dicunt quod iterum obierunt
Cristus eciam resurrectionem suam per ionam prefigurauit
Quem in ventrew ceti per triduum viuum conseruauit
Jonas erat in naui que a tempestatibus iactabatur
Et interitum omnium qui in naui erant minabatur
Tune dixit ionas nautis ut ipsum in mare i[a]ctarent
Et sic tempestas maris & pericula cessarent
Qui cum iactassent statim cetus eum deglutiuit
Et post triduum ipsum ex ore suo in terram emisit
Per periculosum mare mundum iste designatur
In quo olim homo periculum mortis eterne paciebatur
Cristus autem sponte fecit se in cruce mortificari
Vt posset homo a periculo eterne mortis liberari
Deus autem incorruptum eum conseruauit
Et tercia die ipsum a mortuis resuscitauit
Hec resurrectio saluatoris nostri pretaxata
Fuit per lapidem quem reprobauerant edificantes prefigurata
Temporibus salomonis cum templum domini edificaretur
Contigit quod quidam lapis mirabiliter inueniretur
Edificatores nullum locum apertum inuenire potuerunt
Jone ij° capitulo
Et hoc plures cum magno labore temptauerunt
Aut fuit nimis longus aut nimis spissus
Nimis breuis aut nimis dimissus
Quapropter indignati edificantes ipsum eiciebant
Et omnes ipsum lapidem reprobatum proprio nomine dicebant
consummato autem templo lapis angularis ponendus erat
Qui in se duos parietes concludere & totum complere tebebat
Sed non inuentus est lapis qui posset illo loco aptari
Super quo non sufficiebant edificatores admirari
Ad ultimum autem lapidem quod reprobauerant adduxerunt
Et ipsum aptissimum pro angulari lapide inuenerunt
xxd [et ad] tam grandwm miraculum omnes stupebant
Ad aliquod magnum futurum per hoc designari dicebant
Cristus erat lapis reprobatus désignâtes in sua passione
Et factus est ecclesie lapis angularis in Bua resurrectione
Tune impleta est illa prophecia prophète magni [anguli
Lap[i]dem quem reprobauerant edificantes hic factus est in caput
A domino factum est istud & est mirabile in oculis nostris
Quapropter cancfotur prophetia hec in festo resurrectionis
Lapis iste duos parietes in templo coadunauit
quia cristus de populo gentili & iudaico ecclesiam edificauit
In hoc edificio pro semento usus est suo sanguine
Pro lapidibus autem vsus est suo sacratissimo corpore
O bone ihesu da nobis ut in tua ecclesia ita viuamus
— Vt in templo tuo celesti sempér tecum maneamus
Psalmo Mxlv Actis ijij° & mathei xxi capitulo
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[Capitul. XL.]
[Fol. 63.]
Fig. 113.— lExtïtmum fa&fcfam
[IJN précèdent! capitulo audjuimus quomodo cristus non cessât
orare
Oonsequenter audiamus quam districte volt in iudicio iudicaro
Et ^oc cristus in quadam p^rabola proponebat
Quando in hoc mundo predicando turbas docebat
Dixit ibi de nomine volentem in regionem Jpnge abîre
Accipere sibi regnum et iterum redire
qui tradidit servis suis decem mnas ut cum eis luerarentur
Et quando rediret cum luero sibi redderentu*
Abijt igitur illuc et accepte regno redijt
Et ab vno quoque mnam cum lucro repecijt
Qui multum acquisierat illi[m] multum remunerauit
Qui autem tmus [minus] illi mercedem minorem donauit
Illum vero qui vnam mnam sine lucro restituit [puniuit
Non contenius in vnam [sine misericordia] in hoc pro lucro neglecto
Hoc modo cristus in die iudicij iudicabit
Quia secundum quantitatem hicri vnumquemque remunerabit
Qui autem nichil fecerit non solum nichil recipiet
Sed eciam suam negligenciam infemo perpetuo luget
Non enim satis est in hoc quod homo peccata dîmittat
Sed oportet eciam quod botta opéra faciat
Austerus index metet vbi non seminauit
Sed eciam a paganis queret bona opéra quibus nullus predicauit
Quanto magis a cristianis volt bona opéra extorquere
QuiZtbus tôt salutarîa documenta dignatus est exhibere
Ipse ostendet peccatoribus volnera & passionis arma
Matthei -4viij° & apocalipsis xx capitulis
Fig. 114.— iâofcflfs mursus ex longtnçufe fettt ratfonem
Vt videant quanta sustinuit pro eia tormenta
Omnia enim arma cristi contra peccatorem stabunt
Et omnia volnera eius super eum vindictam clamabunt
Omnes créature ad impugnandum eum armabuntur
Et omnia clementa contra ipsum querelabuntur
terra querelabitur que ipsum portauit & fructibus parauit
Et ipse tanquam sterilis arbor eam inutiliter occupauit
Ignis querelabitur quod calorem et lumen sibi preb&bat
et ipse verum lumen creatorem suum agnoscere nolebat
Apr querelabitur quod ad spiramen eius semper ftiit paratus
Et ipse de tanto beneficio de suo fuit ingratus
Aqua querelabitur quod ipsum potauit & piscibus saciauit
Et ipse creatori suo seriuire non curauit
Angélus suus querelabitur quod ipsum semper custodiuit
et propter deum & sui presenciam turpiter peccare non timuit
Mater raisericordie que nunc omnibus peccatoribus es parata
Tune illis non erit adiutrix neque aduocata
Pijssimus filius qui mortem pro peccatoribus sustinuit
Tune de interitu et dampnacioue eorum ridebit
Demones omnia peccata quantumeumque occulta denudabunt
Et angeli omnia bona neglecta ibi recitâbunt
Cristus qui nunc pijssimus est tam diserte iudicabit [mutabit
quod nec propter preces nec propter lacrimas suas senteacias
Si enim sancta maria & omnes sancti s^nguinem fièrent
Vnam animam dampnatam liberare non valerent
Mathei xxv capitulo
[Fol, 04.]
Fig. 115.— 3ftepum criorum staule tetem bi'rgmibus
Fig. 116.— JUItanu» ïrotnmf scripsft fa parfete
Seueritas districti iudicis x virginibus demonstratur
Pe quibus in ewangelio parabola quedam recitatur
Prudentes virgines fatuis oleum dare noluerunt
per quod innuitur quod sancti dampnatis in nullo condolebant
Oleum misericordie ipsis omnino dare negabant
Et de vindicta in eis facta letabtmtur & exultabant
Prudentes eciam virgines fatuis subsannabant
Quando eas ad venditores olei iubebant
Ita /a[n]cti dampnatos tune videbuntur illudere
Et eos ad venditores olei mittere qui veHent dicere
Vos vendi[dt]stis eternam gloriam pro voluptate vana
lté modo ad venditores & emitte vobis alia
Omnes elemosinas & bona quas aliquando fecistis
Pro laude humana g [Sf\ vana gloria vendidistis
Quantum prodest vobis superbia vestra & gloria vana
Vbi nunc omnis placencia & laus humana
Vide nunc quantum valent bona que vendidistis
Quantum prosunt vobis omnia transitoria que amastis
Quando autem fatue misericordiam prudentibus non inuenerunt
Ad sponsum velociter valde concurrerunt
Nullam misericordiam apud ipsum inueniebant
Sed amen dicO vobis nescio vos audiebant
Ita continget in die iudicij ipsis peccatoribus
Non inuenient misericordiam apud deum & apud sanctos eius
Modus eciam iudicandi in illa scriptura figuratus erat
Mathei xxv 0 capitulo
Quando manus domini contra regem balthasar scribebat
Mane shecel phares in pariete scribebatur
Quod numerus apprehensio vel diuisio interpretatur
Judicium en^m domini tractabitur per numerum & apprehensionem ^
Et consummabitur per môlorum & bonorum diuisionem
Dominus secundum numerum peccatorum quemlibet iudicabit
Quia ipse omnia opéra nostra & verba numerabit
Omnes enim cogitaciones & egressus ipse nominabit
Omne tempus nobis impensum quomodo sit expensum considerabit
Ipse eciam numerauit omnia bona que recepimus
Et qualiter expendimus & quomodo & quamdiu possedimus
Omnia hec predicta que nunc numerat te in statera appendet
Et cuius valoris sint coram omnibus ostendet
Tune tanti ponderk érit obulus pauperculi hominis
Sicut mille talenta auri pape uel imperatoris
Plus ponderabit ouum sine mortalibus largitum
Quam cum mortalibus aurum infinitufn
Plus pondérât vnum paternoster dictum cum deuoeione
Qua[m] vnam psalterium cum tedio & sine attencione
Ad vltimum phares hec diuisio sequitur [diuidetur
quia numerus dampnatorum a consorcio domini & sanctorum
Tune ibunt dampnati cum demonibus in infernum
Boni autem in^trabunt in gaudium domini sempiternum
Ad quod nos perducere dignetur ihesus rex celorura
Qui cum pâtre & spiritu sancto est benedictus in secula seculorum
Daniel v° capitulo K
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LONDBESt '
Imprimerie de Strahoewayb et "Walde??,
28 Castle St. Leieester Sq.
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3tem abrebft qnë *tfe ftbemutti te bur alteonmi
«E (Hat^qne ôfie Wjemuitj te (ubmetnone fotoraof
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^gtfergpb|îabûlu^ €ti#o^ftMûîgmi1îeria6ftitoiîûîcïhîtr
On babitof pît» liî berpro <st> coirbatui*- <@nl ïwgiiû (elo# affectanïti rtlïg teo fîett
(fêiîutulrti pnwtësimdtit bibêtritebatut? . îaaiîS âtpatto* tOnlrfiiybff $î£ïftt 4)Ctmiuti
éûtibf t. 'ri offrrebÉTfuf f (fcpanea ntf flumff iité f A tfptarfoitë fugbie IjfUUV Cuuautti
$>î% mm * tar?£ if.ûuiû cottarû 'ÏSptoaôes nxybie Cfcuîte * jubig? oiiâlee?
fafojtetfiatoU g tfîfBfraiieaubcttb? ît«e?f- ctaiirgubritâ bfttf ftuliftffe ît'dkftmtea'
Otoog »e(tî0îa yâtâ tarfei g AtfsT îimritf iGmuigtt a^crî^ tarône tottîn* rotfûpati
<Efl & liccrîa tcgfê bel ierhiifë îjïcrô ïtfnuti $>W & ûtfoNïteinWflî latfatUnÊe? tâ eletta
gibtâ ecfà cîCâ îmco î rpehîca lantabatf Jâtaîtf fnb ^nrpiia îgatottè fratmata
<©nftota^illat$îpoçnuaabati '.fctofgd bgabohl Ftf yfaaWmiaîrïe rujmutti
<Êti ftatntfë$iwcttacm\rôfu$ cîbîl offêijatf ^oc îîanî'Oïiiecrlofô^WjfiÇftgnâuiti
tëufille fitmif atripiftf (g tbt mauebati 1L'eo i »rtf aiment* auataS prjirôbf fl
Daniel rttëmaffïi te pin? * linge sytVçftrîli <fêmamifet*&) ûbi of rrtpiuâgçetmbSH
Ktfriartgîs? eft o£ fctttcm$$ftritl ^«ib ^ff ouf fitâ etfpfftf raptoirëtitt'ferîtf
rilcimebiCfiftatimefttupm^ ^t$^ragafatfpiat0eaîiaïn>fatljfln3are^
€ % fie teuûtntm g tonifie ? fcftmtrô ^ekrto aefatljaua atrrffemfl anglt fetfti
^fmtttfpmrîonfgtUetiirttiÇBgabatl ilabtf AicfT^fbï-enpitogràbolflAig^mirif:
i septté ecîa fupawti ttabûtfU tëptorîoê Cugbît ftiïfotfo * 9foîrîo ffô# fefog btmtf erfô
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ouf* et l malefecfô $ fit abuù ea agè whriOi
3jfe eut tîbi ïpfttbûBapftïflbfo*,* bt0mteif
<£» îce esernrtfti otTefl iantâmah$mmtem
3jfe tefoe teiy biffurfîwî eletfitt t apoflotô
4E« tu eg.bîbufïK tibt f oîbu$ fcWfimff
«H m eé«ï((h e0 *• acteflUH ab fuos ûmico*
gge te affifeun a) fcctefc tua oïafijs apftô
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tu imufti fetteto oûlia 9 eu" tflfboCHbî foi*
te m focruto et tôçam ab ffcttSbfiuûriti
gtddffd#*efcba$igo jHittfte ttotu0fe(u«i
Xu f t nffc f tnemottf&jic tfte ^«^de «
Vtî$ eû twtere uro mobto $titete pemîe
3fe tibi gtuliti ftummtatf ufl ffirmas arâteg
<fcti tu a>9to(Huti euïfiroifi fate* « fcgatesi
9Jjfe ttbi fcbttt uetf fug ligacfouefemofog
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3pe te fedti uiffbutûfetfl * jwceatm?
eti tu ftriir» te fttûabûf4tni * tmbtwtf
3Jjfe te ûffimif) uig fu5 * fijo£ peurotë
i>ib< * g titotf ele&fiT collai
^Ltt ab trtrita ma ea »tî potui(H
ourerço bfïm tuû^itiobttapecQîta^btbiÛi
Hu ftiwbatiôe^lomUtf MB «ut ftOwleba*
^Ciuf ecaoetï 4> trtaiitfâ îenat^ *e*febatf
gge te biguat? f fto (ôm^ 0»^ dbare
« tu trô e^ »eît? u»of ui0iutetô ab tnûtâtot
3fe te potauit) tua remttiffîo fanguïe uwtat»
<êb ttf lîuunthfaugiiinè" e^ uintfbfi twtere
3jfc u? ^tfltabar ifmUèe a uete^ tuostemaê
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agenuil tnellîrUifi 09 ab oûtiiaitîuegautt
m tri coi tu0 çtmiiTT fuamaUda ufeuetoU
Ciî M eû toïofc tëtotete î jfe 5 fcotauitl ami cfl £ fl tffe ta affiawti aîr mf eiuS
SU tiT ttf £ jiweatfl 0b fcepw coa mfi Hciuff fit f p$ càiit fcgîonf xnSnn xffiai? \>o$ toonl
9Pe titttfn wâ çet° * aig* açïtë nolm'tl en *o$3tftîS e8 wciirê 4 mtf a>M> *rô »
auifl ffiui8 $ » ombiir»^ gcattf aoluifl fe*ttib fohu? foui cljîttr^to tmtfgmtâ oiit
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<£>eb wdflif fute ittaïft ^ bono «bdibilh . 1 îtflc amtgario ftrôab omfibfl tgm«iiwi««
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et fll* tma* *rêo*$iametb f figu**
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ggfflitttf * tynagoga feluatotf foff flagellaueft
ftflfbff *beauî» «a flagellte* tftgfc
^K«afloga*Wftii8«iîMi0rttfSî4 fceebte
%ti Bageitacfo î gfo buob? tti6i^ npetttta
jDUm finit) tu bfi tobflageUadone pguâta
jfôtos iob fin* flagellât* buotatô mobté
oftuiafaHîT flagellante e& betb^ * ttgoe »tt
fet flagello fat&ane folhmimbrtotfï taene
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Uifhdi bu Abolo # flogeUamt! cf nf tgti?
âttra eaff m(tigatsfi*$o£ # irrltaft awîtitë
£it nfftffffeôfl mîcft $ gfsf Dtfebat'flagelltô
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'€« ne ttatos at'im mli^to îçbtaon?
attëtt K »ffl$ talf pttiK aubtutttt a fllblftt
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cp agiutâebar <p sjfe e tuff pafl!Of$$butt eoa
$#fp?Ri* ^fftôjflulïpe&ttHftabat lîb&e
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3Nttpotuenit! 2fi Çumeite Ciitf. jrrotf porôtë
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I igtifl euî patibiîiî tt tpiè tnaïefectilrf buebtît!
tbteo n r miUt|ptlatitt c îuiei îH8p0ifcrèx>elebfl î
mi# etgo 9 H fcputabaf tuaiebca'siûnonftofa
lier paffioti? i ftâ f biforâ et glorioto
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i^oto tf pïsif î frfftrb? pneipiû tegû 3e îpatog
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)éer eff tiïïc tem$e$ punifitutr ^ ecfugant'
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fOfttii ftuti î fifaar CIîo abmlj^ gfigumta
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ÏJfâec môifflf $ pf to* eft ftffo ftnolae ftolebtf ffo* fepf timtos ftcFm * fetlog cuftobta
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£tt filtf tel pfi Ctio celetïi ^ ab ittuif obeM £eç iouular altai* Çolomufti * obladonté
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Zût ïpletfl i acf ôi^mtiffim^ îtitto*
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Daiob aiîtrruu ftip of* trtlîgebae
£tid îmbiafcffi Ojo^ jpwtffiftJ mtfttbafl
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J>2 mmt M tf fa pCma$t)tatë **wbtfrtunfl
en tuïtâ etusf laonSfc* fatijgule lebi afefc&ti
e« mitâtes cf poiiatttiirifottmti eatti pfl
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aûira*»ît& pf ffïbtt *eûmiaaûw * ffptô Hé
Bicft aicû fofi mwwKTmîbi^aïf fcœ
Qftanftffmi filîf CM ab ipftmt wruebatm
fc« tfm îltmu fuo cbïalatflataatbSii
îpfaîti ab tffolarionfieogwttm^attfbifi
£ti miim Miens ttà$t tffelaaom? Ce tfibttl
&efc?î&? faigntf ad filtum tneû tntttfttttO
«îarri f».fnff 4»W«3oI! «te tfpto
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4Et fcnim femp p maïtffc û poflibife roîflfc
Qiim no mrtatrô ftSS him* maria plâgîi *lMjrt
m Bl#fiilWtii(^i,wtt?lao?miîgfpe|ifi -
Œmîâ iofrft âtUt ûimjw? Çebi ccueittam
€ti tuïca $fi Cuitl jpao «aoie mabttara,
ce #gm antatmift) fem çeffima
^oc eft tntrotum mimai nfojutifmia
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jttaiia âtl (fcbrt »e(Hm2ta fua,u»uf $ ttîoics
tûfë fili) iatob ab îgm (Ôgtetyati fueruna
'îamî eohuent tiitôirtuutreitôpotuetiittti
^ tï tout* mflb? ab maria 90ttfgaw£ firitât
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3tafl>b**9 eiiitô Inltf te aî(Tio?t)nt?»w eobtiH
qffto tnagtô raana bolo^ poute cffl-iM ttiû
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jf il§ iacob &£m Oiû Ci! (S ab uwhê ofctt
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ftllifacob frëm fofl # fgîm fenaryd àfDitebôt
3iufci sjîm # fgînta fenatijs aùifct emebiti
f îty iacob tuiiîci fifé Cui îûlacerauenmfi
Oifei cî*nf |g( agi* flagelKpfêrctot* ujto&ieïfl
fcutra lofcpi) «a fpnae aaqua ï toiote
touca iû&fà talfc? of# f& mlesi MWfcbaa
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fiUjiamb WîcâiofcpbfcWifebftt atfegebit
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